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Une pensée dont l’âme s’embarrasse :

Dans « Télévision », Lacan évoque le symptôme obsessionnel dans son rapport à la pensée :

« En fait, le sujet de l’inconscient ne touche à l’âme que par le corps, d’y introduire la pensée. […]

Cette cisaille vient à l’âme avec le symptôme obsessionnel : pensée dont l’âme s’embarrasse, ne sait que faire »194. La cisaille correspond au fait que le langage découpe le corps, d’y introduire la pensée. Comment définir le symptôme obsessionnel ? En quoi est-il propre à la névrose obsessionnelle ? En quoi le symptôme obsessionnel participe-t-il à l’économie désirante de la névrose obsessionnelle ? En quoi le symptôme fondamental de l’obsessionnel peut-il se retrouver dans le lieu de la pensée ? Rappelons que la description du symptôme obsessionnel a été faite par Freud de façon exemplaire et complète : c’est là le point de vue de Lacan. Nous allons nous intéresser à repérer comment Lacan articule la question du symptôme à la névrose obsessionnelle – notamment le symptôme conçu comme ensemble du dispositif qui maintient le désir comme impossible – et comment le symptôme obsessionnel en tant que « pensée dont l’âme s’embarrasse » est à concevoir à partir des commentaires de Lacan, comme un « événement de corps »195 ?

a) Le symptôme dans la théorie lacanienne :

Pour étudier le concept de symptôme ainsi articulé dans l’enseignement de Lacan, nous devons nous servir de deux axes : le rapport à l’Autre et le rapport à la pulsion. Le symptôme se constitue dans des rapports doubles : d’une part son rapport à l’Autre, ici le symptôme est conçu comme message venant de l’Autre et il est considéré comme une formation de l’inconscient – d’autre part, le rapport du symptôme avec la pulsion et la jouissance. Chez Lacan, nous devons en effet repérer deux sémantiques construites pour examiner le concept du symptôme : une sémantique construite à partir de l’Autre et d’autre part une sémantique construite à partir de la jouissance. Autrement dit, le symptôme est à la fois un message inconscient (sémantique de l’Autre) et un mode de jouissance (sémantique de la jouissance) en tant qu’il est parasité par le fantasme du sujet. Le symptôme est alors « sens joui ».

Symptôme et Autre : Premièrement, examinons le rapport du symptôme avec l’Autre. En 1953, dans « Fonction et champ de la parole et du langage », Lacan élabore son programme quant à la théorie de la psychanalyse : il s’agit selon lui de repenser les concepts analytiques dans le champ du langage.

194 LACAN.J (1973). « Télévision », in Autres Ecrits. Champ freudien. Seuil. Paris. 2001.p512.

195 LACAN.J (1975). « Joyce le symptôme II », in Joyce avec Lacan. Navarin Seuil. Paris. 1987.p35

Vis-à-vis du symptôme, il précise qu’il « se résout tout entier dans une analyse de langage, qu’il est langage dont la parole doit être délivrée »196. Le symptôme est ce que dit le sujet et en cela il est à concevoir comme une formation de l’inconscient parmi le lapsus, l’oubli, les actes manqués. Dire cela, c’est insister sur la dimension symbolique de la formation de l’inconscient qu’est le symptôme : il veut donc dire quelque chose et s’interprète alors. Le symptôme a un sens, il est appel au sens qu’un Autre pourrait lui délivrer. Ce sens est le plus souvent caché qu’il s’agit de déchiffrer par la parole comme s’exprime Lacan en 1953. En outre, le symptôme est donc une formation de l’inconscient mais il diffère par certains aspects. Le lapsus, le mot d’esprit, l’acte manqué obéissent à une temporalité de l’instant, la fulgurance alors que l’essence du symptôme est la répétition. Le propre du symptôme est ce qui ne cesse pas de se manifester. L’effort de Lacan a été de repenser les concepts analytiques dans le champ du langage : le symptôme est une métaphore alors que le désir est une métonymie. Métaphore et métonymie constituent la structure du langage. A partir du moment où l’on conçoit que « l’Autre est le lieu de la parole », il est tout à fait acceptable de dire qu’un symptôme est un dit du sujet197. C’est de l’Autre que le sujet reçoit son message qu’il émet. Ceci s’écrit: s(A)---A. Quelles relations pouvons-nous faire entre le symptôme et le désir ? Lacan affirme que « le symptôme est le signifiant d’un signifié refoulé de la conscience du sujet »198. En d’autres termes, le symptôme est le signifiant d’un désir refoulé. Le désir se masque derrière les manifestations symptomatiques qui se répètent sans cesse.

C’est pour cette raison que nous avons insisté tant, dans notre point précédent, sur le désir et notamment le désir dans la névrose obsessionnelle. Un désir inconscient se masque dans le symptôme. Comment alors le désir propre à l’obsessionnel se cache-t-il derrière le symptôme ? Existe-t-il une manière singulière propre à l’obsessionnel de voiler, de cacher le désir dans le symptôme ? Le symptôme dans son rapport à l’Autre est à considérer comme une métaphore, un message métaphorique de l’Autre.

Notons au passage que toute définition que nous pouvons donner de l’inconscient rebondit sur celle que nous donnons du symptôme199. A partir de la formule symbolique du symptôme, comment Lacan définit-il l’inconscient ? Nous pouvons repérer l’aboutissement de cette formule lors du Séminaire « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse », où il donne

196 LACAN.J (1953). « Fonction et champ de la parole et du langage », in Ecrits. Champ freudien. Seuil. Paris.

1966.p269.

197 MILLER J.A. (2003).« De l’utilité sociale de l’écoute », in Lettre Mensuelle de l’Ecole de la Cause freudienne, numéro spécial, supplément au n°223, Paris, décembre 2003.p8 : « Si surprenant que cela puisse paraître, en psychanalyse c’est ce que dit un sujet de son symptôme qui constitue le symptôme lui-même ».

198 LACAN.J (1953). « Fonction et champ de la parole et du langage », in Ecrits. op cit..p280.

199 Francisco-Hugo FREDA développe pour cela la thèse suivante : « Redéfinir le symptôme suppose de redéfinir l’inconscient d’où la proposition suivante : il y a toujours un sujet », in Francisco-Hugo FREDA. « Points de suspension », in Revue de la Cause freudienne, 38, février 1998. Paris. p67.

une nouvelle définition de l’inconscient. D’une part, l’inconscient « lacanien » se différencie de l’inconscient freudien. Il le qualifie de « Le nôtre », c’est l’inconscient nôtre. Avant d’en arriver à la conception de « l’inconscient nôtre » (1964), Lacan donne plusieurs acceptions à la notion de l’inconscient. Son point de départ, c’est d’affirmer que « l’inconscient est le discours de l’Autre », puis il en vient à préciser que « l’inconscient est structuré comme un langage » (c’est l’époque de la métaphore et de la métonymie). En fait, il y a une continuité dans ces différentes acceptions de l’inconscient qui trouvent son élaboration ultime dans « l’inconscient nôtre ». Qu’est-ce que l’inconscient nôtre ? En 1964, Lacan rend compte que les productions de l’inconscient témoignent d’un « ça pense » au niveau de l’inconscient. L’inconscient a une structure de discontinuité, de fente aussitôt refermée qu’apparue, structure de battement temporel. C’est l’époque du sujet de l’inconscient, avec la distinction du sujet de l’énonciation et le sujet de l’énoncé200. Dans ce Séminaire, il s’agit d’un inconscient linguistique où les processus primaires de Freud sont retraduits sous les termes de métaphore et de métonymie, ce n’est pas seulement une combinatoire ; il s’agit aussi de l’inconscient comme un discours. C’est là que Lacan amènera la notion du « ça parle ». L’inconscient est bien le discours de l’Autre, où l’Autre est un lieu, le lieu des signifiants, le trésor des signifiants. De surcroît, il nous semble logique de définir le symptôme comme le signifié de l’Autre, ou comme le message de l’Autre sachant que Lacan élabore la théorie de l’inconscient en fonction de l’Autre. C’est le temps de l’Autre dans l’enseignement de Lacan. Les concepts psychanalytiques sont retraduits en fonction de la sémantique de l’Autre : « l’Autre comme le lieu des signifiants », « l’Autre comme le lieu de la parole », l’Autre primordial… On a alors le symptôme comme le message de l’Autre, et il est sens dans la mesure où l’Autre est « le lieu du sens refoulé ».

Nous avons énoncé que le Séminaire « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse » était l’aboutissement de la notion de l’inconscient « comme structuré comme un langage » ou

« comme le discours de l’Autre ». Apportons un bémol. Le Séminaire XI introduit aussi une coupure dans l’enseignement de Lacan. Avant 1964, Lacan s’efforce de montrer la domination de l’Autre. La définition du symptôme est en effet influencée par cet effort. Le symptôme est en rapport avec l’Autre. Lacan en oublierait la motion pulsionnelle du symptôme. Avec le Séminaire XI, c’est le commencement d’un nouvel effort de Lacan : celui d’articuler l’Autre et le petit a, l’objet a. Les deux opérations de causation du sujet201 – aliénation et séparation – témoignent de cette articulation. En conclusion, avant 1964, avec la suprématie du symbolique, Lacan déployait

200 cf. l’exemple de PICHON et DAMOURETTE « Je crains qu’il ne vienne », étudié par LACAN dans « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache » (1960), in Ecrits, op cit. p663. Lacan fait la démonstration que la négation « ne » apparaît comme le véritable marqueur de la position du sujet de l’inconscient.

201 L’aliénation met en valeur le sujet du signifiant alors que la séparation met en valeur le sujet de la jouissance.

le symptôme sur l’axe symbolique (S-A), il était conçu comme message de l’Autre, comme le signifié de l’Autre. Une coupure s’introduit : c’est l’articulation de l’Autre avec l’objet a et par le même mouvement le Réel va prendre ses lettres de noblesse.

Symptôme, pulsion, jouissance : Deuxièmement, le symptôme est un moyen, un appareil, un mode de jouissance. Il s’agit de la face pulsionnelle du symptôme. Or, « pour qu’il y ait symptôme, il faut qu’un autre élément entre en jeu. C’est là que Lacan écrit le fantasme […] »202. Comme la signification ne suffit pas à rendre compte du symptôme, Lacan met en jeu un autre élément : le fantasme. Nous situons cette avancée chez Lacan à partir du Séminaire « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse », où le symptôme est alors abordé à partir de la libido, de la jouissance et par là à partir du fantasme. Quel est le rôle du fantasme chez un sujet ? Plusieurs rôles lui sont attribués.

Le fantasme est un cadre, une fenêtre par laquelle le sujet reconnaît le monde. Lacan l’écrit de la manière suivante : Sàa. Le fantasme se compose donc d’éléments relevant des registres du symbolique et imaginaire du sujet. Dans le mathème du fantasme, nous retrouvons en effet des éléments symboliques avec la barre sur le sujet (S). Il y a aussi l’objet a en tant que perdu, lieu vide, béance que le sujet va tenter d’obturer par les divers objets a imaginaires. Nous voulons insister sur le fait que le fantasme est au service du désir chez le sujet : le fantasme est à concevoir comme soutien du désir. Il y a un rapport étroit entre fantasme et désir. Pouvons-nous considérer le fantasme comme l’instrument de la politique du désir ? Autrement dit, le fantasme soutient le désir chez un sujet et masque, recouvre le réel.

Comment Lacan articule la question du symptôme à la pulsion ? Retraçons brièvement les différentes acceptions de la libido, de la pulsion dans l’enseignement de Lacan. Nous savons qu’elle est envisagée sous les trois registres, imaginaire, puis symbolique, enfin sous le versant réel. Il y a donc une théorie symbolique de la pulsion introduite dans le Séminaire XI et une théorie réelle de la pulsion avec le Séminaire « Encore » (et l’article « Télévision »). Nous laissons de côté la théorie imaginaire de la pulsion. Dans le séminaire « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse », les investissements libidinaux sont inclus dans le champ du langage ; la pulsion est conçue comme équivalente à une chaîne signifiante. Pour cela, Lacan déchiffre la pulsion en termes de « se faire» : se faire voir pour la pulsion scopique, se faire entendre, se faire sucer ou manger… En effet, la pulsion freudienne - décrit comme répondant à une logique grammaticale (activité/passivité) – est définie comme « une chaîne signifiante spéciale ». La pulsion comme

202 MILLER.J.A. « Ce qui fait insigne », in Revue de la Cause freudienne,, 39, Mai 1998. Paris. p15.

chaîne signifiante renvoie à l’idée que l’élément signifié se retrouverait au même étage que l’élément signifiant ; ceci s’écrit : SàD. Pourquoi Lacan inclut-il la pulsion dans le champ du langage ? Parce que cela consiste à prescrire un effet de jouissance : la pulsion serait comme une chaîne signifiante qui aurait un effet de jouissance, un produit de jouissance. Or, un tournant s’inscrit dans l’enseignement de Lacan : « Là où ça parle, ça jouit, et ça sait rien »203.On trouve déjà une amorce de cette thèse dans le Séminaire « Les quatre concepts… » : « Le langage nous emploie, et c’est par là que cela jouit. »204. C’est le temps de la théorie réelle de la pulsion : les chaînes signifiantes sont des chaînes de jouissance. C’est la thèse de 1973 : « Ces nœuds se construisent réellement à faire chaîne de la matière signifiante. Car ces chaînes ne sont pas de sens mais de joui-sens »205. Nous sommes à la pointe de l’effort de Lacan à inclure la jouissance, conçue comme objet petit a, dans le champ du langage, la faire en quelque sorte équivalente au sens. A la fin de son enseignement, Lacan fait équivaloir signifiant, signifié à la jouissance : c’est ce dont témoigne le concept d’objet petit a, la jouissance comme objet a. Traiter la jouissance comme objet a, ça veut dire la traiter comme le produit d’une chaîne signifiante. Le concept d’objet a permet d’inclure la jouissance dans le langage. La pulsion est par conséquent abordée par Lacan à partir de l’objet petit a.

203 LACAN.J, Le Séminaire. Livre XX. « Encore ». Texte établi par J.A Miller. Champ Freudien. Seuil. Paris. 1975,p95.

204 LACAN.J, Le Séminaire. Livre XI. « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse ». Texte établi par J.A Miller.

Champ Freudien. Seuil. Paris. 1991,p74.

205 LACAN.J (1973) « Télévision », in « Autres Ecrits », Champ Freudien, Seuil. Paris. 2001.p517.

b) « Labyrinthes de la Zwangsneurose » : à propos du symptôme obsessionnel

Examinons maintenant comment Lacan articule la question du symptôme à la névrose obsessionnelle. Quel rôle joue le symptôme dans l’économie désirante chez un sujet ? Nous avons énoncé précédemment que le névrosé tente une confusion entre demande et désir, mais le désir s’y refuse et une grande partie des phénomènes névrotiques relève de ce phénomène.

Pouvons-nous par conséquent concevoir le symptôme comme le résultat de l’échec de l’opération du névrosé ? Plus exactement, pouvons-nous supposer le symptôme comme l’instrument de la politique du désir chez un sujet, et notamment dans la névrose obsessionnelle ? Admettre cette thèse aboutit à plusieurs conséquences dans l’abord de la question du symptôme.

Lacan considère qu’il n’y a pas de nouveaux symptômes obsessionnels et que la description freudienne du symptôme obsessionnel est complète et exemplaire. De surcroît, les remarques de Lacan consistent régulièrement à souligner ce point : retour à la découverte freudienne du symptôme obsessionnel. C’est par la critique que tout ce qui prétend innover dans la description du symptôme obsessionnel que Lacan va centrer son abord du symptôme. Ainsi, dans « Variantes de la cure type », il critique les développements de W. Reich sur la notion de caractère. La névrose de caractère est elle-même un effet de confusion entre le symptôme et le caractère obsessionnel tels que Freud les a dégagés. Le symptôme est à mettre en corrélation avec le sujet - « la position du sujet » - alors que le caractère reste un produit du moi. Cette confusion est donc logiquement produite par le recouvrement dans la théorie de l’Ego Psychology du sujet par le moi. C’est à partir du moment où Lacan promeut le désir comme son interprétation que le symptôme obsessionnel peut retrouver la place qu’il avait dans le dispositif freudien. En effet, Lacan va mettre l’accent sur la place du symptôme dans l’économie du sujet. Dans notre point précédent, nous avons donc bien insisté sur l’importance de la notion de désir dans la compréhension de la névrose obsessionnelle. C’est par la notion même du désir et comment ce désir fonctionne dans la névrose obsessionnelle, que nous pouvons saisir l’ensemble du dispositif de la névrose obsessionnelle. Il s’agit alors de mettre en valeur la place du symptôme dans l’économie désirante du sujet.

De ce fait, dans « Champ et fonction de la parole et du langage », Lacan évoque les grandes entités cliniques freudiennes en les referant au champ du langage : « Hiéroglyphes de l’hystérie, blasons de la phobie, labyrinthes de la Zwangsneurose - charmes de l’impuissance, énigmes de l’inhibition, oracles de l’angoisse, - armes parlantes du caractère, sceaux de l’autopunition,

déguisements de la perversion […] »206. Il nous semble que le terme de « labyrinthe » introduit probablement le mieux à la lecture par Lacan du symptôme obsessionnel. Examinons le terme de

« labyrinthe ». La première définition que nous pouvons donner est la suivante : « édifice légendaire, composé d’un grand nombre de pièces disposées de telle manière qu’on n’en trouvait que très difficilement l’issue »207. Le symptôme obsessionnel peut en effet être lu comme un édifice complexe et solide. Lacan utilisera d’ailleurs un vocabulaire architectural pour nommer celui-ci : « fortifications à la Vauban », « architecture de contrastes »… L’idée majeure de cette définition est de montrer l’articulation du symptôme au désir : le symptôme est au service du désir. Dans la névrose obsessionnelle, le symptôme est à l’œuvre pour maintenir le désir comme impossible chez le sujet. Toute la métaphore du labyrinthe exprime au mieux la politique du désir à l’œuvre dans le symptôme et ceci en termes d’édifice et d’issue impossible : complexité et solidité du symptôme obsessionnel pour maintenir le désir comme impossible.

Dans « La direction de la cure », Lacan revient sur cette expression en soulignant « qu’il n’y faut pas seulement le plan du labyrinthe reconstruit, ni même un lot de plans déjà relevés. Il faut avant tout posséder la combinatoire générale qui préside à leur variété sans doute mais qui, plus utilement encore, nous rend compte des trompe-l’œil, mieux des changements à vue du labyrinthe »208. Autrement dit, il ne suffit pas de s’intéresser au symptôme, il s’agit de saisir l’ensemble du dispositif, à savoir symptôme et désir (voire fantasme). Les « changements à vue du labyrinthe », c’est-à-dire les variations du symptôme, doivent servir à saisir la combinatoire plutôt que la plainte elle-même. Lacan enrichit l’expression de labyrinthe - qualifiant le mieux le symptôme obsessionnel - par le terme de « grand scénario compulsionnel » à propos de l’Homme aux rats. Le dispositif que le symptôme met en place permet à Lacan d’introduire le terme de

« contrebande ». De plus, Lacan va s’appuyer sur les relations du symptôme au signifiant pour souligner ce qu’il révèle, à savoir les exigences du surmoi.

Pour Lacan, ce qui est l’essentiel dans le symptôme obsessionnel, c’est son lien avec le désir. Le symptôme est au service de la politique du désir. Cette politique du désir dans la névrose obsessionnelle consiste à maintenir le désir comme impossible. Les différents moyens de cette politique du désir sont les symptômes propres à la névrose obsessionnelle tels que le doute, la procrastination, la compulsion, l’obsession… En fait, nous ne disons ici rien de nouveau de sorte que Freud l’avait déjà aperçu avec les mécanismes d’annulation rétroactive et d’isolation,

206 LACAN.J (1953). « Fonction et champ de la parole et du langage », in Ecrits. op cit. p281.

207 LAROUSSE de poche « Dictionnaire de noms communs ». Presses Pocket. Larousse. Paris.1993.

207 LAROUSSE de poche « Dictionnaire de noms communs ». Presses Pocket. Larousse. Paris.1993.