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Le paysage comme un écosystème hétérogène dirigé par les activités humaines

l’urbanisation et du changement du paysage

1.2. L’urbanisation et la tendance d’urbanisation mondiale

1.4.1. Le paysage comme un écosystème hétérogène dirigé par les activités humaines

La notion de paysage a de nombreux sens. Elle est holistique intrinsèquement selon les sciences naturelles, les sciences humaines, et les sciences appliquées (Antrop, 2000, 2006a; Z. Naveh & Lieberman, 1994; Zonneveld, 1995). Le paysage était aussi utilisé pour se reporter au territoire organisé, dirigé ou administratif qui était exprimé par « pays » (en français), « landschaft » (en allemand) et « landschap » (en hollandais).

L’origine du terme « LANDSCAPE » (en anglais) ou « PAYSAGE » (en français) est une juxtaposition de deux mots : « LAND » (pays), c’est-à-dire une portion délimitée du territoire, et « SCAPE », le mot signifie une collection des objets similaires (Burel & Baury, 2003). Donc, le paysage, dès l’origine, est la collection des sols ou des territoires, notamment un système rural.

Alexander von Humboldt (1814), un pionner de la biogéographie, géographie physique et climatologie, a défini « Landschaft ist der Totalcharakter einer Erdgegend », c’est-à-dire que « le paysage est le caractère total d’une région de la terre » (Antrop, 2006a; A. Farina, 2006; Zonneveld, 1995). Dans son œuvre, il soulignait toujours les aspects humains et culturels d’un paysage, et surtout ses qualités esthétiques (Antrop, 2006a).

En Europe centrale et en Scandinavie, les géographes ont développé les notions théoriques du « Landschaftskunde » ou « Landschaftslehre », c’est-à-dire « la science du paysage » - dont la tâche est d’étudier, de décrire et d’expliquer les paysages, et les zones perçues liées qui composent des bassins et des unités spatiales qu’ils contiennent (Antrop, 2006a).

En France, « l’étude de paysage est l’objet de la géographie » (Bailly, 1995). Selon le dictionnaire Larousse, le paysage est « l’étendue spatiale, naturelle ou transformée par l’homme, qui présente une certaine identité visuelle ou fonctionnelle » ou « vue d’ensemble que l’on a d’un point donné ».

Page | 32 Figure 1.6. Développement de la science paysagère

Source : Antrop (2000, 2006a) La Convention européenne du paysage définit « le paysage désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations » (Conseil de l'Europe, 2000).

D’après Bertrand (1975), « le paysage est un catalyseur entre la nature et la société basé sur une portion de l’espace matériel qui existe comme une structure ainsi qu’un écosystème, et donc indépendamment de la perception » (Burel & Baury, 2003). Cette définition porte un même sens de celle du Forman et Godron qui ont affirmé que « un paysage est comme une zone hétérogène du sol, qui est composée d’un groupe de systèmes intéressés étant répété dans une forme semblable tout le temps » (Burel & Baury, 2003; A. Farina, 2006; Forman & Godron, 1986). Celle-ci est similaire avec la définition de M.G. Turner, R.H. Gardner, and R.V. O'Neill (2001) qui ont défini le paysage comme « une zone (parcelle) qui est hétérogène spatialement dans au moins un facteur d’intérêt ».

Brossard et Wieber (1980) proposent un schéma conceptuel de mise en forme systémique du paysage (Figure 1.8). Entre production – système producteur « physique » – et consommation – système utilisateur « social » – le paysage s’exprime par ce qu’il a de visible et de non réductible – système « paysage visible » – à l’un ou l’autre des sous-systèmes précédents.

Page | 33 Figure 1.7. Paysage, un niveau de l’organisation des systèmes écologiques, se trouve

au-dessus de l’écosystème mais au-dessous de la région et du continent

Source : Forman (1995) O B J E T S É L É M E N T S D ' I M A G E S BIOTIQUE ABIOTIQUE CONSTRUIT ÉTUDE RECHER-CHE AMÉNAGEMENT ACTION CONSOMMATION VENTE F ilt re P e rc ep tif Z on e de N on R é du ct ib ili SYSTÈME PRODUCTEUR SYSTÈME PAYSAGE VISIBLE SYSTÈME UTILISATEUR Flux d'images Production

d'ob-jets FLUX D'ACTIONS

FLUX D'ÉTUDES Études Actions Signaux Apparences ENVIRONEMENT SUJET(S)

Du modèle paysager classique :

le paysage est une apparence, utile pour approcher l’environnement ; ou une création de l’oeil et de l’esprit, révélatrice du fonctionnement de ceux-ci...

... au poly-système paysage :

une conception globale et interactive avec, au coeur du dispositif, la scène paysagère comme être propre et objet possible d’étude.

Figure 1.8. Aux premiers temps du système « Paysage »

Page | 34 Figure 1.9. Éléments de formalisation du système paysage

Source : DOMINIQUE Laffly (2009b) Basé sur le modèle du système paysager de Brossard et Wieber, Dominique DOMINIQUE Laffly (2009b) a proposé un cadre théorique pour formuler les systèmes du paysage qui consiste à mesurer les degrés de liaison entre les informations endogènes et exogènes (Figure 1.8) et implique quatre principes :

- La maîtrise de l’espace et du temps et les implications directes sur les échelles et les thématiques ;

Page | 35 - La maîtrise sémantique du contenu de l’information entre la « connaissance »

du spécialiste et la « réalité » des paysages ;

- La maîtrise de la constitution de l’information mise au cœur de la démarche ; - La maîtrise des méthodes et de l’instrumentalisation.

En synthèse, dans notre point de vue, le paysage est un niveau de l’organisation des écosystèmes, il est caractérisé par son hétérogénéité, sa dynamique et sa structure hiérarchique, dirigés en partie par les activités humaines. Finalement, il existe indépendamment de la perception. La taille du paysage varie de quelques hectares à quelques kilomètres carrés. La plupart des méthodes appliquées dans les études du paysage ont été développée dans le but d’analyser la structure du paysage, les processus écologiques et leur lien dans l’environnement hétérogène (Figure 1.10).

Figure 1.10. Approche scientifique à l’écologie du paysage : le paysage est le résultat de la dynamique de l’environnement et la société. Sa structure, son organisation, et sa

dynamique interagissent constamment avec les processus écologiques

Source : Burel and Baury (2003) Un paysage se constitue des plusieurs composants dont l’occupation/utilisation du sol est un ingrédient important car elles reflètent la structure de la végétation, l'étendue de l'activité anthropique, et le potentiel pour les utilisations et les perturbations du paysage à venir (Loveland, Gallant, & Volgelmann, 2005). Les activités d'utilisation du sol changent la structure du paysage en modifiant les abondances relatives des habitats naturels ainsi que l'introduction des nouveaux types d’occupation du sol. Des effets sur la structure du paysage doivent être pris en compte lors des décisions sur les emplacements de développement, les densités et les utilisations du sol. Les données de l’occupation/utilisation du sol sont essentielles pour les études de la configuration spatiale et des enquêtes sur l'état écologique, les tendances, les contraintes et les relations entre les paysages.