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L’impact de la localisation des activités industrielles sur le facteur travail

Puis dans une démarche en sens inverse, nous examinerons la Science régionale depuis ses approches en termes

B) L’impact de la localisation des activités industrielles sur le facteur travail

Certains auteurs se sont intéressés aux rapports entre les modes de production et l’urbanisation ([98], pp.95–118). Dans la mesure où leurs travaux impliquent le facteur travail, il était intéressant d’exposer ces approches. Nous examinerons le renouveau de la Science régionale que constitue le paradigme de la Métropolisation, puis l’explication régulationniste des mutations du système productif inscrit dans l’espace.

1) La main d’œuvre dans le contexte de la métropolisation

Si les formes d’urbanisation ont influencé l’activité économique (lieux centraux, rente foncière, etc.), l’activité industrielle a progressivement rétroagi sur le développement

ur-bain. En particulier en donnant naissance à des métropoles dotées de fonctions admi-nistratives, financières et industrielles [389] ; ce phénomène est étudié sous le nom de métropolisation. Avec le développement de la société de l’information (et surtout depuis l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication), les mu-tations de l’activité industrielle se traduisent par un éclatement territorial des fonctions de l’entreprise. Dans un premier temps, les firmes soucieuses d’exporter leurs produits ont installé des réseaux de commercialisation dans les régions où se trouvait leur clien-tèle ; c’était la phase d’internationalisation de l’économie. Puis les firmes ont délocalisé leur fonction production (là où la main d’œuvre industrielle était la moins coûteuse) ; on entrait dans la phase de mondialisation (globalisation). Cette phase s’est accentuée dans les années quatre vingt-quatre vingt-dix dans la mesure où les firmes délocalisent même leur fonction comptabilité (traitement comptable en Inde notamment) et leur fonction personnel ; il y a non seulement externalisation auprès de firmes d’emploi temporaire, mais également recours au télé-travail. Les activités "informationnelles" sont en l’occur-rence celles le plus susceptibles d’être délocalisées - par télétravail -, mais il ne faut pas en exagérer l’importance. Il ne faudrait pas non plus penser qu’elles seraient systéma-tiquement délocalisées vers des régions à bas niveau de rémunération, pour peu que les régions industrielles proposent des infrastructures comptatibles avec ces mutations indus-trielles [770]. Cette nouvelle donne territoriale et fonctionnelle n’est pas sans implication sur le fonctionnement des marchés locaux du travail - en ce qui concerne notamment les stratégies de luttes contre le chômage, qui nécessiterait peut être une approche en termes fonctionnels et non plus seulement en termes de qualification -, mais le nouveau courant de recherche de la Métropolisation n’en fait pas état.

2) La main d’œuvre et émergence d’un post-fordisme

Parallèlement à cette approche, on peut également observer le point de vue des firmes. Celles-ci, confrontées à une concurrence toujours plus sévère, adaptent leurs modes de pro-duction tant au plan technique (propro-duction unitaire, en série, en continue) qu’au plan commercial (pour le stock, à la commande) au point que le modèle de production fordiste

paraît en pleine mutation. Ce phénomène a été intégré dans les théories dites de la gouver-nance du territoire. Selon ces théories, on analyse les coordinations entre les acteurs éco-nomiques sous l’angle de l’analyse du coût de transaction, de l’analyse régulationniste ou de la théorie évolutionniste du changement de technique. On reprend la notion ancienne proposée par A.Marshall de "districts industriels". Au sein de ces districts s’opère une mutation technologique et productive - précisément l’avènement du post-fordisme [99]. Il existe une nuance entre le courant des évolutionnistes qui raisonnent en termes de milieux innovateurs - l’espace est généré par l’innovation – et les régulationnistes qui raisonnent en termes de technopoles – l’activité génère l’espace). M.Piore & C.Sabel[742] ont en effet montré qu’au mode de production fordiste (techniquement et spatialement rigide) s’était substitué un mode de production plus flexible (spécialisation flexible). Les proximités géographique et organisationnelle entre agents favorisent la coordination et l’apprentis-sage institutionnalisés ou non au sein de réseaux [270] . Cette nouvelle piste de recherche de la science régionale est appelée Paradigme Coase-Williamson-Scott [243, 922, 822] . Les enseignements que l’on peut tirer du courant de la Métropolisation et celui du Post-Fordisme en ce qui concerne le fonctionnement du marché du travail, sont essen-tiellement qualitatifs. La dimension fonctionnelle est en effet mise en évidence. L’espace n’est plus considéré comme le subtrat sur lequel se développent des firmes. Tout se passe comme si le développement des activités serait le résultat d’une répartition fonctionnelle et territoriale coordonnée entre des firmes (en relation entreprises-fournisseurs) ou entre établissements (d’une même firme). Du même coup la demande de travail est déterminée et hiérarchisée géographiquement par des critères organisationnels et fonctionnels. De plus la pérennité des échanges commerciaux entre territoires ne peut plus être appréciée par les seuls mécanismes néo-smithiens-ricardiens (Modèle H.O.S.) fortement liés à des hypothèses de concurrence pure et parfaite. La concurrence imparfaite généralement ob-servable sur le terrain a en effet structuré l’espace et les économies d’échelle réalisées par les firmes locales renforcent les localisations industrielles initiales [546]49.

49. - Le théorème d’impossibilité spatiale de D.Starret [863] avait déjà montré qu’une économie parfai-tement concurrentielle était incompatible avec l’agglomération spatiale des activités économiques dans un espace homogène.

2.2.2 Les modèles spatiaux intégrant le marché du travail

L’économie spatiale a connu, comme son aînée a-spatiale, une subdivision entre mi-croéconomie et mami-croéconomie. Les représentations du marché du travail sont de ce fait assez voisines, comme nous le verrons. Cependant, la Science régionale a donné lieu à des innovations techniques que les autres disciplines n’ont pas encore reprises (développées notamment par l’école flamande50). Nous aborderons donc les théories et modèles qui ont représenté, entre autres mécanismes, le marché du travail. Parmi ces modèles, nous trouverons des modèles d’inspiration macroéconomique, mais également ceux issus des techniques et des paradigmes propres à la Science régionale, puis nous aborderons les théories et modèles relevant des concepts microéconomiques.