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Obstacles à la réalisation des approches participatives

Chapitre 2 Revue de littérature

2.2 Obstacles à la réalisation des évaluations participatives

2.2.1 Obstacles à la réalisation des approches participatives

Les approches participatives, quelque soit leurs types, en recherche et en gestion, sont relativement encensées. Toutefois, la pratique participative se heurte à plusieurs obstacles, tant au niveau de sa préparation, de son acceptation que de sa mise en œuvre.

Les obstacles pendant la préparation, l’acceptation et la mise en œuvre, sont parfois classés selon trois catégories (Oakley, 1991) : la structure, l’administration, le social. La structure fait référence à l’environnement politisé qui peut annihiler la participation d’acteurs clés (Ndekha, Hansen, Mølgaard, Woelk, & Furu, 2003). L’administration fait référence aux processus décisionnels au sein des organisations et aux modalités organisationnelles de communication. Le volet social fait référence aux capacités humaines des praticiens et évaluateurs et à leur relation lors de travaux en mode participatif. D’autres auteurs (Gregory, 2000) proposent d’utiliser la matrice des sites d’oppression de Ledwith (1997) afin d’identifier les obstacles selon les niveaux individuel, communautaire, national ou global. La matrice des sites d’oppression joint les types potentiels d’obstacles (conditions d’emploi, formation, âge, sexe, éducation, famille, pauvreté, etc.) à chacun des niveaux individuel, communautaire, national ou global.

Cette matrice a été proposée initialement pour déterminer les éléments opprimants dans des situations patriarcales et demande une adaptation au contexte des évaluations, adaptation qui, bien que soulignée, n’est pas proposée par Gregory (2000).

Les obstacles à la réalisation d’approches participatives se situent aussi bien au niveau technique, individuel, institutionnel, social que politique. Le niveau technique fait référence aux contraintes des interventions, projets, programmes, et des méthodes, le niveau individuel fait référence à l’acteur qui présente des résistances, le niveau institutionnel

reprend le contexte institutionnel dans lequel se déroule l’intervention, et le niveau social, culturel et politique reprend le contexte global de l’intervention.

Parmi les obstacles identifiés lors des pratiques participatives, certains sont d’ordre technique, soit liés au contenu et au format des méthodes à utiliser, mais aussi liés au temps nécessaire.

Cette relation de pouvoir entre les membres participants, les utilisateurs de services et les bénéficiaires de programmes, est une barrière à la participation. L’atteinte d’un équilibre entre les besoins de chacun, les intérêts communautaires et des besoins de la recherche est identifiée comme un problème lors du déroulement de partenariat de recherche participative (Lantz, et al., 2001). L’équilibre intervient dans sa dimension relationnelle voire monétaire lorsque la distribution financière n’est pas équitable entre les partenaires (Lantz, et al., 2001) ou dans sa dimension temporelle lorsque le temps et la reconnaissance que chacun alloue ne sont pas reconnus par son institution d’appartenance (Clément, et al., 1996; Lantz, et al., 2001). En effet, les institutions de recherche fonctionnent sur des dynamiques autres que celles des intervenants : la gestion résout des problèmes pratiques dans l’urgence, la recherche vise la production de connaissances en respectant des critères de qualité déterminés sans reconnaître le temps passé au transfert de connaissances par l’intervention (Abbot & Guijt, 1997). La rigueur et la participation peuvent alors s’opposer (Abbot & Guijt, 1997). Tandis que le côté des intervenants reconnaît peu l’intérêt de périodes d’études longues, le côté universitaire reconnaît peu l’intervention dans les curriculums actuels. Ainsi les projets incluant des chercheurs nécessitent de trouver un équilibre peu naturel pour chacun des partenaires, un déséquilibre entre recherche et action (Israel, et al., 1998).

Dans cet esprit, la logique de partenariat d’égal à égal peut paraître illusoire et le différentiel de modes de fonctionnement pourrait être une barrière aux approches participatives.

Dans le secteur de la recherche communautaire, les chercheurs déduisent de leurs expériences certaines barrières comme le déséquilibre de contrôle, les conflits liés aux différences de perspectives, de priorités, de langage et de valeur (Israel, et al., 1998). Parmi les facteurs institutionnels, les divergences d’objectifs de chaque organisation participante

peuvent interférer avec le processus (Clément, et al., 1996). La structure à l’interne de l’organisation, voire même la compétition entre les requêtes institutionnelles, peut être défavorable aux pratiques participatives (Israel, et al., 1998). Les directions peuvent ne pas avoir d’expérience de participation (Asthana & Oostvogels, 1996; Zakus & Lysack, 1998), peuvent être soumises à des mouvements de personnel perturbant les interactions (Ndekha, et al., 2003). Parfois les modes de fonctionnement internes unidirectionnels, avec des prises de décision descendantes, favorisent peu des processus davantage interactifs (Wallerstein, 2006) où les relations se veulent nivelées comme dans les approches participatives. Par exemple, la rigidité des structures organisationnelles comme le National Health Service en Grande-Bretagne va à l’encontre d’un flux d’information bidirectionnel nécessaire pour les évaluations participatives (Reeve & Peerbhoy, 2007).

Des barrières culturelles et sociales sont aussi mises en avant dans les approches participatives avec les populations marginalisées (Asthana & Oostvogels, 1996; Campbell & MacPhaid, 2002; Valaitis, 2002). Israel (1998) discute des dynamiques sociales et politiques propres aux communautés et qui peuvent émerger lorsque les communautés doivent choisir leur représentant dans les projets participatifs. En effet, tous les bénéficiaires des projets ne peuvent souvent pas faire partie du processus de participation et sont représentés par des personnes élues, ou simplement identifiées par les chercheurs ou les évaluateurs (Lavigne Delville, 2000). Parfois, les participants de la communauté expérimentent des approches participatives particulièrement critiquées : les membres des projets de Seattle ne se sentent pas en confiance dans de tels projets où les intentions des chercheurs restent floues, leur expertise pratique n’est pas reconnue, leurs propositions restent lettre morte et où les interprétations par les chercheurs manquent d’appropriation culturelle (Sullivan et al., 2001).

Ces barrières, individuelles, techniques, relationnelles, organisationnelles et socio- culturelles et politiques, lors des interventions participatives sont appréhendées dans les évaluations. La pratique des évaluations participatives s’est modifiée pour que les rapports et le processus d’évaluation soient utilisés par les détenteurs d’enjeux en ajustant les formats et les mécanismes de diffusion, en adaptant les modes de communication aux audiences (Patton, 1997), en étant plus compréhensibles dans un contexte de contraintes

(Bamberger & Rugh, 2006) et parfois plus aisément lisibles en empruntant des formats rédactionnels comme celui de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS).