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Offre et demande individuelles de travail et agrégation

Puis dans une démarche en sens inverse, nous examinerons la Science régionale depuis ses approches en termes

A) Le modèle microéconomique de base et ses imperfections

1) Offre et demande individuelles de travail et agrégation

Dans le modèle néo-classique appliqué au marché du travail, on considère toujours que l’individu cherche à maximiser son niveau d’utilité. Son comportement est représenté dans un univers à deux dimensions - voir Fig. 2.1 - correspondant à deux "marchandises" le travail et le temps de loisir pour l’offreur, et capital et travail pour le demandeur.

0 Quantité de capital Quantité de travail U P B A L R 0 Revenu réel Temps U P B A H R A’

Figure 2.1 – Programme de maximisation d’utilité sur le marché du travail

1˚- L’offre individuelle de travail

Elle est déterminée à partir d’un ensemble connu de combinaisons travail-loisir pro-curant à l’offreur un niveau déterminé d’utilité (courbe U) [86, 570] . Celui-ci dispose d’une courbe d’utilité par niveau d’utilité, mais à taux de salaire donné (droite BA), il n’existe qu’une seule courbe lui permettant de maximiser son utilité. Ainsi, à taux de salaire donné, l’individu affecte son temps pour partie à un travail rémunéré (segment OH) et pour partie à des loisirs (segment HA) - le travail rémunéré représente toutes les marchandises que l’individu pourrait se procurer. Confronté à des taux de salaires diffé-rents, l’agent va infléchir la pente de sa droite RA (Fig. 2.2) de telle sorte que la courbe du taux de salaire en fonction du temps de travail que l’agent est prêt à consacrer, selon l’importance des effets revenu ou substitution, a une forme dite "rebroussée"2 – Fig. 2.2. 2. - A propos de la modification des pentes et des effets revenu et substitution lors de l’allocation du temps au travail ([405], pp.159-60). Cette particularité tient au fait que temps de travail et loisirs sont définis solidairement ([421], pp.56-58). Pour une typologie des courbes d’offre individuelle de travail voir notamment ([227], p.143).

On voit nettement dans cette conceptualisation que l’espace n’est évoqué ni expli-citement ni même impliexpli-citement. Ce fait est d’autant plus facilement explicable, que le temps lui même est introduit "en trompe-l’œil". En effet, l’axe du temps ne représente pas en l’occurrence une succession chronologique d’événements, mais il s’agit de simples quantités3. On est en présence d’un raisonnement de "statique comparative". De plus la conceptualisation du travail et celle du temps sont, comme nous l’avons dit plus haut, liées par le loisir. A priori, l’employeur s’intéresse au temps et non pas (ou très rarement) à l’espace que pourrait lui consacrer son salarié dans le cadre de sa prestation4.

b b b 0 Taux de salaire réel (W) Temps de travail H1 H2 H3 W1 W2 W3

Figure 2.2 – Offre individuelle de travail

La détermination des courbes individuelles d’utilité dépend des conditions de concur-rence du marché du travail, dans lequel se trouvent des individus supposés rationnels. A cet égard, le modèle néoclassique recourt aux habituelles hypothèses de concurrence pure : atomicité (l’individu a un poids insuffisant pour influer sur le marché),

homogé-néité (les aptitudes cherchées et offertes sont rigoureusement semblables d’un individu à

un autre), liberté (d’entrer, de sortir, de demander et d’offrir un niveau donné de rémuné-ration, des quantités déterminées d’heures de travail) et parfaite : transparence (les agents connaissent les niveaux de qualification requis et possédés (resp.) par les demandeurs et offreurs (resp.), ainsi que les niveaux de salaires offerts et demandés (resp.)) et mobilité des

facteurs (il y a parfaite fluidité du marché amont de la main d’oeuvre, i.e. les formations

permettant de donner ou d’améliorer les aptitudes des salariés). Dans cette représenta-tion, il y a une dimension contractuelle très implicite. Des couples offreur-demandeur contractent mais on ignore tout de la durée (dimension temporelle), des conditions liées 3. - Sur l’axe des abscisses, on doit lire de gauche à droite, par exemple, 1 heure (affectée), 2 heures (affectées) etc. ; et non 1ère heure (affectée), 2ème heure (affectée) etc.

4. - Le télé-travail pourrait être une forme de relation dans laquelle l’employeur s’intéresse à la loca-lisation de ses salariés, comme nous le verrons plus bas.

à la rupture d’une ou l’autre des parties ou des clauses particulières que pourraient com-porter les contrats, par exemple la clause dite de "non-concurrence".

2˚- Le comportement de demande individuelle de travail

Il résulte quant à lui, d’un arbitrage entre travail et capital de la part de l’employeur et renvoie, d’une part à la combinaison de production retenue par celui-ci et d’autre part, à la productivité marginale du travail. Les variables retenues par le schéma microéconomique de demande de travail (quantité de travail, taux de salaire, productivité marginale du travail etc.) n’introduisent pas a priori la dimension spatiale5. La productivité marginale est estimée en valeur, voire en unités produites à condition de multiplier ces unités par le prix de commercialisation. Il faut alors préciser (B.Gazier, Ibid.) que les conséquences de cette comparaison sont alors différentes entre les entreprises en situation de monopole et celles en situation de concurrence. Une telle nuance peut être analysée en termes spatiaux.

L

Q

d

0

Figure 2.3 – "Enveloppe" de la productivité marginale du travail selon la distance

On peut en effet penser que si la pente de la courbe de productivité marginale du travail est plus forte pour les entreprises en situation de monopole qu’en situation de concurrence, la distance entre des entreprises concurrentes sur les marchés des biens et du travail devient une variable explicative - où d=distance, l=quantité de travail et

q=quantités vendues voir Fig. 2.36.

5. - On suppose en effet qu’il existe une fonction de production pour chaque demandeur (producteur). Celui-ci cherche à maximiser non pas production, mais son profit obtenu comme la différence entre ces recettes et ses coûts. C’est pourquoi, sous l’hypothèse de parfaite transparence des marchés, toute modification des conditions de ses marchés amont et aval conduit le producteur à ajuster à la marge ses utilisations de facteurs ([405], pp.168–73). Ces dernières étant parfaitement divisibles, on se situe à l’optimum du producteur lorsque le coût du facteur (taux de salaire) égalise sa productivité marginale ([227], pp.96–102).

3˚- Agrégation des fonctions individuelles

La représentation du marché des biens et services dans le modèle microéconomique, passe par une agrégation des comportements individuels d’offre et de demande. Cette proposition se retrouve également en ce qui concerne le marché du travail. Pour réaliser cette agrégation on additionne toutes les demandes individuelles pour former la demande globale - idem pour l’offre. L’hypothèse de concurrence pure et parfaite du marché est à cet égard primordiale pour assurer qu’il n’y a ni effet de coalition ni effet de mimétisme, comportements qui seraient alors incompatibles avec l’addition des comportements indi-viduels – voir Fig. 2.4 ([405], p.175).

W W L L W1 W2 W3 100 200 300 0 0 100 50 OM O1 O2 O3 W W L L W0 0 0 D1 D2 Dm A B C

Figure 2.4 – Agrégation sur le marché du travail