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Aujourd'hui, les politiques de l'habitat et de la santé publique font rarement parties des manifestes et des programmes prioritaires des gouvernements et des partis politiques. Il n'est donc pas étonnant de voir apparaître, à la fin du 20ème siècle, certains éléments négatifs, notamment une dégradation de la qualité de l'habitat et la propagation de nouvelles maladies infectieuses dans de nombreux pays. Un changement fondamental est impératif. Ce changement sera favorisé par une meilleure diffusion de l'information, par le partage du vécu de l'habitant et des expériences menées entre les secteurs privés et publics. Ce rapport est présenté comme une contribution en ce qui concerne la situation genevoise.

Au printemps 2003, une enquête Habitat - Santé a été réalisée par le Centre universitaire d'écologie humaine et des sciences de l'environnement de l'Université de Genève, dans les communes et villes de Genève, d'Onex et de Versoix, dans le cadre d'une étude paneuropéenne sur le logement et la santé, coordonnée par le Bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS-EURO). Cette enquête a été mandatée par le Département de l'Action sociale et de la Santé (DASS) de la République et Canton de Genève, avec la participation financière de la Ville de Genève et de l'Office cantonal du logement (DAEL), le Service cantonal de l’énergie (ScanE) et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

La même enquête Habitat - Santé a été réalisée à Angers (France), Bonn (Allemagne), Bratislava (Slovaquie), Budapest (Hongrie), Ferreira de Alentejo (Portugal), Forli (Italie) et Vilnius (Lituanie), entre septembre 2002 et juin 2003.

1.1. Habitat – santé – bien-être

Les facteurs environnementaux ont un impact déterminant sur la santé et le bien-être. L'environnement peut être considéré à plusieurs échelles géographiques du global au local, y compris à la micro-échelle des bâtiments. Chaque individu passe la majeure partie de sa vie à l’intérieur de locaux (logements, écoles, lieux de travail, de loisirs, par exemple). L’environnement résidentiel que constitue l’habitat, comprend le logement, l'immeuble résidentiel et le quartier, et joue un rôle décisif dans l’état de santé des personnes.

Les interrelations entre la santé des groupes ou des ménages, des individus et de leur environnement bio-chimique, matériel et social doivent plus que jamais être prises en compte dans l'aménagement du territoire et la planification de l'habitat.

Ainsi, l'existence de logements de qualité insuffisante ne constitue pas un problème uniquement d'ordre sanitaire ou technique : elle est également l'expression des disparités et des difficultés économiques et politiques liées à l'utilisation inéquitable des ressources aussi bien qu’au respect de l'environnement et d'autrui à long terme.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, la définition et la promotion de la santé sont à envisager dans leur sens le plus large. La santé dépend de notre capacité à comprendre et à gérer les interactions entre les activités de l'homme et son environnement biophysique et social. Il s'agit d'un problème transversal lié à la

qualité du milieu de vie, au niveau et au style de vie. On doit prendre en compte la qualité des cycles et des écosystèmes dont dépendent toutes les formes de vie, une alimentation adéquate et saine, un approvisionnement suffisant en eau potable, un logement sain, l'élimination des déchets ainsi que l'accès à l'éducation, au travail et aux soins de santé.

Par ailleurs, le coût du logement par rapport au budget des ménages peut avoir d'importantes conséquences pour la santé des habitants en limitant l'accès au parc résidentiel. Le statut d'occupation peut également avoir une influence sur la santé, et cela pour deux raisons : tout d'abord, un statut d'occupation précaire est une cause de stress - les occupants, locataires ou occupants illicites - vivant souvent dans la crainte constante de l'expulsion ; ensuite, la précarité de l'occupation licites ou illicites n'encourage pas les occupants à investir dans l'amélioration de l'habitat.

La pauvreté, associée au chômage, aux bas revenus, aux mauvaises conditions du logement et à une aide sociale insuffisante est un indicateur de morbidité, de mortalité et de mal-être.

En outre, d'importants aspects sociaux jouent aussi sur le sentiment de sécurité et de bien-être des occupants. Ceux-ci pourront être victimes de troubles mentaux ou souffrir de problèmes psychosociaux s'ils sont mécontents de leur logement, soit en raison de sa qualité propre, soit en raison de la qualité et de la sécurité du voisinage, soit enfin parce qu'il ne leur permet pas l'accès aux services sociaux, y compris aux soins de santé. Les études montrent une relation forte entre la répartition géographique du dénuement et de la pauvreté et les incidences de délinquance, de vandalisme et d'infractions.

Bien que certains impacts de l'environnement résidentiel sur la santé soient aujourd’hui solidement établis, d’autres impacts sont moins bien connus et font l’objet de travaux de recherche : par exemple, l'impact des composés organiques volatiles, des fibres et autres particules provenant des revêtements intérieurs.

D’autres impacts méritent encore un renforcement des connaissances : il s’agit des impacts de l’habitat sur le bien-être physique, mental et social. Même si la réalité de tels impacts est largement acceptée aujourd’hui, certaines interrelations entre des caractéristiques de l’habitat et du bien-être ne sont pas encore suffisamment identifiées et expliquées.

Afin de combler certaines lacunes, la vaste étude paneuropéenne "Habitat – Santé"

a été coordonnée par le Bureau régional de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS-EURO). Selon cette organisation, les objectifs de cette étude sont :

- Améliorer les connaissances sur les relations entre l’habitat et la santé;

- Identifier, par le jeu des différences entre les critères de l’habitat des différents pays européens, ceux qui influencent la santé;

- Identifier des indicateurs pertinents dans le domaine de l’habitat et de la santé;

- Produire des outils permettant aux autorités locales, régionales et nationales d’entreprendre des évaluations ou des enquêtes sur l’habitat et la santé dans les secteurs relevant de leur autorité;

- Réaliser un rapport de référence sur le thème de l’habitat et de la santé en Europe.

Le contenu de ce rapport est issu de l'enquête menée à Genève. Tout le potentiel d'analyse de données n'a pu être traité dans ce rapport, faute de moyens et de temps suffisant, pour la prise en compte et le traitement de plus de mille variables.

C'est pourquoi ce document met en relief les résultats les plus marquants des rapports entre l'habitat et la santé à Genève. En outre, il n'est pas question ici de comparer, dans le détail, les résultats de l'enquête genevoise avec ceux des enquêtes menées dans les autres villes choisies par l’OMS, car la base de données pour l'étude paneuropéenne n'est pas encore disponible. Toutefois, les premiers traitements réalisés par les experts mandatés par l’OMS ont fait l’objet d’un bref commentaire dans le chapitre 8.

Ce premier traitement des questionnaires d'enquête n’apporte pas de réponse à toutes les questions et, comme n'importe quelle source de données, il présente quelques limites. Toutefois les résultats présentés dans ce document fournissent un éclairage sur les conditions d'habitat et de santé, complémentaires à d'autres bases de données disponibles, telles que celles issues du volet genevois de l'Enquête suisse sur la santé 2002 et les données récoltées depuis plusieurs années par le Bus Santé. Une analyse comparative pourrait être riche d'enseignements pour les décideurs locaux.

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