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2. Problématique et objectifs de l’étude

4.1. le travail collectif en Présence à travers les réunions de Projet

4.1.1. Présentation de l’analyse des données par alceste

4.1.2.3. Phase 3 : les études détaillées

Pour finir, la classe 1, représentée par la phase des études détaillées, se com- pose principalement d’un vocabulaire qui aborde le projet de conception du point de vue global du concept Il semble qu’il s’agisse d’une synthèse des phases antérieures, puisque l’on retrouve explicitement les termes de concept et de préconcepts, avec une description des éléments caractéristiques qui les composent : interface, clavier et commandes

Néanmoins, les uce les plus représentatives indiquent que les préconcepts ne sont plus abordés séparément, mais comme un seul et même ensemble

uce n°908 (χ² = 13 ; p < 001) : C’est un concept qui ne dénature pas, c’est-à-dire que ce ne soit pas le super concept ou le très mauvais, mais un qui soit suffisamment équivalent et qui fasse des combinaisons entre les idées innovantes qu’on a creusées

uce n°812 (χ² = 12 ; p < 001) : On n’a pas essayé d’organiser comment on va, comment on va fixer le concept et comment on va réaliser les interfaces Est-ce qu’on doit les réali- ser tous ensemble, et puis, à partir de là est-ce qu’on va détailler les grandes lignes ?

Dans cette phase, en accord avec la démarche de conception (Quarante, 1994), il s’agit de tester un produit prototype issu du concept retenu Les termes essayer et voir attestent que nous sommes bien en présence d’une phase d’évaluation

Contrairement aux phases précédentes, c’est le métier d’ingénieur qui tient un rôle central En effet, les solutions techniques, reprises par l’ingénieur, s’inscrivent dans un modèle de la rationalité technique (Daniellou, 1994) à travers lequel le projet est conçu comme un processus de résolution de problème Dans notre étude, l’ingénieur cherche à répondre à des questions d’ordre technique : comment intégrer une technolo- gie dans le module de confort, et comment réaliser les interfaces embarquées

etudes détaillées (raPPel)

Optimisation du concept retenu au cours de la phase des études préliminaires, qui permet d’aboutir à la validation d’un produit prototype. etudes détaillées (raPPel) Optimisation du concept retenu au cours de la phase des études préliminaires, qui permet d’aboutir à la validation d’un produit prototype.

les échanges au cours des études détaillées cherchent à résoudre les problèmes d’ordre technique

les échanges au cours des études détaillées cherchent à résoudre les problèmes d’ordre technique

4.2.

utiliSation du collecticiel Par leS acteurS de la

concePtion

4.2.1. Présentation des données issues de l’acSP

Maintenant que nous avons décrit la façon dont le collectif inter-métiers se situait par rapport aux phases du projet au cours des réunions (travail collectif en pré- sence), nous nous proposons de poursuivre cette analyse à travers l’étude des actions enregistrées par le collecticiel ACSP Rappelons que l’ACSP était laissé à la disposition de tous les membres du projet, et qu’ils pouvaient s’y connecter à tout instant pour réa- liser diverses opérations (consultations ou ajouts de documents, envois de courriels ou de messages forums, etc )

Pour cette étude, nous avons relevé trois indicateurs décrits dans le paragraphe 3 4 (p 152), qui correspondent aux trois activités dégagées dans les processus collectifs : la coopération, la coordination et la communication

4.2.1.1. Connexions au collecticiel : une approche de la coopération

Dans un premier temps, nous avons relevé le nombre de connexions à l’ACSP par semaine, en tenant compte des deux métiers impliqués dans le projet (ingénieur et ergonome) De là, nous avons tracé une chronologie du nombre moyen de connexions par semaine en fonction du métier (figure 46) Les phases du projet, identifiées en sec- tion 3 2 (p 148), ont été superposées aux courbes de notre graphique

Figure 46 : Moyennes hebdomadaires des connexions à l’ACSP, selon le métier

(ingénieur et ergonome) et selon la phase du projet

0 5 10 15 20 25 30 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Chronologie du projet (en semaines)

Moyennes hebdomadaires des connexions à l'ACSP

Ingénieur Ergonome Etude de faisabilité Etudes préliminaires Etudes détaillées 0 5 10 15 20 25 30 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Chronologie du projet (en semaines)

Moyennes hebdomadaires des connexions à l'ACSP

Ingénieur Ergonome

Etude de faisabilité

Etudes préliminaires

Nous présentons également le détail des moyennes et des écarts-types des connexions par phase (tableau 6) et des connexions par métiers (tableau 7)

Tableau 6

Moyennes et écarts-types des connexions hebdomadaires à l’ACSP selon les phases du projet (étude de faisabilité, études préliminaires et études détaillées).

Moyenne Ecart-type

Phase 1 : Etude de faisabilité 9 8 7 0

Phase 2 : Etudes préliminaires 29 9 7 3

Phase 3 : Etudes détaillées 13 3 6 3

Toute phase confondue 18 5 11 7

Tableau 7

Moyennes et écarts-types des connexions hebdomadaires à l’ACSP selon le métier (ingénieur et ergonome) en tenant compte des phases du projet (étude de faisabilité, études préliminaires et études détaillées). A noter que les scores ont été ramenés au prorata du nombre d’acteurs représentant chaque métier (9 ingénieurs, 2 ergonomes).

Ingénieur Ergonome

Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type

Phase 1 : Etude de faisabilité 7 6 5 1 2 2 2 4

Phase 2 : Etudes préliminaires 15 2 3 2 14 7 5 7

Phase 3 : Etudes détaillées 12 0 6 1 1 2 0 8

Toute phase confondue 11 5 5 8 7 0 7 4

Les résultats montrent de grandes variations entre les connexions selon les phases du projet, et des écarts différents entre les connexions des ingénieurs et des ergo- nomes Ainsi, la phase d’étude de faisabilité a fait l’objet, en moyenne, de 9 8 connexions par semaine, quel que soit le métier (M = 9 8 ; s = 7 0) Durant la phase des études pré-

liminaires, les acteurs du projet se sont connectés 29 9 fois par semaine (M = 29 9 ; s =

7 3) Enfin, au cours de la phase des études détaillées, nous avons mesuré une moyenne de 13 3 connexions par semaine (M = 13 3 ; s = 6 3) Sur la durée totale du projet, c’est une

moyenne de 18 5 connexions par semaine qui a été enregistrée (M = 18 5 ; s = 11 7) On peut donc relever que c’est la phase des études préliminaires qui fait l’objet du plus grand nombre de connexions, avec trois fois plus de connexions qu’au cours de l’étude de faisabilité, et deux fois plus de connexions qu’au cours des études détaillées

(ingénieur et ergonome), on peut également constater de grandes disparités selon les phases du projet Au cours de la phase d’étude de faisabilité, les ingénieurs comptabili- sent 7 6 connexions en moyenne par semaine (M = 7 6 ; s = 5 1), contre 2 2 pour les ergonomes (M = 2 2 ; s = 2 4) Les ingénieurs se sont donc connectés à l’ACSP presque trois fois plus que les ergonomes durant cette période Au cours de la phase des études

préliminaires, le nombre moyen de connexions hebdomadaires pour les ingénieurs est

de 15 2 (M = 15 2 ; s = 3,2), contre 14 7 pour les ergonomes (M = 14 7 ; s = 5 7) Ici, les ingénieurs et les ergonomes totalisent le même nombre de connexions On peut éga- lement relever qu’au cours des semaines 14, 15 et 16, les ergonomes se sont connectés au collecticiel bien plus souvent que les ingénieurs Pour finir, au cours de la phase des

études détaillées, le nombre moyen de connexions pour les ingénieurs est de 12 0 (M =

12 0 ; s = 6 1), contre 1 2 pour les ergonomes (M = 1 2 ; s = 0 8), soit près de dix fois plus de connexions hebdomadaires

Sur la durée totale du projet, les ingénieurs se sont en moyenne connectés 11 5 fois par semaine au collecticiel (M = 11 5 ; s = 5 8), et les ergonomes 7 0 fois (M = 7 0 ; s = 7 4) On pourra également souligner les écarts-types souvent très importants des statistiques concernant les ergonomes Cela indique une disparité entre le nombre de connexions chez les deux ergonomes de notre projet Un des ergonomes du projet semble s’être connecté à l’ACSP bien plus souvent que l’autre

4.2.2.2. Actions sur les documents : éléments de coordination

Dans un second temps, nous avons relevé le nombre d’actions effectuées sur les documents (création, modification, suppression de documents) en tenant compte de la chronologie du projet (les relevés étaient hebdomadaires) et des métiers impliqués dans la conception (ingénieurs et ergonomes) Une moyenne hebdomadaire des actions sur les documents pour chaque métier a été calculé afin de tenir compte de l’hétérogé- néité des deux groupes (9 ingénieurs et 2 ergonomes) Les résultats sont donnés dans la figure 47

Figure 47 : Moyennes hebdomadaires des actions effectuées sur les documents de

l’ACSP, selon le métier (ingénieur et ergonome) et selon la phase du projet

Le détail des moyennes et des écarts-types des actions par phase ou par métier est également présenté à l’aide des tableaux 8 et 9

Tableau 8

Moyennes et écarts-types des actions hebdomadaires effectuées sur les documents de l’ACSP selon les phases du projet (étude de faisabilité, études préliminaires et études détaillées).

Moyenne Ecart-type

Phase 1 : Etude de faisabilité 14 0 19 9

Phase 2 : Etudes préliminaires 37 2 32 8

Phase 3 : Etudes détaillées 4 3 4 6

Toute phase confondue 21 4 27 8

Tableau 9

Moyennes et écarts-types des actions hebdomadaires effectuées sur les documents de l’ACSP selon le métier (ingénieur et ergonome) en tenant compte des phases du projet (étude de faisabilité, études préliminaires et études détaillées). A noter que les scores ont été ramenés au prorata du nombre d’acteurs représentant chaque métier (9 ingénieurs, 2 ergonomes).

Ingénieur Ergonome

Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type

Phase 1 : Etude de faisabilité 25 6 22 6 2 5 3 2

Phase 2 : Etudes préliminaires 64 0 25 6 10 4 7 7

Phase 3 : Etudes détaillées 7 0 4 8 1 7 2 4

Toute phase confondue 37 2 31 5 5 5 6 7

0 20 40 60 80 100 120 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Chronologie du projet (en semaines)

Moyennes des actions sur les documents

Ingénieur Ergonome Etude de faisabilité Etudes préliminaires Etudes détaillées 0 20 40 60 80 100 120 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Chronologie du projet (en semaines)

Moyennes des actions sur les documents

Ingénieur Ergonome

Etude de faisabilité

Etudes préliminaires

On peut tout d’abord constater, à l’instar des connexions à l’ACSP, que les actions effectuées sur les documents varient tout au long du projet et occupent des pro- portions différentes selon les phases Ainsi, au cours de l’étude de faisabilité, on compte en moyenne 14 0 actions par semaines (M = 14 0 ; s = 19 9), contre 37 2 au cours des

études préliminaires (M = 37 2 ; s = 32 8) et 4 3 au cours des études détaillées (M = 4 3 ; s =

4 6) C’est donc durant la phase des études préliminaires que les acteurs de la conception travaillent le plus sur les documents, au contraire de la phase des études détaillées au cours de laquelle très peu d’actions sont réalisées

Du point de vue des métiers, ce sont globalement les ingénieurs qui opèrent le plus d’actions sur les documents (M = 37 2 ; s = 31 5) par rapport aux ergonomes (M = 5 5 ; s = 6 7) Le groupe d’ingénieurs totalise 91 % des actions durant la première phase, 86 % des actions au cours de la seconde phase, et 80 % des actions au cours de la troi- sième phase Contrairement aux connexions à l’ACSP que nous avons enregistrées (voir paragraphe précédent), la proportion des actions sur les documents entre ingénieurs et ergonomes reste assez stable tout au long du projet

4.2.2.3. Messages asynchrones : indice de la communication médiée

Dans un troisième temps, nous avons relevé le nombre de messages asynchro- nes (courriels et messages forum) envoyés depuis l’ACSP Tout comme pour nos deux autres mesures (connexions à l’ACSP et actions sur les documents), les messages sont abordés en termes de moyenne par groupe métiers (ingénieurs et ergonomes), et calculés pour chaque semaine du projet, ce qui nous permet de positionner ces statistiques par rapport aux phases du processus de conception (figure 48)

Figure 48 : Moyennes hebdomadaires des messages asynchrones envoyés depuis

l’ACSP (courriel et messages forum), selon le métier (ingénieur et ergonome) et selon la phase du projet

Nous présentons le détail des moyennes et des écarts-types des messages en- voyés par phase dans le tableau 10 et selon le métier à l’aide du tableau 11

Tableau 10

Moyennes et écarts-types hebdomadaires des messages asynchrones envoyés depuis l’ACSP (courriels et messages forum) selon les phases du projet (étude de faisabilité, études préliminaires et études détaillées).

Moyenne Ecart-type

Phase 1 : Etude de faisabilité 1 0 1 7

Phase 2 : Etudes préliminaires 7 5 5 3

Phase 3 : Etudes détaillées 1 2 1 2

Toute phase confondue 3 6 4 7

0 5 10 15 20 25 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Chronologie du projet (en semaines)

Moyennes des messages envoyés

Ingénieur Ergonome Etude de faisabilité Etudes préliminaires Etudes détaillées 0 5 10 15 20 25 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

Chronologie du projet (en semaines)

Moyennes des messages envoyés

Ingénieur Ergonome

Etude de faisabilité

Etudes préliminaires

Tableau 11

Moyennes et écarts-types hebdomadaires des messages asynchrones envoyés depuis l’ACSP (courriels et messages forum) selon le métier (ingénieur et ergonome) en tenant compte de la phase du projet (étude de faisabilité, études préliminaires et études détaillées). A noter que les scores ont été ramenés au prorata du nombre d’acteurs représentant chaque métier (9 ingénieurs, 2 ergonomes).

Ingénieur Ergonome

Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type

Phase 1 : Etude de faisabilité 0 5 0 9 1 6 2 2

Phase 2 : Etudes préliminaires 6 2 4 7 8 7 5 6

Phase 3 : Etudes détaillées 1 3 0 9 1 0 1 4

Toute phase confondue 2 9 4 0 4 3 5 3

Les résultats montrent tout d’abord qu’une moyenne de 3 6 messages asyn- chrones ont été envoyés chaque semaine depuis l’ACSP (M = 3 6 ; s = 4 7) Ces messages sont répartis à raison de 1 0 message envoyé au cours de l’étude de faisabilité (M = 1 0 ;

s = 1 7), 7 5 messages envoyés au cours des études préliminaires (M = 7 5 ; s = 5 3) et 1 2

messages envoyés au cours des études détaillées (M = 1 2 ; s = 1 2) On note alors que si le nombre de messages est proche entre la première et la troisième phase, la phase des études préliminaires enregistre un nombre bien plus important

En ce qui concerne les métiers, les ergonomes ont envoyé plus de messages que les ingénieurs durant toute la durée du projet (M = 4 3 ; s = 5 3 pour les ergonomes

M = 2 9 ; s = 4 0 pour les ingénieurs) Néanmoins, les proportions de messages envoyés

par phase ne sont pas identiques En effet, au cours de la phase d’étude de faisabilité, le groupe des ergonomes totalise 76 % des messages envoyés ; 59 % au cours des études préliminaires ; et 43 % au cours des études détaillées Ce sont donc les ingénieurs qui ont le plus utilisé les systèmes de messagerie asynchrone au cours de la dernière phase 4.2.2.4. Résumé

Nous résumons, à l’aide de la figure 49, les principaux résultats extraits de l’analyse des réunions de projet et des données recueillies par l’analyse des traces de l’utilisation de l’ACSP

Figure 49 : Résumé des principaux résultats obtenus à partir de l’analyse des

situations de travail collectif en présence et assisté par ordinateur

4.2.2. discussion

L’étude des connexions à l’ACSP en fonction des phases du projet montre tout d’abord que c’est au cours des études préliminaires que le collecticiel est le plus sollicité Ces résultats peuvent être expliqués par rapport aux objectifs de cette phase, puisque c’est durant celle-ci que sont arrêtés les principes de solution qui seront développés lors de la phase suivante Il s’agit donc d’une étape qui nécessite de nombreux échanges, au cours desquels sont proposées, et discutées, les solutions possibles pour résoudre le pro- blème de conception (Quarante, 1994) Ces solutions, posées sous la forme de principes

de solution, seront sélectionnées à partir de la confrontation des points de vue des diffé-

rents métiers, ingénieurs et ergonomes

Dans ce contexte, le collecticiel est utilisé comme un médiateur privilégié des activités collectives, à travers lequel les échanges restent possibles en dehors des réu- nions Dans une enquête au sein d’un grand centre de recherche et de développement, Kraut, Fish, Root et Chalfonte (1990) ont relevé que les membres d’une même équipe

de travail éprouvaient le besoin d’interagir fréquemment ensemble afin de discuter des points de détail précis concernant les tâches qu’ils avaient à réaliser Les auteurs ont ainsi enregistré une multitude de communications informelles, instaurées au gré de rencontres parfois fortuites

Dans un contexte similaire, le collecticiel peut offrir un environnement de travail permanent, capable d’apporter immédiatement la réponse à certains points par- ticuliers C’est en ce sens que l’ACSP semble appréhendé comme un système de plateau

projet, c’est-à-dire comme « un carrefour, un lieu de passage et de rencontre de différents

acteurs […], de différents métiers et de différents processus de travail » (Levan, 2004, p 91) Le plateau projet a donc pour objectif d’améliorer les interactions entre les membres d’un groupe projet, tout en privilégiant une plus forte simultanéité des tâches dans le cadre d’une ingénierie concourante

Grâce au collecticiel, les acteurs de la conception peuvent ainsi apporter quel- ques éléments à la résolution du problème en cours, recueillir des informations com- plémentaires pour la réalisation de leur tâche, combiner leur activité avec celle de leurs partenaires, etc Le plateau projet se présente alors comme un véritable espace de travail ouvert, souvent assimilé à une « ruche » au sein de laquelle règne le plus grand désordre apparent (Levan, 2004) Dans ce contexte, il est difficile de connaître avec précision les activités de chacun et de repérer les influences mutuelles qui s’opèrent entre les acteurs du projet Néanmoins, l’effervescence collective, que nous pouvons observer dans le cadre de notre étude par le biais des connexions au collecticiel (18 5 connexions en moyenne par semaine), contribue fortement à la construction de compétences collaborati-

ves Ces compétences sont celles qui permettent à chaque individu de mieux se position-

ner par rapport aux actions, aux réflexions, et plus généralement à la sphère personnelle (Moles, 1985) des autres acteurs de la conception

Levan (2004) souligne également que le plateau projet permet un travail col- lectif plus en amont dans les phases du processus de conception En effet, alors que les approches traditionnelles cherchent à maîtriser les activités et les interactions en vue de les recadrer par rapport aux objectifs du projet, les approches de type plateau projet tendent au contraire à susciter un « maelström d’interactions et d’apprentissages mu- tuels » (Levan, 2004, p 92) Il en résulte un enrichissement plus important des phases de conception et de développement, celles-là même qui déterminent les orientations du concept que nous observons tout au long de l’étude de faisabilité, des études préliminai- res et des études détaillées

Par conséquent, les effets de l’approche plateau auront au moins deux réper- cussions sur le projet de conception La première portera sur le coût du projet Levan

Plateau Projet : Espace (physique) de travail collaboratif qui offrent la possibilité d’échanges et d’interactions abondantes entre les acteurs de la conception. Plateau Projet : Espace (physique) de travail collaboratif qui offrent la possibilité d’échanges et d’interactions abondantes entre les acteurs de la conception. le plateau projet favorise le développement des premières phases du processus de conception le plateau projet favorise le développement des premières phases du processus de conception

(2004) montre à cet égard que les phases en amont (conception et développement) d’un projet de conception déterminent 70 à 80 % des coûts des phases en aval (production et lancement), car ce sont les toutes premières phases qui donnent l’orientation globale du projet qu’il sera ensuite difficile de corriger Or, bien souvent, les premières phases du processus de conception sont négligées au profit des phases suivantes Il n’est alors pas rare qu’un produit soit mis trop prématurément sur le marché, sans que sa conception ait complètement abouti, engendrant de lourdes pertes pour l’entreprise (figure 50)

Figure 50 : Représentation des coûts d’un projet 80 % des coûts sont engagés au

cours des phases amont (avant-projet et étude de faisabilité), qui ne représentent que 15 % d’avancement (point A) Ce montant équivalent de dépenses cumulées n’est réellement atteint qu’en fin de période de garantie du produit (point B)

La seconde répercussion de l’approche plateau portera sur la dimension nova- trice du produit Sagot, Gomes et Zwolinski (1998) ont ainsi souligné l’importance de la coopération entre les acteurs-métiers du projet (ingénieurs et ergonomes dans le cas de notre étude) afin que soit conçu un produit adapté aux futurs utilisateurs Or, l’opti- misation de la compatibilité entre l’homme et le produit est l’un des facteurs déterminants de la démarche d’innovation Duchamp (1988) a également montré que l’articulation la plus efficace entre ergonomie et conception s’inscrivait dès les premières phases du processus de conception Ainsi, tandis que le processus de conception progresse et que le produit se définit, la réalisation devient de plus en plus lourde à modifier ou à remettre

en cause L’analyse ergonomique doit donc intervenir le plus en amont possible dans le processus de conception-développement (figure 51)

Figure 51 : Articulation de l’analyse ergonomique avec le processus de conception

(d’après Duchamp, 1988)

L’approche plateau projet offerte par le collecticiel répond donc aux besoins de l’ingénierie concourante et permet d’optimiser le collectif inter-métiers en favorisant la simultanéité des actions

En dehors de la phase des études préliminaires, les connexions à l’ACSP sont souvent équivalentes entre les phases d’étude de faisabilité et d’études détaillées Ceci peut s’expliquer par le fait que ces phases sont souvent l’objet de tâches distribuées et isolées La coopération nécessite donc moins d’interactions qu’au cours de la phase des études préliminaires

En effet, l’étude de faisabilité repose essentiellement sur des recommandations ergonomiques souvent issues des normes et des standards extraits des caractéristiques du « composant humain » (Human Factors) (Sagot, 1999) L’ergonome contribue donc au projet en précisant les besoins fonctionnels des futurs utilisateurs, tout comme nous avons pu le relever avec l’analyse des interactions verbales entre acteurs-métiers au cours des réunions de projet (paragraphe 4 1 2, p 157), pendant lesquelles l’ergonome don-