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Chapitre II CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL

2.2 Cadre théorique

Partant de notre intérêt pour les motivations et la perception individuelles des membres de ces associations, notre préférence par rapport aux choix épistémologiques s’inscrit dans une vision subjective en référence à l’épistémologie du sujet. À l’intérieur de ce cadre scientifique, une théorie a retenu notre attention : il s’agit de la théorie du parcours de vie.

2.2.1 Théorie du parcours de vie

Le parcours de vie est l’étude multidisciplinaire (Gaudet, 2013; Sapin et coll., 2007) et interdisciplinaire du déroulement des vies individuelles (Lalive d’Épinay et coll., 2005; Levy et coll., 2005). D’après la présentation faite par Gherghel et Saint-Jacques (2013), la théorie du parcours de vie est une orientation théorique prépondérante dans l’étude de la vie des personnes. Elle propose une analyse compréhensive du développement individuel

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pour examiner les liens entre le changement social, la structure sociale et l’action individuelle et collective et peut ainsi être considérée comme un paradigme (Sapin et coll., 2007).

Le parcours de vie, pris comme un paradigme, est un cadre général d’orientation du chercheur dans les choix méthodologiques devant guider sa recherche (Hesse-Biber et Leavy, 2004). Ses choix méthodologiques orientent également la détermination de sa question de recherche et le cadre conceptuel de sa recherche.

Considérant qu’immigrer implique un ensemble de bouleversements, un quasi-départ à zéro dans la vie de la personne qui décide de quitter son pays, et ce, quelles que soient les raisons qui ont motivé la décision d’immigrer (Legault et Rachédi, 2008), la perspective transdisciplinaire du parcours de vie que nous présentons nous semble appropriée pour cette étude. En effet, elle s’inspire des résultats de plusieurs domaines d’études des sciences sociales et prend en compte tant des processus sociologiques, psychologiques que démographiques. Elle tente notamment de répondre à la question : « comment les individus sélectionnent-ils et construisent-ils leurs environnements sociaux? » (Gherghel et Saint- Jacques, 2013, p. 3). Cela pourrait nous conduire à répondre à la question du pourquoi en partant du principe que « l’analyse des problèmes sociaux est aujourd’hui au cœur de la formation de plusieurs disciplines en sciences humaines, notamment en sociologie et en travail social » (Vatz Laaroussi, 2009, p. ii).

Ainsi, la dimension sociohistorique des personnes prises individuellement, puis collectivement en lien avec cette théorie nous a aidé à découvrir ce qui motive le besoin et la décision de s’organiser et d’adhérer à une communauté (à une association) en terre d’accueil, surtout lorsque celle-ci est fondée sur certains critères d’adhésion telle que présentée dans la recension des écrits.

La théorie du parcours de vie nous a permis de trouver le cadre de référence de la globalité en partant du particulier, car les expériences de chaque individu peuvent influencer le fonctionnement des individus à l’intérieur d’un groupe donné d’immigrants

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(Ezéchielles, 2006). La théorie du parcours de vie accorde une place importante à l’approche qualitative et aux discours des personnes interviewées. À l’intérieur de la théorie du parcours de vie, plusieurs applications, méthodologies et approches existent. Des efforts ont été déployés pour montrer la complémentarité et la convergence (Elder et coll., 2004) des approches élaborées dans différents champs d’études, tout en intégrant un aspect interdisciplinaire (Levy et coll., 2005). Cette théorie dont le concept central est « le parcours de vie » consiste à analyser l’ensemble des séquences d’évènements vécus par une personne (Gherghel et Saint-Jacques, 2013). Cet ensemble d’évènements analysés au présent est ainsi réalisé sur la base d’un axe historique qui imprègne les décisions prises par chaque personne immigrante (Legault et Rachédi, 2008).

Cette analyse a été faite à la lumière des cinq principes que comprend cette théorie et qui ont imprégné toute la démarche méthodologique de cette recherche. Nous avons mis l’accent particulièrement sur l’adaptation des instruments de collecte de données aux principes de la théorie. Ces principes sont les suivants :

Le développement se fait tout au long de la vie d’un individu. Pour comprendre

ce qui conduit une personne à intégrer un groupe donné à un endroit donné, il faut tout d’abord chercher à comprendre les raisons pour lesquelles cette personne s’y trouve ainsi que les possibles difficultés que cette personne y a rencontrées.

L’individu est capable d’intention et de faire des choix. La difficulté ou la

facilité d’intégration à une nouvelle société est subjective à chaque individu (Ezéchielles, 2006). Cela partant du principe que les expériences du passé et le contact à la nouvelle société sont uniques et vécus de façon individuelle par chaque immigrant. Ainsi, le désir d’appartenir à un groupe peut être ou ne pas être relié à une nécessité selon les individus et leurs expériences. La personne immigrante a donc la capacité de construire certains aspects de son parcours de vie par des choix et des actions, tout en tenant compte à la fois des contraintes auxquelles elle est confrontée et des possibilités qui s’offrent à elle (Gherghel et Saint-Jacques, 2013).

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Les expériences de la vie dans le temps et l’espace sont les facteurs de convergence. Bien que les expériences soient subjectives, des personnes, du fait de leurs

similitudes, peuvent vivre extérieurement des réalités semblables qui les rapprochent (Mianda, 1998). Selon Germain et Poirier (2007), la présence d’immigrants ayant les mêmes origines en un même lieu favoriserait l’organisation de ces derniers en associations.

La temporalité des évènements de la vie. Comme développé par Gherghel et

Saint-Jacques (2013, p. 23), le « fait ponctuel, qui peut être enregistré à un moment précis et qui concerne un individu, dans un temps et un espace particuliers » indique que l’individu a la capacité de prendre plus ou moins souverainement ses décisions. La décision pour une personne immigrante de faire partie d’une association peut ainsi être une phase passagère de son intégration à une nouvelle société et à ses réalités ou encore être une action constante de son vécu.

Les vies sont interreliées entre elles. Les réalités de la vie des individus et de la

vie en société font en sorte que ce qui peut être décidé par une personne affecte également son réseau social (Gherghel et Saint-Jacques, 2013). Les individus décident en général en fonction de ce qui leur est favorable ou non. Ils tiennent compte ou non des suggestions qui leur sont faites. La décision de se mettre ou de ne pas se mettre en communauté dépendrait donc de ce qu’un individu attend ou estime pouvoir ou non obtenir. Il est aussi probable que ce choix soit lié à une habitude culturelle du pays d’origine à s’organiser en associations sans pour autant que cela soit justifié par l’existence d’un problème ou plusieurs problèmes particuliers (Kamdem, 2008).

À la lumière de cette théorie, nous nous sommes intéressés au vécu prémigratoire, migratoire et postmigratoire de chacun des participants à cette recherche. Ces différents aspects ont formé les grandes lignes de nos guides d’entrevues.

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