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UN NOUVEAU POLE URBAIN

Dans le document La reconquête du centre-ville - RERO DOC (Page 195-200)

Reprenons les quatre hypothèses théoriques en les appliquant à notre étude de cas :

ACTEURS ROLES STATUAIRES Habitants-usagers-citoyens

11. Périmètre restreint : les friches industrielles de la Jonction/Coulouvrenière

11.4. UN NOUVEAU POLE URBAIN

11.4.1. Enjeux actuels

Le périmètre qui nous concerne est devenu, durant les dernières décennies, un pôle alternatif important, ce qui ne va pas sans soulever un ensemble de questions, tant pour les autorités responsables de l'aménagement que pour les habitants du quartier ou de la ville. Faut-il renforcer ce noyau culturel, que plus d'un considère comme essentiel à la vie genevoise ou vaut-il mieux, au contraire, encourager une certaine mixité (d’activités, de populations) ? En d'autres termes, ce périmètre doit-il être aménagé en fonction d'un groupe d'usagers spécifiques (culture alternative) ou en fonction des habitants du quartier, voire de la ville ? Que vont devenir dans cette évolution, la population résidente (Suisses et étrangers, aux revenus plutôt modestes) et les petits commerçants ? Vont-ils être chassés ailleurs ? Y a-t-il une possibilité de créer un lien entre les nouveaux occupants et l’environnement (social, culturel) déjà constitué ? Et enfin, comment les diverses transformations vont-elles modifier l’image et la réputation de Genève ?

Face à ces questions, un clivage se fait sentir entre les milieux alternatifs et les autorités en charge de l'aménagement du territoire ; en effet, les milieux alternatifs, appuyés par des représentants de l’Alternative, basèrent jusqu'à récemment, leurs revendications sur le fait que la Ville n’avait pas de « véritable » projet pour ce périmètre, alors même que les besoins en locaux (artistiques et culturels) se faisaient sentir de façon accrue. Quant aux autorités municipales et cantonales, elles avaient toléré, voire accepté sous certaines conditions, le regroupement d’une culture alternative dans le quartier7; à cette

position s'ajoute actuellement une volonté d'embellissement urbain, ainsi la mise en place de mesures de piétonnisation.

Le devenir du patrimoine industriel apparaît en filigrane dans ces débats. La majorité des acteurs s’entend sur la nécessaire sauvegarde des bâtiments anciennement industriels ; certains insistent sur leur valeur esthétique : selon cette perspective, les autorités, notamment celles en charge de la préservation du patrimoine, ont investi des sommes considérables pour modifier l’image et la réputation du secteur. Le Bâtiment des Forces Motrices a été réhabilité et le Grand-Théâtre l’occupe une partie de l’année ; la façade de l'Usine, bâtiment occupé par la culture alternative, a été refaite.

D'autres acteurs (mouvements alternatifs notamment) soulignent quant à eux, la valeur d'usage (culturelle, professionnelle, etc.) du patrimoine industriel ; ils considèrent que les bâtiments en question ont de multiples atouts : larges

7 Relevons que ce regroupement peut mener à un meilleur contrôle social.

espaces intérieurs, souplesse de transformation et situation dans une zone relativement centrale. Ces bâtiments représentent par conséquent pour ces groupes des lieux particulièrement adéquats pour abriter de multiples activités artistiques et culturelles.

Enfin, pour une portion de la population genevoise (usagers ou non), les bâtiments ou sites compris dans le périmètre représentent des témoins de périodes importantes pour le développement de Genève (période marquée par un ensemble de valeurs, d’activités, de styles architecturaux, de modes de vie, etc.) ; ce sont des lieux d’ancrage et des vecteurs identitaires essentiels. Cet attachement ne s’exprime pas nécessairement vis-à-vis du patrimoine « officiel », mais envers des traces plus discrètes parsemées dans le paysage, attachement qui émerge notamment lors de projets de transformations.

Quant aux riverains et habitants du secteur, ils ont récemment réaffirmé leur désir de (ré)-appropriation : la présence accrue de dealers dans le secteur a incité un groupe d'habitants et de commerçants, appuyés par le radical P. Maudet, à déposer une pétition au Conseil municipal, réclamant « une présence renforcée des forces de police durant la soirée, ainsi que le rétablissement d'une atmosphère plus conviviale dans le quartier ». Les membres de l'Usine8 ont fait

savoir leur position dans le débat ; la place des Volontaires ne serait, selon eux, rien d'autre « qu'un modèle miniature du capitalisme » : les dealers sont essentiellement des individus sans permis de travail ou sans statut. La solution passerait par conséquent par la légalisation du commerce et de la production des drogues et l'abandon des statuts discriminatoires. L'Usine a mené, en ce sens, un certain nombre d'actions concrètes, telle la fermeture de la place aux voitures afin d'éviter le deal drive-in et la mise en place d'une guirlande lumineuse afin d'améliorer l'éclairage nocturne.

11.4.2. Formes, accessibilité et usages

Formes

Au niveau visuel, les deux bâtiments que sont celui des Halles et des Forces Motrices se présentent comme des éléments imposants, orientés de façon parallèle au Rhône et faisant penser à de grands paquebots. La composition des Halles de l'Ile, de type néo-classique et comportant deux « vaisseaux parallèles », donne un caractère particulier au périmètre.

La place des Volontaires a une forme carrée ; deux de ses façades sont constituées de monuments datant de la première industrialisation genevoise : le Bâtiment des Forces Motrices genevoises (BFM), construit au bord et dans le Rhône, et l’usine de Dégrossissage d’Or (L’UGDO, aujourd'hui l’Usine).

8 Voir au sujet de l’Usine, le paragraphe 11.5.3.

La place présente à la fois un caractère fermé (côtés nord, est et ouest), typique des places de son époque, et une certaine ouverture sur le Rhône (le bâtiment des Forces Motrices jouant toutefois le rôle de limite spatiale). Sur le côté sud, la limite est plus « floue », du fait de la présence d’un ensemble de constructions disparates, présentant des gabarits et des positions diversifiées ; un parking privé donne le sentiment d’une certaine ouverture.

De façon générale, une opposition se fait sentir entre des styles architecturaux anciens et d’autres, plus modernes ; une certaine unité apparaît toutefois au niveau de la hauteur (quatre étages en moyenne) et de la couleur (gris clair à gris foncé, jaune) du bâti. Au niveau du mobilier urbain, l’on relève quelques platanes, deux bancs, une petite fontaine. Un éclairage public a été mis en place (petites ampoules) dont les fils bordent l’espace de la place (à strictement parler).

Un bâtiment d’habitation et d’ateliers se situe à l’est de la place des Volontaires ; il date du début du siècle et est constitué de quatre étages. Un café se trouve à sa base, prolongé en été par une terrasse. L’immeuble a une extension (côté nord) constituée d’une petite arcade d’entreprise sur un seul étage.

Un immeuble de style moderne se trouve au sud de la place ; il date des années ‘80 et a une couleur plus claire que les autres bâtiments. Il comprend des balcons, ainsi qu’une entrée de garage souterrain ; un magasin de sport se trouve à sa base. Un parking privé sur le côté procure un effet visuel d’agrandissement de la place.

Photo 6 : Bâtiment d'habitation et d'ateliers datant du début du siècle, constitué de quatre étages et d'un café-restaurant à la base qui se prolonge en terrasse en été (est de la place).

Photo 7 : Immeuble de style moderne avec entrée de garage sous-terrain et magasin de sport à la base (sud de la place).

Photo 8 : Une petite place tranquille…

Photo 9 : …Mais riche en couleurs

Dans le document La reconquête du centre-ville - RERO DOC (Page 195-200)