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La névrose obsessionnelle, une leçon sur le désir :

Lors de son Séminaire « Les formations de l’inconscient » (1957-1958), Lacan avance que la névrose obsessionnelle est la place forte du désir. Un an plus tard, il rajoute que la problématique de la névrose obsessionnelle éclaire la loi générale du désir. Cette thèse est au cœur du Séminaire

« Le désir et son interprétation » (1958-1959). Qu’est-ce que la loi générale du désir ? Pourquoi qualifie-t-il cette structure clinique comme la place forte du désir ? En quoi la névrose obsessionnelle nous apporte une leçon sur le désir ? Nous allons donc nous intéresser à repérer comment Lacan articule la question du désir à la névrose obsessionnelle - notamment le désir de l’obsessionnel comme impossible en 1958 - et comment la préfiguration de la place de l’objet a réel orientera la question du désir de l’obsessionnel dans les années 1962.

a) Le maître et l’esclave :

Au début de son enseignement, Lacan avait formalisé une théorie du désir à partir de l’analyse hégélienne de la dialectique du maître et de l’esclave : le désir est désir de reconnaissance et le sujet peut se reconnaître en son désir. Cette analyse s’appuie sur l’idée que l’être humain a toujours besoin d’être deux. L’être humain ne peut pas se reconnaître lui-même. L’homme n’est homme que par l’homme par un autre homme. La deuxième idée essentielle dans cette analyse : c’est le désir qui va pousser un homme à dire « je ». Ce désir va chercher à transcender le donné que l’homme est. Il va pouvoir risquer ce qu’il est pour affirmer son désir. Une conscience de soi subjective, dit Hegel, ne peut acquérir véritablement l’objectivité que si elle est reconnue par une autre conscience de soi. Donc, chaque conscience de soi va essayer de faire reconnaître son désir par une autre conscience de soi, elle-même mue par le même désir de se faire reconnaître.

L’homme serait sûr qu’il est homme désirant parce qu’une autre conscience de soi désirante elle-même, l’aurait reconnue comme véritablement désirante. C’est une lutte dans laquelle chacun est en mesure d’affronter la mort pour être reconnu comme homme véritablement désirant. N’est vraiment homme que celui qui privilégie son désir sur la crainte de la mort. Voilà le cadre dans lequel cette dialectique s’insère. Il y a donc une lutte à mort. Que se passe-t-il ? Si l’un des deux meurt, il n’y a plus de reconnaissance du tout. Donc, l’une des deux consciences de soi qui luttent, cède sur son désir d’être reconnu, c’est-à-dire a peur de la mort. La lutte s’arrête parce que l’une des consciences de soi cède sur son désir et abandonne et dit à l’autre : « je suis donc ton esclave et tu es mon maître ». L’esclave a préféré la conservation de la vie à l’affirmation de son désir. Le maître est le vrai homme, celui qui a su dépasser la peur de la mort. Mais, ce maître est

reconnu par quelqu’un qui ne le reconnaît pas, puisque l’esclave a cédé. Donc, le maître est floué de sa victoire : il n’est pas véritablement l’homme selon Hegel. L’esclave reconnaît le maître et il a comme idéal celui du maître. Sous angoisse de mort (le maître a droit de vie et de mort sur l’esclave), il va travailler, acquérir un savoir. L’esclave va finalement apporter au maître ce qui lui faut. Le maître ne peut pas vivre sans l’esclave. Voici l’analyse hégélienne de la dialectique du maître et de l’esclave. Sur le dernier point, Lacan ne sera pas en accord avec Hegel. Pour Hegel, le maître est un idéal pour l’esclave, alors que pour Lacan, c’est plutôt l’esclave qui va constituer un idéal pour le maître. Quand l’esclave travaille et obéit au maître, le maître se voit dans l’esclave comme il idéalise d’être vu. Le maître voit son idéal de maître : il se voit en maître ! Le maître a donc besoin de l’esclave pour réactiver constamment son idéal. De plus, le maître ne sait pas ce qu’il veut et ce que veut l’esclave : « Ce qui saute pourtant aux yeux, c’est que le maître lui-même ne sait rien. Chacun sait que le maître est un con »143. La question de la jouissance de l’esclave reste pour le maître une question dans l’ombre. Enfin, le maître dispose du corps de l’esclave, mais ne sait rien de la jouissance de l’esclave. Le maître a su affirmer son désir, mais il ne jouit pas. Il va donc récupérer cette jouissance qui lui manque chez l’esclave. En fait, la jouissance du maître est essentiellement une jouissance fantasmatique.

Or, la conception hégélienne du désir développé par Lacan au début de son enseignement ne convient pas à rendre compte des aberrations et des paradoxes du désir chez l’être parlant. A partir des années 1957-1958, Lacan posera au contraire une inadéquation du sujet à son désir. Le désir ne peut être qu’interprété. C’est en relisant les phénomènes névrotiques dans le registre de la dialectique de la demande et du désir que Lacan peut faire ce pas de plus. Le névrosé vise non pas à maintenir l’exigence du désir mais à maintenir le désir lui-même. Le sujet cherche à le maintenir car il perçoit le désir comme fragile. L’opération que va donc tenter le névrosé sera d’opérer une certaine confusion du désir et de la demande. Or, le désir s’y refuse et une grande partie des problèmes de la névrose relève de ce phénomène. De plus, Lacan met fin à l’articulation du désir dans sa dimension purement métonymique signifiante tel qu’il a développé dans « L’instance de la lettre » : « Le désir de l’homme est une métonymie »144. A partir de là, se pose la question d’un objet privilégié du désir qui viendrait mettre fin à cette « frénésie mimant le gouffre de l’infini ».

C’est le phallus qui vient à cette place en 1958 comme signifiant du désir. Ce n’est pas un signifiant parmi les autres, car cela n’apporterait rien de nouveau au désir métonymique, c’est le signifiant des signifiants, il a une place privilégiée.

143 LACAN.J (1968-169). Le Séminaire. Livre XVI. « D’un Autre à l’autre ».op cit.p385.

144 LACAN.J (1957). « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », in Ecrits.op cit.p528.

b) La névrose obsessionnelle dans la triade « besoin-désir-demande » :

Voyons maintenant comment la problématique de la névrose obsessionnelle nous éclaire sur la structure générale du désir et comment Lacan articule la question du désir à la névrose obsessionnelle dans les années 1957-1959.

Besoin, demande et désir Dans son Séminaire « Les formations de l’inconscient », Lacan relit la clinique des névroses à partir de la dialectique du désir et de la demande. Désir et Demande sont deux termes lacaniens.

Ils ne se retrouvent pas dans l’œuvre de Freud, mais nous pouvons considérer le « Wunsch » freudien comme un mixte du désir et de la demande. Lacan définit le désir comme « ce qui se trouve au-delà de la demande ». Pourquoi faut-il un au-delà ? « Il faut un au-delà de la demande pour autant que la demande, par ses nécessités articulatoires, dévie, change, transpose, le besoin.

Il y a donc la possibilité d’un résidu »145. Ce qui semble être l’avancée essentielle de ce Séminaire concerne la question du désir et en particulier la structure générale du désir. Le désir dans sa constitution de désir tend à détruire l’Autre. Qu’est-ce que cette constitution de désir ? Le désir se passe de l’Autre de la demande et de l’Autre de l’amour qui lui ex-siste. Le désir comporte en lui la destruction de l’Autre car il n’est pas articulable comme tel au lieu de l’Autre. Il y a de l’informulable dans le désir. Dans ce Séminaire, Lacan montre donc que dans le désir, l’Autre comme lieu du signifiant est nié.

En quoi la névrose obsessionnelle nous éclaire sur la loi générale du désir, à savoir l’informulable dans le désir ? Comment Lacan articule la question du désir et l’obsessionnel ? La particularité du sujet obsessionnel quant à son désir réside dans le fait qu’il « tend à détruire son objet. C’est la visée du désir comme tel, de l’au-delà de la demande qui est constitutive de l’obsessionnel »146. Nous pouvons noter au passage que dans le Séminaire « Le Transfert », Lacan précisera qu’il tend plutôt à détruire les signes du désir de l’objet. L’obsessionnel fait passer son désir avant tout, dans la mesure où « il va le chercher dans un au-delà en le visant comme tel dans sa constitution de désir, c’est-à-dire pour autant que comme tel il détruit l’Autre »147. C’est là le secret de la contradiction profonde qu’il y a entre l’obsessionnel et son désir. Il semble exister une articulation logique entre la loi générale du désir et la phénoménologie de la névrose obsessionnelle : « Le désir porte en soi-même cette contradiction interne qui fait l’impasse du

145 Ibid.p 381.

146 LACAN.J (1957-1958). Le Séminaire. Livre V. « Les formations de l’inconscient ». Texte établi par J.A Miller. Seuil.

Paris. 1998.p400.

147 Ibid.p401.

désir de l’obsessionnel »148. En quoi consiste cette contradiction interne ? La contradiction interne du désir réside dans le fait que le désir tend à détruire l’Autre. Le problème pour l’obsessionnel est de donner un support à ce désir, qui pour lui conditionne la destruction de l’Autre, où le désir lui-même vient à disparaître. Ce qui tient la place et la fonction chez l’obsessionnel c’est un objet qui est toujours sous une forme voilée, réductible au signifiant phallus. Le sujet a à se constituer face à son désir évanescent. Dans la névrose obsessionnelle, l’accent est donc mis sur la dépendance à l’Autre de l’accès à ce désir. Le sujet obsessionnel va alors protéger son désir car si le désir est le désir de l’Autre, il doit protéger l’Autre pour maintenir le désir. Pour maintenir l’Autre ou le désir, l’obsessionnel va tenter d’obtenir sa permission. Derrière la demande de permission, le sujet fait exister un interdit. En effet, l’obsessionnel de même que l’hystérique a besoin d’un désir insatisfait c’est-à-dire d’un désir au-delà d’une demande. L’obsessionnel résout la question de l’évanescence de son désir en faisant un désir interdit. L’interdit où le sujet appuie son désir est conçu comme une demande explicite supposée à l’Autre et qui vient recouvrir (S ◊ D). Il le fait supporter par l’Autre, précisément par l’interdiction de l’Autre. Cette façon de soutenir son désir par l’Autre est ambigu parce qu’un désir interdit ne veut pas dire pour autant un désir étouffé. L’interdiction est là pour soutenir le désir mais pour qu’il se soutienne, il faut qu’il se présente. Aussi bien c’est ce que fait l’obsessionnel à travers l’exploit et le fantasme d’oblativité dont ce dernier est une soumission aux demandes de l’Autre. La difficulté c’est qu’il va essayer d’obtenir cette permission en faisant valider un exploit. L’exploit n’est que la traduction dans l’imaginaire d’une demande muette d’autorisation. Un autre moyen pour l’obsessionnel de soutenir son désir est donc le fantasme. Le fantasme est un moyen de soutenir le désir en se passant de l’Autre. Et c’est pour cela que le fantasme ne se soutient qu’à la condition de rester un fantasme et de ne pas viser à l’actualisation de l’exploit. Dans le fantasme, le désir du sujet est présent, là où il est absent dans l’exploit. Il n’y a donc pas que l’interdit qui permet de maintenir le désir, il y a aussi le fantasme comme soutien de désir.

Le rapport du sujet obsessionnel à son désir est soumis à la destruction, c’est-à-dire qu’entre le « rapport du sujet obsessionnel à sa demande S ◊ D et l’Autre, A, qui lui est si paniquement nécessaire et qui le maintient, sans quoi il serait autre chose qu’un obsessionnel, nous trouvons le désir, d, en lui-même annulé, mais dont la place est maintenue »149. Autrement dit, le désir obsessionnel a ceci de particulier qu’il est marqué, caractérisé par une « Verneinung », par une dénégation : il est toujours exprimé sous forme négative. Par exemple le dire d’un patient

148 Ibid.p401.

149 Ibid.p495-496.

« ce n’est pas que je pense à telle chose »150 où il manifeste là son désir mais dénié. La manifestation du désir chez l’obsessionnel est toujours exprimée sous une forme négative, déniée.

Dans son Séminaire « Les formations de l’inconscient », Lacan va donc articuler structure clinique à la question du désir en particulier la névrose obsessionnelle face au désir évanescent de structure. La question de la Demande est centrale dans la clinique des névroses. Rappelons en effet que face au désir fragile, toujours évanescent, le névrosé va opérer une confusion entre la demande et le désir. Comment alors Lacan articule la question de la demande à la névrose obsessionnelle et comment la névrose obsessionnelle permet de cerner la structure générale de la demande ?

La demande est en effet quelque chose qui intéresse beaucoup le névrosé en général et tout spécialement l’obsessionnel. Pour quelles raisons la demande intéresse tout particulièrement le névrosé obsessionnel ? Ne serait-ce pas la structure même de la demande qui intéresse ce névrosé ? Il existe un rapport étroit entre clinique des névroses et demande (demande à l’Autre et demande de l’Autre). La singularité de la névrose obsessionnelle vis-à-vis de la demande demeure dans la particularité même de cette demande : c’est une demande de l’Autre. L’obsessionnel va placer la demande de l’Autre en lieu et place du signifiant du désir ; il va prendre la demande de l’Autre comme objet de son fantasme. Par le biais de la demande, il cherche à porter l’objet au champ de l’Autre. De là, la demande de l’Autre vient obturer le manque-à-être du sujet. L’Autre demande mais ne désire pas dans la névrose obsessionnelle. Il s’agit dans tout l’effort du sujet que l’Autre lui demande : l’Autre doit lui demander. Ce n’est pas sans évoquer l’objet anal qui présentifie au mieux cette demande de l’Autre. Nous reviendrons plus tard sur ce point. En conséquence, la stratégie obsessionnelle consistant à rabaisser le désir à la demande, permet de détruire son objet voire plutôt de réduire les signes du désir de l’Autre à des signes qu’il suffit de

« savoir lire » pour donner l’objet que l’Autre demande et combler l’émergence de l’objet du désir en une impossibilité à être représenté. Cette approche lacanienne de lire la névrose obsessionnelle à partir de la demande et du désir permet de renouveler la fraîcheur de la découverte freudienne vis-à-vis de la Zwangsneurose.

Qu’est-ce que la névrose obsessionnelle éclaire sur la structure même de la demande ? La névrose obsessionnelle met en valeur au maximum le caractère absolu de la demande. Nous pouvons même conclure que l’élément absolu de la demande signe la structure obsessionnelle :

150 Ibid.p496.

« le jeune enfant qui deviendra obsessionnel est ce jeune enfant dont les parents disent qu’il a des idées fixes »151. Comment devons-nous comprendre l’expression développée par Lacan de

«caractère absolu de la demande » ? En fait, ce qui signe un futur obsessionnel, c’est la façon singulière dont il demande. C’est donc bien la singularité et la particularité de la demande qui fait la demeure de la névrose obsessionnelle. Cette singularité correspond au côté fixe de la demande, c’est le côté fixe de la demande du sujet : il ne cesse de demander. Il y a alors dans cette demande, un caractère absolu qui comporte dans son exigence même la destruction de l’Autre. C’est pour cette raison que Lacan parle de l’obsessionnel comme d’un sujet qui « s’emploie à détruire le désir de l’Autre » 152 par le biais de la « demande absolue ». C’est un désir qui ne laisse aucune place à l’Autre, qui réduit la dimension de l’Autre. Tout ceci n’explique pas entièrement la spécificité du rapport du sujet obsessionnel à la demande ? Nous y reviendrons.

Par conséquent, lors de son Séminaire « Les formations de l’inconscient », Lacan relit la clinique des névroses, en particulier la névrose obsessionnelle, à partir de la dialectique de la demande et du désir. Cette orientation de lecture permet de redoubler le pas de Freud. La phénoménologie de la névrose obsessionnelle a ceci de singulier qu’elle nous éclaire sur cette dialectique de la demande et du désir. Autrement dit, de même que l’hystérique témoigne de cette dialectique, la névrose obsessionnelle met justement en valeur au maximum « la structure générale » du désir et de la demande. En effet, cette structure clinique exemplifie au mieux la loi générale du désir correspondant à l’impossibilité du désir. Il y a de l’informulable dans le désir.

Nous ne prétendons pas à une « obsessionnalisation » théorique. En effet, la clinique de l’hystérie nous donne le support clinique et nous enseigne que le désir du sujet, c’est le désir de l’Autre.

Mais, la note d’impossibilité dans le désir est illustrée au mieux dans la névrose obsessionnelle car cet élément fondamental du désir est la « pierre angulaire » de l’architecture obsessionnelle : elle signe même l’impasse du sujet. De plus, la névrose obsessionnelle met aussi en valeur le caractère absolu de la demande. Le caractère absolu de la demande c’est qu’elle abolit la dimension de l’Autre. En fait, la demande – ce qui fait son fondement - est une demande coordonnée à aucun objet, à aucun signifiant.

La contrebande obsessionnelle : Essayons de préciser la particularité obsessionnelle quant à la question du désir et de la demande. Dans son texte « La direction de la cure et les principes de son pouvoir » (1958), Lacan ajoute que l’obsessionnel « puisse maintenir son désir dans un impossible qui préserve ses conditions de

151 LACAN.J (1957-1958).Le Séminaire. Livre V. « Les formations de l’inconscient ».op cit.p400.

152 ibid.p401.

métonymie »153. Pour cela, l’obsessionnel est obligé dans ses choix de mener un « jeu d’échappe ».

Il veut préserver la dimension purement métonymique du désir en échappant à ce que Lacan nomme le désir dans « sa condition absolue ». Qu’est-ce à dire ? La condition absolue du désir témoigne que le désir « n’est ni l’appétit de la satisfaction, ni la demande d’amour, mais la différence qui résulte de la soustraction du premier à la seconde, le phénomène même de leur refente »154. A cette époque, Lacan met dans le « champ clos du désir » le sexuel, ce qui est le point de butée de son avancée à ce moment-là et où viendra plus tard se loger l’objet petit a comme réel. Nous allons repérer plus tard comment la mise en place de l’objet petit a permettra de faire un pas de plus.

En 1958, le sexuel renvoie au phallus, au signifiant phallus. A ce moment de son enseignement, Lacan conçoit le désir avec deux dimensions : sa dimension purement métonymique développée dans son « Instance de la lettre » et sa dimension absolue (« sa condition absolue ») renvoyant au « signifiant des signifiants » qu’est le phallus155. Autrement dit, la stratégie obsessionnelle consiste à insister sur le caractère métonymique du désir à défaut de son caractère absolu. Le sujet obsessionnel refuse l’arrimage du désir au signifiant phallus. Nous repérons cela cliniquement dans un désir à peine né qu’il est déjà mort, un désir mort-né, un désir toujours

En 1958, le sexuel renvoie au phallus, au signifiant phallus. A ce moment de son enseignement, Lacan conçoit le désir avec deux dimensions : sa dimension purement métonymique développée dans son « Instance de la lettre » et sa dimension absolue (« sa condition absolue ») renvoyant au « signifiant des signifiants » qu’est le phallus155. Autrement dit, la stratégie obsessionnelle consiste à insister sur le caractère métonymique du désir à défaut de son caractère absolu. Le sujet obsessionnel refuse l’arrimage du désir au signifiant phallus. Nous repérons cela cliniquement dans un désir à peine né qu’il est déjà mort, un désir mort-né, un désir toujours