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Chapitre V DISCUSSION DES RÉSULTATS

5.6 Portée de l'étude pour l'intervention et perspectives pour la recherche 1 Portée de l'étude pour l’intervention

5.6.2 Perspectives pour la recherche

Nous avons tout au long de cette recherche fait état de la situation des immigrants camerounais et des motifs de leurs organisations en associations à Québec. Cependant, les résultats auxquels nous sommes parvenus laissent encore des zones d’ombres. Sachant, selon Heine, Licata et Azzi (2007), que la communauté ethnique contribuerait au maintien de stéréotypes sur les immigrants, nous pensons que, partant des résultats de cette étude, d’éventuelles études qualitatives sur le sujet pourraient notamment traiter de la perception de ce mode d’organisation des immigrants par les Québécoises et les Québécois. Cela permettrait d’avoir des données beaucoup plus complètes et améliorer les politiques et le travail des intervenants sociaux. Une autre étude pourrait également faire une analyse comparative des dynamiques intracommunautaires en incluant plusieurs autres associations rassemblant des immigrants Africains subsahariens de plusieurs pays.

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Conclusion

Cette étude exploratoire, basée sur une approche qualitative, a été réalisée sur le thème des « Dynamiques intracommunautaires des néo-Québécois provenant d’Afrique subsaharienne à Québec ». Centrée sur les associations des immigrants camerounais à Québec, elle s’est inscrite dans un paradigme constructiviste avec la théorie du parcours de vie pour base théorique. La méthode non probabiliste à choix raisonné a été utilisée pour le recrutement des participants. La collecte de données a été effectuée par des entrevues individuelles semi-structurées avec pour appui deux guides d’entrevue préétablis. L’analyse étant pour le chercheur un processus de familiarisation avec son matériel afin de mieux le comprendre et le structurer, nous avons privilégié une analyse de contenu sur une base inductive.

La question générale de recherche était « Quelles sont les perceptions des immigrants camerounais par rapport aux enjeux reliés aux dynamiques intracommunautaires existant à Québec? » et elle a également constitué l’objectif général de cette étude. Nous l’avons subdivisée en trois questions spécifiques : 1- Pourquoi certains immigrants camerounais à Québec s’organisent en associations? 2- Comment sont intégrés les nouveaux membres de ces associations? 3- Dans quelle mesure y transposent-ils à Québec les conflits ethniques vécus dans leur pays d’origine?

Au regard des résultats qui découlent de l’analyse des données, nous sommes parvenus aux conclusions que les objectifs que poursuit l’organisation en associations à Québec de certains néo-Québécois originaires du Cameroun visent principalement à lutter contre les frustrations rencontrées quotidiennement. Ces frustrations sont principalement liées à l’accès au marché du travail, à la reconnaissance des diplômes et des compétences acquises à l’extérieur du pays, à l’accès au crédit et au sentiment de solitude. Il s’agit également d’une stratégie visant à favoriser la solidarité entre les membres, à combler les besoins des membres en informations, à la fois sur le pays dans lequel ils vivent, mais aussi sur le pays d’origine. De la sorte, s’organiser en associations vise à garder vivante la culture du pays d’origine permettant aux membres, de mieux vivre et de s’intégrer à la culture québécoise

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et la vie à Québec. Par conséquent, pour les membres d’associations de Camerounais à Québec, ne pas le faire serait une porte ouverte à l’oubli de la culture et de l’identité d’origine de l’immigrant qui favoriserait une intégration partielle à la société québécoise et accentuerait la solitude entraînée par l’immigration et les difficultés pouvant y survenir.

Contrairement aux données de départ de cette étude qui indiquait la présence à Québec de deux associations de Camerounais, il ressort également de cette étude qu’il y aurait à Québec plus d’une dizaine d’associations de Camerounais. Ses dernières sont organisées sur une base nationale, régionale, ethnique ou thématique (humanitaire, tontine). Ses différentes associations collaborent entre elles en fonction des évènements et des plans d’action respectifs. Par contre, celles-ci ne sont pas toutes officiellement enregistrées.

Les résultats de cette étude rappellent, comme l’ont indiqué certaines des études utilisées dans la problématique, que le racisme et la discrimination sont présents à Québec. Toutefois, cela n’est pas généralisé à toute la population. De plus, certains immigrants adoptent le Québec et plus spécifiquement la ville de Québec comme patrie. Cependant, il arrive que certains d’entre eux restent perçus comme des étrangers par certains Québécois.

Les conclusions de la présente recherche ont été validées auprès des participants. Elles viennent s’ajouter aux connaissances existantes sur l’immigration au Québec et plus précisément dans la ville de Québec et mettent en évidence certains aspects spécifiques de cette réalité. Elles fournissent aux intervenants sociaux des connaissances supplémentaires afin d’ajuster leurs pratiques auprès de cette population et pouvant donner lieu à la création d’espaces de dialogues inclusifs entre les différents acteurs sociaux, sous l’égide des travailleurs sociaux. Ces résultats pourraient également constituer un appui pour la mise en œuvre d’actions de lutte contre la discrimination, la lutte contre l’isolement social des immigrants et la prévention d’éventuels conflits majeurs à l’intérieur de ses communautés en vue d’une meilleure cohésion sociale à Québec. Les travailleurs sociaux sont ainsi invités à être des acteurs de première ligne de la conscientisation de la société aux difficultés rencontrées par les immigrants, du potentiel qu’ils représentent, mais aussi des dangers que pourrait entraîner la marginalisation de cette partie de la population.

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Les éventuelles études qualitatives sur le sujet pourraient notamment s’orienter vers l’étude de la perception de ce mode d’organisation des immigrants par les Québécoises et les Québécois. Cela permettrait d’avoir des données beaucoup plus complètes et améliorer les politiques et le travail des intervenants sociaux.

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