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En ce qui concerne l’insertion du J4 dans le projet de la Cité de la Méditerranée, il sera mis en avant comme pôle culturel. On y trouvera ainsi divers équipements culturels, publics et privés.

Parmi ces derniers, le Mucem est celui qui devra agir comme symbole – selon les termes du maire – à l’entrée de la ville.

Le Mucem

Le Mucem - Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée – est la première délégation depuis Paris d’un musée d’état. Cette délocalisation émane d’une décision de l’Etat dont la volonté est de soutenir la ville de Marseille dans la programmation d’équipements structurants. Ceux-ci ont pour fonction d’accélérer le processus de métropolisation ; ils font partie intégrante du schéma de référence d’Euroméditerranée (2000, pp. 6-9). Le musée s’installera pour une partie dans le Fort St-Jean – qui doit être réhabilité à cet égard – et pour une autre partie sur le môle J4, dans un nouveau bâtiment. Une passerelle devra faire le lien entre le Fort St-Jean et le nouveau bâtiment, passerelle sous laquelle sera creusée une darse qui « remettra en eau » le Fort St-Jean et pourra recevoir divers événements aquatiques en lien avec le musée.

Il a donc pour mission d’être un des éléments phares de la ville-port, bien que l’architecte assure que le musée « ne sera pas un bâtiment impérialiste. Entrer dans le Mucem, ce sera comme une expérience initiatique : on découvrira le lieu au fur et à mesure que l’on montera dans les étages.

Mais on pourra aller sur le toit pour admirer le panorama sans passer par le musée » (site du journal Le Point). Un restaurant devrait d’ailleurs voir le jour sur le toit. R. Ricciotti, architecte lauréat du Mucem, affirme vouloir « démuséifier » le musée, en permettant au gens de s’y promener sans forcément visiter les expositions. Sorte de « casbah » moderne, « ce projet se caractérise par un volume parallélépipédique, d'emprise carrée de 72 m. de côté. Il sera enserré par une résille de béton perforée, sur le modèle d'une roche marine » (site Euromed). L’architecture du bâtiment respecte la monumentalité de l’endroit en s’effaçant quelque peu par rapport au Fort St-Jean. Jean-Claude Gaudin relevait en 2004, après que le projet de R. Ricciotti ait été choisi, qu’ «à cet endroit de Marseille, il n’était pas possible d’ériger un Opéra de Sydney ou cet œuf que l’on voit dans certaines villes, les habitants n’auraient pas aimé quelque chose d’avant-garde»67. Mais ne lit-on pas sept ans avant dans le Monde que « Renaud Muselier exhibe un magnifique projet en forme d’œuf qui devrait faire autant d’effet que l’opéra de Sydney, devenu le mythe marseillais à la mode, et parle de ‘cité de la mer’ » (21/10/1997, p. 12) …

Figure 23 Le Mucem sur le J4 et le Fort St-Jean, image de synthèse Source : Euroméditerranée

67 Voir article L’unanimité partielle pour Ricciotti du 26/02/2004, consulté en ligne sur http://www.batiactu.com/data/26022004/26022004-191828.html

Si la ville se réclame allégrement de son contenant, le contenu reste encore flou. L’on sait cependant qu’il va récupérer les collections de l’ancien Musée national des Arts et Traditions Populaires situé au Bois de Boulogne à Paris. Euroméditerranée nous annonce qu’une « nouvelle muséographie sera crée reposant sur une exposition permanente de référence, des expositions temporaires traitant des grandes questions de société, un espace Forum ainsi qu'un pôle culturel en relation avec les autres équipements publics de la Cité de la Méditerranée. », à l’instar du Musée des civilisations de Québec, installé sur le front d’eau depuis 1988. Comme ce dernier, le Mucem cherche à faire le lien entre le passé, le présent et l’avenir, afin de stimuler une vision dynamique de l’espace marseillais : « il sera à la fois un musée, un lieu de recherche (chercheurs associés, médiathèque), mais aussi un lieu de débat (forum, conférences) et de rencontres (cafés, terrasses), ouvert « jusqu'à 21 ou 22 heures » (20 Minutes 4.4.06). Comme déjà dit, des expositions de préfiguration existent depuis 2003 au Fort St-Jean. Une de ces expositions portait sur Alger et était représentative des relations à entretenir entre Europe et Méditerranée. Pourtant, d’après Martine Derain, le maire de Marseille ne s’est pas déplacé en personne pour l’inauguration de cette exposition, alors que des personnalités d’Alger avaient fait le déplacement. Cette absence serait-elle représentative du manque de vision politique ? Pour Martine Derain, c’est effectivement le cas ; elle souligne d’ailleurs le grand potentiel commercial entre Marseille et Alger, potentiel jamais mis en œuvre (entretien).

Alors que son financement et sa concrétisation n’étaient pas encore assurés il y a une année, un protocole d’accord a été signé le 4 juillet 200668 entre les différents partenaires d’Euroméditerranée, savoir l’Etat, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), le département des Bouches-du-Rhône et la ville de Marseille. Le coût du projet, incluant la réhabilitation du Fort St-Jean, la construction du nouveau bâtiment et un centre de conservation des archives du musée dans le quartier de la Belle-de-Mai – est de 146.30 mio d’euros. L’Etat finance la majorité du projet, à hauteur de 100.91 mio d’euros, puis la région, le département et la ville participent chacun par 15.13 mio d’euros. Le Mucem sera inauguré avec deux ans de retard, soit en 2010 au lieu de 2008. On impute ce retard à diverses raisons : « l’âpreté des négociations financières » (Le Moniteur-Expert.com 20/06/06), mais également la candidature de Marseille à la Coupe de l’America, qui a profondément remis en cause les projets sur le front d’eau (20 Minutes de Marseille, du 19.06.06) ou de manière plus pragmatique, le retard pris sur les autres chantiers qui doivent être terminés avant de commencer celui du musée.

Les autres équipements culturels du J4

A côté du Mucem seront également installés deux autres équipements à vocation maritime : - le Centre de la Mer, « grand équipement scientifique et technologique » censé accueillir

des expositions sur le thème de la mer, sur les métiers et les activités maritimes. Des animations et des conférences devraient également y avoir lieu.

- la Villa de la Méditerranée, projet émanant du Conseil Régional ;

Ces projets font eux aussi partie de la programmation d’équipements structurants, soutenus par l’Etat et les collectivités régionales. Nous n’irons pas en détail dans la description de ces projets, étant donné le manque de données précises à leur sujet, aussi bien au niveau du contenant que du contenu. Notons d’ailleurs que les projets sur le J4 n’ont pas été clairement définis dès le départ.

Euroméditerranée évoque à ce titre sur son site internet l’implantation d’un aquarium, de même qu’un cinéma IMAX. Selon Anne Castanet (entretien), ces deux éléments ne semblent néanmoins plus être à l’ordre du jour. Un complexe cinéma va tout de même être implanté dans la zone de la

68 Source : discours et communiqués du Ministère de la culture et de la communication, consulté en ligne sur http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/communiq/donnedieu/mucem06.html

Joliette (complexe de seize salles exploité par la société du réalisateur Luc Besson, Europa Corp.).

De même, le schéma de référence actualisé mentionne la création « d’équipements de valorisation » (p. 16) dont il est difficile d’obtenir des informations aujourd’hui.

1.5 Les Terrasses du Port

Entre Sud et Nord de la Cité de la Méditerranée, les activités commerciales et récréatives se centreront principalement sur « les Terrasses du Port » qui se situeront sur le domaine portuaire, en face des Docks de la Joliette. Ces dernières se déclineront en un vaste ensemble ludico-commercial d’une surface de 41'000 m2 destinée aux passagers ferries et aux croisiéristes, mais aussi à un public large de consommateurs, spécifiquement adapté à une classe moyenne (on pense là notamment à la

population qui devrait s’installer sur la Rue de la République une fois cette dernière rue réhabilitée). De plus, 13’000m2 de terrasses animées sont également prévues. Bien que, comme le relève Anne Castanet (bureau Kern entretien), Euroméditerranée ait repris à son compte ce projet, c’est pourtant bien le port qui en est le concepteur. Ce dernier s’est occupé de l’appel à projet en 2003, pour la mise en place d’un « volume capable » (site PAM), c'est-à-dire d’un volume en sur-sol, de même que de parkings en sous-sol. Le bureau d’architectes Kern, lauréat du concours, s’est vu attribuer le projet. L’investissement prévu de 250 millions d’euros est réalisé par une société néerlandaise (ForumInvest).

Le projet devait absolument répondre aux exigences du PAM, telles que ce dernier les définit :

o intégration du projet à la gestion des flux de voyageurs embarquant et débarquant sur le port.

o maintien du « potentiel d’adaptation à l’évolution des conditions d’exploitation portuaires et au développement de l’activité « Voyageurs » du P.A.M »

o implantation d’activités tertiaires – commerciales, mais aussi culturelles et récréatives –

« à destination des voyageurs embarquant sur le port, valorisant et fixant le passage via Marseille »

o conservation du principe de domanialité sur le port, à savoir l’inaliénabilité et l’imprescriptibilité des emprises portuaires.

Au vu de ces exigences, une structure en pilotis est absolument nécessaire, puisqu’il n’est pas possible de construire directement à même le sol du domaine portuaire inaliénable ; la surface au sol doit rester utilisable pour les activités actuelles (passage des véhicules en direction des ferries, par ex.). Les Terrasses du Port doivent répondre aux besoins des voyageurs avant tout, mais seront également accessibles à des personnes venant de l’extérieur du port.

Figure 24 Les Terrasses du Port, image de synthèse Source : Foruminvest, bureau Kern