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C HAPITRE V 5 R ESULTATS

5.2 S ITUATIONS DE CRISE , DE TRAGEDIE OU DE SINISTRE LES PLUS FREQUENTES AU S AGUENAY L AC S AINT J EAN

En ce qui a trait à l’intervention de crise auprès d’un seul individu ou auprès d’un groupe restreint de personnes, les répondants affirment, qu’au cours des dernières années, ils ont surtout été appelés à intervenir à la suite de crises suicidaires pour l’application de la loi sur la protection des personnes dont l'état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui (Loi P-38) auprès de différents types d’individus dont les jeunes, les adultes, les personnes âgées, et les professionnels, à la suite de désorganisation de personnes souffrant d’un trouble de santé mentale, lors de crises familiales ou de problèmes psychosociaux multiples, par exemple, des individus ayant des problèmes de consommation abusive d’alcool ou de drogues tout en présentant des problèmes de santé mentale. De plus, les cinq groupes considèrent aussi qu’ils interviennent régulièrement dans les hôpitaux et dans les milieux publics d’hébergement à la suite des événements suivants : mort subite du nourrisson, décès dû à la maladie ou à la vieillesse, décès lors d’une opération, don d’organes, agressions physiques d’un patient envers les employés et fugues de patients souffrant de pertes cognitives ou de problèmes de santé mentale. Toujours en ce qui a trait à l’intervention en situation de crise, tous les groupes rencontrés ont également mentionné être déjà intervenus à la suite de différents types d’accidents (ex. : de la route, maritimes, de motoneige, domestique ou de travail dans les usines). Certains groupes (n=2) ont aussi mentionné l’intervention auprès de victimes d’agressions physiques ou sexuelles, d’homicides, de prise d’otages et de séquestrations. Au cours de leur carrière, certains répondants ont également dû intervenir simultanément auprès de plusieurs individus à la suite de situations de tragédie et de sinistre. Certains intervenants ont été obligés d’intervenir auprès de personnes touchées par la fermeture subite (définitive ou à la suite d’un lock-out) d’usines ou de commerces ainsi que de centres d’hébergement et de résidences privées pour aînés (n=2). Pour ce qui est des événements affectant un plus grand nombre d’individus, tous les groupes rencontrés ont déjà eu à intervenir à la suite d’inondations et d’incendies majeurs dans des résidences privées ou publiques pour aînés, dans des immeubles à logements multiples ainsi que dans des usines, des écoles et des commerces. Certains événements ont également forcé des intervenants à appliquer les mesures d’urgence, dont des glissements de terrain (n=1), des tempêtes de verglas (n=2) des émanations toxiques (n=1) et les campagnes de lutte à la pandémie H1N1 et de propagation de l’influenza (n=1).

Les situations de crise, de tragédie ou de sinistre rencontrées par les intervenants psychosociaux peuvent être regroupées en trois grands types de crises dont les crises situationnelles psychosociales, les crises psychopathologiques et les crises psychotraumatiques (Séguin, Brunet, & Leblanc, 2006). Les crises situationnelles psychosociales sont des crises liées à une situation problématique qui demeure dans les frontières de la normalité, par exemple, les pertes (ex. : ruptures, deuils) ou les événements de transition (ex. : déménagement, changement d’école ou d’emploi) (Séguin, Brunet, & Leblanc, 2006). Les crises psychopathologiques sont quant à elles des crises liées à une réaction émotionnelle intense d’une personne ayant des antécédents qui la positionne dans un état de grande vulnérabilité, par exemple, une personne ayant des antécédents de problèmes de santé mentale ou de consommation abusive de psychotropes (Séguin, Brunet, & Leblanc, 2006). Quant aux crises psychotraumatiques, elles sont liées à des événements soudains, imprévisibles et violents qui menacent l’intégrité physique et morale d’une personne, par exemple, les tragédies et les sinistres (Séguin, Brunet, & Leblanc, 2006). À la lumière du discours des répondants, il est possible de constater que les événements les plus fréquents au Saguenay-Lac-Saint-Jean requérant l’implication des intervenants sont davantage des situations de crise ou de tragédie que des situations de sinistre. Parmi les situations de crise et de tragédie les plus souvent rencontrées par les intervenants, les crises les plus fréquentes sont celles de type psychotraumatique. Le tableau 4 présente les types de crises nommés au moins une fois dans les différents groupes de discussion en fonction des catégories de crises suggérées par Séguin, Brunet et Leblanc (2006).

Tableau 4

Types de crises nommés au moins une fois par les répondants Crises situationnelles psychosociales Crises psychopathologiques Crises psychotraumatiques • Crises familiales (n=5) • Décès dû à la maladie ou à la vieillesse (n=5)

• Décès lors d’une opération médicale (n=5) • Don d’organes (n=5) • Crises suicidaires et application de la Loi P-38 (n=5) • Désorganisation de personnes souffrant d’un trouble de santé mentale (n=5) • Problèmes psychosociaux

multiples (ex. : des individus ayant des problèmes de consommation abusive

d’alcool ou de drogues tout en présentant des problèmes de santé mentale) (n=5)

• Fugues de patients souffrant de pertes cognitives ou de problèmes de santé mentale (n=5)

• Accidents de la route (n=5) • Accidents maritimes (n=5) • Accidents de motoneige (n=5) • Mort subite du nourrisson (n=5) • Accidents domestiques (n=5) • Accidents dans des usines (n=5) • Agressions physiques (n=2) • Agressions sexuelles (n=2)

• Agressions physiques d’un patient envers les employés (n=5)

• Homicides (n=2) • Prise d’otage (n=2) • Séquestration (n=2)

• Fermeture subite (définitive ou à la suite d’un lock-out) d’usines (n=2) • Fermeture de commerces (n=2) • Fermeture de centres d’hébergement

ou de résidences privées pour aînés (n=2)

• Inondations (résidences privées ou publics pour aînés, immeubles à logements multiples, usines, écoles ou commerces) (n=5)

• Incendies majeurs (résidences privées ou publics pour aînés, immeubles à logements multiples, usines, écoles ou commerces) (n=5) • Glissements de terrain (n=1)

• Tempêtes de verglas (n=2) • Émanations toxiques (n=1) • Campagne de lutte à la pandémie

H1N1 ou de propagation de l’influenza (n=1)

En plus de ces événements traumatiques qui se sont déjà produits, les répondants estiment que d’autres situations sur leur territoire sont sujettes à se produire en raison des changements climatiques et de la présence d’un aéroport, d’une base militaire, d’usines, du trafic maritime, de la pêche sur glace, de rassemblements de jeunes ou de foules ainsi que de spectacles aériens.

Parce que les sinistres majeurs, il ne faut pas oublier qu’il va en avoir de plus en plus avec les changements climatiques (…) on a un aéroport, on a une base militaire, il pourrait arriver un écrasement d’avion, une explosion. Il y a des bateaux, il y en a des affaires qui peuvent arriver. On a beaucoup de facteurs de risque. Il y a plusieurs usines (…) il y a des foules, le spectacle aérien (…) La pêche sur glace, c’est tout un plateau. (Groupe 5)

Selon eux, les changements qu’a connus notre société depuis les dernières décennies tels que la montée de l’individualisme, le développement technologique fulgurant et l’apparition des nouveaux médias sociaux créent de nouvelles dépendances et/ou des problématiques auxquelles ils n’ont pas de modèles de références pour intervenir.

La société a évolué. Si on regarde les réseaux de soutien des gens qu’on aide, il y en a de moins en moins. Maintenant il y a de l’isolement (…) les changements aussi avec l’introduction de toute la problématique de toxicomanie, de dépendance au jeu, des drogues et même de la cyberdépendance. Il y a des nouvelles problématiques qui s’ajoutent (…) on est vraiment en période de changement avec aussi les nouveaux médias sociaux et on n’a pas de repères antérieurs. C’est de la nouveauté donc on doit s’adapter à tout ça. (Groupe 1)

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