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Les forces principales de la transformation paysagère

l’urbanisation et du changement du paysage

1.2. L’urbanisation et la tendance d’urbanisation mondiale

1.5.3. Les forces principales de la transformation paysagère

Les moteurs (driving forces) sont celles qui ont une influence sur le changement du paysage (Bürgi et al., 2004b). Identifier ces forces exige une compréhension à la fois de la prise de décision d'utilisation des terres et aussi comment les facteurs environnementaux et sociaux interagissent pour influer sur ces décisions (le contexte de prise de décision). Il est également essentiel de comprendre que ces décisions sont prises et influencées par un certain nombre de facteurs environnementaux et sociaux aux différentes échelles spatiales, du niveau des ménages qui influencent sur les pratiques d'utilisation des sols locaux, aux politiques et forces économiques qui peuvent altérer l'utilisation des terres au niveau régional et même au niveau mondial (Eric F. Lambin et al., 2001).

Foley et al. (2005), dans leurs études, ont exposé que les pratiques d’usage du sol, notamment la déforestation tropicale, l’agriculture de subsistance (agriculture vivrière), la production intensive des fermes, ou l’expansion spatiale des zones urbaines, changent les paysages à l’échelle mondiale de manière extrême. La Figure 1.22 montre les états de la transition d’utilisation du sol qui pourraient avoir lieu dans certaines régions à travers le temps. En fonction des transitions démographiques, économiques et sociales, il y a les différents régimes d’usage du sol qui suivent : des écosystèmes naturels aux clairières-frontières, puis à l’agriculture vivrière des petites fermes, et finalement aux agricultures intensives, aux zones urbaines, aux zones protégées et de loisirs. Généralement, les différentes parties du monde sont à différentes étapes de transition en fonction de leur histoire, les conditions sociales et économiques, et le contexte écologique.

Page | 46 Figure 1.22. Transition des modes d’usage du sol à travers le temps

Source : Foley et al. (2005) D’après Lambin et Geist (2007), le changement de l'usage du sol est un processus complexe qui est formé à partir de l'interaction de facteurs naturels et économiques à travers le temps et l’espace conformément à certaines conditions humaines-environnementales. Selon les auteurs, à l’échelle globale, il y a plusieurs facteurs qui font des impacts sur le changement du paysage :

‐ La variabilité naturelle : Les changements de l'environnement naturel associés aux décisions d'usage des terres causent les changements de l'utilisation du sol. Les changements dans les bases des écosystèmes à cause du changement climatique amplifient la pression sur les ressources terrestres en raison de la demande élevée de terres, en particulier dans les zones sèches ou semi-arides. ‐ Les facteurs économiques et technologiques : Les facteurs économiques et

politiques influencent sur la prise de décision de l'utilisation du sol en modifiant les prix, les taxes et les subventions sur les intrants et les produits d'utilisation du sol, en changeant les coûts de production et de transport, et en modifiant les flux de capitaux et des investissements, l'accès au crédit, le commerce et la technologie.

‐ Les facteurs démographiques : ont des impacts importants sur l'utilisation du sol. La migration est le facteur démographique le plus important qui provoque des changements rapides d'utilisation du sol, et interagit avec les politiques gouvernementales, les changements dans les habitudes de consommation, l'intégration économique et la mondialisation. La répartition de la population urbaine et rurale, et l’expansion urbaine sont les facteurs de plus en plus importants dans le changement global d'utilisation du sol dans les grands centres urbains, les zones péri-urbaines, et même les zones reculées de l'hinterland.

Page | 47 ‐ Les facteurs institutionnels : Les changements de l'utilisation du sol sont

influencés directement par les institutions politiques, juridiques, économiques et traditionnelles et par leurs interactions avec la prise de décision individuelle. ‐ Les facteurs culturels : Les motivations, les mémoires, les histoires

personnelles, les attitudes, les valeurs, les croyances et les perceptions individuelles des gestionnaires des sols influencent les décisions d'utilisation des sols. Les conséquences écologiques attendues et inattendues des décisions de l'utilisation des sols dépendent toutes des connaissances, des informations, des compétences et des gestionnaires des terres, et celles-ci à leur tour sont souvent liés à des conditions politiques et économiques.

‐ La mondialisation : Les processus de mondialisation peuvent amplifier ou atténuer les forces motrices existantes pour l'utilisation des sols en supprimant les barrières régionales au changement, en affaiblissant les liens locaux, et en augmentant l'interdépendance entre les peuples et entre les nations.

Brandt, Primdahl, and Reenberg (1999) ont identifié un certain nombre de forces qui influencent les changements dans la structure du paysage (Figure 1.23) :

Figure 1.23. Moteurs déterminant les changements du paysage

Source : Brandt et al. (1999) ‐ Socioéconomique : par exemple l’urbanisation, l’industrialisation, etc. à

différente échelle (ménagère, locale, régionale, nationale, internationale) ; ‐ Politique : sont étroitement imbriquées avec les forces motrices économiques,

en raison de besoins économiques et des pressions. Elles incluent les programmes politiques, les lois et les décisions du pouvoir. La gouvernance joue un rôle important dans le soutien du développement économique en fonction de la planification territoriale à l'échelle nationale, régionale et locale ;

‐ Technologique : par exemple les effets du développement des infrastructures. La technologie aide à maintenir les progrès dans le développement de la civilisation. Ces forces motrices ont contribué significativement à former le paysage à grande échelle. Principalement, la technologie a été utilisée pour améliorer la gestion des ressources, la productivité des terres et de la qualité de vie.

Page | 48 ‐ Naturelle : constitué par les facteurs naturels du site (par exemple : les

caractéristiques du sol, le cours d’eau, la topologie, le climat, etc.) et les perturbations naturelles telles que la sécheresse, les incendies de forêt et les inondations qui induisent le changement global à long terme (Antrop, 2005); ‐ Culturelle : par exemple la tradition et l’idéologie culturelle. L’homme oriente

les paysages selon leurs croyances, afin de parvenir à une bonne qualité de vie. L'évolution des perspectives culturelles à travers lesquelles le territoire étant géré est fortement interconnecté avec les forces socio-économiques. Celle-ci est la dimension le plus compliquée et vague pour la formation et la modification du paysage.

Parmi ces forces, les facteurs anthropiques ont une influence par des processus de développements démographiques, économiques, politiques et sociétaux. Ces facteurs sont des moteurs majeurs les plus communs qui contribuent à la modification du paysage à l'échelle mondiale (Y. Liu et al., 2015). Almo Farina (2008) a dénombré les processus humains qui en étaient les causes principales. Elles sont l’intensification agricole, la déprise agricole, la suppression des incendies, le déboisement, le boisement, la régénération des forêts, le pâturage, et le développement. L'expansion agricole et l'urbanisation dont sont les forces les plus courantes et importantes (Lindenmayer & Fischer, 2013) pour le changement du paysage.

‐ L’intensification agricole : L'intensification agricole est définie comme une transition vers des systèmes agricoles ayant des niveaux plus élevés des intrants (eau, engrais, pesticides) et de sortie (en quantité ou en valeur) des produits cultivés ou élevés dans une certaine région. La monoculture est plus productive économiquement que les cultures sèches traditionnelles. L’évolution de l’agriculture sèche vers les cultures irriguées n’est possible que dans certains sites appropriés afin de maximiser la production et est préférée dans les localisations à faible altitude, les bonnes conditions du sol et la proximité des zones résidentielles et des routes. Cette intensification produit généralement une diminution de la résilience du système paysager et de la complexité de la mosaïque paysagère, une simplification de nombreux cycles géochimiques et de la chaîne trophique, et une réduction de nombreux processus écologiques. ‐ Le développement : l’urbanisation et les infrastructures comme les routes, les

chemins de fer et les aéroports couvrent de larges surfaces de la terre. L'urbanisation est un processus complexe qui transforme le paysage rural ou naturel dans les zones urbaines, industrielles et d'infrastructure. À grande échelle les agglomérations urbaines et les établissements péri-urbains étendus ont fragmenté les paysages de ces vastes zones, menaçant les divers écosystèmes existants. Les conséquences sur le paysage sont extrêmement dramatiques. La modification des surfaces et des réseaux hydrologiques souterrains découvre les sols et détruit la végétation naturelle. L'augmentation des zones urbaines conduit à une réduction des services écosystémiques et une diminution des mécanismes d'autorégulation des écosystèmes.

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Figure 1.24. Causes fondamentales et proximités du changement du paysage

Page | 50 Ainsi, les causes du changement du paysage sont diversifiées. Plieninger et al. (2016) ont fourni une synthèse systématique de 144 études qui identifient les causes fondamentales et proximités du changement du paysage en l'Europe (Figure 1.24).

‐ Les causes fondamentales concernent les facteurs politiques et institutionnels, les facteurs économiques, les facteurs culturels, les facteurs technologique et les facteurs naturels et spatiaux, dans lesquels les facteurs politiques / institutionnels (75% des cas), les facteurs naturels / spatiaux (65%), et culturels (65%) étaient dominés.

‐ Les causes proximités incluent le développement urbain et de l’infrastructure, l’expansion et l’intensification agricole, l’expansion et l’intensification de la sylviculture, l’extraction des ressources non renouvelables, l’abandon et l’extensification des terres, et conservation de la nature et du patrimoine. Les facteurs les plus importants comprennent l'abandon et l’extensification des terres (65%), l'expansion et l’intensification de l'agriculture (62%), l'expansion et l’intensification de la sylviculture (56%) ; et le développement urbain et de l'infrastructure (53%).

1.5.4. Les impacts de l’industrialisation et l’urbanisation sur les changements du