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Le mémoire de maîtrise de Danièle Éblagon-Bourdekas sur Freinet et l'école de Vence 51 confirme la filiation entre le fonctionnement du LPI et les invariants de l'Éducation nouvelle ; donc cousin du mouvement Freinet. En effet, sans revendiquer explicitement cette filiation avec l'Éducation nouvelle, le LPI s'appuie sur des constantes que l'on retrouve dans l'ensemble des établissements se réclamant de l'Éducation nouvelle et aussi dans les structures adhérentes de la FESPI. Parmi ces constantes que l'on trouve au LPI sans nécessairement que les membres de l'équipe éducative en identifient l'origine :

faire participer activement les élèves à leur propre formation ;

considérer l'apprentissage, avant d'être une accumulation de connaissances, comme un facteur de progrès global de la personne ;

susciter l'esprit d'exploration et de coopération : (méthodes actives chez Célestin Freinet) ;

donner une importance égale aux différents domaines éducatifs : intellectuels et artistiques, mais également physiques, manuels et sociaux ;

apprendre en faisant (« Learning by doing » pour John Dewey ) ;

respecter l'enfant, ce qui implique qu'il soit partie prenante des règlements qui régissent sa vie ;

apprendre à apprendre (Roger Cousinet) ;

favoriser les apprentissages par tâtonnements ;

encourager le travail en groupe ;

respecter le rythme d'apprentissage de l'enfant ;

développer l'autonomie et la responsabilisation des élèves ;

Cette liste n'est pas exhaustive, on pourrait l'étoffer d'autres invariants. On peut aussi la condenser sans la trahir avec cette citation d'Annick Raymond : « Le

trait fondamental de la pédagogie des écoles nouvelles est d’avoir opéré une révolution copernicienne en plaçant l’enfant au centre du processus d’éducation ». 52

51 D. Eblagon-Bourdekas. Quelles traces dans leurs vies d'adultes, les anciens élèves de Célestin

Freinet ont-ils gardé de leur vécu à l'école de Vence ?. Mémoire de maîtrise de Sciences de

l'Éducation, dir. M.-A. Hugon. Nanterre : Université Paris Ouest Nanterre La Défense. 2004. 52 A. Raymond. « La coéducation dans l’Éducation nouvelle », Clio, numéro 18/2003, Mixité et

La prise en compte de cette assertion renforce l'idée suivant laquelle le projet du LPI s'inscrit à la fois dans la lignée historique de l'Éducation nouvelle qui date du début du 20e et dans l'histoire récente de l'éducation en France. On peut penser que l'ouverture en 1987 de cet établissement voulu par René Monory alors ministre de l'éducation s'inscrivait dans un processus de réflexion et de réforme pédagogiques mené par l'institution au plus haut niveau depuis 1981 sous le ministère d'Alain Savary (1981-1984). Cette volonté de changement sera affirmée par le ministère de Lionel Jospin (1988-1992) et conduira à la parution de la Loi d'orientation sur l'éducation53.

Dans cette loi un extrait fera date : Offrir une formation moderne : l'élève au centre du système éducatif. « L'école doit permettre à l'élève d'acquérir un savoir et

de construire sa personnalité par sa propre activité. La réalisation de cet objectif demande du temps : son utilisation optimale par l'élève est le problème essentiel de l'école. Le temps scolaire est partagé entre des cours, des travaux dirigés et d'atelier, le travail personnel assisté et le travail personnel autonome. La durée de ces activités doit être évaluée par l'équipe pédagogique pour être communiquée aux élèves et à leur famille et ne pas dépasser au total une durée hebdomadaire fixée pour chaque cycle d'enseignement, favorisant le travail en groupe, l'individualisation des parcours, la démarche de projet, l'autonomie et la responsabilisation et relevant des méthodes « actives » où l'élève est « acteur de sa formation »54.

Le temps de notre recherche se situe dans la période pédagogique qui précède ou anticipe la loi Jospin. A partir de 2004 alors qu'une réflexion collective sur l'approche par compétences commençait au LPI, le discours officiel se recentrait sur «la transmission des connaissances et des compétences » et le « socle

commun » annonçant la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école d'avril 200555. On retrouve dans les écrits des historiens de l'éducation (Antoine

coéducation, [En ligne], mis en ligne le 4 décembre 2006,http://clio.revues.org/document611.html, Consulté le 11 juillet 2012.

53 Ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et des Sports, Loi n°89-486 du 10 juillet 1989 dite loi d'orientation Jospin

54 Ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Loi n° 89-486 du 10 juillet 1989, partie sur les missions et les objectifs fixés par la nation

55 Ministère de l'Éducation Nationale, Loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école, L. n° 2005-380 du 23-4-2005. JO du 24-4-2005

Prost56, Jean Vial57) des éléments pour comprendre dans l'histoire de l'enseignement en France ce qui amène à la loi d'orientation sur l'éducation de 1989.

Cette recherche s'intéressant aux élèves sortis entre 1990 et 2005, s'inscrit donc dans un contexte pédagogique particulier, entre deux lois d'orientation de l'école et la rédaction de cette thèse s'achève alors qu'un nouvelle loi, celle de la refondation de l'école, vient d'être adoptée.

SynthèseSynthèse

Le lycée pilote innovant est un établissement voulu par René Monory en 1986 alors qu'il était ministre de l'éducation dont l'élaboration du projet pédagogique a été confié à une équipe et le projet dure depuis 25 ans. Il associe dans un environnement techniciste la volonté de rendre les élèves acteurs de leur formation en développant responsabilisation, autonomie et dynamique de projet.

Les élèves majoritairement technophiles y sont recrutés sur le plan national pour leur motivation et nombre de compétences développées chez les élèves ne relèvent pas d'apprentissages académiques. Cet établissement en filiation avec l'Éducation nouvelle peut être considéré comme hybride, à mi chemin entre pilote et de droit commun. Il fait partie de la FESPI mais présente un modèle pédagogique dual à la fois centré sur l'élève et son épanouissement et très institutionnalisé avec à la fois une organisation et des dispositifs très structurés et des espaces et temps d'autonomie.

56 A. Prost, Éducation, société et politiques : une histoire de l’enseignement en France de 1945 à

nos jours. Paris : Seuil, 1997.

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