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C HAPITRE II 2 R ECENSION DES ECRITS

3. C ADRE CONCEPTUEL DE L ’ ETUDE

3.1 P HASES D ’ INTERVENTION EN SITUATION DE CRISE

Comme nous avons pu le voir dans la recension des écrits, le Plan national de sécurité civile du MSSS du Québec considère quatre phases à l’intérieur desquelles les intervenants ont à déployer différents services à la population lors de désastre. Lors du déploiement des services, les professionnels sont sujets à être confrontés à diverses situations qui peuvent influencer leur santé biopsychosociale ainsi que leur performance au travail. Selon le MSSS (2008), les quatre phases sont la phase de prévention, de préparation, d’intervention et de rétablissement. La phase de prévention inclut toutes les mesures ou les activités qui contribuent à diminuer ou à éliminer

les risques de sinistre ainsi qu’à atténuer leurs impacts potentiels (MSSS, 2008). De plus, c’est lors de cette phase que les intervenants vont mettre en place des activités qui permettent d’améliorer le bien-être de la population (ex. : lois, schémas, services sociosanitaires et communautaires) (MSSS, 2008). La phase de préparation inclut, quant à elle, toutes les mesures ou activités qui permettent aux citoyens, aux corporations, aux autorités gouvernementales, aux instances régionales et municipales ainsi qu’aux intervenants des CSSS de se préparer à l’éventualité d’un sinistre (ex. : préparer un plan, faire des exercices, convenir de mécanismes de décision et de coordination, réaliser des activités de formation) (MSSS, 2008). La phase de l’intervention inclut toutes les activités et mesures déployées lorsque survient un sinistre (ex. : le signalement, l’alerte, la mobilisation, les interventions, la gestion) (MSSS, 2008). Enfin, la phase de rétablissement inclus toutes activités et mesures qui permettent la restauration des infrastructures essentielles et un retour à la vie normale des sinistrés et des communautés (ex. : logement, alimentation, santé et services sociaux, indemnisation) (MSSS, 2008). La principale mission du volet psychosocial des CSSS du Québec lors de leurs interventions en situation de crise et de post-crise est d’utiliser une approche communautaire ayant pour but de minimiser les impacts psychosociaux ainsi que de faciliter un retour à la vie normale des sinistrés, de leur famille, des communautés, de la population et des intervenants.

Pour sa part, Leblond (1991) considère que les sinistres ou les tragédies comportent six étapes distinctes qui provoquent une série diverse de réactions chez les sinistrés et les intervenants. Ces six phases sont la phase d’avertissement d’un danger, la phase de danger, la phase d’impact, la phase d’inventaire et de sauvetage, la phase de rétablissement et la phase de reconstruction. La phase d’avertissement d’un danger est la période où les intervenants prennent connaissance de l’état de la situation. Cette nouvelle peut déclencher chez les professionnels divers sentiments tels que l’anxiété, l’inquiétude, le déni, la banalisation, le doute, la terreur, l’appréhension et/ou l’insécurité (Leblond, 1991). La phase de danger est le moment où l’événement est imminent. Cette situation, qui est hors de leur contrôle, peut déclencher chez les sinistrés et les intervenants des craintes pour leurs biens ou pour leur propre sécurité et celle de leurs proches (Leblond, 1991). C’est à ce moment qu’ils peuvent adopter des comportements de protection et de survie. Lors de la phase de l’impact, l’événement se produit entraînant la mort, des blessés et des bris. Les professionnels sont spectateurs de la situation en plein désarroi

(Leblond, 1991). Ensuite, la phase d’inventaire et de sauvetage est la période où les professionnels vivent des réactions paradoxales face aux événements qui viennent de se produire. À certains moments ils peuvent vivre de la peur et à d’autres être rationnels même distants émotionnellement de la misère des autres (Leblond, 1991). Pour ce qui est de la phase de rétablissement, il s’agit du moment où les professionnels se confrontent à la réalité en prenant conscience de l’ampleur des événements. Enfin, la phase de reconstruction est une période relativement longue où l’évolution vers la vie normale dépend des pertes vécues et du soutien apporté aux intervenants (Leblond, 1991).

Leblond (1991) ajoute qu’il est primordial d’apporter de l’aide autant aux professionnels qu’aux sinistrés, car les événements traumatiques peuvent avoir des répercussions sur tous les membres d’une communauté. De plus, certains facteurs propres à la réalité des intervenants travaillant en situation de crise sont des éléments à prendre en compte tels que la surcharge des responsabilités, les exigences physiques, mentales et émotives, les lieux de travail, les facteurs environnementaux, les ressources limitées ainsi que le niveau élevé d’attentes des victimes et de l’organisation envers leur rendement. Selon cet auteur, les organisations devraient offrir aux intervenants des séances de verbalisation et d’autres méthodes de soutien pour diminuer les retombées de leur implication en situation de crise (Leblond, 1991).

Pour ce qui est des notions théoriques tirées de l’ouvrage de Blaikie et ses collègues (2004), les facteurs qui facilitent ou non le travail des intervenants psychosociaux sont exposés selon la période pré-désastre et la période post-désastre. Ces auteurs ont traité des facteurs de protection et de risque liés au contexte, à l’organisation, à l’intervenant et aux clientèles rencontrées. Ils ont principalement axé leur recherche sur le rétablissement des professionnels en évaluant les causes liées à l’événement, mais ils se sont également penchés sur les facteurs sociaux et économiques qui peuvent avoir une influence importante sur leur rétablissement.

En ce qui concerne les facteurs de risque liés à l’organisation avant l’événement, il y a la non-reconnaissance de la vulnérabilité potentielle des intervenants, la non-transparence des exigences circonstancielles, l’émission d’attentes confuses des rôles et des responsabilités, la transmission de stratégies d’adaptation au stress inefficaces, le manque de ressources

disponibles, le non-renforcement du travail d’équipe ainsi que le manque de formations et de simulations pour l’intégration des acquis (Blaikie et al., 2004). Pour ce qui est des facteurs de risque liés à l’intervenant avant le désastre, ces auteurs considèrent que le manque de formations théoriques et pratiques, le déploiement de stratégies d’adaptation inefficaces, le manque de bagage expérientiel, un niveau élevé de stress perçu, le manque d’autonomie et le faible soutien social sont des éléments en prendre en considération lorsqu’on étudie la réalité des intervenants appelés à appliquer les mesures d’urgence (Blaikie et al., 2004).

Quant aux facteurs liés au contexte à la suite d'un désastre, il y a l’absence de signaux d’avertissements adéquats, le type et la nature du désastre, le degré d’incertitude, le moment du désastre, l’addition d'autres sources de menace, la familiarité avec les victimes ainsi que l’intensité élevée des exigences liées aux circonstances inhabituelles (Blaikie et al., 2004). Pour leur part, les facteurs de risque liés à l’intervenant suite au désastre sont le manque de formations, les attentes irréalistes et confuses quant aux rôles et responsabilités, le stress, le manque d’autonomie, un réseau social de soutien insuffisant, un climat organisationnel dysfonctionnel, l’exposition continue à des sources de menaces ainsi que le manque d’accès à des informations contextuelles claires et précises (Blaikie et al., 2004). Enfin parmi les facteurs reliés à l’organisation suite au désastre, il y a l’absence de formations en adéquation avec les besoins des intervenants, la déclaration d’attentes irréalistes et confuses quant aux rôles et aux responsabilités des intervenants, un soutien inadéquat suite à l’événement, la rotation du personnel, la coordination et la communication interorganisationnelle déficiente ainsi que le maintien de procédures bureaucratiques rigides (Blaikie et al., 2004). La figure 1 présente les divers éléments du cadre conceptuel de Blaikie et ses collègues (2004).

Dynamique de négociation potentielle du risque Dynamique de négociation effective du risque

Désastre

Période pré-désastre

Période post-désastre

Facteurs de protection ou de vulnérabilité reliés à l’organisation Facteurs de protection ou de vulnérabilité reliés à l’intervenant Facteurs de protection ou de vulnérabilité reliés au désastre Facteurs de protection ou de vulnérabilité reliés à l’intervenant Facteurs de protection ou de vulnérabilité reliés à l’organisation Reconnaissance de la vulnérabilité potentielle des intervenants Présentation transparente des exigences circonstancielles singulières Rôles et responsabilités Transmission de stratégies d’adaptation au stress efficace Transmission des ressources disponibles Renforcement du travail en équipe Formation et simulation Manque de formations théoriques et pratiques Rôles/responsabilités/ tâches Stress Autonomie Soutien social Déploiement de stratégies d’adaptation inefficaces Bagage expérientiel Absence de signaux d’avertissements adéquats Type et nature du désastre Degré d’incertitude Moment du désastre Addition d'autres sources de menace Familiarité avec les victimes

Intensité inhabituellement élevée associée aux exigences circonstancielles Manque de formations théoriques et pratiques Rôles et responsabilités Stress Autonomie Soutien social Climat organisationnel Exposition continue à des sources de menace Accès à des informations contextuelles claires et précises

Offre d’une formation en adéquation avec les besoins techniques et psychologiques des intervenants

Déclaration d’attentes irréalistes et confuses quant aux rôles et responsabilités des intervenants Rotation du personnel Coordination et communication interorganisationnelle déficiente Maintien de procédures bureaucratiques rigides

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