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La levée des hypothèses dans le modèle microéconomique

Puis dans une démarche en sens inverse, nous examinerons la Science régionale depuis ses approches en termes

A) La levée des hypothèses dans le modèle microéconomique

Le marché du travail n’est ni ponctuel ni centralisé, mais continu et délocalisé. C’est pourquoi les hypothèses d’homogénéité, de transparence et d’optimisation flexible (resp.)

ont été remises en question par G.S.Becker, G.J.Stigler et W.Oi (resp.). Nous présenterons la théorie du capital humain puis le rôle de l’information dans les modèles du marché du travail.

1) La théorie du capital humain

La théorie du capital humain proposée par G.S.Becker (1962 et 1964) considère que l’offreur de travail est détenteur d’un capital qu’il doit mettre en valeur par des investisse-ments26 alternatif des investissements financiers ou productifs, avec les critères habituels de sélection d’investissement (éléments de coût de recettes, amortissement, taux de ren-dement interne, actualisation etc.). Plusieurs différences interviennent en ce qui concerne d’une part la nature des éléments (formation, santé, mobilité) et d’autre part, dans le fait que l’investissement est indissociable de son détenteur. Cependant, alors que ce schéma théorique laisserait supposer que plus est élevée l’ancienneté d’un salarié, plus le coût de sa démission ou de son licenciement est élevé pour l’entreprise (disparition d’une "mémoire" de l’entreprise) et le salarié lui-même (chômage), les études empiriques ne confirment pas ce résultat théorique.

Placé dans une perspective d’analyse spatiale, la dimension locale (régionale, urbaine etc.) intervient de manière implicite dans cette théorie dans la mesure où celle-ci peut expliquer des comportements de migration, mais également les disparités de salaires liées à la variété des qualifications [649].

2) Le rôle de l’information sur le marché du travail

L’information a joué un rôle extrêmement important ces cinquante dernières années dans les retournements théoriques voire paradigmatiques. Nous verrons que l’imperfection de l’information est un déterminant du comportement de l’offreur de travail selon la 26. - L’approche du capital humain proposée quelques temps plus tôt par T.W.Schultz[819, 820] n’est pas exclusivement économique. Il introduit en particulier les dimensions sociologique et anthropologique. Les travaux de J.Mincer [658, 659] quoique moins cités, n’en sont pas moins fondateurs de la Théorie du Capital humain.

théorie du Job search, puis qu’elle peut servir de filtre à l’embauche selon la théorie du Signalling. Enfin nous lèverons l’hypothèse de variabilité du coût du facteur travail avec la théorie des coûts quasi-fixes.

1˚- Imperfection de l’information sur le marché du travail

Le fait que les agents disposent d’une information parfaite est d’autant plus erro-née que la recherche d’emploi est en réalité également une recherche d’informations. G.J.Stigler [865, 866] a donc proposé la théorie du "Job Search" basée sur le fait que l’information est nécessaire mais coûteuse27. Le candidat à l’embauche cumule de l’infor-mation en évaluant à chaque fois les coûts et les gains liés à l’acquisition d’une nouvelle information, la recherche s’arrête alors lorsque les gains et les coûts sont égalisés. Et l’agent examine quelle est la transaction la plus favorable qu’il a pu relever, c’est- à-dire le meilleur salaire. Cependant, J.J.McCall [648] a proposé un modèle dans lequel les can-didats démarrent leur recherche avec un "salaire plancher" acceptable. Dans les deux cas il s’agit d’un salaire de "réservation". Il y a un arbitrage à réaliser entre une recherche plus longue dans la perspective de trouver un salaire plus intéressant et raccourcir la recherche pour ne pas être à court de ressources. "Le salaire de réservation optimal est celui pour lequel les gains additionnels découlant d’un niveau légèrement supérieur sont équivalent au coût de la prolongation de la recherche" ([405], p.207, en substance).

2˚- Théorie du "Signaling"

Afin de prendre en considération les contradictions entre le modèle et la réalité, en particulier la coexistence de chômage massif et la baisse des prétentions des salariés, A.M.Spence [858, 859] a mis en évidence les liens avec le système éducatif) et a proposé une interprétation reposant sur une analyse des informations véhiculées avant la conclu-sion des contrats de travail. Les candidats aux postes vacants "émettent des signaux", certains qu’ils ne peuvent pas maîtriser (âge, sexe, race etc.) les autres étant contrôlables

par les candidats (expérience, diplômes, etc.). Cependant, la question se pose de savoir si ces signaux remplissent une réelle fonction d’information, en d’autres termes, la bonne maîtrise des signaux révèle-t-elle les réelles capacités de travail du candidat, ou bien ses capacités à s’intégrer au système - il y a deux marchés en parallèle le marché du travail et le marché des signaux. Pour décrire le marché du travail, L.Thurow [891] propose une procédure plus complexe de confrontation des offreurs et des demandeurs, basée sur l’idée d’un classement des candidats le long d’une file d’attente (selon l’ordre de préférence de l’employeur).

3˚- Théorie du facteur travail quasi-fixe

La théorie proposée par W.Oi [701] a consisté à prendre en considération tous les frais relatifs au travail (notamment cotisations sociales) de sorte qu’il n’apparaissent plus tout à fait proportionnel au produit ; ce qui remet en cause l’égalisation des salaires à la productivité marginale du travail. Le salarié vit deux périodes dans le contrat de travail qui le lie à l’entreprise, l’une où il n’est pas encore opérationnel et l’autre où il atteint sa productivité "de croisière". Les entreprises auront de ce fait une politique salariale tenant compte de ce fait. La complexité de la représentation va jusqu’à considérer le rôle de heures supplémentaires, notamment dans la gestion des fluctuations de la demande sur le marché de l’entreprise. Il s’ensuit que la sortie du marché du travail ne va pas concerner tous les salariés indistinctement.

On voit bien l’implication en termes spatiaux de telles théories. Outre les modélisations des flux migratoires que nous avons déjà mentionnées, on peut également proposer la mo-délisation de l’espace géographique dans lesquelles les zones géographiques des candidats sont porteuses de signaux positifs (quartiers bourgeois) ou négatifs (quartiers ghettos).