• Aucun résultat trouvé

91/676 CEE DITE DIRECTIVE « NITRATES »

3 E TAT DES LIEUX DE L ’ AGRICULTURE ET DES PRATIQUES AGRICOLES

3.2 P RESSIONS AZOTEES D ’ ORIGINE AGRICOLE ET NON AGRICOLE

Les activités agricoles sont traduites en termes de pressions en France et en ZV. Ces pressions sont liées aux apports d’azote minéral et d’azote organique, à leur adéquation avec le rendement obtenu (qui peut être estimé à travers le solde du bilan d’azote* calculé a posteriori), ainsi qu’aux pratiques de gestion des sols et des résidus de cultures.

Les données les plus récentes à l’échelle nationale sont issues du bilan de la mise en place de la directive nitrates en France (2008). Celles-ci s’appuient sur les données du ministère chargé de l'agriculture traitées à l’échelle régionale de 1994 à 2006 (approche à une échelle

« macro » à partir du cheptel, des ventes d’engrais suivies par l’Union des Industries de la Fertilisation (UNIFA) et des rendements moyens par région).

3.2.1 Les apports d’azote d’origine agricole

La quantité totale d’azote apportée en France s’élève à environ 3,5 millions de tonnes.

62% de l’azote total est apporté sous forme minérale : 2,2 millions de tonnes d’azote en 2006, en baisse de 300 000 tonnes au cours du 2nd programme d’action (2000-2003) et de 70 000 tonnes au cours du 3ème programme (2003-2006). Les formes organiques (effluents d’élevage<) représentent 38% des apports : 1,3 millions de tonnes, en baisse de près de 50 000 tonnes au cours du 2nd programme et de 40 000 au cours du 3ème programme, essentiellement dans le grand ouest de la France48.

Le recul enclenché depuis le début des années 1990 de la quantité des apports d’azote minéral (-12% de 2000 à 2006), se généralise à toute la France (Figure 26 et Tableau 6)49. Les apports minéraux ont augmenté en 2008 (+ 8 % par rapport à 2007) du fait d’une remise en culture partielle des jachères. Le Bassin Parisien fait office d’exception avec une augmentation des apports minéraux de 1994 à 2000, du fait que la surface cultivée, principalement en grandes cultures, augmente (les surfaces en légumineuses fixatrices d’azote disparaissent des rotations, mais elles sont minoritaires dans les apports en azote) ;

47 « Ensemble » couvre le territoire national (ZV et ZNV)

48 Bilan de la mise en œuvre de la directive nitrates en France, 10/2008

49 Voir aussi le site de l’UNIFA : carte des livraisons d’engrais en France http://www.unifa.fr/le-marche-en-chiffres/la-fertilisation-en-france.html, et évolution des livraisons depuis 1886 : http://www.unifa.fr/le-marche-en-chiffres/la-fertilisation-en-france.html

MINISTEREDEL’ECOLOGIE,DUDEVELOPPEMENTDURABLE,DESTRANSPORTSETDULOGEMENT EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DU PROGRAMME DACTION NATIONAL RELATIF A LAPPLICATION DE LA DIRECTIVE NITRATES

le critère qualité y est particulièrement recherché principalement pour les céréales (taux de protéines important dans le blé) ce qui entraîne des apports azotés plus élevés. Une stabilisation est néanmoins observée depuis 2001. L’augmentation de la quantité d’azote totale constatée dans le Bassin Parisien depuis 2003 est une conséquence de la fin d’obligation des jachères remises en cultures.

La majeure partie de la production d’azote organique provient pour les trois quart de l’élevage bovin. Les apports d’azote organique sont stables depuis dix ans, mais en nette diminution en Bretagne (Figure 27) due à une diminution conjointe des effectifs animaux, en lien avec une augmentation de la productivité, à la politique des quotas et aux crises sanitaires successives. Il ne faut pas négliger également le rôle de la réglementation interdisant l’augmentation des effectifs animaux dans les zones en excédent structurel. La diminution de la quantité totale d’azote apporté dans le Grand Ouest est liée à cette diminution très importante de l’azote organique. La diminution des apports d’azote organique est visible aussi dans le Bassin Parisien et dans le Sud-Ouest de la France, mais elle est due dans ces cas à une diminution des exploitations d’élevage au profit d’une spécialisation en grandes cultures.

Le bilan azoté est équilibré ou déficitaire dans les régions d’agriculture extensive du Massif Central, des Alpes et du pourtour méditerranéen. Il est excédentaire en Bretagne et Pays-de-Loire (élevage intensif) en Champagne-Ardenne et Centre (grandes cultures)50.

La dose totale d’azote minéral se stabilise à 75 kg/ha/an (2006) et celle en azote organique à 45 kg/ha/an, pour un apport total moyen de 120 kg/ha/an (Tableau 6).

Figure 26 : Evolution des apports minéraux par régions entre 1994 et 2006

Source : MAP, traité par le bilan de la mise en œuvre de la directive nitrates en France, 10/2008

MINISTEREDEL’ECOLOGIE,DUDEVELOPPEMENTDURABLE,DESTRANSPORTSETDULOGEMENT EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DU PROGRAMME DACTION NATIONAL RELATIF A LAPPLICATION DE LA DIRECTIVE NITRATES

Sogreah – juillet 2011 Page 48

Figure 27 : Evolution des apports organiques par régions entre 1994 et 2006

Source : MAP, traité par le bilan de la mise en œuvre de la directive nitrates en France, 10/2008

Région Apports agricoles (en tonnes) Exports des

cultures (t) Solde Tableau 5 : Quantités d’azote en jeu dans les grandes régions françaises, en 2006

Source : MAP, traité par le bilan de la mise en œuvre de la directive nitrates en France, 10/2008

Consommation d’azote (Kg / ha SAU)

Tableau 6 : Evolution de la consommation moyenne en azote total par région entre 2000 et 2006 Source : MAP, traité par le bilan de la mise en œuvre de la directive nitrates en France, 10/2008

MINISTEREDEL’ECOLOGIE,DUDEVELOPPEMENTDURABLE,DESTRANSPORTSETDULOGEMENT EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DU PROGRAMME DACTION NATIONAL RELATIF A LAPPLICATION DE LA DIRECTIVE NITRATES

3.2.2 Le solde du bilan azoté* en agriculture

Il existe une forte variabilité interannuelle du bilan azoté liée aux conditions climatiques de l’année (Figure 28) : une année caractérisée par une forte sécheresse généralisée comme 2003, se traduit par une augmentation généralisée des soldes d’azote, (rendements médiocres qui se traduisent par une baisse des exportations d’azote). En effet, l’absorption d’azote par les végétaux est conditionnée par différentes variables climatiques (pluviométrie et somme des températures).

Figure 28 : Evolution du bilan azoté en France entre 1994 et 2006

Source : MAP, traité par le bilan de la mise en œuvre de la directive nitrates en France, 10/2008 Une fois la variabilité corrigé (moyenne triennale glissante), le solde du bilan d’azote se révèle être en baisse au niveau national.

Figure 29 : Evolution de la moyenne triennale du solde azoté

Source : MAP, traité par le bilan de la mise en place de la directive nitrates en France, 10/2008

MINISTEREDEL’ECOLOGIE,DUDEVELOPPEMENTDURABLE,DESTRANSPORTSETDULOGEMENT EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DU PROGRAMME DACTION NATIONAL RELATIF A LAPPLICATION DE LA DIRECTIVE NITRATES

Sogreah – juillet 2011 Page 50

Figure 30 : Evolution de la pression azotée : solde du bilan azoté total par ha de SAU : moyenne de 1994 à 2004 - source : MAP, traité par le bilan de la mise en œuvre de la directive nitrates en France Le solde exprimé en % des apports est également en baisse depuis 1994 (Figure 31).

Figure 31 : Apports et solde du bilan azoté – Source : Agreste, UNIFA – Traitement : GraphAgri Remarque : Compte tenu du mode de calcul du bilan, l’utilisation de ses résultats ne peut aller au-delà du constat de l’intensité de la pression azotée. Il ne s’intéresse en effet qu’à l’azote total et ne prend en compte ni les restitutions au sol, ni la minéralisation de l’azote, ni son organisation ce qui rend impossible toute extrapolation en terme de rejets de nitrates vers les eaux.

3.2.3 Comparaison des apports agricoles à l’azote d’origine urbaine

Les apports d’azote d’origine urbaine51 sont près de 10 fois moins importants que les apports d’azote par l’agriculture. Avant traitement par les STEP, ces apports (340 188 tonnes d'azote) sont comparables au solde azoté agricole* (533 364 tonnes d’azote à l’échelle de la France).

51 La charge polluante retenue pour le calcul des apports domestiques en azote total est de 15 g d'N par jour et par habitant (ratio maximum fréquemment utilisé pour le calcul des émissions de charges polluantes).

MINISTEREDEL’ECOLOGIE,DUDEVELOPPEMENTDURABLE,DESTRANSPORTSETDULOGEMENT EVALUATION ENVIRONNEMENTALE DU PROGRAMME DACTION NATIONAL RELATIF A LAPPLICATION DE LA DIRECTIVE NITRATES

Il faut toutefois prendre en compte le fait qu’il existe un abattement de l'azote total par le traitement des stations d'épuration. En effet, après traitement, l’azote organique est transformé en biomasse de boues et en ammoniac par assimilation et ammonification. Il reste de l’ammoniac et des nitrates (issu de la nitrification de l’ammoniac). La proportion de nitrates et d’ammoniac dans l’effluent dépend de la capacité de nitrification / dénitrification de la STEP. Aucune valeur d’abattement n’a été appliquée compte tenu de la diversité des situations.

Tableau 7 : Comparaison entre apports d’azote d’origine agricole (2006) et rejets urbains (estimation sur la base de la population 2008, source : INSEE).