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B) Les mécanismes de cohésion

3. OUTILS DE DESCRIPTION ET D’ANALYSE

3.1 Paramètres prosodiques

Quelques paramètres prosodiques de chaque extrait sont observés, décrits et analysés. Comme il est mentionné dans le chapitre II, il existe des outils informatiques permettant de mesurer ces éléments. Cet apport technique ne sera pas utilisé dans ce travail pour les raisons suivantes :

Au vu de l‟ancrage théorique des questions posées dans ce travail, on doit admettre que l‟énonciateur est un acteur qui pilote et qui opère des choix. De ce fait, on peut penser que l‟action prosodique que celui-ci produit, ne procède pas par la mise en évidence vocale de syllabes et de mots isolés mais elle s‟exprime en rapport avec des unités communicatives15 qui

14 L‟enregistrement des cours par les étudiants est généralement autorisé à titre d‟usage personnel. Donc les deux enseignants n‟étaient pas au courant de mes enregistrements par contre je les ai contactés par courriel afin de leur demander l‟autorisation d‟utiliser les extraits choisis pour mon analyse. L‟auteur du premier extrait a demandé de pouvoir écouter sa production avant de me donner son accord. L‟auteur du deuxième extrait m‟a simplement rappelé que j‟étais tenue à la confidentialité.

15Le sens donné au terme unité communicative diffère ici de celui que Bronckart (1996) réserve à ce syntagme.

L‟unité communicative est décrite et définie de la manière suivante par cet auteur : “La notion de texte désigne [...] toute unité de production verbale véhiculant un message linguistiquement organisé et tendant à produire sur son destinataire un effet de cohérence. Et cette unité de production verbale peut [...] être considérée comme l‟unité communicative de rang supérieur.”(p.74) Donc pour Bronckart, un texte, voire un genre de texte constituent une unité communicative. Dans le cadre de mon travail de mémoire, le terme unité communicative est

constituent l‟unité texte. Autrement dit, un énonciateur parle en unités communicatives et en textes, en rapport avec une situation de communication et non pas en syllabes et en mots. Dès lors les mesures proposées par les logiciels d‟analyse de la prosodie semblent trop précises.

Par ailleurs, admettant que l‟écoute de tout récepteur est forgée par ses expériences et son histoire singulières, et que, de ce fait, ce qu‟il entend, constitue forcément une interprétation, une mesure absolue de la prosodie ne semble pas indispensable pour informer les questions posées dans ce travail de mémoire.

Ainsi les paramètres prosodiques que l‟analyse prend en compte relèvent de ceux qu‟une oreille ordinaire peut percevoir et distinguer. Il s‟agit

 de mises en évidence vocales de mots et de syntagmes par des changements de hauteur et d‟intonation de la voix

 de la variation du débit de parole

 de l‟occurrence de pauses, d‟éléments vocaux (euh) et d‟allongements vocaliques.

3.1.1 Procédé de description de la prosodie

L‟analyse des paramètres prosodiques procède par l‟écoute répétée des extraits. L‟absence d‟une mesure absolue requiert la stabilisation de quelques critères de décision. En effet, au fil de l‟écoute répétée des mêmes extraits, les intonations et les accentuations apparaissent comme un spectre continu de fréquences variables de sons et il devient difficile de décider ce qui pourrait être considéré comme un moment précis de changement de ces paramètres. Dès lors, l‟observation des intonations et des accentuations repose sur trois critères de repérage des unités communicatives qui sont considérées comme étant mises en évidence vocalement : 1. Les unités communicatives et/ou linguistiques qui frappent globalement l‟oreille à l‟intérieur d‟une phrase ou d‟un „paragraphe‟, c‟est-à-dire d‟une unité de sens thématique du texte oral.

2. Les mots que l‟oreille entend comme étant vocalement mis en évidence par rapport aux syntagmes environnants.

3. Les intonations et accentuations perceptibles au sein d‟un mot : Il s‟agit de relever les mots dont les syllabes initiales sont accentuées, ce qui est inattendu par rapport au système intonatif de la langue française.

En outre, les pauses, les silences et les allongements vocaliques ne sont pas observés de manière différenciée. L‟objectif de l‟observation de ces aspects consiste à repérer les lieux de leur occurrence au sein de l‟action discursive.

En ce qui concerne le repérage des changements de débit de parole, celui-ci repose sur l‟appréciation de la perception de ce paramètre situé par rapport à ce qui suit ou précède dans l‟enchaînement d‟un ensemble d‟unités communicatives.

utilisé pour désigner un ensemble de mots choisis et organisés par un locuteur pour donner du sens à ce qu’il souhaite communiquer. Ce terme ne désigne donc pas une entité générique mais plutôt une entité „locale‟ qui apparaît au sein d‟une phrase ou d‟une partie de celle-ci.

3.2 Description des unités linguistiques

Au niveau de la surface textuelle de la transcription du discours oral, les unités linguistiques que l‟analyse prend en compte sont :

a) Les organisateurs textuels, dont les conjonctions de coordination (et, ou, ni, mais, c‟est alors que, c‟est-à-dire que etc.) et de subordination (avant de, dès que, parce que, etc.) et certains groupes nominaux qui fonctionnent comme tels.

b) Les formes nominales qui sont des constituants de syntagmes nominaux ou de syntagmes prépositionnels.

c) Les marques de modalisations qui traduisent les commentaires ou évaluations à propos de certains éléments du contenu thématique. Elles sont saisies :

 au niveau des auxiliaires de mode et des verbes qui, par leur valeur sémantique, peuvent fonctionner comme tels (vouloir, devoir, falloir et pouvoir ; croire, penser, aimer, souhaiter, désirer, être obligé de, etc.).

 au niveau des adverbes ou locutions adverbiales (certainement, probablement, évidemment, peut-être, vraisemblablement, sans doute, heureusement etc.)

 au niveau des phrases impersonnelles et adverbiales (il est probable que, il est regrettable que, on admet généralement que, heureusement que, sans doute que, etc.).

3.3 Procédé d’analyse

Les différentes unités linguistiques qui interviennent au sein des « trois strates du feuilleté textuel » de toute production textuelle (Bronckart, 1996) sont identifiées et décrites en rapport avec les aspects prosodiques des extraits de discours à visée formative.

L‟analyse de ces unités communicatives à la fois linguistiques et frappées d‟éléments prosodiques procède dans une double perspective :

1) La manière dont ces éléments textuels font fonctionner le discours, au sein des extraits choisis, eu égard à

 la progression du contenu thématique réalisée par les mécanismes de textualisation dont la cohésion nominale et la connexion.

 l‟établissement de la cohérence thématique par l‟explicitation ou le marquage des relations de continuité, de rupture ou de contraste.

 la gestion du foyer énonciatif qui est réalisée par les modalisations et les explicitations je/vous/ils.

2) La recherche d‟éventuelles régularités ou contrastes marqués dans la manière dont certains paramètres prosodiques se manifestent au sein des mêmes types d‟unités linguistiques qui font fonctionner le texte d‟un extrait de discours. Ces régularités ou contrastes sont d‟une part analysées en termes d‟occurrences à l‟intérieur du même extrait de discours et d‟autre part dans une perspective contrastive entre les deux énonciateurs.