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Méthodologie de traitement des données

Bien que nous examinions le même phénomène en français et en serbe parlés, à savoir le statut de la phrase SVO, la méthodologie de traitement des données dans les deux langues sera différente. La méthodologie de traitement des données est en quelque sorte imposée par le processus d’actualisation informative de la phrase française et serbe : en français l’actualisation informative s’obtient au moyen de procédés syntaxiques particuliers, à savoir au moyen d’extraction et de dislocation, tandis qu’en serbe un simple changement dans l’ordre des constituants majeurs suffit pour que la perspective communicative change32. C’est la raison pour laquelle l’analyse des productions orales en français consistera d’une part à repérer ces procédés syntaxiques particuliers, alors que l’examen du corpus serbe est basé sur le repérage des permutations des constituants majeurs dans la phrase assertive simple. Les détails concernant les méthodologies utilisées figurent dans les sections 3.2 et 3.3 de ce chapitre.

En ce qui concerne la présentation des résultats de l’analyse du corpus, nous avons décidé de ne pas faire une analyse statistique, en nous contentant d’une simple présentation du nombre d’occurrences des structures concernées, vu que la taille de notre corpus n’est pas suffisamment grande. Les résultats seront également présentés en fonction de l’âge des élèves, étant donné que le décalage en âge entre les élèves les plus petits et les plus grands n’est pas négligeable. La présentation des résultats sera suivie de la discussion générale aussi bien que de la discussion des exemples qui reflètent le mieux les points développés dans l’analyse.

Nous présenterons pour finir une brève analyse des marques transcodiques au niveau des structures syntaxique et informationnelle. Leur nombre n’est pas significatif et elles apparaissent uniquement dans le corpus serbe.

32 À part ces procédés, la prosodie, qui n’est pas traitée dans cette étude, est un outil important de marquage informatif dans les deux langues.

43 3.2. Analyse des productions orales en français

Afin de vérifier la plausibilité de l’hypothèse de Lambrecht (1987), selon laquelle la phrase SVO n’est pas l’unité informative de base en français parlé quand le sujet a la forme de SN plein, nous avons d’abord examiné la fréquence des sujets lexicaux et pronominaux repérés dans le corpus. Nous avons passé ensuite à l’examen des occurrences des constructions grammaticales, comme décrites dans la section 1.1.1.2.1, à savoir des constructions clivées en c’est, des constructions présentatives et des segmentées à gauche et à droite.

Les résultats de nos analyses seront d’abord présentés de manière globale, après quoi nous procéderons à l’analyse des exemples qui nous paraissent les plus pertinents pour la discussion.

3.2.1. Présentation globale des résultats

Les résultats montrent que la phrase SV(O) n’est pas l’unité informative de base dans notre corpus quand le sujet a la forme de SN plein, à savoir quand le sujet est lexical. Nous n’avons réussi à trouver que 41 occurrences de sujets lexicaux, inclus les SN indéfinis (sept occurrences) comme personne, quelqu’un, certains, chacun et tout.

Le nombre d’occurrences des sujets pronominaux dans les phrases SV(O) est significativement plus grand – au total 1825 occurrences, inclus les occurrences du sujet il dans les constructions impersonnelles il faut, il paraît, etc. Ces résultats sont compatibles avec ceux de Lambrecht (1987)33. Si l’on essaye d’examiner les résultats en fonction de l’âge des élèves qui avaient participé à la recherche, l’on obtient les mêmes tendances dans chacun des huit groupes – le nombre de sujets pronominaux couvre plus de 90% de tous les sujets. Le nombre de sujets lexicaux ne dépasse pas 3%, à l’exception du groupe de sept ans, où il atteint le chiffre de 7,1%. Ces résultats sont présentés dans la Figure 1.

33 Un des trois corpus sur lesquels Lambrecht avait travaillé (François 1974, vol. 2) contient 46 sujets lexicaux, par rapport au nombre total de 1440 sujets pronominaux. Cependant, il n’avait pas compté les occurrences du sujet il dans les constructions impersonnelles.

44 Figure 1: sujets pronominaux vs sujets lexicaux

Il faut souligner que ces chiffres ne concernent pas les constructions grammaticales pragmatiquement marquées. L’on a décidé de les traiter indépendamment vu que leur structure n’est pas SV(O). Les résultats de l’analyse des occurrences des constructions grammaticales pragmatiquement marquées seront donnés plus tard.

Regardons maintenant (Figure 2), à l’instar de Lambrecht (1987), le nombre de sujets lexicaux dans les phrases SV(O) par rapport au nombre de SN topiques et antitopiques dans les segmentées à gauche et à droite respectivement.

Figure 2 : sujets lexicaux, topiques et antitopiques sur un total de 172 occurrences

0 20 40 60 80 100 120

7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans

sujets pronominaux sujets lexicaux

41

124

7

sujets lexicaux topiques SN antitopiques SN

45 Les résultats montrent clairement que les SN topiques et les SN antitopiques, considérés ensemble, sont plus fréquents que les sujets lexicaux, bien que le nombre d’antitopiques par rapport au nombre de sujets lexicaux soit significativement plus petit.

Non seulement ce résultat confirme que les sujets lexicaux sont rares en français parlé, mais encore renforce l’hypothèse de Lambrecht (1987) sur le statut non canonique du modèle SVO avec un SN plein en position initiale, que l’on a adoptée pour le cadre théorique de notre étude.

3.2.2. « The preferred clauses » repérés dans le corpus

Les résultats indiquent que la construction grammaticale de type preferred la plus fréquente est la segmentée à gauche, suivent les constructions présentatives et les clivées en c’est. Les plus rares sont les segmentées à droite34. Nous avons aussi trouvé 18 occurrences de structures que l’on a mises dans la catégorie « autres ». Il s’agit de constructions qui ressemblent du point de vue syntaxique à celles de type preferred, mais qui ont différentes propriétés informationnelles, à savoir les pseudo-clivées et les topicalisées, dont il a été question dans la partie théorique de notre étude.

Nous présenterons d’abord les résultats de la fréquence des constructions grammaticales de manière globale (Figure 3), pour ensuite passer à l’examen de leur fréquence dans les huit groupes constitués relativement à l’âge des participants dans la recherche (Figure 4). Après la présentation des résultats, nous montrerons les aspects syntaxiques, discursifs et pragmatiques des exemples que nous avons choisis pour la discussion. Voici d’abord les Figures 3 et 4 :

34 Nos résultats de la fréquence des segmentées en français parlé s’accordent avec ceux de Ashby (1988) et de Lambrecht (1987). L’un avait dégagé 862 occurrences de la segmentée à gauche et 226 occurrences de la segmentée à droite, tandis que l’autre avait trouvé 124 structures segmentées à gauche et 44 segmentées à droite. Cependant, la différence en nombre d’occurrences entre segmentées à gauche et segmentées à droite dans notre corpus semble encore plus frappante.

46 Figure 3 : constructions de type preferred sur un total de 357 occurrences

Figure 4 : the preferred clauses dans les huit groupes faits selon l’âge des élèves

Si l’on compare les résultats dans les Figure 3 et Figure 4, l’on remarque que les tendances générales (Figure 3) se manifestent aussi dans chacun des huit groupes : la segmentée à gauche est la construction la plus fréquente, suivent les présentatives, les clivées en c’est et les segmentées à droite. Dans les huit groupes, le nombre de segmentées à gauche dépasse le chiffre de 60% de toutes les constructions, sauf dans le groupe de 14 ans où il se limite à 47,06%. Les segmentées à gauche sont les plus fréquentes dans le groupe de 7 ans – 91,52%.

29 41

260

9 18

constructions clivées constructions présentatives segmentées à gauche segmentées à droite autres

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

7 ans 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans

clivées en c'est

constructions présentatives segmentées à gauche segmentées à droite autres

47 3.2.2.1. Structures segmentées

Nous avons décidé de consacrer le plus du temps à l’analyse des structures segmentées, notamment aux structures segmentées à gauche pour deux raisons : d’abord parce qu’elles occupent une grande partie de notre corpus (presque quatre cinquièmes de toutes les constructions grammaticales avec la structure clitique + verbe X), ensuite parce qu’il nous semble qu’elles sont plus complexes que les clivées et les présentatives, surtout s’il l’on prend en compte leurs propriétés pragmatiques, c’est-à-dire les fonctions qu’elles remplissent dans le discours. Nous proposons par la suite, à l’instar d’Ashby et de Lambrecht35, une analyse qui englobe les aspects syntaxiques, discursifs et pragmatiques des éléments détachés.

3.2.2.1.1. Segmentées à gauche

Dans l’ensemble de 339 constructions grammaticales ayant le schéma structurel clitique + verbe (X), nous avons dégagé 260 occurrences de structures segmentées à gauche, dont 135 éléments détachés sont pronoms et 125 éléments segmentés ont la forme d’un SN plein. Parmi les éléments pronominaux détachés, l’on trouve 73 exemples avec le pronom tonique de la première personne du singulier ou du pluriel.

Une grande majorité des éléments détachés sont repris dans la proposition principale par les pronoms ayant la fonction de sujet. Néanmoins, l’on trouve quelques exceptions, où les topiques renvoient aux pronoms ayant la fonction de complément d’objet direct (exemples 32, 33 et 34) ou de complément d’objet indirect (exemples 33, 34, 35 et 36) :

35Nous pensons ici aux travaux d’Ashby (1988) et de Lambrecht (1981, 1987), notamment à l’article d’Ashby The Syntax, Pragmatics, and Sociolinguistics of Left- and Right-dislocations in French, où il offre une analyse statistique exhaustive de certaines propriétés formelles des éléments détachés (s’ils ont la forme lexicale ou pronominale, quelles fonctions leurs anaphores remplissent dans la proposition, s’ils sont marqués casuellement ou non, etc.), de leur statut discursif (s’ils renvoient aux référents qui sont nouveaux, récupérables ou connus dans le discours) et finalement de leurs fonctions pragmatiques (topic shifting et topic creating, annonce de la prise de parole ou de la fin de tour, contraste, clarification, etc.)

48 (32) et puis marc je le connais depuis depuis la première école enfantine (Annexe

1 : enregistrement 20, ligne 54)

(33) moi aussi il m’avait mis dans le groupe quatre (Annexe 1 : enregistrement 3, ligne 63)

(34) mon père ça fait déjà deux ans que je l’ai pas vu:/ bon moi ça me fait ouais un peu triste mais: voilà quoi il faut vivre avec (Annexe 1 : enregistrement 24, lignes 67-68)

(35) les autres je m’en fiche un peu (Annexe 1 : enregistrement 27, ligne 15)

(36) après l’autre il était étonné il savait pas quoi faire . et moi ça me fait marrer (Annexe 1 : enregistrement 27, lignes 57-58)

Tous les topiques dans notre corpus sont repris par des pronoms, sauf quelques exemples que l’on trouve dans l’enregistrement 12 (lignes 1, 6 et 18). Le topique établi au début de l’entretien concerne les loisirs de l’interviewé. Il les énumère au cours de l’entretien en utilisant des constructions comme celle-ci :

(37) un de mes loisirs j’aime bien jouer au foot (Annexe 1 : enregistrement 12, ligne 1)

Ce type de segmentées à gauche est très courant en français parlé. Il est intéressant de remarquer que le référent un de mes loisirs peut être considéré comme partiellement indéfini. En (37), l’élève crée une sorte de cadre thématique ou de topique assez général qui restera actif par la suite du discours. L’élève le reprend encore deux fois :

(38) euh un autre j’aime bien les maths (Annexe 1 : enregistrement 12, ligne 6) (39) un des autres loisirs j’aime bien parler avec ma petite-copine (Annexe 1 :

enregistrement 12, ligne 18)

En ce qui concerne la reprise pronominale, nous avons trouvé 22 occurrences où le topique n’est pas repris par un pronom personnel, mais par le pronom démonstratif c’ ou ça. Voici deux exemples :

(40) mon temps libre c’est souvent du sport/ . du volleyball/ . la course/ . sinon je passe du temps avec mes amis (Annexe 1 : enregistrement 24, lignes 1-2)

(41) mon préféré jour c’est mercredi/ samedi et dimanche (Annexe 1 : enregistrement 4, ligne 1)

Lambrecht (1981 : 55-6) explique que dans les cas comme (40) et (41), quand la reprise pronominale ne correspond pas au topique, le lien entre topique et proposition est de

49 nature purement sémantique. Pour désigner le rapport entre topique et propos dans ce type d’exemples, Lambrecht utilise le terme semantic frame or scene.

Avant de terminer l’analyse des propriétés formelles des structures segmentées à gauche, examinons les exemples où il y a plus d’un topique dans la structure segmentée, ainsi que les occurrences où le topique est séparé de son propos par une proposition subordonnée. Ces exemples ne sont pas nombreux (une dizaine à peu près), pourtant il nous semble qu’ils méritent une brève analyse. Selon Lambrecht (1981 : 73), le nombre de topiques qui peuvent apparaître dans une seule relation topique-propos est limité à deux et un des topiques est typiquement le pronom personnel tonique de la 1ère ou de la 2ème personne. C’est ce que l’on remarque en (42) et (43) :

(42) moi ma maison c’est sur le bleu (Annexe 1 : enregistrement 16, lignes 40-41) (43) moi mon jour préféré c’est mardi (Annexe 1 : enregistrement 20, ligne 14) Les trois exemples qui suivent montrent que le topique peut être séparé de son propos par une proposition subordonnée :

(44) ma mère pendant que nous on mange elle se prépare pour aller au travail (Annexe 1 : enregistrement 1, lignes 89-90)

(45) mon père ça fait déjà deux ans que je l’ai pas vu (Annexe 1 : enregistrement 24, ligne 67)

(46) les mamans qui n’ont pas assez d’argent ils peuvent aller prendre dans la caisse de la banque euh euh l’argent (Annexe 1 : enregistrement 12, lignes 38-39) En (45), la phrase qui sépare le topique mon père de son propos je l’ai pas vu peut aussi être interprétée comme une espèce de clivée dont la deuxième partie est justement le propos du topique mon père. Notons que la reprise pronominale le peut être enchâssée, ce qui n’est pas le cas pour son topique mon père36. En ce qui concerne l’exemple (46), il faut préciser que l’expression référentielle ils, même si elle est employée de façon erronée, renvoie au topique les mamans.

Passons maintenant à l’examen du statut discursif des référents auxquels les topiques renvoient. Nous avons déjà dit dans le premier chapitre de notre travail que les référents auxquels les topiques renvoient doivent être connus ou pragmatiquement

36 Voir l’observation du problème de topic embedding Lambrecht (1981 : 57-60).

50 récupérables dans le discours et qu’ils doivent être définis. Toutefois, nous avons repéré deux exceptions dans notre corpus, où le topique renvoie à un référent indéfini :

(47) on attendait quand ça sonne et après une copine elle me laissait pas de se mettre sur les pieds (Annexe 1 : enregistrement 7, lignes 15-16)

(48) ça parle de tsar qu'une fille elle veut partir pour le tsar (Annexe 1 : enregistrement 5, lignes 48-49)

En (47), l’élève raconte une situation qui s’est passée pendant la récréation – elle était assise sur un banc quand une fille s’est approchée d’elle en ne lui permettant pas qu’elle se mette debout. L’élève introduit le référent indéfini une fille par une structure segmentée à gauche, bien que dans ce contexte la phrase avec une construction présentative serait plus acceptable du point de vue pragmatique :

(47’) on attendait que ça sonne et après il y a une copine qui ne laissait pas que je me mette sur les pieds

En (48), une autre élève est en train de raconter le contenu d’un livre. Le référent une fille est aussi nouveau dans le discours, toutefois il est marqué par la segmentée à gauche.

Quant aux fonctions pragmatiques des structures segmentées à gauche, il faut dire que nos résultats ont révélé presque toutes les fonctions pragmatiques qu’Ashby (1988) retrouve dans son corpus. Nos résultats confirment que dans la plupart des cas la structure segmentée à gauche apparaît comme topic creating ou topic shifting device37, ce qui veut dire que la fonction principale de la structure segmentée à gauche est l’annonce d’un nouveau topique où l’annonce du changement de topique dans le discours. Examinons quelques exemples :

(49) puis après . un garçon qui s’appelle guillaume est arrivé . ensuite maxime/ . ensuite alan/ . ensuite marie/ . ensuite juliana\ .. après on a commencé la partie/

. pour finir ma mère . elle a mis . elle a fait deux strikes à la suite . alors elle a gagné (Annexe 1 : enregistrement 14, lignes 7-10)

(50) je me souviens que c’était hier euh on était moi et ma copine on était sur les pieds debout comme ça . on attendait quand ça sonne et après une copine elle me laissait pas de se mettre sur les pieds et après euh euh ma copine elle est

37 Les termes sont de Lambrecht (1981).

51 assis comme ça sur les pieds et après euh euh euh ma copine sauf que elle elle m’a énervé elle se met comme ça debout et moi je voulais me mettre comme ça debout et après euh elle euh j’étais assis et elles sont parties de dire des secrets et ça m’a embêté et voilà (Annexe 1 : enregistrement 7, lignes 13-19)

(51) j’en ai trois vraiment meilleurs amis . c’est sergio alissio et marc . et puis sergio et alissio sont des jumeaux . et puis marc je le connais depuis depuis la première école enfantine (Annexe 1 : enregistrement 20, lignes 52-54)

(52) c’est: y a trois ours et y a aussi y a aussi boucle d’or . ba elle entre dans la maison . elle va dans les trois lits . elle les essaye des fois et après elle dort et les trois ours ils rentrent et ils voient boucle d’or et ils disent et boucle d’or elle part et c’est tout (Annexe 1 : enregistrement 22, lignes 18-20)

En (49), l’interviewée parle de sa fête d’anniversaire. Elle commence le discours par l’énumération des personnes qui sont venues à sa fête, pour ensuite enchaîner sur un événement qui s’est passé pendant la fête où l’acteur principal est sa mère. Alors, pour créer un nouveau topique, elle utilise la structure segmentée à gauche. En (50), une autre interviewée a l’intention de raconter un événement qui s’est produit à l’école, pendant la récréation. Elle utilise la structure segmentée pour marquer son nouveau topique. Il est intéressant de remarquer que par la suite l’interviewée continue à utiliser le même procédé, bien que cela ne semble pas être motivé par une fonction pragmatique, par exemple quand elle introduit un nouveau référent indéfini au moyen de la structure segmentée. En ce qui concerne les exemples (51) et (52), l’on remarque la topic shifting fonction : à un moment donné, les interviewés changent de topique en choisissant un des topiques introduit dans le contexte immédiatement précédent.

Nous avons réussi à trouver quelques exemples où la segmentée à gauche marque le contraste :

(53) moi je lui demande je peux jouer avec vous après eux ils partent pour se dire des secrets (Annexe 1 : enregistrement 7, lignes 10-11)

En utilisant les deux segmentées mises en cursive, l’élève marque le contraste entre le désir d’appartenir à un groupe et le fait qu’elle n’est pas acceptée par ce groupe.

(54) c’est toujours pas équitable parce que nous on est j’sais pas par exemple cinq et puis eux ils sont dix . on n’arrive pas toujours à gagner mais bon (Annexe 1 : enregistrement 25, lignes 15-17)

52 Ici, le contraste dans le nombre de personnes qui font partie des deux groupes de foot est obtenu par l’emploi de deux segmentées nous on et eux ils.

Les segmentées à gauche sont aussi utilisées pour marquer la présence du locuteur dans le discours ou la prise de parole par un des locuteurs dans un contexte dialogique. C’est la fonction qu’Asbhy (1988) appelle turn taking. Nous avons réussi à repérer 11 occurrences où la segmentée à gauche apparaît au début d’un tour de parole ou au début du discours. L’élément segmenté est le pronom personnel tonique moi.

Voici un exemple :

(55) Ch : et toi/ . qu’est-ce que tu me racontes/ qu’est-ce que tu vas me raconter . peut-être un jeu ...

El8 : [euh: je vais

Ch : un jeu préféré . quelque chose que tu fais avec tes amis ou un dessin animé . ce que tu veux

El8 : moi je vais raconter quand j’étais à mon sport (Annexe 1 : enregistrement 7, lignes 21-26)

Ici, la segmentée moi je permet à l’élève de marquer sa position de locuteur et sa prise de parole dans le discours.

Cependant, il nous semble très important de souligner qu’il existe un grand nombre de structures segmentées à gauche dont l’emploi n’est pas pragmatiquement motivé. Nous pensons notamment au cas de moi je et de nous on, mais aussi aux SN détachés à gauche qui ne remplissent aucune des fonctions mentionnées. Examinons d’abord les occurrences avec moi je ou nous on. Il faut d’abord dire qu’elles occupent une partie significative dans l’ensemble de toutes les segmentées à gauche – au total 61

Cependant, il nous semble très important de souligner qu’il existe un grand nombre de structures segmentées à gauche dont l’emploi n’est pas pragmatiquement motivé. Nous pensons notamment au cas de moi je et de nous on, mais aussi aux SN détachés à gauche qui ne remplissent aucune des fonctions mentionnées. Examinons d’abord les occurrences avec moi je ou nous on. Il faut d’abord dire qu’elles occupent une partie significative dans l’ensemble de toutes les segmentées à gauche – au total 61