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CHAPITRE I : CONTEXTE DE LA RECHERCHE

5. La formation des adultes en Suisse : situation actuelle

5.3. Principaux indicateurs

5.3.1. La participation de la population à la formation continue

Pour donner un aperçu de la situation actuelle en matière de formation d’adultes, nous nous baserons essentiellement sur le rapport de l’OFS (2001). Nous allons présenter ici les principaux indicateurs examinés par les auteurs, qui ont également relevé différentes caractéristiques socio-démographiques auprès des adultes interrogés : genre, niveau de formation initiale, âge, statut sur le marché du travail, région linguistique (la Romandie et le Tessin représentent ensemble la Suisse latine). A l’exception du premier indicateur, seules les caractéristiques les plus pertinentes seront détaillées. Relevons encore que, dans les différents résultats d’analyses statistiques présentés, le terme « faiblement qualifié » désigne explicitement les personnes sans formation post-obligatoire.

L’indicateur « participation à des cours de formation continue » donne un aperçu général de la situation pour la population globale. En 2000, 1,9 millions de personnes, soit 39% de la population résidente adulte, ont suivi au moins un cours ; cette proportion est restée quasiment inchangée entre 1996 et 200021. Aucune différence n’apparaît selon le sexe, puisque 38% des femmes et 40% des hommes déclarent participer à la formation continue ; on note toutefois une différence dans les objectifs poursuivis : les hommes choisissent essentiellement des cours professionnels, alors que chez les femmes le rapport entre formation professionnelle et générale est plus équilibré même si elles placent elles aussi les cours professionnels en priorité. En revanche, les statistiques montrent de fortes disparités dans l’entrée en formation selon le niveau de formation initiale : plus de 50% des personnes titulaires d'un diplôme de degré tertiaire, 40 à 50% des personnes ayant achevé une formation de degré sec. II et 18%

des personnes sans formation post-obligatoire ; l'effet est particulièrement marqué pour les cours à orientation professionnelle, dont les personnes peu qualifiées se trouvent généralement exclues. L’engagement en formation est également fortement influencé par deux autres facteurs, à savoir le statut sur le marché de l’emploi – 87% des participants exercent une activité professionnelle – et la région linguistique – 42% des Suisses alémaniques suivent des cours contre 29% des habitants de Suisse latine –. Selon les résultats, l’âge joue un rôle de moyenne intensité dans l’entrée en formation continue : la participation

21 A noter cependant que le rapport de la Commission suisse pour l’UNESCO (2005) indique que la participation à la formation continue est en baisse depuis 2001 et s’établissait à 36% en 2003.

maximale se situe entre 40 et 45 ans (plus de 45% de la population suit des cours), on note ensuite une faible diminution jusqu’à 59 ans (encore plus de 40%) qui s’accélère de 60 à 74 ans (la participation chute à 25%, puis à 15% environ).

L’indicateur « formation continue individuelle » se réfère aux pratiques suivantes : apprentissage par observation, lectures spécialisées, participation à des conférences, formation informelle sur le lieu de travail, utilisation de programmes informatiques, recours à d’autres médias. En 1999, 3,2 millions de personnes, soit 64% de la population résidente adulte, ont recouru à des formes individuelles d’apprentissage. Le niveau de formation initiale a une forte influence sur les pratiques de formation continue individuelle : 86% des personnes titulaires d'un diplôme de degré tertiaire, 65 à 75% des personnes ayant achevé une formation de degré sec. II et 37% des personnes sans formation post-obligatoire ; la différence d'utilisation selon le niveau de formation initiale est particulièrement marquée en ce qui concerne la fréquentation des conférences et les lectures spécialisées. On note également une forte différence selon la région linguistique : les Suisses alémaniques expriment davantage de pratiques individuelles de formation continue (71%) que les Suisses romands et les Tessinois (48%). Entre 1996 et 1999, le recours à des formes individuelles d’apprentissage a gagné du terrain, tant pour la population active que pour la population globale.

A partir de ces deux premiers indicateurs, on s’aperçoit qu’un petit tiers de la population (30%) ne démontre aucun engagement en formation continue pendant la période 1996 – 1999, que ce soit en participant à un cours ou par le biais d’une pratique individuelle de formation (cf. OFS, 2001, graphique « Participation à la formation continue, selon le genre de formation suivie, en 1999 et en 2000 », p. 13). De plus, nous pouvons relever le fait que les personnes sans formation post-obligatoire restent largement à l’écart de la formation continue, tant dans la participation aux cours que dans le recours à des formes individuelles d’apprentissage.

L’indicateur « formation continue soutenue par l’employeur » montre le lien entre la formation continue et le marché du travail ; l’échantillon ne comprend que les personnes exerçant une activité professionnelle. En 1999, 35% des personnes actives occupées ont suivi une formation continue professionnelle ; 80% d’entre elles (soit un bon quart de l’ensemble de la population active) ont bénéficié d’un soutien de leur employeur, soit en ayant la possibilité de participer à un cours organisé directement par l’entreprise (presque la moitié des cours suivis), soit en bénéficiant d’une contribution financière et/ou d’une réduction totale ou partielle de leur temps de travail pendant la formation. Les personnes sans formation

post-éléments s’avèrent déterminants dans l’obtention d’un soutien de la part de son employeur : travailler à plus de 70%, faire partie d’une grande entreprise (plus de 100 employés), occuper une position hiérarchique élevée (cadre ou membre de la direction). Les secteurs dans lesquels on offre le plus de soutien aux employés sont l’administration publique, la santé et l’éducation ainsi que le domaine des finances et des assurances. La proportion de travailleurs soutenus par leur employeur dans leur entrée en formation est restée presque identique de 1996 à 1999.

L’indicateur « personnes empêchées de participer à un cours » montre qu’en 1999 près d’un tiers de la population aurait souhaité s’engager en formation continue mais en a été empêchée pour différentes raisons. La charge de travail professionnel (16%), les heures de cours défavorables (13%) ainsi que les responsabilités familiales (11%) sont les obstacles les plus souvent cités.

Comparaison internationale

Pour commencer, nous nous intéresserons à la participation des adultes à la formation continue sans faire de distinction entre cours professionnels et cours à orientation générale.

Nous utiliserons alors des statistiques issues d’analyses réalisées par Doray et Arrowsmith (1997) ainsi que par de Rubenson et Xu (1997) à partir des données de l’étude comparative internationale de l’IALS auprès des pays de l’OCDE (cf. points 3.3. et 4.1.). En l’absence de spécification, la Suisse sera considérée en tant qu’entité globale.

De manière générale, la Suisse connaît un taux de participation assez proche de celui du Canada, des Etats-Unis et des Pays-Bas (environ 40%) ; il est en revanche plus bas qu’en Suède et plus élevé qu’en Pologne. L’âge a une influence négative sur le taux d’engagement de la population helvétique, comme dans tous les autres pays (sauf en Suède). A l’inverse, les éléments suivants ont, comme partout ailleurs, des effets positifs sur l’engagement des adultes en formation : posséder un diplôme de degré tertiaire, exercer une activité professionnelle, avoir un mode de vie plutôt actif (faire partie d’une association et/ou peu regarder la télévision). A l’exception de tous les autres lieux géographiques, le fait d’être une femme et le fait de vivre seul influencent positivement la participation à la formation continue en Suisse romande. En Suisse alémanique, comme au Canada, aux Etats-Unis et en Pologne, les habitants des zones urbaines sont favorisés dans leur accès aux cours.

Comme dans les autres pays, la population helvétique invoque d’abord les obstacles situationnels puis les contraintes institutionnelles pour expliquer sa non participation à la formation continue ; plus précisément, ce sont là aussi le manque de temps lié aux obligations

professionnelles et/ou familiales ainsi que le manque de moyen financiers qui sont les plus fréquemment cités.

Finalement, cours professionnels et généraux confondus, la Suisse connaît les mêmes tendances générales que les autres pays. Les éléments déterminants de l’engagement ou non en formation continue sont identiques (âge, niveau de formation initiale, exercice d’une activité professionnelle) de même que les obstacles principaux à l’entrée en formation (manque de temps et de moyens financiers).

Nous allons maintenant nous concentrer sur la participation des adultes aux cours de formation continue professionnelle. Ici, les données nécessaires à la comparaison de la Suisse avec d’autres pays de l’OCDE sont issues du rapport de l’OFS (2001).

De manière générale, avec 32% de la population globale qui participe à la formation continue professionnelle, la Suisse se situe dans le milieu du classement derrière des pays scandinaves (Danemark, Norvège, Finlande) et anglophones (Australie, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Etats-Unis). Elle garde la même place en ce qui concerne l’écart de participation entre hommes et femmes, ces dernières étant moins favorisées que les individus de sexe masculin (environ 10% d’écart). Par contre, à l’instar des Pays-Bas, la Suisse connaît une relative homogénéité dans la fréquentation des cours entre personnes exerçant une activité professionnelle et personnes à la recherche d’un emploi. Si l’on considère l’effet du niveau de formation initiale sur l’engagement en formation, la Suisse se trouve dans la deuxième moitié du classement, avec des indices de disparité de plus de 4 entre les personnes sans formation post-obligatoire et celles ayant achevé des études tertiaires.

Finalement, en ce qui concerne la participation des adultes aux cours professionnels, la Suisse se situe souvent dans le milieu du classement. Alors qu’elle montre une assez bonne homogénéité entre personnes occupées et personnes à la recherche d’un emploi, sa situation n’est cependant pas très bonne du point de vue de l’importance du niveau de formation initiale dans la probabilité de participation à la formation continue.