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CHAPITRE 5 : DISCUSSION

5.6 C ONDITIONS GAGNANTES A METTRE EN PLACE POUR PERMETTRE AU

ENSEIGNANTS D’UTILISER DAVANTAGE DES ACTIVITES DE PLEIN AIR A DES FINS D’INTERVENTION PEDAGOGIQUE

Force est de constater dans le discours des participants interviewés, qu'il existe des obstacles au regard de l'utilisation du plein air comme contexte pédagogique. Afin de limiter la portée de certains obstacles, les participants ont pu identifier les conditions gagnantes pouvant favoriser le recours à ce type d'activités avec un groupe d'élèves en trouble du comportement. Voici certains constats qui émergent des entrevues réalisées.

Niveau de liberté de l'enseignant en EASS vs. la gestion du temps. La flexibilité que

les enseignants en adaptation scolaire et sociale possèdent dans leur planification est favorable à l’utilisation d’activités de plein air à des fins pédagogiques. En effet, selon les dires des participants, le secteur de l’adaptation scolaire bénéficie d’une certaine souplesse quant à la planification des différentes activités par l’enseignant. À cet égard, les objectifs visés par le programme du MELS (2006) semblent permettent aux enseignants en adaptation scolaire et sociale d’intégrer ce type d’activités ou de projets dans le but de favoriser différemment l’atteinte des objectifs liés aux trois missions de l’école québécoise : instruire, socialiser et qualifier (MEQ, 1999).

Formation de l'enseignant. Bon nombre d’enseignants interrogés ont mentionné

n’avoir reçu aucune formation spécifique dans le cadre du baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale ou autre formation similaire concernant l’utilisation d’activités de plein air avec des élèves. En consultant ce programme de formation dispensée dans différentes universités, il est possible de constater qu’environ 3 crédits sur 120 sont accordés à la pédagogie du plein air et/ou à l’intégration d’activités ou projets hors classe (Université de Montréal, 2015; Université de Sherbrooke, 2015 ; Université du Québec à Rimouski, 2015).

En outre, mentionnons qu’un enseignant peut croire au potentiel d’avoir recours aux activités de plein air, mais que s’il ne possède pas les connaissances ni les compétences pour planifier de A à Z son activité ou s’il n’a pas accès à une formule « clé en main » pour intégrer des objectifs pédagogiques ou d’interventions comportementales, il ne peut tirer profit de cette « classe laboratoire à ciel ouvert ». Il apparaît donc légitime de se questionner sur la formation universitaire initiale reçue par les enseignants en adaptation scolaire et sociale par rapport à l’intégration d'activités de plein air dans le curriculum.

Sensibilisation de l'enseignant et du milieu à la culture du plein air et aux enjeux de motivation des élèves TC. Au primaire, la culture des classes vertes et des classes

blanches semble être bien répandue. Ce type d’activités possède un potentiel par rapport à des aspects liés à la socialisation des enfants. Toutefois, jusqu’à quel point les enseignants utilisent-ils le potentiel de ces activités-là pour favoriser la socialisation de leurs élèves, qui plus est, les élèves dits TC ? Par ailleurs, au secondaire, ce sont plutôt les voyages vers des destinations urbaines (ex. : New-York, Boston, Washington) qui jouissent d'une certaine popularité (voire d'une popularité certaine) auprès des enseignants ainsi que des élèves. Bon nombre d’initiatives d'organisation au plan scolaire et parascolaire semblent être orientées vers de tels voyages (réf. ressources humaines et financières). Il est important de souligner que ces voyages sont souvent réservés à une élite de familles bien nanties ou à des élèves au rendement académique au-dessus de la moyenne et aux « bons comportements ». Alors, qu’en est-il des élèves en trouble du comportement ? Ont-ils eux aussi l'occasion de sortir de la salle de cours pour mettre en pratique dans un contexte aussi stimulant les différents savoirs inculqués (savoir, savoir-être, savoir-faire, savoir agir) (MELS, 2006) ? Ces jeunes n’ont pas toujours accès à des activités dans lesquelles ils peuvent expérimenter différentes situations, de vivre des réussites ou même des échecs.

Choix de l'activité et de ses composantes. Les participants interrogés ont soulevé le

fait qu’il est possible, pour un enseignant désireux de faire une activité de plein air avec son groupe classe, de privilégier davantage une sortie d'une seule journée, habituellement moins engageante pour ce dernier (notamment par rapport à la conciliation famille-travail). C’est donc dire que les enseignants n’ont plus « d’excuses » pour ne pas recourir aux activités de plein air. Bien que la littérature anglophone à ce sujet privilégie les séjours de quelques jours à l’extérieur (Bruyere, 2002; Gillis et al., 2008; Harwell, 1998) (notamment pour retirer le maximum de bienfaits possibles), il tout aussi réalisable de faire une activité de plein air d’une journée. Ceci s'adresse tout particulièrement à l'enseignant d'une classe d'adaptation scolaire et sociale en présence de comportements agités ou parfois même imprévisibles de la part d'individus ou du collectif.

Disponibilité des ressources. Toujours selon des participants, une autre condition

gagnante à mettre en place serait d’avoir sous la main toutes les ressources nécessaires (matérielles, financières et humaines) pour la réalisation d’une activité de plein air. À défaut d’obtenir toutes ces ressources sans exception, notons que les ressources financières sont celles qui seraient les mieux accueillies dans le présent contexte scolaire. Il est à noter que cette condition est étroitement liée aux inconvénients / limites / obstacles soulevées par les participants dans les sections précédentes. Il apparaît donc que le milieu de l’éducation a un besoin criant de ressources pour accomplir correctement ses trois missions (instruire, socialiser et qualifier). Bien que l’instruction et la qualification puissent se faire à l’intérieur de la classe, il apparaît que l’aspect de la socialisation ne peut se limiter à la « cour d’école ». Pour maximiser les chances de transfert et de maintien dans d’autres contextes, les fonds nécessaires à la réalisation d’activités de plein air doivent être disponibles pour tous les enseignants.

Passion de l'enseignant pour le plein air. En somme, il semblerait que les

enseignants qui utilisent les activités de plein air avec leur groupe d’élèves en trouble du comportement sont souvent ceux qui croient d’avance à la valeur de ces activités. Bien que la littérature existante abonde d’avantages à recourir aux différentes activités de plein air, personne ne partage pas le même enthousiasme à y recourir en contexte pédagogique ou simplement dans ses temps de loisirs. Or, à la base, un enseignant ne peut transmettre une passion qu’il ne possède pas.

CHAPITRE 6 :