• Aucun résultat trouvé

Facteurs influençant l’utilisation de la recherche

Chapitre 1 Problématique

1.4 Les facteurs influençant l’utilisation

1.4.2 Facteurs influençant l’utilisation de la recherche

Les facteurs identifiés en évaluation et affectant l’utilisation du processus et des résultats d’évaluation se regroupent en facteurs liés au contexte politique et décisionnel, liés à la mise en œuvre de l’évaluation, liés à l’individu, évaluateur ou détenteur d’enjeux. De même, les facteurs identifiés et proposés par les écrits sur l’utilisation des résultats de recherche sont liés à l’environnement, politique et organisationnel, la connaissance/l’innovation, l’individu, évaluateur ou détenteur d’enjeux. Ces facteurs sont dispersés sous le libellé facteurs, limites, conditions, facilitateurs, de l’utilisation des connaissances et de la recherche.

Plusieurs domaines traitent de l’utilisation des connaissances, entre autres les connaissances issues de la recherche, les connaissances produites en partenariat avec des organismes communautaires et les connaissances apprises et applicables dans le milieu professionnel de travail. Les auteurs proposent parfois des facteurs en se basant sur leur point de vue (Jacobson, Butterill, & Goering, 2004). Parfois, les théories élaborées autour du transfert de connaissances permettent d’identifier des facteurs affectant l’utilisation. Certains facteurs résultent aussi de confirmations empiriques.

Les théories proposées au niveau macroscopique prennent en compte le contexte, les connaissances (Sudsawad, 2007), et des facteurs liés à l’individu (Graham & Logan, 2004 ;

Lomas, 1993). Empiriquement, les facteurs identifiés reprennent les trois groupes de facteurs, contextuels, individuels, liés à la connaissance.

Sur le milieu de travail, les recherches sont centrées sur des caractéristiques et sur les modalités d’interaction entre recherche et terrain. Une des premières revues de littérature sur le transfert de connaissances en contexte de travail s’appuie sur un modèle théorique avec les facteurs suivants (Baldwin & Ford, 1988) : caractéristiques des individus recevant la formation, format de la formation donnée, environnement de travail. Devos et coll. ont poursuivi l’étude en 2006 avec des expériences en milieu de travail à partir de la littérature en psychologie identifiant les antécédents du transfert (2006). Les antécédents liés à l’environnement, la structure de l’organisation de travail, le climat de travail, le support au transfert ont été étudiés. Les antécédents liés à la formation, les modalités d’inscription, les dispositifs pédagogiques, l’utilité de la formation reçue, et liés à l’individu tels que la motivation, le sentiment d’efficacité personnelle, les attitudes, les caractéristiques stables présentent une relation significative avec l’utilisation des résultats dans les études répertoriées.

L’utilisation des résultats de recherche dépend du modèle de transfert employé (Gélinas & Pilon, 1994) et de composantes variées (Beyer & Trice, 1982; Faye, et al., 2007; Joseph Rowtree Foundation, 2000; Landry, Amara, & Lamari, 2001). Gélinas (1994) annonce des conditions de transfert de connaissances pour le modèle linéaire qui oppose producteurs et utilisateurs des connaissances. Dans ce cas, les individus récepteurs sont, selon huit expériences, éventuellement résistants à l’utilisation de connaissances lorsque leur participation n’était pas requise. De bonnes stratégies de mise sur le marché des connaissances produites semblent aussi essentielles. Les facteurs individuels et communicationnels jouent un rôle pour le modèle linéaire alors que, dans le modèle coopératif de co-production de connaissances, la qualité de la relation entre chercheurs et participants est essentielle tout comme l’existence d’une structure organisationnelle qui doit se modifier pour permettre aux apprentissages de se mettre en action. Le contexte organisationnel, sa flexibilité et la limite à la représentativité des acteurs du milieu entrent aussi en jeu. Le troisième modèle pris en compte, le modèle d’auto-développement par lequel le praticien mène lui-même une recherche, se trouve limité par les compétences initiales du praticien et le support organisationnel dont il bénéficie pour mener la recherche à terme.

D’autres composantes interviennent sur l’utilisation des résultats de recherche et sont citées par des études menées au Royaume-Uni (Joseph Rowtree Foundation, 2000), au Canada auprès de chercheurs de la Fondation Canadienne de la Recherche sur les Services de Santé FCRSS/CHRSF (FCRSS, 1999) et de chercheurs en sciences sociales (Landry, et al., 2001) et dans une revue de littérature empirique auprès de 27 études (Beyer & Trice, 1982). Tous ces facteurs, tant individuel, contextuel (organisationnels, environnementaux, politiques), que ceux liés à la connaissance peuvent être différenciés selon l’étape de l’utilisation (Faye, et al., 2007). Les facteurs identifiés liés à l’environnement sont le temps pour accomplir la tâche (FCRSS, 1999), l’échéancier (FCRSS, 1999), la gestion de la multiplicité des partenaires (FCRSS, 1999), l’identification de preneurs de décision, le déplacement des intervenants, les structures d’interactions chercheur-intervenant (FCRSS, 1999), les structures de liaison (Beyer & Trice, 1982; Landry, et al., 2001), la culture organisationnelle (Joseph Rowtree Foundation, 2000). Ces derniers s’intègrent dans un modèle d’utilisation de la recherche centré sur l’interaction, les liens recherche-pratique. D’autres facteurs liés à la connaissance comprennent le format de communication, la compréhension du processus de recherche, les droits d’auteurs sur les données (FCRSS, 1999), les efforts de dissémination (Landry, et al., 2001), la clarté de la diffusion (Beyer & Trice, 1982), l’adaptation des résultats à la pratique (Landry, et al., 2001), le volume de publication du chercheur (Landry, et al., 2001), les perceptions du caractère attractif de la recherche pour les milieux de pratiques (Landry, et al., 2001), la pertinence par rapport aux besoins de la pratique (Beyer & Trice, 1982; Joseph Rowtree Foundation, 2000), les ressources (Joseph Rowtree Foundation, 2000), le caractère temporel de la recherche vis-à- vis des besoins de la pratique (Beyer & Trice, 1982), la qualité des résultats (Beyer & Trice, 1982) et la possibilité d’agir à partir des résultats (Beyer & Trice, 1982). Les facteurs influençant l’utilisation des résultats de recherche et qui sont liés à l’individu incluent : l’interprétation locale (Joseph Rowtree Foundation, 2000), l’influence de l’opinion publique (Joseph Rowtree Foundation, 2000), l’expérience professionnelle, personnelle et collective (Joseph Rowtree Foundation, 2000), la perception du gestionnaire comme décideur dans le domaine de la recherche communautaire (Joseph Rowtree Foundation, 2000), la présence d’une personne en charge de l’interface chercheur-praticien (Beyer & Trice, 1982), la capacité de compréhension des résultats de recherche par les praticiens (Beyer & Trice, 1982), la participation des utilisateurs (Beyer & Trice, 1982), leur résistance (Beyer & Trice, 1982), les différences de culture entre deux communautés

(Beyer & Trice, 1982). Les facteurs liés au contexte politique comme les normes et lois en vigueur (Joseph Rowtree Foundation, 2000) sont aussi signalés.

Les études sur les modalités de transfert de connaissance de la recherche à la pratique proposent des listes de facteurs. Le modèle d’utilisation de la recherche par la co- production et la participation des intervenants fait partie des modalités pour renforcer l’utilisation de la recherche. Ce même modèle est proposé pour renforcer l’utilisation des évaluations. Dans les deux cas, la participation des acteurs non évaluateurs semble cruciale pour renforcer l’utilisation des informations.