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Participation dans les domaines de la recherche et de l’évaluation

Chapitre 1 Problématique

1.5 La variabilité autour de la participation

1.5.2 Participation dans les domaines de la recherche et de l’évaluation

En termes de diffusion des connaissances et de diffusion des résultats d’évaluation, des approches participatives sont proposées pour amplifier le transfert et l’utilisation des connaissances ou des résultats produits. Après la vague initiale visant les techniques de communication (adaptation du vocabulaire, adaptation des supports de communication, ajustement aux échéanciers, etc.) pour assurer le transfert de connaissances entre deux mondes distincts, les producteurs de connaissances et les utilisateurs praticiens, politiciens, etc, il est maintenant reconnu que les contextes et les moyens de transfert doivent être adaptés (Rich, 1991) au processus bureaucratique intégrant des informations qui lui sont pertinentes. Par conséquent, des formes contemporaines de diffusion des connaissances

sont testées : des individus comme les courtiers (Kramer & Wells, 2005) assurant l’interface entre deux mondes, des groupes d’individus comme les communautés de pratiques pour favoriser les connections et les échanges (Norman & Huerta, 2006), des forums (Ginsburg, Lewis, Zackheim, & Casebeer, 2007) interactifs regroupant une diversité de détenteurs d’enjeux, des moyens techniques comme les messages ciblés pour les gestionnaires qui orientent les décisions ou encore la mise à disposition de base de données (Dobbins et al., 2009). Les modèles d’intervention, simples ou combinés sont comparés (Forsetlund et al., 2003), sans toutefois inclure des modes de co-construction. Les formes de participation comme le mentorat, un à un et de groupe, dans le domaine de l’éducation avec les jeunes semblent générer des résultats positifs (Checkoway & Richards-Schuster, 2004; Foster, 2001). De façon générale, les prédicteurs du partage de connaissances dans les organisations semblent être le climat social positif (Connelly, 2000), soit la qualité des interactions entre les acteurs et le nivellement des statuts entre les acteurs de l’organisation. De tels mécanismes sont implicitement à l’œuvre dans les évaluations participatives.

Un autre domaine de recherche apportant des éclairages quant à la diversité des approches participatives est la recherche-action et ces proches dérivés : recherche participative, recherche ancrée dans la communauté, recherche partenariale, recherche féministe, recherche communautaire (Israel, Schulz, Parker, & Becker, 1998). Dans toutes ces approches, le processus de collaboration entre les personnes concernées par le problème à étudier et à régler, et les chercheurs, vise à développer des savoirs et des actions par la communication et la co-construction. L’accent est souvent mis sur les groupes populationnels opprimés en cherchant à renforcer leurs capacités (Hagey, 1997). Dans le cas de la recherche-action, la participation peut avoir lieu à toutes les étapes du processus, auquel cas le Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes (CRI-VIFF) (Clément, Ouellet, Coulombe, Côté, & Bélanger, 1996) parle de partenariat, ou encore à une ou plusieurs étapes, en référence à la collaboration. Les partenariats en recherche-action sont étudiés à travers les structures formalisées où des centres de recherche entrent dans une relation formelle et contractuelle avec des groupes communautaires (Eisinger & Senturia, 2001; Lantz, Viruell-Fuentes, Israel, Softley, & Guzman, 2001). Les recherche-action visent, par un processus discursif et d’aplanissement des rapports de pouvoir (Mason & Boutilier, 1996), à répondre aux préoccupations des

chercheurs et des praticiens en se respectant mutuellement dans ses intérêts et ses pratiques respectifs.

Nous venons de voir, à travers les littératures connexes à des activités d’évaluation, planification, gestion, recherche-action, transfert de connaissance et processus démocratique, que la participation est un terme polysémique et hétérogène dans sa pratique (Gregory, 2000; Oakley & Marsden, 1984). Toutefois, des points communs se dégagent : les styles de direction oscillent entre des modes participatifs qui ne sont pas dichotomiques, participatif ou non, mais situé sur un continuum (Tannenbaum & Schmidt, 1958). À un extrême, le dirigeant fait participer les acteurs en lui vendant les décisions. À l’autre extrême, il laisse le groupe libre de prendre ces décisions dans un périmètre défini. Likert (1961, 1967) propose une classification des systèmes d’organisation : le système paternaliste dans une relation de maître serveur où les suggestions sont permises, le système consultatif où il existe encore un contrôleur final des décisions qui conserve une marge de manœuvre, le système participatif où la participation est élargie à l’ensemble des individus quelque soit sa position hiérarchique. Arnstein (1969) propose une classification des participations en fonction du degré d’influence et de pouvoir du citoyen sur la prise de décision : le niveau non participatif où l’acteur est manipulé, le niveau intermédiaire de pouvoir symbolique où de l’information est transmise et où le citoyen peut donner son opinion, et le niveau de pouvoir délégué où l’acteur partenaire détient un pouvoir d’engagement voire la majorité et les pleins pouvoirs décisionnels. Le pouvoir délégué est repris sous la forme de participation authentique (Laverack & Wallerstein, 2001), participation vraie (Simovska, 2004) et en profondeur (Butterfoss, 2006). D’autres classifications moins populaires réfèrent au mode de sélection des participants (Bacqué, Rey, & Sintomer, 2005), aux objectifs poursuivis par la participation (Lefebvre & Nonjon, 2003), etc.

Les variétés d’approches appelées participatives à travers les domaines reflètent la présence d’un gradient d’influence de l’acteur dans la prise de décision. Il en est de même au sein des différents types d’évaluations participatives quant au gradient d’implication des acteurs, évaluation participative pratique (Cousins & Earl, 1992), évaluation pluraliste (Stake, 2004; Weiss, 1998a), évaluation qui renforce le pouvoir d’agir (Fetterman, 2005a; Ilse & Alba, 1989). La fondation James Irvine parle d’évaluation participative lorsque des sessions de rétroactions, programmées et opportunes ont lieu (Hasenfeld, Hill, & Weaver, ND).

Tous ces types d’évaluations participatives reposent sur une inclusion des acteurs à une ou plusieurs des étapes et sur un repositionnement de l’évaluateur comme faisant partie d’une équipe plutôt que comme un expert en position de supériorité.