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6.3. État III Les transformations du XVI e siècle, le palais de justice

6.3.3. Phase 3 Le bâtiment des archives (1580)

La chronologie du site établie par l’étude du bâti permet de placer, à la suite des travaux de charpente et de redistribution des étages, la construction d’un corps de bâtiment dans l’angle nord que forment la tour d’escalier et la maison-forte, cette dernière étant devenue Palais de justice depuis l’installation, dans ses murs, de l’autorité judiciaire et administrative du comté du Genevois (ill. 15 à 17). Cette construction, de plan massé et relativement haute, est connue pour abriter deux salles d’archives

voûtées61. Par rapport à la chronologie générale, ces salles désignées croctes peuvent être rapprochées

des travaux commandés, en 1580, au maçon Antoine Piccut pour la réalisation de ce chantier62.

Les limites de cette extension sont particulièrement évidentes à saisir (fig. 18-19 et 44-45). Le mur nord du bâtiment des archives (UC10.1) s’inscrit dans le prolongement de celui de la maison-forte

du XIVe siècle. Il se dresse sans raccord contre la chaîne d’angle préexistante. Depuis ce point, l’élé-

vation mesure 5 m de large et se développe sur 9,4 m de haut au-dessus du niveau du Thiou (entre 447,5-455,9 m NGF). Depuis le lit de ce cours d’eau, les maçons ont érigé au moins cinq assises en grand appareil dont l’agencement présente les mêmes caractéristiques que la construction préexis- tante. Même ici, au niveau du sous-bassement, les deux ouvrages ne sont pas liaisonnés, la jonction est grossièrement assurée par une série de cailloux calés dans du mortier. L’élévation se termine par une corniche chanfreinée composée de dalles de molasse et de tuf. Hormis l’usage de cette dernière roche, les proportions et le profil de ce couronnement sont très proches de celui installé sur l’arase des murs de la maison avant la pose de la charpente, c’est-à-dire peu avant 1574-1575.

L’extrémité ouest de l’élévation est marquée par une chaîne qui se retourne à angle droit pour s’aligner sur la façade ouest de la tour d’escalier située 5 m plus loin. De ce côté l’élévation n’était pas surmontée d’une corniche, mais devait se terminer par un toit à un seul versant dont le faîte s’appuyait contre la chaîne d’angle nord de la tour d’escalier. Remarquons que la limite supérieure de cette construction (vers 459 m NGF) se situait approximativement à la même hauteur que le sommet de la tour d’escalier avant sa surélévation. Ici, à l’égal de ce qui a été fait en façade nord, aucun raccord n’a été assuré entre la nouvelle construction et l’ancienne. L’absence de liaisonnement entre les maçonneries préexistantes justifie, pour partie, la puissante chaîne qui épaule l’angle de la construction accolée aux murs anciens. Elle apparaît d’autant plus utile qu’à l’intérieur du bâti- ment, les voûtes des deux salles superposées exercent des poussées sur les murs. Les modules de pierre, en calcaire jaune-orangé, choisis pour bâtir cette chaîne mesurent entre 50 cm et plus de 1 m de long. Leur parement très érodé laisse, malgré tout, deviner des traces de pic et des ciselures relevées. L’appareil courant de cette élévation en L, qui ferme l’angle nord-ouest du Palais, se caractérise par une maçonnerie de moellons irréguliers et de nombreux cailloux. Des bouts de tuiles et des pierres plates se retrouvent dans les joints pour rattraper l’usage de matériaux de différentes

grosseurs. Le mortier utilisé est gris, relativement fin et pulvérulent en parti basse de la construc-

tion. Sa granulométrie comprend des petits graviers, parfois noirs, et des nodules de chaux.

61. Aux voûtes sont scellés des anneaux, lesquels auraient servi à suspendre des sacs d’archives afin de les conserver à l’abri de l’humidité et des rongeurs.

6 - Les résultats de l’étude archéologique I

Dans cette maçonnerie, deux fenêtres superposées ont été aménagées dans la façade nord pour apporter de la lumière dans les salles voûtées. La première (B37) mesure 1,45 m de haut par 85 cm de large. Malgré la reprise de son appui et de son linteau (UC10.2), on peut supposer que ces dimensions sont celles d’origine. La seconde, plus petite, (1 m par 72 cm) conserve aussi sa disposi- tion d’origine. Ces deux ouvertures se caractérisent par leur chanfrein continu, c’est-à-dire que son tracé n’est pas interrompu par un congé ou une base. Elles se singularisent aussi par l’emploi d’un calcaire blanc et dur. Un matériau que l’on ne voit pas utilisé sous la forme de pierre de taille avant la construction de ce bâtiment des archives. Ces caractéristiques sont également celles de la fenêtre (UC11.10) et de la porte (B45-UC11.9) percées au pied du mur nord de l’ancienne maison-forte

(fig. 9). La création de ces ouvertures est contemporaine du bâtiment des archives (État III - phase 3).

Cour des prisons Cour du palais Le Thiou l'I sle de Passage Le Thiou N XVIe s.

État III - phase 3 0 5m

N S

0 5m

XVIe s.

État III - phase 3

E W

0 5m

XVIe s.

État III - phase 3

ill. 15. Palais de justice vers 1580 - Plan - Les archives - État III - phase 3

- (éch. 1/300).

ill. 16. Palais de justice vers 1580 - Mur OUEST - Les archives - État III -

phase 3 - (éch. 1/300).

ill. 17. Palais de justice vers 1580 -

Mur NORD - Les archives - État III -

phase 3 - (éch. 1/300).

Cour des prisons Cour du palais Le Thiou l'I sle de Passage Le Thiou N XVIe s.

État III - phase 3 0 5m

Cour des prisons Cour du palais Le Thiou l'I sle de Passage Le Thiou N XVIe s.

Il va de soi que la construction du bâtiment des archives contre l’ancienne tour d’escalier a imposé la création de nouveaux accès pour en desservir les niveaux. Ainsi, trois portes (B96, 99, et 107) ont été percées dans le mur de la cage d’escalier (fig. 7-a-b et d). Elles ont été réalisées dans le même cal- caire, avec des traces de pics en parement, que les fenêtres de la façade nord et présentent à peu de chose près le même type de chanfrein. Elles ont toutes nécessité des aménagements entre la hauteur des marches de l’escalier en vis et le niveau des salles voûtées. Pour la première (B96), une marche de l’escalier a été retaillée pour former un seuil au droit de l’entrée (449,37 m NGF) (fig. 46). Deux marches ont dû être créées pour descendre dans la salle voûtée du premier niveau dont le sol est plus bas d’environ 40 cm (448, 98 m NGF). À l’inverse, au niveau supérieur, il faut monter trois marches, ménagées dans l’embrasure de la porte (B99), pour accéder à la salle voûtée dont le sol (453,14 m NGF) ne coïncide pas avec la révolution de l’escalier (452,73 m NGF) (fig. 47).

Au dernier niveau, la porte (B107) donne accès au comble de la salle des archives (fig. 48). Elle a été percée dans le mur nord de la tour d’escalier. Son seuil (456,29 m NGF) se situait, à peu de chose près, à la même hauteur que la dernière marche (456,05 m NGF) installée dans la première phase de travaux de la tour d’escalier. La surélévation de cette dernière va poser un problème pour accéder au comble des archives, nécessitant un aménagement particulier.