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Notions liées aux individus 1.Exclusion et inclusion 1.Exclusion et inclusion

CONCEPTS ET MESURES

II.1. Processus et formes socio-spatiaux des villes

II.1.2. Notions liées aux individus 1.Exclusion et inclusion 1.Exclusion et inclusion

Vasconcelos (2013) explique que pour Fassin (1996), la notion d’exclusion est originaire de France et qu’elle est liée à la configuration de l’espace social du « dedans/ dehors ». En effet, les pauvres ont été exclus des aires centrales des villes françaises valorisées en fonction de leur caractère historique et commercial, à l’inverse des villes nord-américaines. Les pauvres de Paris avaient déjà été exclus du centre, en grande partie, lors des travaux du baron Haussmann. Actuellement les exclus habitent surtout dans de grands ensembles périphériques.

Cette situation s’est détériorée avec l’augmentation des immigrants venus des anciennes colonies, surtout d’Afrique du Nord, notamment de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie.

Selon ce même auteur, l’exclusion serait aussi synonyme de bannissement et d’expulsion.

Castel (1998) rappelle cependant qu’il n’y a personne en dehors de la société, ceux que l’on considère comme exclus seraient plutôt des chômeurs, des jeunes et des populations mal scolarisées, mal logées, mal soignées et mal considérées.

L’inclusion est le processus inverse de l’exclusion, non nécessairement visible dans les formes spatiales. Par exemple, les politiques visant l’accès des habitants des aires périphériques aux aires centrales grâce à l’amélioration des systèmes de transport comme dans le cas de la région de Paris où les trains souterrains à grande vitesse permettent l’accès

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67 rapide de ces habitants aux équipements et aux commerces et services de la capitale française.

D’autres politiques peuvent modifier les formes spatiales. En France, la notion de mixité est utilisée pour décrire le mélange de fonctions et de populations différenciées. Aussi dans les années 1960, Jane Jacobs proposait ce genre de politiques pour les villes nord-américaines.

Par exemple à transporter de jeunes étudiants des aires ségréguées vers les écoles de meilleure qualité dans des quartiers voisins.

II.1.3.Notions liées aux individus et aux espaces II.1.3.1. Apartheid

La séparation de la majorité noire africaine dans leurs villes est définie par les blancs sud-africains comme une notion spécifique de la ségrégation. Dépassant la ségrégation officielle, elle est plus rigide qu’aux États-Unis, avec la séparation des blancs, métis, Indiens et noirs. La notion d’apartheid a conduit à une forme spatiale résultante de l’interdiction aux Africains noirs (qui ont leur culture et langue propres) de résider dans les villes. Ils pouvaient y travailler sous le contrôle de passeports internes. Ceci oblige les Noirs à rester en dehors des villes, au contraire des autres groupes qui, bien que séparés, vivaient à l’intérieur des villes sud-africaines, comme les métisses qui parlent la même langue que les descendants hollandais.

II.1.3.2. Auto-ségrégation, groupement et fortification

L’auto-ségrégation est le résultat d’un processus de ségrégation volontaire qui se traduit par le faite d’un rassemblement de la part de groupes socialement homogènes. Le meilleur exemple est celui des lotissements fermés et copropriétés, avec leur entrée restrictive, leurs murs et leurs systèmes de sécurité. Ce phénomène est mondial. Ce processus peut se produire à l’intérieur de villes denses ou autour des villes. Il caractérise « l’antiville » dans la mesure où il crée des ruptures dans le « tissu urbain » et pose des obstacles ou des empêchements à la libre circulation. Ces enclaves sont souvent réalisées de manière illégale par les promoteurs ou par les propres habitants qui ferment des lotissements qui ne sont pas, en droit, des copropriétés, et dont la fermeture empêche la libre circulation sur des voies publiques.

Le terme groupement réunit des notions d’agrégation, d’agglomération de congrégation et de concentration spatiale .Ces notions s’appliquent aussi aux activités économiques. C’est par ces processus que certains groupes sociaux préfèrent se séparer des autres. Par exemple des groupes ethniques et religieux chez les Juifs orthodoxes. Conserver leurs caractéristiques

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68 culturelles et religieuses. Ce phénomène s’observe aussi dans les villes islamiques. Il peut aussi se produire un processus de substitution de communautés ethniques.

La notion de fortification, très proche du groupement, est plus utilisée dans le sens de la formation de citadelles.

.II.1.3.3.Polarisation socio-spatiale et dualisation

Dans les villes nord-américaines, ce sont les classes moyennes et supérieures qui vivent dans la périphérie, tandis que les plus pauvres résident dans les aires centrales les plus précaires. En fonction de la croissante polarisation sociale, les classes moyennes diminuent alors que le nombre de riches augmente. Le nombre de pauvres, de emplois et de sans-toit s’est aussi accru en fonction de la crise économique et de la précarisation de l’emploi. Les villes européennes souffrent aussi de processus de polarisation sociale bien que sous d’autres formes spatiales, dans la mesure où les aires centrales sont plus valorisées.

La notion de dualisation est liée à l’idée de la «ville duale» a été remise en évidence.

Vasconcelos, (2013) explique que pour certains auteurs comme Mollenkopf et Castells (1991), la ville duale serait une notion idéologiquement utile parce qu’elle dénonce les inégalités, l’exploitation et l’oppression dans ces villes. En fait, dans la perspective spatiale, le dualisme renvoie à l’opposition entre les aires de classes moyennes blanches situées à la périphérie et les aires à forte présence de minorités ethniques et/ou cultures immigrantes autour des centres.

II.1.3.4.Gentrification et invasion

La notion de gentrification, ce mot vient de l’anglais « gentry » signifiant petite noblesse, a été créée par Glass, en 1964, pour décrire le mouvement d’invasion des quartiers ouvriers de Londres par les classes moyennes. Plus tard, il s’est étendu aux aires situées autour du centre, surtout celles comprenant un patrimoine historique ou même des fabriques abandonnées.

Cette invasion par des artistes et même des familles de classe moyenne sans enfants entraîne la valorisation des immeubles et l’expulsion des habitants originels. Ce processus peut aussi être impulsé par l’État au travers de programmes de rénovation comme à Salvador, où des aires résidentielles pauvres ont été transformées en aires commerciales...etc.

La notion d’invasion a été utilisée par les sociologues de l’École de Chicago pour décrire l’invasion d’une aire déjà occupée par des habitants d’un groupe arrivé depuis peu. Dans les pays pauvres, les résultats de ce processus d’invasion ou d’occupation de terrains par des individus, familles ou mouvements sociaux prennent des appellations diverses : favelas,

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69 bidonvilles...etc. Ces aires sont considérées comme ségréguées, elles sont le résultat de l’action de la population plus défavorisée qui occupe des espaces moins valorisés de la ville.

Elles se situent sur des collines, le long des voies ferrées, des périphéries lointaines…etc.

II.1.3.5. Marginalisation et périphérisation

Vasconcelos, (2013) explique que, selon Fassin (1996), la notion de marginalisation a été appliquée en Amérique latine et sa configuration dans l’espace social est du type centre/périphérie. Selon Paugam (2009) la marginalisation sociale caractériserait des personnes fragiles, qui ne disposent ni de revenus liés ou dérivés d’un emploi régulier ni d’allocations d’assistance. Sur le plan spatial, la notion de marginalité correspond à la dualité centre-périphérie, typique de la plupart des villes des pays pauvres, où les aires centrales sont mieux équipées et dotées d’infrastructures tandis que les marges connaissent l’inverse. Ces marges sont aussi appelées périphéries.

La notion de périphérisation au Brésil se substitue à celle de marginalisation spatiale. Elle évoque aussi la dualité centre-périphérie, mais ne reflète pas la complexité des villes, dans la mesure où les pauvres s’installent aussi autour des centres. Elle est souvent confondue avec la notion d’exclusion ou apparait comme synonyme de pauvreté. Il faut rappeler que la population, bien que repoussée à la périphérie, n’est pas ségréguée. Comme l’État n’investit pas suffisamment dans les logements sociaux (ni dans les infrastructures et équipements urbains) et comme une grande partie de la population ne remplit pas les conditions pour profiter des programmes sociaux à cause de l’irrégularité de ses revenus, elle va habiter les espaces périphériques.

II.1.3.6.Relégation

Ce processus caractérise des aires abandonnées, surtout par l’État. Il a notamment été étudié par Amendola (2000) cité par Vasconcelos (2013). Il décrit des aires de la ville que l’on ne visite pas, des aires inconnues et perçues comme dangereuses. En partie à cause de l’illégalité des occupations et de l’irrégularité de celles-ci, l’État ne se sent pas obligé d’y investir comme dans les autres parties de la ville. L’accès difficile de ces aires ne facilite pas non plus l’action de l’État.

II.1.3.7.Déségrégation et ségrégation

La déségrégation représente le processus inverse de la ségrégation c’est-à-dire la sortie d’une partie de la population du ghetto noir observée par exemple dans les villes nord-américaines. Cette notion a été proposée par Marcuse (2006) cité par Vasconcelos (2013), et

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70 se réfère à l’élimination des barrières contre la libre mobilité des résidents d’un ghetto. Les politiques de discrimination positive et l’élimination des barrières ont permis aux Noirs des classes moyennes et supérieures de sortir des anciens quartiers noirs. En contrepartie, des hyperghettos se sont constitués dans les aires abandonnées. Comme conséquence, la prédominance de la criminalité et l’absence de familles stables et de figures représentatives des communautés qui pourraient servir d’exemples alternatifs.