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Claire Blanche-Benveniste sur l’étude de l’ordre des mots du français parlé

1.1. Ordre des mots en français

1.1.1. Ordre des mots en français parlé

1.1.1.1. Claire Blanche-Benveniste sur l’étude de l’ordre des mots du français parlé

1.1.1. Ordre des mots en français parlé

Le point qui va nous intéresser maintenant est de voir s’il existe des particularités dans l’ordre des mots du français parlé par rapport au français écrit. Les questions que nous posons sont : L’observation de la langue parlée peut-elle jeter une autre lumière sur l’étude de l’ordre des mots en général ? Quelle est la structure phrastique la plus fréquente du français parlé ? La structure SV(O) maintient-elle son statut canonique à l’oral ou existe-t-il plutôt une autre structure qui est plus fréquente et plus spécifique à la langue parlée ? Afin d’examiner tous ces points, nous allons nous appuyer principalement sur les travaux de Blanche-Benveniste (1996) et de Lambrecht (1987, 1994).

1.1.1.1. Claire Blanche-Benveniste sur l’étude de l’ordre des mots du français parlé Dans l’article Trois remarques sur l’ordre des mots dans la langue parlée, Claire Blanche-Benveniste (1996) présente trois problèmes qu’elle considère comme préliminaires à une étude sur l’ordre des mots dans la langue parlée.

Le premier concerne les phénomènes propres à la prise de parole orale non préparée, comme les hésitations, les reprises, les corrections, les constructions

9 incidentes ou les inachèvements. Selon Blanche-Benveniste (1996 : 109), il faut d’abord se prononcer sur le statut de ces phénomènes dans l’analyse de l’ordre des mots de la langue parlée : soit on les considère comme des obstacles à toute analyse syntaxique fiable, soit on les intègre dans le système des règles grammaticales. Elle pense que les phénomènes propres à la prise de parole (par exemple, certaines formes de répétition des pronoms, des prépositions ou des articles) ne peuvent pas faire l’objet d’une description grammaticale proprement dite, mais que cela ne veut pas dire qu’ils doivent être placés hors analyse. « Une méthode simple est de considérer que les suites comme je je je ou de de de ne forment pas des syntagmes, à disposer selon un ordre de successivité, mais que ce sont des réitérations d’éléments à situer sur une même place syntaxique. Cela implique que des éléments produits côte à côte dans le déroulement du discours, peuvent être interprétés soit comme des séquences syntagmatiques, soumises à des règles d’ordre des mots grammatical, soit comme des énumérations paradigmatiques, qu’on ne doit pas décrire avec les mêmes règles » (Blanche-Benveniste 1996 : 110). Autrement dit, quand l’on fait une étude sur l’ordre des mots dans la langue parlée, il faut faire une nette séparation entre l’ordre discursif des mots et l’ordre grammatical des syntagmes. La même méthode peut être appliquée dans le cas des commentaires sur l’énonciation, des parenthèses ou du vocatif.

Le deuxième problème relève de la comparaison entre français parlé et français écrit. La question est de savoir s’il existe certains ordres des mots en français parlé que l’on ne trouve pas à l’écrit. Les données de la langue parlée montrent qu’il y a certains types de phrase, plus fréquents à l’oral qu’à l’écrit, avec l’ordre des mots qui n’est pas SVO. Pour Blanche-Benveniste (1996 : 112), ce sont :

1. la construction clivée en c’est...que... : C’est surtout son père qu’il n’a jamais revu2

2. la construction disloquée à gauche : Ces progrès, Monsieur DM les a indiqués brièvement

3. une antéposition du complément, sans reprise terminale, portée par une intonation ouvrante, caractéristique des éléments thématiques (pour les verbes comme

2 Les exemples sont pris de Blanche-Benveniste (1996).

10 connaître, savoir, aimer, adorer, détester) : La politique-fiction, vous connaissez : l’art de frémir

4. une antéposition du complément, disponible pour tous les verbes, portée par une intonation terminale : Dix-sept ans il a

L’on remarque que tous ces compléments sont focalisés. Cependant, cette focalisation n’est pas obtenue seulement au moyen de changement de l’ordre des mots. L’intonation et les expressions focalisantes y jouent aussi un rôle important.

Pourquoi ce type de phrase est-il rare à l’écrit ? Pour Blanche-Benveniste, une explication possible serait la difficulté de choisir une ponctuation adéquate à l’écrit3.

Finalement, le dernier problème concerne le niveau d’analyse sur lequel l’on se situe en examinant l’ordre des mots du français parlé. En d’autres termes, il est clair que l’approche phrastique ne se prête pas bien à l’étude de la langue parlée et qu’il faut prendre pour base des unités plus larges. Cela permet des phénomènes de jeux sur l’ordre des mots, dont le chiasme est un des exemples de figures de style les plus simples. « Ce qui favorise cette figure, ce sont toutes les occasions de faire contraster, pour un même élément, des possibilités différentes dans l’ordre des mots : couples de questions et de réponses, compléments antéposés et postposés, dislocations à droite et à gauche, ou constructions concurrentes dues aux hésitations des locuteurs » (Blanche-Benveniste 1996 : 116).

Après avoir observé ces trois aspects du problème de l’ordre des mots en français parlé, Blanche-Benveniste arrive à trois conclusions. Premièrement, il n’y a pas de grandes différences entre grammaire de l’oral et grammaire de l’écrit. Les constructions spécifiques à la langue parlée existent à l’écrit aussi, mais elles y apparaissent avec une fréquence remarquablement plus petite. Deuxièmement, il faut faire la distinction entre l’ordre discursif des mots et l’ordre grammatical des syntagmes afin de trouver la cohérence des productions orales. Il s’agit ici d’une sorte de reconstruction de l’ordre grammatical à partir du désordre apparent des discours.

Somme toute, pour traiter amplement de l’ordre des mots dans la langue parlée, il est indispensable de ne pas séparer nettement la syntaxe, la sémantique et l’intonation, mais de profiter de leur travail conjoint.

3 Par exemple, s’il faut ou s’il ne faut pas séparer le sujet focalisé de son verbe par une virgule.

11 1.1.1.2. Hypothèse de Lambrecht sur l’ordre SVO en français parlé

Contrairement à la position de Blanche-Benveniste, Lambrecht pense que la grammaire de la langue parlée diffère de la grammaire de la langue écrite, remettant en question le statut dominant du modèle SVO en français parlé. Selon Lambrecht (1987), la fonction pragmatique de ce modèle dans la langue parlée est très restreinte, à tel point que l’on peut dire que la phrase de type SVO pratiquement n’a pas de fonction pragmatique en français parlé. Le type de phrase canonique en français parlé, surtout dans le discours oral spontané, a la structure clitique + verbe (X). Lambrecht appelle cette structure the preferred clause.

Nous allons essayer dans la suite de présenter avec plus de détails les principaux arguments de Lambrecht sur l’ordre des mots en français parlé. Nous allons également essayer de décrire toutes les constructions où l’ordre des mots diffère de l’ordre canonique, en insistant sur le lien entre structure informationnelle et marques syntaxiques. Le point avec lequel nous pensons terminer ce chapitre va traiter le problème du statut des sujets lexicaux dans la langue parlée, à savoir le statut des sujets sous forme de SN pleins, parce qu’il semble être lié au problème de l’ordre des mots.

1.1.1.2.1. The preffered clause du français parlé

Lambrecht (1987 : 219) définit la structure qu’il appelle the preferred clause comme unité informative de base du français parlé dont le schéma peut être représenté de la manière suivante : [clitique + verbe (X)]. Le clitique pronominal qui se trouve en position initiale de la structure peut être:

- un des pronoms personnels atones : je, tu, il, elle, on4, vous, ils, elles - le pronom démonstratif ou impersonnel de la 3ème personne ça ou c’

- le pronom il impersonnel - le pronom y

Selon Lambrecht (1981 : 45), ces clitiques initiaux ont subi un processus de grammaticalisation, dans lequel ils ont perdu leur statut indépendant comme mots et la

4 À l’oral, le pronom personnel nous est remplacé par le pronom on.

12 liberté de la permutalibilité syntaxique. Cela veut dire qu’ils sont devenus marqueurs grammaticaux morphologiquement déterminés par le verbe. Ce lien morphologique entre pronom et verbe relève du processus de cliticalisation qui, selon Givón (cité par Lambrecht 1987 : 45), peut être mis en relation avec le fait que ces pronoms ne sont jamais toniques et que leur degré informatif est très faible. Bien que Lambrecht ne réponde pas clairement à la question s’ils doivent être traités comme pronoms ou comme morphèmes grammaticaux, il pense que l’accord verbal et la pronominalisation partagent les mêmes principes de base et qu’il s’agit en réalité du même processus.

C’est la raison pour laquelle l’on remarque dans Lambrecht (1981) une apparente inconsistance terminologique quand il décrit cette position initiale dans preferred clause. Il utilise les termes comme bound pronoun, clitic, agreement marker, inflectional morpheme. Quoi qu’il en soit, il nous semble important de souligner que pour Lambrecht la structure clitique + verbe (X) est verb-initial5. En ce qui concerne l’élément postverbal, il s’agit de focus de la phrase, qui a la forme d’un SN plein ou de pronom tonique moi, toi, lui, etc.

Certaines constructions grammaticales servent à maintenir la structure clitique + verbe (X) en français parlé. Leur forme syntaxique est liée à leur fonction pragmatique dans le discours. Selon Lambrecht (1987), leur fonction pragmatique peut être:

1. l’identification et le marquage du focus

2. l’introduction d’un nouveau référent dans le discours (fonction présentative) 3. le marquage du topique

Nous allons décrire par la suite toutes les constructions grammaticales ayant une de ces trois fonctions pragmatiques dans le discours.

5 The perferred clause peut servir d’argument pour supporter l’hypothèse de Harris (1978) selon laquelle le français est en train de subir le changement typologique du type SVO vers le type VSO ou VOS. Le même argument peut être utilisé pour les constructions disloquées à droite, dont il sera question plus loin.

Cependant, nous n’allons pas aborder le problème de l’ordre des mots en français parlé dans l’optique diachronique.

13 1.1.1.2.1.1. Construction clivée en c’est

Une des possibilités de mettre en relief un constituant de la phrase en français est de le faire extraire au moyen de structure c’est... qui/que. « L’extraction met en œuvre le procédé emphatique qui associe une locution identifiante et une relative pour extraire un constituant de la phrase et qui permet d’obtenir ainsi une phrase clivée » (Riegel, Pellat

& Rioul 1994 : 430). L’élément mis en relief par la clivée représente le focus de la phrase. L’on peut dire que la clivée est le procédé syntaxique le plus utilisé pour le processus de focalisation, surtout à l’oral. En français parlé, le focus n’apparaît presque jamais en position sujet : soit il se trouve en position de prédicat (predicate-focus structure6), soit le focus correspond à l’argument omis dans la phrase présupposée (argument-focus structure7) ou bien le focus s’étend sur le sujet et le prédicat (event-reporting sentence type ou sentence-focus structure). La construction clivée (argument-focus structure) permet l’extraction du (argument-focus, en le disloquant en même temps de la position sujet de la phrase. Regardons l’exemple (1) :

(1) Ivana : Qui a volé mon écharpe préférée ? Nada : ?? Maya l’a prise.

C’est Maya qui l’a prise.

Dans (1), la première réponse à la question d’Ivana serait difficilement acceptable du point de vue pragmatique. La réponse avec la clivée est en revanche très courante à l’oral.

La construction clivée est un exemple de preferred clause. D’après Lambrecht (1987 : 224-225), il s’agit « de procédé syntaxique par lequel un constituant, dont le référent a le rôle pragmatique de focus dans une phrase mais dont la position normale n’est pas focalisée, peut apparaître en position postverbale préférable pour le focus, par la création d’une autre phrase auxiliaire de type preferred clause qui contient la copule être et dans laquelle la position focus est libre, ce qui permet que le constituant en question remplisse cette position ». La clivée est alors une construction complexe, constituée de deux propositions – la principale (focus phrase) contenant le clitique c’, la

6 Les termes predicate-focus structure, argument-focus structure et sentence-focus structure sont utilisés dans Lambrecht (1994).

7 C’est la structure qui va nous intéresser ici, à savoir la structure clivée.

14 copule être et le complément du verbe être qui est pragmatiquement le focus de toute la construction; et la relative dont le sujet (le pronom qui ou que) renvoie au focus. Tandis que la première proposition contient une information nouvelle, la proposition relative peut être considérée comme présupposée, c’est-à-dire qu’au moment de l’énonciation le locuteur considère son contenu comme donné ou pragmatiquement récupérable dans l’esprit de l’auditeur. Il serait peut-être utile de faire ici la distinction entre prédicat pragmatique et prédicat sémantique. Lambrecht (1994 : 233) souligne que le prédicat pragmatique est introduit par le pronom démonstratif, tandis que le prédicat sémantique est exprimé syntaxiquement au moyen de proposition relative. L’on note que cette structure est inverse à la structure predicate-focus parce que c’est le prédicat qui est présupposé dans la clivée, ce qui veut dire qu’il ne contient pas le focus. Selon Lambrecht (1987), la fonction pragmatique de la clivée est d’identifier et de marquer le focus. L’élément focalisé correspond dans la version non-marquée de la même construction8 au sujet ou à une phrase adverbiale et non à l’objet (Lambrecht 1987 : 225). Si l’on prend en compte le fait que les sujets sont le plus souvent des topiques et que les topiques généralement ne sont pas focalisés, il n’est pas surprenant qu’il doive exister un fort marquage syntaxique quand le focus tombe sur ces constituants.

Nous avons vu que Lambrecht insiste sur la fonction pragmatique d’identification et de marquage du focus (focus marking device) de la clivée. Cependant, Grobet (2002 : 210) pense qu’ « elle est susceptible de marquer le topique à travers la partie de la proposition présentée comme présupposée ». Grobet montre d’abord comment cette structure contribue au marquage des référents actifs qui fonctionnent comme points d’ancrage dans un contexte discursif. Les points d’ancrage peuvent être les expressions référentielles faisant partie de la structure. Voici un exemple :

(2) B173 : alors on a vu madame Poirier C174 : oui

B175 : et on a vu . le . madame Poirier avait l’air de dire bon ben c’est c’est c’est

C176 : alors c’est elle qui détermine vous savez on suit beaucoup ses ses trucs elle elle note des points

8 Comparez : C’est Maya qui l’a prise et Maya l’a prise dans l’exemple (1).

15 B177 : euh ouais alors euh

C178 : c’est elle qui détermine beaucoup hein (Grobet 2002 : 216)

En (2), l’expression référentielle elle renvoie au référent madame Poirier, actif et identifiable, parce qu’il est introduit dans le contexte immédiatement précédent.

Cependant, le pronom elle est focalisé par la clivée, ce qui montre qu’il y a un conflit de relations de topique et de focus dans cet exemple.

Les points d’ancrage peuvent aussi être marqués par la structure même de la clivée, à savoir par le prédicat sémantique qui est présupposé. Grobet (2002 : 219) explique ensuite comment le marquage des points d’ancrage s’articule avec le marquage des topiques. Les topiques peuvent également être marqués par les expressions référentielles ou par la phrase relative de la clivée. Ce marquage relève de la relation que le focus entretient avec le topique correspondant. Cette relation produit différents effets de sens, le plus souvent le contraste ou la correction. « Dans un grand nombre d’exemples, le référent clivé s’oppose à un autre référent évoqué dans le cotexte immédiat à propos d’un topique donné » (Grobet 2002 : 221). La clivée peut aussi amener une transition topicale, à savoir introduire un nouveau référent, susceptible de devenir topique pour la suite du discours.

Encore deux points à propos de la clivée seront abordés ici. Le premier concerne l’état d’activation des référents focalisés. Le référent focalisé par la clivée peut être nouveau, accessible ou donné dans le discours. Cela s’explique par le fait que « pour entrer dans une relation de focus, une information n’a pas besoin d’être nouvelle en tant que telle, mais qu’elle tire sa nouveauté de la relation avec un topique spécifique dans un contexte donné » (Grobet 2002 : 220).

À la fin de l’analyse de la construction clivée en c’est, nous présentons quelques constructions ayant la même structure à la surface que la clivée. Cependant, il ne faut pas les confondre avec la clivée, parce qu’elles possèdent différentes propriétés prosodiques et informatives. Voici quelques exemples :

(3) ce que je n’aime pas c’est que je dois ramener ma petite sœur de l’école (notre corpus : enregistrement 1, El1 ;voir Annexe 1)

Nous avons ici un exemple de pseudo-clivée. Elle est similaire à la clivée, mais certaines différences existent. D’abord, la clivée et la pseudo-clivée diffèrent au niveau prosodique. La pseudo-clivée a deux contours intonatifs, tandis que la clivée en a un. Il

16 semble aussi que deux parties de la pseudo-clivée sont plus inter-indépendantes que celles de la clivée.

(4) C’est un article, que Sophie m’a proposé de lire.

Cette phrase diffère clairement aux niveaux informationnel et prosodique de la phrase : (4’) C’est un article que Sophie m’a proposé de lire (et pas un livre).

Dans (4), l’on remarque deux unités intonatives. La relative apporte une information nouvelle et non présupposée.

1.1.1.2.1.2. Constructions présentatives

Nous avons vu que les référents nouveaux ne peuvent pas apparaître en position initiale de sujet dans le discours. Cela vaut aussi pour les référents non-utilisés, qui sont identifiables par le locuteur et l’auditeur mais pas encore pragmatiquement accessibles dans le discours. Ces référents nouveaux et non-utilisés, susceptibles de devenir topiques par la suite du discours, sont introduits en français parlé au moyen de constructions présentatives (Lambrecht 1987 : 226). Ces constructions présentatives ont la structure clitique + verbe (X). Nous proposons l’analyse des constructions présentatives suivantes :

a. les propositions contenant le verbe avoir (avoir y apparaît comme verbe sémantiquement intransitif)

b. les propositions contenant les verbes de mouvement (venir, arriver, descendre, etc.) ou les verbes existentiels (naître, mourir, etc.)

c. les propositions contenant les verbes de perception (voir, etc.)

Toutes ces propositions ont comme fonction la localisation ou la présentation des référents dans le discours. Par exemple, le verbe avoir perd dans la construction présentative ses propriétés sémantiques habituelles. Il n’exprime pas la possession, mais la présence ou l’existence d’un référant dans le discours. C’est pour cela que Lambrecht (1987) le considère comme verbe intransitif.

La construction présentative la plus fréquente à l’oral est la clivée en y a9. Regardons l’exemple (5) :

9 Ya-cleft construction en termes de Lambrecht (1987).

17 (5) (…) on était en train de jouer au foot et puis y a un copain qui s’est fait mal (notre corpus : enregistrement 8, El9 ; voir Annexe 1)

D’abord, l’on remarque qu’en français parlé la locution verbale impersonnelle il y a apparaît plutôt sous la forme plus courte – y a, ce qui veut dire que le clitique initial de la construction est le pronom y. La construction clivée en y a est constituée, comme d’ailleurs la clivée en c’est, de deux parties, à savoir de deux preferred clauses. La première contient la locution verbale impersonnelle y a10 et un référent nouveau qui joue le rôle du focus. Dans la deuxième partie de la clivée, ce même référent prend le rôle du topique et il est représenté par le pronom relatif qui. Le pronom relatif qui est en même temps le sujet de la phrase relative et il renvoie au référent introduit dans la première partie de la construction. Nous voyons encore une fois mis en œuvre le principe de la séparation entre référence et relation11 et la maxime pragmatique Do not introduce a referent and talk about it in the same clause12. Le SN nouveau est introduit dans le discours dans la première partie de la clivée, mais pas dans la position initiale de

D’abord, l’on remarque qu’en français parlé la locution verbale impersonnelle il y a apparaît plutôt sous la forme plus courte – y a, ce qui veut dire que le clitique initial de la construction est le pronom y. La construction clivée en y a est constituée, comme d’ailleurs la clivée en c’est, de deux parties, à savoir de deux preferred clauses. La première contient la locution verbale impersonnelle y a10 et un référent nouveau qui joue le rôle du focus. Dans la deuxième partie de la clivée, ce même référent prend le rôle du topique et il est représenté par le pronom relatif qui. Le pronom relatif qui est en même temps le sujet de la phrase relative et il renvoie au référent introduit dans la première partie de la construction. Nous voyons encore une fois mis en œuvre le principe de la séparation entre référence et relation11 et la maxime pragmatique Do not introduce a referent and talk about it in the same clause12. Le SN nouveau est introduit dans le discours dans la première partie de la clivée, mais pas dans la position initiale de