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(1) Grand Studio du 783. IPN apparents. Pas d’angles droits. Banquettes le long des murs (Photo sur le site internet du 783) (2) Petit Studio du 783. Espace clair et ouvert sur l’extérieur. Parquet en chêne.

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(3) Plan du RDC (plan sur le site internet du 783) (4) Plan du R+1 (plan sur le site internet du 783) (5) Terrasse extérieure en R+1

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image. Il doit répondre aux conditions nécessaires pour le travail de l’éclairagiste. Certain danseurs, en début de création surtout, regrettent cependant qu’il ne soit pas possible d’avoir plus de lumière du jour dans la salle de création quand ils le désirent.

Outre cette salle de création, il y a un studio à l’étage. Cet espace était déjà fait, et n’a pas eu besoin de beaucoup de travaux. L’ancien propriétaire habitant l’appartement à côté l’avait fait construire dans l’idée d’y aménager une piscine. Le projet étant évidemment impossible, l’espace servait aux fêtes de famille. En arrivant, les aménageurs ont simplement dû l’isoler. Les baies vitrées existantes ont été laissées telles quelles. La pose de Placoplatre et d’un plancher danse a été revanche obligatoire. Il est fait de simple lambourde car il n’y avait pas assez de marge de hauteur, par rapport aux fenêtres déjà posées. Il est moins performant que le sol du grand studio. Ce dernier bénéficie d’un vrai plancher doubles lambourdes avec une rotule en plastique au centre permettant la souplesse. Les lambourdes sont placés toutes les 50 cm, produisant au moins 1,5 cm de rebond. Le bois du plancher, n’étant que huilé, est du hêtre car il a la particularité d’avoir le moins d’écharde. Le studio du premier étage est surtout utilisé par les pratiques somatiques. Pour ces dernières, il est préférable d’avoir de la lumière naturelle. En l’opposant au studio du bas, on retrouve l’idée du Ying et du yang. La plupart des équipes travaillent dans le grand espace mais certaines préfèrent profiter de la lumière du jour, du petit espace. Ce dernier donne de surcroit sur une terrasse agrémentée par de nombreuses plantes en pots.

En plus des studios de création, on retrouve des espaces de convivialité. Il n’y pas de scission entre la partie réservée, à l’artistique et celle qui est attribuée, à l’administratif. Le personnel (un poste en CDI, un emploi aidé et un service civique) est au cœur de l’architecture. Chaque compagnie en résidence est comme cela véritablement accueillie par l’équipe. Les artistes dans le studio savent qu’à un moment donné, ils peuvent venir se poser avec eux et demander des conseils. C’est un lieu qui vit, dans la connaissance de la réalité d’une création. En plus des espaces communs et des bureaux, on retrouve également deux appartements loués aux personnes, composant l’équipe. Le lieu a été pensé dans l’idée d’un espace partagé. L’entrée du bâtiment se fait, par une grande porte vitrée faisant du hall, un espace ouvert au public. Malgré cela, elle reste volontairement discrète car le 783 est avant tout un espace de travail demandant du calme. Le studio principal de création est réfléchi pour être le plus grand possible et pour donner un maximum de condition semblable à la boîte noire. La scénographe l’a vu comme un substitut du lieu, sur lequel vont se représenter par la suite les danseurs. Pour le dessiner au mieux, elle s’est nourrie de son expérience et surtout de sa complicité avec son ami chorégraphe. Le travail a été collaboratif.

Concernant une architecture nantaise ayant été conçue entièrement pour la danse, on peut parler de l’extension du conservatoire et du « Pont supérieur » (pôle d’enseignement supérieur spectacle vivant) de Nantes. Dessinée par l’agence Raum avec les architectes et scénographes belges de L’Escaut, elle a été nominée à l’Equerre d’argent 2015. Suite à cette extension, le conservatoire de musique et de danse des années 1970 est devenu une pièce forte du pôle éducatif et culturel du quartier Beaulieu de l’île de Nantes. Un échange de mail avec un des

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(1) Façade de l’extension du concervatoire de danse de Nantes (Photographies ©Audrey Cerdan) (2) vue sur le «7ième studio» servant d’entrée principale (Photographies ©Audrey Cerdan)

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architectes du projet, Julien Perrault, montre les préoccupations premières de l’agence dans la conception de cet ouvrage. Ce projet est de plus marquant pour les concepteurs car il est le premier concourt public auquel ils ont participé.

Posée à distance de l’ancien bâtiment, l’extension fait l’articulation entre l’équipement d’origine et son nouvel environnement. Installé en contrebas de la rue, elle absorbe la différence de niveau dans l’épaisseur de son rez-de-chaussée où s’étire l’emmarchement qui encadre un vaste parvis minéral. Cette sorte d’agora est investie par les élèves, lorsqu’il fait beau. La place se prolonge par un espace intérieur, servant d’entrée principale. Une plate forme se crée donc entre intérieur et extérieur et est largement utilisée, pour des parcours sensoriels. Par ailleurs, le parvis est pensé comme un espace additionnel auquel les architectes ont donné les mêmes attributs qu’aux six studios de danse demandés. Il arbore ainsi un plancher bois, un plafond acoustique, une régie et un gril technique. Dans ce « 7e studio », ouvert sur la ville, l’utilisation d’ouvrants en accordéon toute hauteur effacent les limites entre l’espace public et celui de la représentation. En interrogeant le directeur du Pont supérieur, on se rend compte que cet avantage n’est malheureusement pas utilisé comme il aurait dû l’être. Le vitrage, ne gérant pas la température, fait de la pièce « un four » l’été, et « une frigo » l’hiver. Elle est alors optimale qu’à la mis-saison. Le plancher y est posé directement sur du béton, et n’est donc pas assez souple pour en faire réellement un studio ou un espace de représentation. Enfin, la centrale électrique, placée au sol, prend régulièrement l’eau lorsqu’il pleut. Par ailleurs, l’espace ne peut être public car des bureaux, donnant dessus, seraient dérangés par le bruit, qu’on pourrait y faire. Les danseurs, extérieurs au conservatoire, ne sont donc pas autorisés à s’y rendre librement. Malgré cela, la pièce reste en effet un plus, par rapport au programme qui ne prévoyait que 20m2 d’accueil. Bien que la MOA considérait que le hall principal était déjà dans le conservatoire existant, les architectes ont estimés que le caractère partagé du nouveau bâtiment, qui accueille le conservatoire (jeunes publics) et le pont supérieur (étudiants) nécessitait un espace partagé plus généreux. Pour se le permettre, ils ont travaillé la compacité du projet afin d’économiser des mètres carré et le budget suffisant à la proposition d’un espace supplémentaire et hors programme. L’extension devait alors apporter trois studios de danse en plus au conservatoire, et des espaces nécessaires à la formation de professeurs et d’interprètes pour l’établissement « le Pont supérieur ». Cette co-occupation des lieux a inspiré l’organisation qui s’est faite, autour d’un noyau central. Les architectes ont empilé les studios de danse de part et d’autre de ce noyau où sont regroupés les circulations. On retrouve, superposés dans la double hauteur, les salles de danse, les vestiaires et les studios de musique. Cette configuration permet aux musiciens d’observer le mouvement des danseurs en contrebas grâce à l’ouverture de fenêtres intérieures. Plus loin que ce qu’avait imaginé les concepteurs, cette rationalisation offre également la possibilité aux danseurs de voir leurs chorégraphies d’en haut.

La configuration des salles de danse s’est faite, en collaboration avec des danseurs. Le programme était déjà bien précis. Il définissait le type de sol, les murs, les hauteur et largeur des miroirs, le type de lumière, les ouvertures ainsi que les dimensions exactes. Les architectes ne s’en sont pas contentés et sont allés demander aux personnes fréquentant ce genre d’espace

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de proposer des éléments autres que de simples prescriptions techniques. Ils ont eu autant de retours de la part des danseurs que de personnes rencontrées Les divergences d’opinion concernaient par exemple le choix du sol, qui pouvait se faire en parquets massifs sur double lambourde ou selon le type arlequin sur mousses élastomère. La question s’est également posée, sur la nécessité de mettre des tapis ou non. D’après Julien Perrault, l’enjeu était au final de démultiplier des dispositifs différents et de maximiser l’adaptabilité de ces dispositifs. Ainsi, on remarque que chacune des 6 salles présente des qualités propres. Le grand studio noir est, par exemple, d’avantage destiné à la représentation. Les concepteurs ont également fait le choix peu courant de travailler principalement la vue qui est souvent oubliée dans le dessin de studio. Chaque espace de danse possède ainsi une façade totalement ouverte sur un paysage différent les uns des autres. Des balcons sont en plus accessibles aux élèves désirant aller prendre l’air, après un cours ou un entrainement.

En plus du travail exceptionnel, des espaces intérieurs, une intension a été portée sur l’extérieur du bâtiment. Selon Julien Perrault, l’idée était que les pratiques intérieures regarde la ville et réciproquement. Pour l’équipe de conception, le principe du conservatoire, comme lieu d’excellence coupé du monde, était totalement dépassé. L’ouverture sur la ville était une condition à la contemporanéité du projet et offrait l’opportunité de marquer fortement, l’identité du bâtiment depuis la rue. L’édifice se présente donc par une façade bardée de briques blanches émaillées est rythmée par les grandes baies des studios de danse. Une colonne de moucharabiehs vient quant à elle, révéler l’efficacité de l’organisation intérieure. La réalité s’est cependant heurtée aux principes de co-visibilité entre intérieur et extérieur car il a fallu mettre au dernier moment des rideaux blancs dissimulant les corps dénudés des jeunes danseurs.

Le projet est globalement une grande réussite architecturale. Les architectes ont travaillés en collaboration avec des danseurs et ont surtout su apporter leur regard extérieur à la pratique, pour faire évoluer les espaces et leurs usages. Une discussion avec le directeur du Pont Supérieur montre pourtant qu’il manque, selon lui, des espaces pour des résidences. Les studios sont constamment ouverts aux étudiants et sont consacrés à leur formation. Leur emploi du temps ne permet pas souvent de les laisser à disposition des artistes en recherche. Cet usage est très ponctuel et se fait généralement sur un après midi seulement. Durant les week-ends et vacances scolaires, les lieux sont habités par les élèves n’ayant pas la possibilité de répéter chez eux. Le flux tendu en permanence du conservatoire ne laisse pas la possibilité aux artistes d’emprunter les lieux. En ayant pris connaissance de cet aspect du métier, il aurait été intéressant que l’espace supplémentaire apporté au programme se soit traduit par un studio réservé aux compagnies en résidence.

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