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VILLE ET URBANISATION

I. 2.3.1.5.Centre/accessibilité

I.4. Le processus d’urbanisation en Algérie

I.4.1. Lecture géospatiale de la ville algérienne

I.4.1.3. La période postcoloniale

Après le départ des colons, la ville algérienne a connu une urbanisation très accélérée qui résulte du croit naturel, l’explosion démographique et de l’exode rural vers la ville, en tant que lieu de progrès, et de création de richesses et de ressources. Elle résulte aussi des

Tableau. I. 1: Évolution de la population urbaine (période coloniale). Source : CNES, avril 1995

Première partie Chapitre I

L’Algérie subit des transformations urbaines dans son organisation spatiale, dues à l’accélération de l’urbanisation qui s’est effectuée notamment après le découpage administratif de 1974, celui-ci a changé les organisations et les maillages territoriaux, cela a donné l’opportunité aux petits centres ruraux pour devenir urbains. (Côte M., 1986). Des nouveaux modes d’urbanisations qui correspondent aux nouveaux programmes d’habitat sous la forme de ZHUN et la politique des lotissements en faveur des réserves foncières communales. C’est ainsi que l’urbanisation s’est effectuée, entre 1979 et 1980, autour des programmes ZHUN, (Zones d’habitations urbaines nouvelles). Définies par une instruction ministérielle, n° 0335 du 19 février 1975 N° 2015 du 21 février 1975 et 519 du 8 mars 1975.

Celles-ci avaient pour objectifs de réaliser rapidement des logements collectifs, de leurs équipements et services et aussi de mettre un terme à toutes les formes de spéculation du logement social et à protéger, en même temps, les terres agricoles contre une urbanisation non planifiée et non contrôlée. Les ZHUN marquent les paysages bâtis de toutes les villes algériennes par la standardisation d’une morphologie de petits immeubles de cinq étages. À côté des zones industrielles, la multiplication des coopératives immobilières, dans la foulée des textes portant sur la municipalisation des terres urbanisable et celle, plus tardive des

1977 6.686.785 10.261.215 16.948.000 40.0

1987 11.444.249 11.594.693 23.038.942 49.6

1991 13.112.000 12.829.000 25.939.000 50.5

1997 15.800 14.481 30.281 52.2

Tableau. I. 2 : Évolution de la population urbaine après l’indépendance. Source : CNES, octobre 1997

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50 Les conséquences sont multiples, un impact direct sur la croissance des villes par le fait que la taille de certaines petites et moyennes villes a doublé et les grandes villes ont connu un stade très avancé de l’étalement urbain et une expansion inédite, créant un déséquilibre entre le centre et la périphérie qui peut aller jusqu’à des ruptures entre l’ancien tissu et les nouvelles extensions répétitives et monotones. De même, la morphologie de la ville a été complètement modifiée. En outre, l’absence d’une politique de contrôle a abouti à une urbanisation trop rapide et désordonnée, entraînant un développement anarchique des bidonvilles. La mauvaise consommation de l’espace, la mauvaise qualité du cadre bâti, produite dans l’urgence et sous la pression des besoins. Aux grands ensembles inadaptés produits par les états dans le cadre du développement planifié du mythe du décollage économique et de maîtrise de l’urbanisation par la planification, s’ajoutent des ensembles urbains dits illicites.

La ville s'accroissant par un habitat planifié a reproduit des extensions urbaines avec zones résidentielles (ZHUN, lotissements), zones d'équipements et zones industrielles. Ce qui a renforcé la division de la ville en zones monofonctionnelles. Des rues et des espaces publics séparent des unités d’habitations. La conséquence est un tissu urbain discontinu et désarticulé, avec la production de microforme de ségrégation sociale dans ces grands ensembles d’habitat collectif. (Safar-Zitoun M., 2010)

L’état algérien s’est désengagé de nombreux secteurs entre 1980 et 1990, notamment de l’habitat social. Cela a généré une pénurie apparente de logements. Ainsi, le bâti populaire colonise de plus en plus les périphéries des villes algériennes. Aussi, il a abandonné la prise en charge des besoins sociaux des couches les plus modestes.

Suite au désengagement de l’état aggravé par l’insécurité due au terrorisme des années 90, l’exode de la peur et l’exclusion des citadins se sont amplifiés et font augmenter l’apparition des poches de pauvreté où se regroupent les populations démunies exclues de la ville et de l’accès au foncier urbain. Cette situation est traduite par une extension de l’informel et l’aggravation de la ségrégation sociale. B. Semmoud qualifie cette période comme correspondante à une situation où la ville connait un éclatement important, se desserre dans les espaces centraux ou péricentraux et introduit de nouvelles formes ségrégatives.

(Souiah S.A., 2010)

Face à cette situation et dans le souci de maîtriser cette croissance urbaine, un nombre d’outils et d’instruments d’urbanisme ont été mis en œuvre comme moyens d’étude, de gestion, de régulation et de contrôle du développement du tissu urbain. L’année 87 a vu la stipulation de la loi 87-03 du 27 janvier 1987 relative à l’Aménagement du Territoire, elle a

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51 défini les grands axes d’aménagement du territoire, soit au niveau national, régional et de wilaya, à travers des instruments d’aménagements (SNAT, SRAT, PAW). L’évolution du territoire et son occupation continuent à se développer selon le laisser-faire, le chaos et une tendance spontanés, aucune stratégie pour gérer les villes et les contrôler et donc les flux de populations et l’urbanisation se poursuit de manière anarchique. Une autre politique de ville nouvelle en Algérie a vu le jour et s’inscrit dans les dispositions de la loi 87-03 du 27 janvier 1987 relative à l’aménagement du territoire. Avec l’évolution du monde économique et l’ouverture de l’Algérie sur l’économie de marché, une série de textes sont apparus dans les années 90, dont:

-La loi n° 90-25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière a été promulguée pour mettre fin aux dispositions des réserves foncières communales, et garantir le droit de propriété et l’indemnisation juste et équitable en matière d’expropriation pour cause d’utilité publique.

-La loi n° 90-29 du 1er décembre 1990 relative à l’aménagement et l’urbanisme met en place des instruments d’aménagement et d’urbanisme, le Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (PDAU) en tant qu’instrument de planification et de gestion urbaine à l’échelle du territoire communal ou intercommunal et les Plans d’Occupation des Sols (POS) en tant qu’instruments de prescription des droits à construire. Des dispositions réglementaires liées à l’application de cette loi sont précisées par plusieurs textes :

-Le décret exécutif n°91-175 du 28 mai 1991 définissant les règles d’aménagement, d’urbanisme et de construction.

- Le décret exécutif n°91-176 du 28 mai 1991 fixant les modalités d’instruction et de délivrance du certificat d’urbanisme, du permis de lotir, du permis de construire, du certificat de conformité et du permis de démolir.

Et l’abandon des prix «administrés» et l’adoption du principe de l’alignement des coûts et des prix de cession des biens fonciers et immobiliers sur les prix du marché. (Safar-Zitoun M., 2010)

Des problèmes de contrôle se posent, de l’application des règlements d’urbanisme. Les habitants ne respectent pas les procédures réglementaires d’urbanisme et produisent alors un habitat de type populaire aux faibles prix fonciers généralement sur la périphérie de la ville.

L’espace urbain algérien hérité de la colonisation se caractérisait par une littoralisation de l’urbanisation et par une concentration excessive de la population dans le nord du pays alors que les régions des Hauts Plateaux et surtout ceux du Sud restaient relativement

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52 dépeuplés. Une forte croissance démographique a marqué les deux premières décennies de l’Algérie indépendante. Elle a été accompagnée d’un exode rural et de flux migratoires importants qui ont entraîné un accroissement considérable de la population urbaine et une densification de l’espace urbain algérien. Durant la décennie 1990, bien qu'un ralentissement de la pression démographique ait été enregistré, ce processus d'urbanisation a été accentué par l’exode rural amplifié par la situation sécuritaire vécue par les campagnes algériennes.

(O.N.S, 2011).