La nutrigénomique : le départ d’une nouvelle notion de nutriment

Le génomique et la post-génomique sont des disciplines nouvelles qui, en étudiant le patrimoine chromosomique héréditaire et leur expression, ont permis une avancée fondamentale pour l’homme en particulier, le développement de la médecine personnalisée. L’application des techniques propres à ces disciplines dans le cadre de l’étude du nutriment contribue à redéfinir la notion de nutriment.

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1 _{E. Fontaine, « Lettre du président: ne dites pas à ma mère que je suis nutritionniste, elle croit que je suis}

médecin», Nutrition clinique et métabolisme, 2014, vol. 28, p.1-2.

2 _{Au plan national, le brevet de technicien en diététique a été crée en 1952. A ce jour il n’existe pas de DES}

de nutrition pour les médecins.

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Ces particularités seront étudiées dans la troisième partie de notre étude.

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Dictionnaire médical en ligne de l’Académie Nationale de Médecine 2013. http://dictionnaire.academie- medecine.fr/. Consulté le 10 avril 2014.

! ""&! «The new science of nutrigenomics teaches us what specific foods tell your genes. What you eat directly determines the genetic messages your body receives. These messages, in turn, control all the molecules that constitute your metabolism: the molecules that tell your body to burn calories or store them. If you can learn the language of your genes and control the messages and instructions they give your body and your metabolism, you can radically alter how food interacts with your body, lose weight, and optimize your health1. »

«La nouvelle science de la nutrigénomique nous enseigne ce que les aliments dit à vos gènes. Ce que vous mangez directement détermine les messages génétiques que votre corps reçoit. Ces messages, à leur tour, contrôlent toutes les molécules qui constituent votre métabolisme: les molécules qui indiquent à votre corps de brûler des calories ou de les stocker. Si vous pouvez apprendre la langue de vos gènes et à contrôler les messages et les instructions qu'ils donnent à votre corps et votre métabolisme, vous pouvez modifier radicalement la façon dont la nourriture interagit avec votre corps, perdre du poids et améliorer votre santé. »

En effet, la nutrigénomique (ou la génomique nutritionnelle) et la nutriprotéomique (ou protéomique nutritionnel) sont considérées comme des branches distinctes et hautement spécialisées de la médecine personnalisée post-génomique2. La nutrigenomique examine l’interaction entre l’aliment et le génome dans la santé et la maladie, tandis que la nutriprotéomique englobe les interactions entre les nutriments et la traduction des protéines, l’expression et la modification à l'échelle du protéome humain. Ensemble, elles offrent les avantages de la génomique tels que la compréhension du rôle des facteurs héréditaires par rapport à l'effet des aliments tout en utilisant la protéomique afin d'étudier les produits de gènes au niveau de protéine / protéome. L’objectif ambitieux et partagé de la nutrigénomique et de la nutriprotéomique est de fournir des indications pour les régimes qui peuvent avoir un impact sur l'amélioration de la santé. A l’heure actuelle, ces régimes personnalisés ou « nutrition personnalisée » sont au stade de la recherche, et on ne trouve pas une application en pratique clinique, quoique certaines démarches soient explorées3. La nutrition personnalisée permettra, d’une part, d’offrir un régime individuel selon les gènes de chacun, et d’autre part, de sélectionner les pharmaconutriments les plus adaptés à la maladie ou à une situation clinique particulière. C’est un idéal, certes, mais qui n’est pas bien loin de devenir effectif.

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1 _{M. Hyman, « Book on Ultra-metabolism: the simple plan for automatic weight loss », New York: Atria}

Books, 2006. p. 24.

2 _{NL. Bragazzi, «Situation Nutri-Ethics at the Junction of Nutrigenomics and Nutriproteomics in}

Postgenomics Medecine », Current Pharmacopenomics, 2013, vol. 11, p. 162-166.

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A. Ronteltap, H.V. Trijp, A. Berezowska, and J.Goossens, « Nutrigenomics-based personalised nutritional advice: in search of a usiness model», Genes & Nutrition, 2013, vol. 8, p. 153–163.

! ""'! D’un point de vue épistémologique, nous sommes face à une notion élargie de nutriment, qui en plus d’être conçu comme un « Composant alimentaire simple, qui ne nécessite pas de transformation chimique préalable pour être assimilé par l’organisme considéré »1 doit être compris non seulement comme un composant alimentaire issue d’une fabrication chimique industrielle, mais aussi par sa capacité à interagir avec les gènes. Cette nouvelle définition de nutriment permettra de comprendre l’interaction entre le nutriment et l’individu. Ici surgit une question fondamentale : est-ce que la nutrigénomique permettra de comprendre l’identité biologique ? 2 En effet, si la fonction de nutrition est une caractéristique de tout être vivant, autrement dit, de son unicité, est-ce que, au moyen de la nutrigénomique il devient possible de définir l’individualité biologique ?

Nous avons établi précédemment que la nutrition était l’objet de différentes théories de la vie dans l’histoire des sciences. Or, l’individualité biologique pose la question de la description d’un être vivant particulier, c'est-à-dire « qu’est-ce que cet être vivant ?». L’interaction d’un nutriment avec le génome et la réponse que ce génome peut donner à des nutriments différents pourra définir une des caractéristiques de « tel » être vivant, d’un être vivant à partir de sa seule singularité.

Dans le cadre de notre étude, cette question est centrale car accepter et reconnaître l’individualité biologique comme un axe fondamental pour comprendre le rôle des nutriments dans la prévention et le traitement des maladies, pourrait s’opposer aux pratiques actuelles, qui appliquent au niveau individuel des recommandations nutritionnelles identiques pour tous, recommandations issues de la santé publique (PNNS).