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La névrose obsessionnelle témoigne de l’échec du refoulement…

Nous avons montré comment Freud a été conduit à inventer la névrose obsessionnelle comme telle et quelles en ont été les conséquences théoriques. De plus, nous sommes ainsi passés de la notion vague de « ZwangsVorstellungen » (obsessions) à l’identification d’une névrose autonome. Bien que cette invention nosographique soit une avancée considérable dans le champ de la psychopathologie, elle apporte aussi son lot de questions et d’impasses dans le champ de la psychanalyse elle-même.

a) Le paradigme du trauma sexuel régule les travaux sur la névrose obsessionnelle :

D’une part, Freud n’a pas encore une théorie générale sur la libido. Malgré cela, il commence dès 1894 à faire l’hypothèse de « quelque chose, d’un quantum d’énergie qui diminue, augmente comme une décharge électrique sur la surface des corps »48. Quelle est donc cette décharge électrique qui agit sur le corps ? Est-elle aussi présente dans la névrose obsessionnelle ? Quels sont les destins de cette force dans le cas de l’hystérie et dans le cas de la névrose obsessionnelle ? En quoi se différencie-t-elle dans les deux cas ? D’autre part, Freud a essayé de cerner la spécificité de l’hystérie et de la névrose obsessionnelle par le type de mécanisme c’est-à-dire par le « comment fonctionne une névrose ». Il est maintenant confronté à la question du

« pourquoi » de la névrose.

Pendant tout un temps, Freud tirant les conclusions d’exemples cliniques, donne une théorie générale du symptôme hystérique : « […] les symptômes étaient, pour ainsi dire, comme des résidus d’expériences émotives que, pour cette raison, nous avons appelées plus tard traumatismes psychiques ; leur caractère particulier s’apparentait à la scène traumatique qui les avait provoqués »49. Cependant, cette hypothèse amène plus de problèmes qu’elle n’en résout.

L’hypothèse du trauma sexuel, de la séduction sexuelle dans l’enfance a permis pendant un certain temps de répondre à certains problèmes et questions. Cette théorie du trauma sexuel se trouve alors remise en cause car elle ne parvient plus à résoudre des problèmes. Nous soutenons par conséquent que la théorie du trauma sexuel peut être considérée comme un « paradigme » dans la définition qu’en donne Kuhn. Pendant un certain temps ce paradigme, à savoir « un ensemble de représentations cohérentes et corrélées entre elles » régule un champ d’étude et

48 FREUD S. « Les psychonévroses de défense », in Névrose, psychose et perversion. Puf. Paris.1973.p9.

49 FREUD S. « Cinq leçons sur la psychanalyse »., traduction Yves Le Lay. Edition Petite Bibliothèque Payot. Paris 1966.p14.

notamment celui de l’hystérie. Ce paradigme du trauma sexuel va donc organiser le champ d’étude des psychonévroses et en particulier celui du symptôme hystérique. Comment définir ce paradigme ? Cette théorie du traumatisme est liée à celle de la séduction sexuelle précoce.

L’explication des névroses a figure d’évidence : le sujet névrosé évoque volontiers pour expliquer ses troubles dont il souffre, une confrontation brutale avec la sexualité, une confrontation qui aurait eu lieu trop tôt et provoquée par la contrainte ou la perversité d’un adulte. Ce sont ce que les patients hystériques racontent à Freud. Quant aux obsessionnels, si Freud pense qu’un incident primaire avait pu être chez eux accompagné de plaisir, il n’en suppose pas moins, avant cette expérience active de plaisir, une « scène de passivité sexuelle ». Ce paradigme a donc servi à Freud pendant tout un temps à concevoir une théorie générale des psychonévroses mais il lui apporte paradoxalement plus de questions qui n’en résout.

b) Vers une théorie du fantasme et de la pulsion :

Le paradigme du trauma sexuel amène ainsi plusieurs questions qu’il ne peut résoudre.

Qu’est-ce qui fait que tel événement a valeur de traumatisme pour tel sujet ? Qu’est-ce qui empêche qu’il y ait réaction adéquate au traumatisme ? De plus, devant les récits trop systématiques de ses patients, Freud se mit à douter et peu à peu s’imposa l’idée que l’incident primaire sexuel n’avait pas réellement eu lieu et qu’il appartenait en fait à la sphère de l’imagination et du fantasme. Il s’ensuit alors une remise en cause de celui-ci à partir des faits cliniques dans les années 1896-1897. Ces années-là marquent un nouveau tournant dans la théorie psychanalytique et dans l’explication des névroses : l’abandon de la théorie de la séduction (trauma réel) pour une théorie du fantasme, et ensuite l’universalité de la logique œdipienne.

Dans le « manuscrit N », Freud évoque que « les pulsions hostiles à l’endroit des parents (désir de leur mort) sont également partie intégrante des névroses. Elles viennent consciemment au jour sous forme d’idées obsessionnelles. […] Elles se trouvent refoulées dans les périodes où les sentiments de pitié pour les parents l’emportent – au moment de leurs maladies, de leur mort »50. Freud constate ici sa propre expérience face au décès de son père. Dans cette lettre, Freud fait allusion à la légende d’Œdipe : « Il semble que, chez les fils, les désirs de mort soient dirigés contre le père, et chez les filles, contre la mère »51. En 1897, la famille Freud passe l’été à Aussee52, où Freud lui rend visite du 5 au 7 et du 26 au 29 juin, avant d’y séjourner du 24 juillet au 19 août.

50 FREUD.S (1897). Manuscrit N. Les pulsions. 31 mai 1897. in Naissance de la psychanalyse. op cit.p183.

51 Ibid.p184.

52 FREUD S. « Notre cœur tend vers le Sud. Correspondance de voyage 1895-1923 ». Préface d’E. ROUDINESCO, Fayard. Paris. 2005.p90.

Le lendemain même de son retour tardif de ses vacances, le 21 septembre, Freud écrit en hâte de Vienne la première conclusion à laquelle il est arrivé53. C’est un résultat théorique qui ruine une des pièces centrales de ce qu’il appelle sa « neurotica », c’est-à-dire sa théorie des névroses. Il abandonne effectivement l’hypothèse d’une séduction sexuelle réellement subie dans l’enfance du futur névrosé. Un mois après, dans une lettre à Fliess du 15 octobre 1897, Freud pointe l’universalité de la logique œdipienne : « Il ne m’est venu à l’esprit qu’une seule idée ayant une valeur générale. J’ai trouvé en moi, comme partout ailleurs, des sentiments d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants, même quand leur apparition n’est pas aussi précoce que chez les enfants rendus hystériques. S’il en est bien ainsi, on comprend, en dépit de toutes les objections rationnelles qui s’opposent à l’hypothèse d’une inexorable fatalité, l’effet saisissant d’Œdipe Roi »54.

Ce sont les hystériques qui ont permis à Freud de découvrir l’inconscient en exercice (sens des rêves, sens refoulé des symptômes…), mais par contre c’est un jeune homme obsessionnel qui conduit Freud à découvrir le complexe d’Œdipe. En effet, Freud nous parle d’un jeune homme obsessionnel, avant de nous introduire à la légende Œdipe-Roi, dans son « Die Traumdeuntung » : « J’ai pu, une autre fois, étudier la vie inconsciente d’un jeune homme qu’une névrose obsessionnelle rendait à peu près incapable de vivre ; il ne pouvait sortir tant il était poursuivi par la crainte de tuer toutes les personnes qui passaient près de lui. […] D’après mes observations, déjà fort nombreuses, les parents jouent un rôle essentiel dans la vie psychique de tous les enfants qui seront plus tard atteints de psychonévroses »55….

Toutefois, nous percevons le même schème de paradigme chez Freud : paradigme - remise en cause du paradigme – nouveau paradigme. Chez Freud, le paradigme du trauma sexuel a joué son rôle explicatif dans sa théorie, puis il perdra de sa pertinence, ce qui amènera à une

« crise » : (« Je ne crois plus à ma neurotica… »). Au final, cela aura pour conséquence la mise en place d’un nouveau paradigme, celui de la théorie du fantasme et de la sexualité infantile. De même qu’un nouveau paradigme servira à Freud pour sa théorie, l’ancien paradigme du traumatisme retrouvera son rôle explicatif sous une autre forme dans les années 1920 avec la

« névrose traumatique » pendant la première Guerre Mondiale. La recherche freudienne sur la causalité sexuelle des troubles aboutit à l’élaboration de la théorie sexuelle infantile. Cette idée a

53 « Il faut que je te confie tout de suite le grand secret qui, au cours de ces derniers mois, s’est lentement révélé. Je ne crois plus à ma neurotica, ce qui ne saurait être compris sans explication », lettre n°69 du 21 septembre 1897. in Naissance de la psychanalyse. op cit. p190.

54 FREUD S. (1897). Lettre n°71 du 15 octobre 1897. in Naissance de la psychanalyse. op cit. p 198.

55 FREUD S. « L’interprétation des rêves ». Traduit en français par I Meyerson. PUF. Paris.1980.p227.

fait son chemin dans la pensée freudienne. Elle prend véritablement toute sa pertinence et ses conséquences théoriques en 1905 avec ses « Trois essais sur la théorie sexuelle ». C’est bien par l’abandon de la théorie du trauma que l’hypothèse de l’existence d’une sexualité infantile va se faire de plus en plus nécessaire et indispensable dans la théorie psychanalytique. Cette hypothèse va permettre de répondre aux impasses et problèmes que Freud n’a pas pu résoudre avant.

L’abandon de la théorie du trauma pour la théorie de la sexualité (et du fantasme) est à considérer comme un moment décisif dans la construction de la théorie de la névrose obsessionnelle. Nous verrons plus tard pour quelles raisons.

Dès lors, nous considérons que Freud a franchit un pas, à poser un acte, au sens psychanalytique, vis-à-vis de l’abandon de la théorie du trauma. Nous le citons : « Je me crois aujourd’hui en situation de corriger par une expérience plus approfondie, l’insuffisance, les déplacements et les malentendus dont la doctrine souffrait alors »56. Il remet en cause et corrige sa thèse sur la séduction sexuelle par des adultes comme responsables des troubles névrotiques.

Freud n’était pas en mesure de « distinguer à coup sûr les souvenirs illusoires des hystériques concernant leur enfance des traces des événements réels, alors que depuis j’ai appris à ramener maint fantasme de séduction à une tentative de défense contre le souvenir de l’activité sexuelle propre ». Cet acte freudien n’est pas sans conséquence. Cet acte qui consiste à supposer l’existence d’une sexualité infantile, va considérablement modifier la conception psychopathologique des névroses, et notamment celle du mécanisme des symptômes hystériques : « Ceux-ci n’apparaissaient plus dès lors comme rejetons directs des souvenirs refoulés des expériences sexuelles infantiles mais entre les symptômes et les impressions infantiles s’inséraient maintenant les fantasmes des malades, […] qui d’un côté s’édifiaient à partir et au sujet des souvenirs d’enfance et qui d’un autre se convertissaient sans médiation dans les symptômes »57. Avec cette correction, les traumatismes sexuels infantiles sont remplacés par l’infantilisme de la sexualité.

Les résultats et les conclusions amenés par Freud dans son écrit « Trois essais sur la théorie sexuelle » sont d’une extrême importance dans la construction de la névrose obsessionnelle. Freud tente alors de décrire les formes variées de la constitution sexuelle. Autrement dit, ce ne sont plus les influences accidentelles qui sont centrales dans les névroses mais il s’agit de mettre à la lumière les facteurs constitutionnels et le refoulement. C’est une nouvelle théorie que propose Freud.

56 FREUD S (1905). « Mes vues sur le rôle de la sexualité dans l’étiologie des névroses », in Résultats, Idées et Problèmes.

op cit. p116.

57 Ibid.p 117.

Avant, il centrait son étude sur les facteurs accidentels et la défense comme purement psychologique. Maintenant, le rôle des facteurs constitutionnels et du refoulement apparaît majeur dans la compréhension des névroses. Ces trois essais introduisent à la logique des pulsions. Freud définit par pulsion « rien d’autre que la représentance psychique (« psychische repräsentanz ») d’une source endosomatique de stimulations s’écoulant de façon continue […] »58. Nous voyons que Freud essaie de cerner la logique des pulsions et va tenter de la conceptualiser.

Le concept de « pulsion » qui n’est pas encore inventé par Freud, est un des concepts de la démarcation entre le psychisme et le somatique. Les organes du corps délivrent des excitations de deux sortes dont l’une se spécifie d’être sexuelle et dont l’organe correspondant à cette dernière reçoit le nom de « zones érogènes ». Cette donnée est centrale pour Freud. Elle va permettre de considérer les zones érogènes dans les névroses comme des appareils génitaux secondaires et comme substituts. Par exemple, dans la névrose obsessionnelle, c’est « l’importance des impulsions qui créent de nouveaux buts sexuels et qui paraissent indépendants des zones érogènes qui est la plus frappante »59. Freud va donc soutenir trois issues dans le cas de prédisposition constituante anormale. D’une part, l’une des issues possibles est une vie sexuelle perverse. D’autre part, certaines des pulsions sexuelles douées d’une force excessive peuvent être soumises au procès du refoulement. En fait, ces excitations ne sont pas supprimées par le refoulement, elles continuent de fonctionner comme avant mais elles sont éloignées quant à la réalisation de leur but par empêchement psychique et finissent à s’exprimer par la voie des symptômes. Cette issue est capitale dans la compréhension de la formation des symptômes névrotiques. Ici, Freud propose une théorie du refoulement ce qui n’est pas sans impact dans la construction de la névrose obsessionnelle. Enfin, la troisième issue possible est celle de la sublimation dans laquelle les excitations excessives trouvent une dérivation et un emploi dans d’autres domaines que celui de la sexualité. On trouve là une des sources de l’activité artistique ou intellectuelle. La formation réactionnelle que nous concevons comme une sous-espèce de la sublimation exprime surtout d’une manière manifeste la composante défensive du conflit. Dans la formation réactionnelle c’est le processus de défense qui prédomine dans son opposition systématique au surgissement de pulsions sexuelles refoulées. Freud associe à cette formation réactionnelle le terme de caractère défini comme un ensemble d’excitations sexuelles construit à partir de pulsions fixées depuis l’enfance et à partir de constructions provenant de la sublimation et d’autres constructions destinées à « maintenir efficacement dans les dessous les motions perverses reconnues comme inutilisables ». Ce concept de formation réactionnelle servira à Freud

58 FREUD S « Trois essais sur la théorie sexuelle ». Traduction par P. Koeppel. Folio. Gallimard. Paris. 1987.p83.

59 Ibid.p85.

quelques années plus tard pour la névrose obsessionnelle. L’année 1905 est un moment clé dans la construction de la névrose obsessionnelle car Freud tente à ce moment précis de conceptualiser une intuition qu’il a eu en 1894. Nous verrons par la suite qu’il faut en effet attendre l’invention du concept de « pulsion » ainsi qu’une théorie générale de la pulsion pour pouvoir saisir notamment la logique inconsciente à l’œuvre dans le symptôme obsessionnel.

c) « Zwangsneurose » et pulsion :

Quel rapprochement pouvons-nous faire entre les avancées des « Trois essais sur la théorie sexuelle » et la construction de la névrose obsessionnelle ? La théorie sexuelle infantile va considérablement modifier la théorie analytique. Nous posons l’hypothèse suivante sous forme de question : les résultats de la théorie sexuelle infantile se répercutent-ils au niveau de la théorie de la névrose obsessionnelle et ce, notamment dans deux textes freudiens ? « Actions compulsionnelles et exercices religieux » (1907) et « Caractère et érotisme anal » (1908) sont-ils à lire comme des applications des résultats de la théorie sexuelle dans le champ de la névrose obsessionnelle ? Nous retenons essentiellement que les « Trois essais sur la théorie sexuelle » introduisent clairement le concept de pulsion, « Trieb ». Est-ce un hasard que Freud rapproche « névrose obsessionnelle » et

« pulsion » dans les années 1905-1908 ? Par certains côtés, nous pouvons penser – bien sûr en l’absence de la connaissance de l’analyse de l’Homme aux rats, que ces deux textes tirent les conclusions théoriques depuis l’abandon du paradigme du trauma sexuel, dans le champ de la névrose obsessionnelle. Une fois de plus, nous pouvons remarquer comment la névrose obsessionnelle et concepts analytiques sont fortement liés. Leurs constructions théoriques respectives s’entrecroisent nécessairement. Autrement dit, la névrose obsessionnelle est aussi « au rendez-vous » de l’invention des grands concepts analytiques (pulsion, refoulement…)

Dans son texte « Actions compulsionnelles et exercices religieux », Freud met en parallèle le rituel de l’obsessionnel et du croyant et souligne que pour les deux, toute modification du cérémonial est suivie d’une angoisse insupportable qui exige, dans un deuxième temps, de rattraper ce qui a été omis. Les ressemblances entre le cérémonial obsessionnel et les actions du rite religieux sont les suivantes : remords anxieux en cas d’omission, isolement complet par rapport à toute autre occupation, scrupulosité dans l’exécution du détail. Freud poursuit son étude sur les deux phénomènes en précisant quelques différences. Par exemple, l’action compulsionnelle sert à

« exprimer des motifs et des représentations inconscients. Voilà qui constitue apparemment une

nouvelle différence par rapport à l’exercice religieux […] »60. De plus, la fonction du temps est un élément fondamental dans la névrose obsessionnelle : tout symptôme se constitue en deux temps.

Le sujet est contraint de se soumettre à des interdits (il faut faire une chose, il ne faut surtout pas faire telle autre). Ce qui commande cette structure, c’est le sentiment de culpabilité qui donne l’ordre de jouir. Cette tentative de jouir fait surgir l’angoisse de l’attente, l’attente du malheur qui est nouée par la punition à la perception interne de la tentation. Par conséquent, il est plus accessible de considérer le cérémonial comme une action de défense, de précaution. Enfin, à la suite de l’étude des concordances entre les deux phénomènes, Freud conçoit que « la névrose obsessionnelle comme le pendant pathologique de la formation religieuse, à caractériser la névrose comme une religiosité individuelle et la religion comme une névrose obsessionnelle universelle »61. Et il rajoute, nous le citons : « « la névrose obsessionnelle fournit ainsi la caricature mi-comique mi-tragique d’une religion privée »62.

Autrement dit, Freud souligne que la névrose obsessionnelle révèle tant du fonctionnement psychique en général que du fonctionnement social (à travers la religion). La concordance des deux types de phénomènes résiderait dans le fondement même de ceux-ci, à savoir le renoncement pulsionnel ; tandis que la différence résiderait dans la nature de ces pulsions : sexuelles pour la névrose, égoïstes pour la religion. La théorie de la pulsion permet à Freud de saisir en quoi consiste la névrose dans son rapport au renoncement pulsionnel.

Une autre aperception freudienne Dès lors, le texte « Actions compulsionnelles et exercices religieux », est une application des résultats de 1905 dans le champ de la névrose obsessionnelle dans son rapport à la pulsion. D’une part, pour quelles raisons Freud centre-t-il son propos sur les actions compulsionnelles (« ZwangsHandlungen ») plutôt que sur les idées obsessionnelles (« ZwangsVorstellungen ») ? D’autre part, Freud énonce la thèse suivante : « On perce à jour plus profondément le mécanisme de la névrose obsessionnelle si l’on prend en considération le fait premier qui en est le fondement et qui n’est jamais autre chose que le refoulement d’une motion pulsionnelle (d’une composante de la pulsion sexuelle) […] avait pu se manifester un moment dans l’enfance [de la personne] puis avait succombé au refoulement »63. Il nous semble que cette thèse citée est une « réappropriation » de la théorie du refoulement soutenue et développée en 1905, à savoir une réappropriation dans le champ de la névrose obsessionnelle. Il s’agit de la deuxième issue de la prédisposition sexuelle

60 FREUD.S. (1907). « Actions compulsionnelles et exercices religieux », in Névrose, psychose et perversion. op cit. p138.

61 Ibid.p141.

62 Ibid.p135.

63 Ibid.p139.

énoncée par Freud. Dans ce texte, Freud nous explique comment fonctionne le mécanisme obsessionnel. Dans la névrose obsessionnelle, le fondement du mécanisme est le refoulement d’une motion pulsionnelle. Une composante d’une pulsion sexuelle est soumise au procès du refoulement dont celui-ci ne réussit pas complètement. De là, naît une formation réactionnelle, la scrupulosité, qui n’est pas entièrement efficace. L’influence de la pulsion sexuelle refoulée est ressentie sous la forme de la tentation. En conséquence, les actions compulsionnelles et obsessionnelles naissent pour assurer la défense contre la tentation mais s’avèrent au final

énoncée par Freud. Dans ce texte, Freud nous explique comment fonctionne le mécanisme obsessionnel. Dans la névrose obsessionnelle, le fondement du mécanisme est le refoulement d’une motion pulsionnelle. Une composante d’une pulsion sexuelle est soumise au procès du refoulement dont celui-ci ne réussit pas complètement. De là, naît une formation réactionnelle, la scrupulosité, qui n’est pas entièrement efficace. L’influence de la pulsion sexuelle refoulée est ressentie sous la forme de la tentation. En conséquence, les actions compulsionnelles et obsessionnelles naissent pour assurer la défense contre la tentation mais s’avèrent au final