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La névrose obsessionnelle repose sur l’aliénation renforcée :

Partie II : Actualités de la névrose obsessionnelle :

2.1. La névrose obsessionnelle repose sur l’aliénation renforcée :

a) Clinique des défenses :

« La névrose hystérique et la névrose obsessionnelle constituent une réponse, une sorte de réponse à une question fondamentale que se posent les sujets ». Lacan nous présente les structures cliniques comme autant de réponses à une question qui chez l’hystérique est une question sur l’identité sexuelle et chez l’obsessionnel une question même sur son existence. Ce qu’il nous présente c’est le fantasme mis en acte par ces sujets. « La réponse que ça constitue à la question fondamentale du sujet se concrétise dans une conduite du sujet, dit Lacan, qui est en soit la « pantomime ». »338.

Ce qui devient alors central dans la clinique, c’est de rapporter les structures cliniques au désir de l’Autre et en particulier à l’Autre barré. Nous partirons de ceci que ce sont les modalités particulières de défense qui déterminent les différentes structures névrotiques et perverse. En conséquence, nous aborderons la névrose obsessionnelle et l’hystérie dans la perspective d’une

« clinique de la défense ». Nous allons développer cette perspective dans le but de mesurer l’actualité clinique, au niveau symptomatique, de la névrose obsessionnelle. Parler de « clinique des défenses », c’est considérer les défenses contre le désir de l’Autre. Comment pouvons-nous illustrer notre propos ? Le fonctionnement de la phobie nous apparaît en quelque sorte comme le plus simple, le plus élémentaire, des mécanismes à cet égard.

338 MILLER J.A. « Du symptôme au fantasme, et retour ». L’orientation Lacanienne. Cours de 1982-1983.Enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de Paris VIII. Séance du 24 novembre 1982. (inédit).

Phobie La phobie a une place tout à fait particulière dans la clinique des défenses. Car d’une part, nous pouvons l’inscrire auprès des deux autres grandes névroses et d’autre part, nous pouvons l’en exclure dans la mesure qu’elle ne représente pas à part entière une structure comme telle mais bien un fonctionnement élémentaire structural. Dit autrement, nous concevons ici la phobie comme ce que Lacan nommait « une plaque tournante du désir ». Une plaque tournante vers tel ou tel désir névrotique. Dans « Subversion du sujet et dialectique du désir », Lacan avance que la phobie est ce qu’il y a de radical dans la névrose, c’est-à-dire la prise en compte du manque de l’Autre. La phobie témoigne de façon radicale d’un fonctionnement vis-à-vis du désir de l’Autre. Elle est le

« socle structural » quant à la question du désir. A savoir si la phobie est une entité clinique ou pas, Lacan prend position d’une manière précise : « La phobie n’est pas du tout à voir comme une entité clinique, mais comme une plaque tournante. […] Elle vire plus que communément vers les deux grands ordres de la névrose, hystérie et névrose obsessionnelle, elle réalise aussi bien la jonction avec la structure de la perversion, elle nous éclaire, en somme, sur toutes les conséquences qu’elle a […]. »339. La constitution de la phobie se fait au point de la division du sujet. Ce point est « nœud dont le sujet se rempardera par la phobie et où s’érigera le fétiche ou prendra le pas-hésitation de la névrose »340. La phobie apparaît de l’ordre d’un passage logique vers la construction du fantasme, névrotique ou pervers. Le sujet doit prendre en compte, lors de ce moment logique, le signifiant du manque dans l’Autre – le signifiant du Nom-du-Père inscrit au lieu de l’Autre. Ainsi, dans chacune des structures cliniques (hystérie, névrose obsessionnelle ou perversion), à l’issue de ce temps logique, le sujet va se situer différemment, tout en ayant à faire avec l’incomplétude et l’inconsistance de l’Autre.

Inconsistance et incomplétude de l’Autre Précisons deux termes. L’incomplétude et l’inconsistance de l’Autre font référence à l’Autre barré : elles peuvent donc s’écrire toutes les deux, A. L’incomplétude de l’Autre renvoie au fait qu’il manque un signifiant au lieu de l’Autre. Un signifiant essentiel manque dans l’Autre et le rend incomplet : S(A). Le sujet ne se constitue dans sa division qu’à se soustraire du lieu de l’Autre. L’inconsistance de l’Autre se réfère plutôt à la jouissance : la jouissance manque dans l’Autre. L’inconsistance de l’Autre a affaire avec l’objet petit a alors que l’incomplétude de l’Autre se situe au niveau du signifiant. Les deux dimensions de l’Autre – l’inconsistance et l’incomplétude – sont à prendre en compte pour mesurer la spécificité de chaque entité clinique.

Nous partons de ceci que l’une des deux dimensions a plus de poids dans telle ou telle névrose.

339 LACAN J. Le Séminaire. Livre XVI. « D’un Autre à l’autre ». Texte établi par J.A Miller. Champ freudien. Seuil.

Paris. 2006. p307.

340 LACAN J. « La science et la vérité », in Ecrits. op cit. p877.

Dit autrement, la défense d’une névrose repose sur l’une des deux dimensions : la défense hystérique reposerait plutôt sur l’inconsistance de l’Autre alors que l’obsession reposerait sur l’incomplétude de l’Autre. Nous préciserons par la suite cette idée.

Tactique et stratégie Pour saisir cette logique, soulignons la différence entre le terme de « tactique » et celui de

« stratégie ». La tactique, c’est l’art du terrain. Elle implique qu’on dispose d’un certain nombre d’informations précises, qu’on connaisse les moyens que l’on peut déployer et qu’on tente d’en savoir autant quant à ceux de l’adversaire. La tactique est à définir, selon K Von Clausewitz341, comme la théorie relative à l’usage des forces armées dans l’engagement. La stratégie est, elle, la théorie relative à l’usage des engagements au service de la guerre. La tactique est l’art de savoir comment mener une bataille ; la stratégie consiste à savoir s’il faut mener cette bataille, quel résultat on peut en attendre et ce qu’on en fera. On comprend que la tactique est plus contraignante que les décisions sont déterminées par une quantité de paramètres qui, dans le commandement, laisse peu de marge de liberté dans les choix : l’évaluation des forces qu’on peut mettre en jeu, le soupçon qu’on a de ce que fera le camp d’en face, la nature du terrain… A côté de la tactique, la stratégie suppose, non pas un savoir supérieur, mais une « phosphoration » plus ample, une liberté des choix de plus large empan. La tactique laisse peu la liberté dans les choix, alors que la stratégie suppose une volonté de direction des opérations.

A partir de cette distinction, nous soutenons que la tactique propre à la névrose consiste dans le fait de répondre à l’Autre barré en effaçant cette barre et en se persuadant que l’Autre est complet. Or, entendons-nous que cette tactique s’avère impossible. Cette tactique d’effacer la barre sur l’Autre échoue. La stratégie se réfère plutôt au type de névrose, au choix de la défense.

De ce fait, il serait plutôt préférable de parler « des stratégies » comme autant de types de défenses. Dans la névrose, le sujet essaie de compléter l’Autre. La façon générale (la tactique) dans la névrose de répondre à l’Autre barré, c’est d’effacer cette barre en se persuadant que l’Autre est complet. Or, les stratégies divergent pour tenter d’effacer la barre sur l’Autre : ce sont les deux grandes névroses, hystérie et obsession.

Le sujet névrosé dispose de plusieurs stratégies pour faire avec l’Autre barré. Mais, quel type de stratégie doit-il user ? Nous faisons un rapprochement entre la question de la stratégie et le type de névrose. Nous concevons que le choix du type de névrose correspond au choix de la défense (du symptôme). Le type de névrose n’est pas contingent. Freud a tenté de l’expliquer par

341 VON CLAUSEWITZ K. « De la guerre ». Editions de Minuit. Paris. 1955.

des fixations à différents stades. Or, il nous semble, avec Lacan, plus pertinent de concevoir le choix du type de névrose (hystérie-obsession) comme le choix de la défense, le choix du symptôme. Comment cela s’exprime-t-il cliniquement ? L’hystérie est conçue comme relevant du choix du refoulement, tandis que la névrose obsessionnelle relèverait d’un autre choix de défense : annulation rétroactive, isolation. Sur ce point, nous sommes en plein cœur de la réflexion freudienne « d’Inhibition, symptôme et angoisse ». En fait, le sujet doit faire le choix de la défense pour se protéger de l’Autre. Dans « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache », Lacan avance que le choix du type de névrose, c’est la position du sujet. La défense modifie, non pas la pulsion, « mais le sujet. Le mode originel d’élision signifiante que nous tentons ici de concevoir comme la matrice de la Verneinung, affirme le sujet sous l’aspect de négatif, en ménageant le vide où il trouve sa place »342. Les défenses campent à la place du sujet ; elles occupent donc la place du sujet et en même temps, elles en masquent la nature première qui est d’être la place d’un vide :

« le sujet fait son trou »343. La défense est conçue par Lacan comme une modification du sujet lui-même ; et c’est pour cette raison qu’il parle de « position du sujet ».

Résumons-nous. La tactique propre à la névrose consiste à compléter l’Autre barré, à effacer la barre de l’Autre. Ce que nous notons : A A . L’opération tactique de la névrose repose sur le passage de l’Autre barré à l’Autre complet. Or, cette opération s’avère impossible : il est impossible de compléter entièrement l’Autre barré. C’est un fait de structure. Mais, cela n’empêche pourtant pas au névrosé d’y croire ! La stratégie repose sur le choix de la défense, à savoir sur la matérialité de la défense : l’incomplétude ou l’inconsistance de l’Autre.

L’obsessionnel va prendre la demande de l’Autre comme objet de son fantasme. Par le biais de la demande, il cherche à porter l’objet au champ de l’Autre. Par conséquent, il tente de compléter l’Autre par le biais du signifiant de sa demande ; car pour lui la demande est un objet. N’est-ce pas l’incomplétude de l’Autre qui est ici à l’œuvre ? Chez l’hystérique, le sujet prend comme support de sa demande l’objet de l’Autre. Nous pouvons schématiser la tactique et la stratégie dans la névrose comme ceci :

S(A)

A A : échec

S(A) : inconsistance/ incomplétude.

C’est en s’appuyant soit sur la logique de l’inconsistance ou soit sur celle de l’incomplétude de l’Autre que le sujet névrosé tente de passer de l’Autre barré à l’Autre complet.

342 LACAN.J (1960). « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache », in Ecrits. op cit. p666-667.

343 Ibid.p666.

b) Deux modes de division du sujet :

Si chaque névrose se spécifie de cette modification du sujet qu’est la défense, alors nous devons aussi considérer ce qui se joue par rapport à l’objet (inconsistance) et à l’Autre (incomplétude). La question de la spécificité de la défense relève de la spécificité du fantasme chez le sujet. Avant d’interroger cela, nous voudrions montrer la particularité - en termes de traits - de chaque névrose et ceci à partir de la construction lacanienne des deux opérations de causation du sujet.

Notre thèse est la suivante : à la suite de Freud, nous voudrions mettre en lumière deux modes de refoulement, qui sont à cet égard aussi deux modes de division subjective, qui de surcroît spécifient telle névrose. Dans le cas princeps dit de « L’Homme aux rats », Freud assigne aux deux névroses une opposition corrélative de deux modes de refoulement. Dans ce qu’il pose comme le propre de l’hystérie, à savoir le refoulement par amnésie, qui porte sur un des deux termes (S1 et S2), laissant à l’autre la charge de le représenter aussi bien, nous reconnaissons le schéma de l’aliénation que Lacan a présenté sous une forme logique par la chute dans les dessous du signifiant un. Dans l’obsession, le mécanisme est différent, et au fond plus simple : « au lieu de faire oublier le traumatisme, le refoulement l’a dépouillé de sa charge affective, de sorte qu’il ne reste, dans le souvenir conscient, qu’un contenu représentatif indifférent et apparemment sans importance »344. En termes lacaniens, cela se traduit ainsi : dans la névrose obsessionnelle, au prix du non-sens, S1 et S2 restent en présence, explicites. La phénoménologie de l’obsession est riche à manifester cette coexistence dans la contrainte qui s’impose au sujet avec un affect d’absurdité.

Cette opposition corrélative établie par Freud est pour nous une invitation à situer l’hystérie et l’obsession comme deux modes de refoulement, comme deux modes de la division du sujet : celle de deux en un dans l’hystérie et pour ce qui est de l’obsession, celle qui en dérive, en tant que scission.

Dans son Séminaire « Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse », Lacan développe, à partir de Freud, les deux opérations de causation du sujet : l’aliénation et la séparation. Chez Freud, l’aliénation correspond au refoulé tandis que ce qui correspond à la séparation, c’est la pulsion. D’un côté, le refoulement ; et de l’autre côté la pulsion. L’aliénation du sujet au signifiant est la matrice logique de l’inconscient. C’est l’articulation de la chaîne signifiante S1-S2.

344 FREUD S. « Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle (L’Homme aux rats) », op cit.p 226.

L’aliénation, c’est l’aliénation du sujet à la chaîne signifiante, tandis que la séparation, c’est la séparation du sujet de la chaîne signifiante. Rappelons que la chaîne signifiante est incomplète, il y a un manque structural dans celle-ci : l’incomplétude de l’Autre. Lacan fait de ce manque un signifiant, S(A), le signifiant d’un manque dans l’Autre. La séparation avec la chaîne signifiante, confronte le sujet à la pulsion, c’est-à-dire à l’objet petit a. D’un côté, le manque symbolique S(A), et de l’autre côté l’objet de la pulsion, objet a. Lacan met donc en corrélation S(A) et l’objet petit a (objet de la pulsion). Là où le signifiant manque, la jouissance attachée à l’objet de la pulsion pointe son nez. Il y a donc chez le parlêtre une articulation permanente, une dialectique entre signifiant et jouissance, entre langage et pulsion. Nous sommes soumis à cette dialectique chaque fois que nous parlons.

Aliénation Arrêtons-nous sur l’opération de l’aliénation qui correspond au refoulement, pour saisir le mode particulier de division du sujet. Avec son célèbre exemple de « La bourse ou la vie », Lacan invente une forme très particulière de vel : c’est un « ou bien la bourse, ou bien la vie ». Or, ce choix entraine une conséquence inattendue : dans le cas où je choisis la bourse, je perds la vie et du même coup je perds les deux. Si j’opte pour la vie, il reste une vie amputée de quelque chose qui est perdu, une vie deux fois appauvrie, où si le contenu de la bourse est perdu, c’est que le courage de tout risque pour la conserver l’est aussi. Opter pour la vie produit un solde : le solde d’une vie amputée rongée par le choix même du sujet. Le choix inventé par Lacan superpose ce schéma à celui de l’être et du sens.

L’Etre (le sujet) le sens (L’Autre)

Si le sujet opte pour le sens, que perd-il ? Le sujet choisit d’obtenir une réponse sur la signification de ce qui lui arrive : qui suis-je ? Il en cherche le sens chez l’Autre et de cette opération se détache un signifiant refoulé. Si le sujet choisit le sens, il perd alors l’inconscient.

Quelle option le sujet prend-il quand il choisit le sens ? D’abord, celle de ne rien savoir de l’inconscient. Cela se lit : perdre les S1, les signifiants maîtres qui ont déterminé la vie du sujet et qui sont des signifiants dépourvus de sens. Ensuite, il perd son être c’est-à-dire qu’il ne sait plus qui il est. Quand il choisit le sens, le sujet n’a pas les déterminations inconscientes qui marquent son destin et en conséquence, il n’a pas non plus d’effet sujet. Il n’a ni S1, ni S. C’est l’option aliénante. Dit autrement, en termes freudiens, c’est un choix défensif. C’est le rien vouloir savoir

S S1 S1S2

ni de son propre statut de sujet, ni des signifiants qui en déterminent l’existence, c’est-à-dire de son inconscient.

Déplions le mécanisme de l’opération d’aliénation. L’aliénation équivaut au fait que dans l’Autre ça parle du sujet avant même qu’il n’apparaisse : on parle de lui, il a déjà un nom avant sa naissance… L’aliénation tient à la structure binaire du signifiant, qui fait qu’un signifiant peut bien représenter le sujet, mais pour un autre signifiant :

S1---S2 S

Trois temps sont à développer dans la fonction de l’aliénation. D’abord, il y a un sujet qui n’est rien, c’est-à-dire qui n’est pas inscriptible. Puis, vient s’inscrire, au champ de l’Autre, un premier signifiant S1 qui désigne le sujet et le pétrifie au champ signifiant. Enfin, l’inscription d’un second signifiant S2 fait apparaître le sujet comme manque constitué par l’ensemble vide, vide de signifiant. C’est ce qui s’écrit S.

1°) 2°) 3°)

S1 S S1

L’opération de séparation a deux effets. Premièrement, elle conditionne la représentation signifiante du sujet, le sujet peut être représenté par un signifiant (S1 sur S). Corrélativement, ce sujet divisé va lui-même être coordonné avec l’objet qui est un élément non signifiant. Donc, l’opération de séparation produit d’une part, le sujet de l’inconscient, le sujet inscrit dans le signifiant, et d’autre part, la coordination de ce sujet avec l’objet. Autrement dit, elle permet au sujet qui se pose comme schizé dans le signifiant, entre S1 et S2, de boucher sa schize par l’objet.

En fait, le sujet ne se sépare pas de l’objet, il se sépare de la chaîne signifiante. Le sujet se sépare de l’Autre en tant que lieu du signifiant, c’est-à-dire ce que Lacan appelle dans « Subversion du sujet et dialectique du désir » l’Autre comme « le site préalable du sujet ». Par la séparation, le sujet comme x, inconscient, se retrouve dans la part de l’Autre qui n’est pas signifiant mais manque.

L’opération de séparation peut s’écrire de la manière suivante : a

S S2

S1S2

En bref, l’aliénation est la figure du destin, c’est le sujet aliéné à son destin, c’est le sujet aliéné au discours de l’Autre, aux signifiants de l’Autre, aux dires de l’Autre. La séparation, c’est ce qui donnera au sujet la possibilité de rencontrer la singularité de sa position du côté de son être, dans la mesure où il s’agit de se séparer de l’Autre, de la chaîne signifiante.

L’opposition corrélative entre deux modes de refoulement établie par Freud nous invite donc à situer deux modes de division subjective. L’hystérie présente le mode le plus pur de la division du sujet, celui que nous symbolisons par un S. En fait, l’hystérique est un sujet qui assume sa division. Ce sujet va même plus loin que de l’assumer : il en fait un étendard et il opère en son nom. Le sujet hystérique se sert de sa division portée au semblant pour exiger qu’apparaisse la vérité du Maître, qu’est la castration mais aussi la division du sujet. Autrement dit, l’hystérie ne se présente pas par le S1 mais par le S, par le manque-à-être. Le sujet se présente non pas par « moi, celle qui… », mais plutôt par « je ne sais pas ce que je suis », « je ne sais pas ce que je veux » ; c’est la promotion du manque-à-être et le refus que cela soit écrasé par un signifiant. Le S est promu au détriment du S1 ce qui est en même temps la démonstration que le sens est insuffisant à rendre compte de l’être. Le sens l’emprisonne de la mauvaise manière, est toujours autre chose, quelque chose en plus ou en moins.

L’opposition corrélative entre deux modes de refoulement établie par Freud nous invite donc à situer deux modes de division subjective. L’hystérie présente le mode le plus pur de la division du sujet, celui que nous symbolisons par un S. En fait, l’hystérique est un sujet qui assume sa division. Ce sujet va même plus loin que de l’assumer : il en fait un étendard et il opère en son nom. Le sujet hystérique se sert de sa division portée au semblant pour exiger qu’apparaisse la vérité du Maître, qu’est la castration mais aussi la division du sujet. Autrement dit, l’hystérie ne se présente pas par le S1 mais par le S, par le manque-à-être. Le sujet se présente non pas par « moi, celle qui… », mais plutôt par « je ne sais pas ce que je suis », « je ne sais pas ce que je veux » ; c’est la promotion du manque-à-être et le refus que cela soit écrasé par un signifiant. Le S est promu au détriment du S1 ce qui est en même temps la démonstration que le sens est insuffisant à rendre compte de l’être. Le sens l’emprisonne de la mauvaise manière, est toujours autre chose, quelque chose en plus ou en moins.