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On traite dans ce travail le statut de la phrase SV(O) en français et en serbe parlés. Nous avons décidé de travailler sur les données orales parce que nous adoptons l’hypothèse selon laquelle la gestion des informations dans le discours oral non préparé diffère de celle de la langue écrite. Toutefois, notre objectif n’est pas de comparer la langue orale (serbe et française) avec la langue écrite. Nous étudions seulement dans quelle mesure le modèle SVO se retrouve dans notre corpus, constitué de productions orales de bilingues serbes-français. Nous envisageons d’étudier le problème en question dans les productions orales en français de la manière suivante : nous examinerons la fréquence des sujets lexicaux et des sujets pronominaux, ainsi que celle des constructions de type preferred. Nous acceptons l’hypothèse de Lambrecht (1987) selon laquelle la structure SV(O) n’est pas une unité informative de base en français parlé et qu’elle n’est pas la structure canonique du français parlé quand le sujet a la forme d’un SN plein.

Quant aux productions orales en serbe, le statut du modèle SVO sera examiné à travers l’analyse de l’ordre des constituants majeurs (sujet, verbe et objet) dans une phrase transitive déclarative simple. L’on s’attend à ce que le statut dominant de la phrase SV(O) en français parlé soit compromis, mais nous ne pensons pas que cela sera le cas en serbe. Bien que la langue serbe permette d’autres ordres des constituants, nous supposons que l’occurrence la plus fréquente sera SVO. Étant donné que notre corpus est constitué de productions orales de bilingues serbes-français, nous serons attentifs à l’apparition éventuelle de marques transcodiques27 dans la structure syntaxique de ces deux langues.

27 Nous adoptons la definition neutre de la marque transcodique de Lüdi & Py (2002 : 142) : « Tout observable, à la surface d’un discours en une langue ou variété donnée, qui représente, pour les interlocuteurs et/ou le linguiste, la trace de l’influence d’une autre langue ou variété. »

38 2.2. Méthodologie de recueil des données

Les données ont été recueillies au cours de trois étapes successives réalisées du 2 au 18 février 2011 à Genève, à Romont et à Lausanne. La recherche a été faite sur une population de 32 enfants, 19 filles et 13 garçons, migrants d’origine serbe qui fréquentent les cours de serbe organisés par l’Ambassade de Serbie en Suisse. Les cours de serbe ont lieu une fois par semaine et durent trois heures (quatre leçons de 45 minutes). Les cours sont ouverts aux enfants âgés entre sept et quatorze ans, ce qui recouvre la période de scolarisation du premier cycle (l’école primaire) dans le système éducatif qui est en vigueur en Serbie. Les classes sont petites : huit élèves à Genève, dix à Romont et douze à Lausanne. Bien que nous soyons conscients que la différence en âge entre les élèves les plus petits et les élèves les plus grands puisse susciter certaines questions acquisitionnelles, nous avons décidé d’interviewer tous les élèves, pour nous assurer que la taille du corpus soit suffisamment grande. Alors, si l’on prend comme critère l’âge des élèves, la structure de ces trois classes est :

- 7 ans : cinq élèves (quatre filles et un garçon) - 8 ans : quatre élèves (deux filles et deux garçons) - 9 ans : trois élèves (trois garçons)

- 10 ans : deux élèves (une fille et un garçon) - 11 ans : sept élèves (quatre filles et trois garçons) - 12 ans : quatre élèves (quatre filles)

- 13 ans : cinq élèves (trois filles et deux garçons) - 14 ans : deux élèves (une fille et un garçon)

La première étape, qui a duré du 2 au 5 février, était préparatoire − elle nous a servi à faire connaissance avec les élèves et à établir un rapport de confiance avec eux, ce qui nous paraissait indispensable pour un bon déroulement du recueil de données.

Lors de la deuxième étape, réalisée du 9 au 11 février 2011, nous avons procédé au recueil des données en français. L’on a fait un entretien d’environ cinq minutes avec chaque élève28. Il s’agissait d’un entretien libre avec une consigne très vaste : il fallait

28 À l’exception des entretiens n◦ 7, 16 et 40. Il s’agit d’entretiens à trois (chercheuse et deux élèves). On a décidé de ne pas suivre notre méthodogie (chercheuse et un élève) pour respecter le désir des élèves.

39 que les élèves parlent de leur vie de tous les jours, de leurs activités quotidiennes, de leurs loisirs, de ce qu’ils aiment ou n’aiment pas faire, etc. La consigne générale était large parce que l’on voulait que les élèves aient l’impression de pouvoir parler de tout ce qu’ils voulaient et qu’ils s’expriment librement et sans effort dans une atmosphère détendue. Avant la conduite des entretiens, nous avions envisagé de limiter le plus possible nos interventions (approbations, questions, corrections, etc.). Il s’est avéré que cela n’était pas possible. Malgré notre effort de créer une atmosphère relâchée qui ressemblerait à une simple conversation, les élèves étaient influencés par la situation non spontanée (présence de la chercheuse, conversation enregistrée) dans laquelle ils se trouvaient et c’est pour cela que notre participation aux discours a été plus active que prévu. Cependant, il faut admettre que parfois ces interventions ont été faites par maladresse, ce qui a provoqué à plusieurs endroits des ruptures de la chaîne discursive ou des changements thématiques. Les entretiens ont été limités à cinq minutes chacun, mais cette limitation n’était pas stricte et on la dépassait librement, surtout quand les élèves voulaient encore parler, soit pour achever le thème en cours soit pour entamer un nouveau thème.

La troisième étape a été mise en œuvre avec une semaine de décalage et a eu lieu du 16 au 18 février 2011, dans les mêmes classes, avec les mêmes élèves et avec la même méthodologie. La seule différence était que les entretiens se déroulaient en serbe.

En ce qui concerne le cadre discursif établi au début, il fallait parler des vacances que la plupart passent en Serbie ou raconter un événement ou une situation où la langue des actants était le serbe. Ainsi, nous voulions tester une des fonctions du parler bilingue – le marquage de l’appartenance de l’élément relaté à un domaine d’expérience (fonction déictique)29.

À la fin, jetons encore une fois un coup d’œil sur quelques chiffres. L’on a dit que 32 élèves avaient participé à la recherche. La plupart ont été interviewés dans les deux langues, sauf un petit nombre d’élèves qui n’ont fait l’entretien qu’en français ou serbe30. En somme, 30 élèves ont participé à la deuxième étape et 25 élèves ont été interviewés au cours de la dernière étape. L’explication pour cette disparité est simple :

29 Voir Lüdi & Py (2002 : 159).

30 Plus précisément, sept élèves n’ont fait l’entretien qu’en français, tandis que deux élèves ont participé uniquement à la troisième étape.

40 étant donné que le recueil de données n’a pas été effectué d’un seul coup, certains élèves n’étaient pas présents en classe au cours d’une des étapes. Malgré cette disparité, le matériel sonore en serbe dure 3 heures 15 minutes et 27 secondes, tandis que la durée totale des enregistrements en français est de 2 heures 57 minutes et 7 secondes. Les transcriptions des enregistrements figurent dans les Annexes 1 et 2.

2.3. Bilinguisme des participants à la recherche

Comme l’objectif de notre travail n’est pas l’analyse des propriétés du parler bilingue des migrants d’origine serbe qui vivent en Suisse, nous nous contenterons ici d’une brève description de leur compétence langagière. Nous présentons cette description dans le but de voir laquelle de ces deux langues pourrait être matrix language31, c’est-à-dire la langue de base qui fournit la structure grammaticale des propositions.

Les élèves qui ont participé à la recherche appartiennent à la communauté migrante serbe qui existe en Suisse. Il s’agit de migrants de la deuxième génération.

Leur langue de scolarisation est le français. Les cours de serbe qu’ils fréquentent une fois par semaine sont organisés par l’Ambassade de Serbie et n’ont rien à voir avec le système éducatif suisse.

Lors de l’étape préparatoire de notre recherche, nous avons eu l’occasion d’interroger les élèves sur leurs pratiques langagières quotidiennes et d’observer leurs interactions verbales en dehors de la classe. La langue qu’ils utilisent en famille est plutôt le serbe. Toutefois, le serbe n’est pas dans toutes les situations la langue dominante. D’après ce que l’on a pu tirer de leurs témoignages, quand nos informateurs parlent avec leurs parents, la langue de communication est presque toujours le serbe, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas recours au français, surtout en cas de besoin, quand ils n’arrivent pas à trouver le mot ou l’expression juste en serbe. Cependant, quand ils communiquent avec leurs frères ou sœurs, ils préfèrent le français au serbe. En ce qui

31 Le terme est de Myers-Scotton (1993).

41 concerne leur comportement langagier en dehors de la classe de l’École serbe (p.ex.

interactions verbales pendant la récréation), la langue dominante est le français. Ils admettent qu’ils se sentent mieux à l’aise quand ils communiquent en français. En effet, nous pouvons confirmer que la situation dans laquelle nous avons mené les entretiens en français peut être décrite comme endolingue, tandis que les entretiens en serbe ont montré clairement le manque de confiance en leur compétence langagière dans la langue d’origine, ce qui a conduit à une situation d’interaction clairement exolingue.

42

Chapitre 3

3.1. Méthodologie de traitement des données

Bien que nous examinions le même phénomène en français et en serbe parlés, à savoir le statut de la phrase SVO, la méthodologie de traitement des données dans les deux langues sera différente. La méthodologie de traitement des données est en quelque sorte imposée par le processus d’actualisation informative de la phrase française et serbe : en français l’actualisation informative s’obtient au moyen de procédés syntaxiques particuliers, à savoir au moyen d’extraction et de dislocation, tandis qu’en serbe un simple changement dans l’ordre des constituants majeurs suffit pour que la perspective communicative change32. C’est la raison pour laquelle l’analyse des productions orales en français consistera d’une part à repérer ces procédés syntaxiques particuliers, alors que l’examen du corpus serbe est basé sur le repérage des permutations des constituants majeurs dans la phrase assertive simple. Les détails concernant les méthodologies utilisées figurent dans les sections 3.2 et 3.3 de ce chapitre.

En ce qui concerne la présentation des résultats de l’analyse du corpus, nous avons décidé de ne pas faire une analyse statistique, en nous contentant d’une simple présentation du nombre d’occurrences des structures concernées, vu que la taille de notre corpus n’est pas suffisamment grande. Les résultats seront également présentés en fonction de l’âge des élèves, étant donné que le décalage en âge entre les élèves les plus petits et les plus grands n’est pas négligeable. La présentation des résultats sera suivie de la discussion générale aussi bien que de la discussion des exemples qui reflètent le mieux les points développés dans l’analyse.

Nous présenterons pour finir une brève analyse des marques transcodiques au niveau des structures syntaxique et informationnelle. Leur nombre n’est pas significatif et elles apparaissent uniquement dans le corpus serbe.

32 À part ces procédés, la prosodie, qui n’est pas traitée dans cette étude, est un outil important de marquage informatif dans les deux langues.

43 3.2. Analyse des productions orales en français

Afin de vérifier la plausibilité de l’hypothèse de Lambrecht (1987), selon laquelle la phrase SVO n’est pas l’unité informative de base en français parlé quand le sujet a la forme de SN plein, nous avons d’abord examiné la fréquence des sujets lexicaux et pronominaux repérés dans le corpus. Nous avons passé ensuite à l’examen des occurrences des constructions grammaticales, comme décrites dans la section 1.1.1.2.1, à savoir des constructions clivées en c’est, des constructions présentatives et des segmentées à gauche et à droite.

Les résultats de nos analyses seront d’abord présentés de manière globale, après quoi nous procéderons à l’analyse des exemples qui nous paraissent les plus pertinents pour la discussion.

3.2.1. Présentation globale des résultats

Les résultats montrent que la phrase SV(O) n’est pas l’unité informative de base dans notre corpus quand le sujet a la forme de SN plein, à savoir quand le sujet est lexical. Nous n’avons réussi à trouver que 41 occurrences de sujets lexicaux, inclus les SN indéfinis (sept occurrences) comme personne, quelqu’un, certains, chacun et tout.

Le nombre d’occurrences des sujets pronominaux dans les phrases SV(O) est significativement plus grand – au total 1825 occurrences, inclus les occurrences du sujet il dans les constructions impersonnelles il faut, il paraît, etc. Ces résultats sont compatibles avec ceux de Lambrecht (1987)33. Si l’on essaye d’examiner les résultats en fonction de l’âge des élèves qui avaient participé à la recherche, l’on obtient les mêmes tendances dans chacun des huit groupes – le nombre de sujets pronominaux couvre plus de 90% de tous les sujets. Le nombre de sujets lexicaux ne dépasse pas 3%, à l’exception du groupe de sept ans, où il atteint le chiffre de 7,1%. Ces résultats sont présentés dans la Figure 1.

33 Un des trois corpus sur lesquels Lambrecht avait travaillé (François 1974, vol. 2) contient 46 sujets lexicaux, par rapport au nombre total de 1440 sujets pronominaux. Cependant, il n’avait pas compté les occurrences du sujet il dans les constructions impersonnelles.

44 Figure 1: sujets pronominaux vs sujets lexicaux

Il faut souligner que ces chiffres ne concernent pas les constructions grammaticales pragmatiquement marquées. L’on a décidé de les traiter indépendamment vu que leur structure n’est pas SV(O). Les résultats de l’analyse des occurrences des constructions grammaticales pragmatiquement marquées seront donnés plus tard.

Regardons maintenant (Figure 2), à l’instar de Lambrecht (1987), le nombre de sujets lexicaux dans les phrases SV(O) par rapport au nombre de SN topiques et antitopiques dans les segmentées à gauche et à droite respectivement.

Figure 2 : sujets lexicaux, topiques et antitopiques sur un total de 172 occurrences

0 20 40 60 80 100 120

7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans

sujets pronominaux sujets lexicaux

41

124

7

sujets lexicaux topiques SN antitopiques SN

45 Les résultats montrent clairement que les SN topiques et les SN antitopiques, considérés ensemble, sont plus fréquents que les sujets lexicaux, bien que le nombre d’antitopiques par rapport au nombre de sujets lexicaux soit significativement plus petit.

Non seulement ce résultat confirme que les sujets lexicaux sont rares en français parlé, mais encore renforce l’hypothèse de Lambrecht (1987) sur le statut non canonique du modèle SVO avec un SN plein en position initiale, que l’on a adoptée pour le cadre théorique de notre étude.

3.2.2. « The preferred clauses » repérés dans le corpus

Les résultats indiquent que la construction grammaticale de type preferred la plus fréquente est la segmentée à gauche, suivent les constructions présentatives et les clivées en c’est. Les plus rares sont les segmentées à droite34. Nous avons aussi trouvé 18 occurrences de structures que l’on a mises dans la catégorie « autres ». Il s’agit de constructions qui ressemblent du point de vue syntaxique à celles de type preferred, mais qui ont différentes propriétés informationnelles, à savoir les pseudo-clivées et les topicalisées, dont il a été question dans la partie théorique de notre étude.

Nous présenterons d’abord les résultats de la fréquence des constructions grammaticales de manière globale (Figure 3), pour ensuite passer à l’examen de leur fréquence dans les huit groupes constitués relativement à l’âge des participants dans la recherche (Figure 4). Après la présentation des résultats, nous montrerons les aspects syntaxiques, discursifs et pragmatiques des exemples que nous avons choisis pour la discussion. Voici d’abord les Figures 3 et 4 :

34 Nos résultats de la fréquence des segmentées en français parlé s’accordent avec ceux de Ashby (1988) et de Lambrecht (1987). L’un avait dégagé 862 occurrences de la segmentée à gauche et 226 occurrences de la segmentée à droite, tandis que l’autre avait trouvé 124 structures segmentées à gauche et 44 segmentées à droite. Cependant, la différence en nombre d’occurrences entre segmentées à gauche et segmentées à droite dans notre corpus semble encore plus frappante.

46 Figure 3 : constructions de type preferred sur un total de 357 occurrences

Figure 4 : the preferred clauses dans les huit groupes faits selon l’âge des élèves

Si l’on compare les résultats dans les Figure 3 et Figure 4, l’on remarque que les tendances générales (Figure 3) se manifestent aussi dans chacun des huit groupes : la segmentée à gauche est la construction la plus fréquente, suivent les présentatives, les clivées en c’est et les segmentées à droite. Dans les huit groupes, le nombre de segmentées à gauche dépasse le chiffre de 60% de toutes les constructions, sauf dans le groupe de 14 ans où il se limite à 47,06%. Les segmentées à gauche sont les plus fréquentes dans le groupe de 7 ans – 91,52%.

29 41

260

9 18

constructions clivées constructions présentatives segmentées à gauche segmentées à droite autres

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans

clivées en c'est

constructions présentatives segmentées à gauche segmentées à droite autres

47 3.2.2.1. Structures segmentées

Nous avons décidé de consacrer le plus du temps à l’analyse des structures segmentées, notamment aux structures segmentées à gauche pour deux raisons : d’abord parce qu’elles occupent une grande partie de notre corpus (presque quatre cinquièmes de toutes les constructions grammaticales avec la structure clitique + verbe X), ensuite parce qu’il nous semble qu’elles sont plus complexes que les clivées et les présentatives, surtout s’il l’on prend en compte leurs propriétés pragmatiques, c’est-à-dire les fonctions qu’elles remplissent dans le discours. Nous proposons par la suite, à l’instar d’Ashby et de Lambrecht35, une analyse qui englobe les aspects syntaxiques, discursifs et pragmatiques des éléments détachés.

3.2.2.1.1. Segmentées à gauche

Dans l’ensemble de 339 constructions grammaticales ayant le schéma structurel clitique + verbe (X), nous avons dégagé 260 occurrences de structures segmentées à gauche, dont 135 éléments détachés sont pronoms et 125 éléments segmentés ont la forme d’un SN plein. Parmi les éléments pronominaux détachés, l’on trouve 73 exemples avec le pronom tonique de la première personne du singulier ou du pluriel.

Une grande majorité des éléments détachés sont repris dans la proposition principale par les pronoms ayant la fonction de sujet. Néanmoins, l’on trouve quelques exceptions, où les topiques renvoient aux pronoms ayant la fonction de complément d’objet direct (exemples 32, 33 et 34) ou de complément d’objet indirect (exemples 33, 34, 35 et 36) :

35Nous pensons ici aux travaux d’Ashby (1988) et de Lambrecht (1981, 1987), notamment à l’article d’Ashby The Syntax, Pragmatics, and Sociolinguistics of Left- and Right-dislocations in French, où il offre une analyse statistique exhaustive de certaines propriétés formelles des éléments détachés (s’ils ont la forme lexicale ou pronominale, quelles fonctions leurs anaphores remplissent dans la proposition, s’ils sont marqués casuellement ou non, etc.), de leur statut discursif (s’ils renvoient aux référents qui sont nouveaux, récupérables ou connus dans le discours) et finalement de leurs fonctions pragmatiques (topic shifting et topic creating, annonce de la prise de parole ou de la fin de tour, contraste, clarification, etc.)

48 (32) et puis marc je le connais depuis depuis la première école enfantine (Annexe

1 : enregistrement 20, ligne 54)

(33) moi aussi il m’avait mis dans le groupe quatre (Annexe 1 : enregistrement 3, ligne 63)

(34) mon père ça fait déjà deux ans que je l’ai pas vu:/ bon moi ça me fait ouais un peu triste mais: voilà quoi il faut vivre avec (Annexe 1 : enregistrement 24, lignes 67-68)

(35) les autres je m’en fiche un peu (Annexe 1 : enregistrement 27, ligne 15)

(36) après l’autre il était étonné il savait pas quoi faire . et moi ça me fait marrer (Annexe 1 : enregistrement 27, lignes 57-58)

Tous les topiques dans notre corpus sont repris par des pronoms, sauf quelques exemples que l’on trouve dans l’enregistrement 12 (lignes 1, 6 et 18). Le topique établi au début de l’entretien concerne les loisirs de l’interviewé. Il les énumère au cours de l’entretien en utilisant des constructions comme celle-ci :

(37) un de mes loisirs j’aime bien jouer au foot (Annexe 1 : enregistrement 12, ligne 1)

Ce type de segmentées à gauche est très courant en français parlé. Il est intéressant de remarquer que le référent un de mes loisirs peut être considéré comme partiellement

Ce type de segmentées à gauche est très courant en français parlé. Il est intéressant de remarquer que le référent un de mes loisirs peut être considéré comme partiellement