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LA NOTION D'ESPACE ET DE TERRITOIRE La reprise des définitions problématisées

logiques d'acteurs et dynamique de la prospective

I. LA NOTION D'ESPACE ET DE TERRITOIRE La reprise des définitions problématisées

Un certain nombre de termes s'appliquent à la question du "locus standis", la base, l'assiette

des systèmes et des formations sociales: l'espace, le territoire, l'étendue, les lieux, les

terroirs, les régions géographiques...

Une tendance, dans les sciences sociales, consiste à étudier un objet social "en soi", à en

faire une théorisation désincarnée, coupé de son contexte véritable. Dès lors, l'espace

, comme le territoire représentent une variable supplémentaire pour, comme l'indique de

manière critique Jacques Levy , préciser, spécifier, caractériser la société en question.

Ainsi, l'espace, le territoire doit, par essence, prendre place dans l'analyse du système

social, car ces deux notions renvoient à l'expression d'une totalité sociétale incarnée dans

le réel et l'histoire: l'espace et le territoire ne sont pas un quelconque "supplément d'âme",

mais la condition même de l'existence du système social, donc une condition première

d'une analyse globale, structurée, de la réalité étudiée, c'est-à-dire en même temps limitée,

P,apport 1"inaC "La MétFwdoCogie de (a Prospective ?égiona?e " 98 Mais si cela est admis, la question de la place de cette base, de cette "assiette" dans l'analyse prospective, n'en est pas pour autant réglée. Car, pourquoi ces différents termes pour signifier le même enjeu analytique: une société dans sa réalité concrète et vivante. Reprenons ces deux termes: espace, territoire.

1. L'ESPACE

D'après le Petit Robert, l'espace vient d"'espaice", lieu plus ou moins bien délimité "où

peut se situer quelque chose". Termes voisins: étendue, lieu, place, superficie. Au sens premier, l'espace est une surface déterminée. On parle ainsi d'un espace vide, libre, rempli, occupé et, par analogie, d'un .volume occupé: l'espace occupé, l'espace vide. D'une autre manière, l'espace est la mesure qui sépare deux points, deux lignes, deux objets. Termes voisins: distance, écart, écartement, intervalle.

Dans un sens plus abstrait, l'espace est le système de lois réglant la juxtaposition des choses, relativement aux figures, grandeurs et distances et permettant la perception.

Mais l'espace, au sens psychologique et physiologique des choses, c'est aussi la forme a priori de la sensibilité extérieure: l'espace visuel, tactile, corporel.

On remarquera que l'espace présente les caractéristiques d'une catégorie polymorphe, adaptable à des objets et des univers de représentation très variés. L'espace est un cadre fondamental de la pensée, tant au premier degré - la pensée s'incarne dans un corps, et un corps existe dans un espace, c'est-à-dire dans le monde, dans l'univers - qu'au second degré: l'espace est par excellence le support de la représentation, on "crée" un espace par la pensée, comme double de la forme dans l'idée, ce qui permet alors de produire une réflexion, une théorie, dans un champ mental. Reprenons cela de manière plus détaillée. Description de la notion d'espace à travers l'histoire du motlo9

Emprunt du XVIe s. (1160-1174) au latin spatium "champ de course, arène" puis "espace

libre, étendue, distance", et aussi "laps de temps, durée"..." s'est introduit avec une valeur temporelle, la plus fréquente avant le XVIe s. il reprend ensuite (v. 1200, spaze) le sens de "surface déterminée, étendue", puis en ne considérant qu'une seule dimension (1314), celui de .. "distance, intervalle", d'où la locution d'espace en espace, "de distance en distance"...le mot

se dit ensuite (milieu XVIe s. Du Bellay) pour "étendue des airs" et pour "volume déterminé". C'est au XVIIe s. qu'il devient un terme scientifique (1647, Descartes) avec la valeur de "milieu dans lequel ont lieu les phénomènes observés" désignant en géométrie le milieu abstrait des phénomènes étudiés (1691). Par extension du sens "étendue des airs", il est employé pour désigner l'espace céleste (1662 Pascal), acception sortie d'usage au pluriel (les espaces), d'où au figuré (XVIIIe s.) espaces imaginaires "rêves, utopies... Une valeur récente correspond à "moment, cadre" (un espace de dialogue). Espace "étendue" est employé dans quelques expressions du XXe s.: espace vital, espace vert, la conquête de l'espace... En physique dans la théorie de la relativité, espace-temps (XXe s.) se dit du milieu à quatre

1(apport ?ina? "La 9vfétfioaoCogie de la Prospective P\-égionale " 99

dimensions où quatre variables sont considérées comme nécessaires pour déterminer un

phénomène."

Acceptions actuelles "des espaces":

a) "L'espace est défini au départ par trois critères de base: il est homogène, isotrope et

continu. Il est donc essentiellement une surface de support ou, pour reprendre la terminologie de la théorie traditionnelle de la localisation, une surface de transport."

b) "L'espace est continu, fini, unique, réel, mais il résulte d'une série de transformations

opérées par l'homme sur la surface terrestre. Sa production à partir d'un milieu passe par

une série d'actions humaines: d'identification et de dénomination, de dimensionnement, de

mise à l'échelle humaine des milieux, de polarisation, d'organisation."

c) "L'espace est un ensemble d'espaces-lieux de concentrations d'activités, mais aussi

de formes, de pouvoirs et d'enjeux" (géographie sociale)

"L'espace-lieu est une unité de perception complexe, fuyante et contradictoire... on y distingue l'espace de vie, l'espace social, l'espace vécu... l'espace de vie n'est pas réductible à l'espace économique."

d) "L'espace est une catégorie correspondant à un mode d'existence de la matière... la

conséquence de cet axiome est que les grandes divisions des domaines de la connaissance vont opérer une partition entre les types d'espaces: physique, biologique et social; comprendre l'espace des sociétés ne peut se faire, comme pour les autres aspects de leur existence , que par l'intermédiaire d'une science sociale."...

"Quatre axiomes tracent le cheminement qui conduit l'espace de la prénotion au concept, en le spécifiant comme catégorie philosophique, champ historique, dimension d'une connaissance plurielle du social et discours sur la société comme totalité."

e) "L'espace socio-économique est une combinaison concrète des spatialités propres aux

différents rapports sociaux qui composent une formation économique et sociale... la

spatialité est une des dimensions de l'existence matérielle de ces rapports."

f ) "L'analyse économique exige de reconnaître l'opposition entre l'espace cadre imposé

à l'agent et l'espace économique engendré par lui."

Les espaces économiques de l'agent sont "un espace de décision, un espace d'opération, un espace d'opération maximum de référence"... l'espace d'action de l'unité active de l'agent

est constitué de ses flux marchands, de ses investissements, de l'information qu'elle

répand...Les éléments contenus dans cet espace subissent les conséquences de se trouver dans les zones d'influence, de domination, d'entraînement, d'absorption potentielle de l'unité."

Les "unités actives" disposent d'espaces de décision et d'opérations spécifiques qui, dans un

' ensemble

topologique ont les relations d'appartenance de l'algèbre des ensembles:

intersection, «union», ensemble vide o, qui vont caractériser leurs relations de

conflit-coopération.

Analyse du terme «espace»

L'idée d'espace a évolué. Son histoire montre qu'elle a d'abord exprimé la distance et le

temps. Si elle se concrétise dans l'espace géographique physique, elle prend des sens

abstraits et étendus. On retrouve dans cette opposition celle de la philosophie entre l'espace

comme contenant de la matière (Descartes) et l'espace comme relation (Leibniz). Les

opinions étant quasi unanimes aujourd'hui pour considérer l'espace comme un produit social, et la spatialisation comme la mise en espace du milieu par humanisation, il s'ensuit que le

l?,apport ?ina? "La J?fétFeodofogie de Ca Prospective ?égionafe " 100

sens dominant de l'espace dans les sciences sociales est celui de la mise en relation des instances, des «espaces» de celle-ci.

A voir l'extension du sens du mot espace dans les sciences sociales, dans la géographie

humaine notamment, les distinctions pourtant utiles avec le territoire, entre la spatialisation

et la territorialisation, ont tendance à s'estomper. La tendance de la plupart des disciplines

scientifiques est d'être impérialiste, d'occuper le maximum d'espace. Dès lors que l'on

confère à l'espace la dimension d'une connaissance plurielle du social, chaque discipline va

tendre à en occuper le terrain. D'où de riches confusions et ambiguïtés sur le statut

théorique de l'espace.

0 Du point de vue de la réflexion prospective ces débats sans être ignorés doivent

être relativisés. Il y a à cela plusieurs raisons. D'abord la méthode de la prospective est par

essence plurielle, articulant, ou essayant d'articuler, diverses disciplines, différents

«espaces» intellectuels. Ensuite elle s'applique, dès lors qu'il s'agit de prospective

territoriale, à des espaces tant physiques que sociaux, matériels et idéels. La description

d'état du système territorial considéré requiert l'analyse de ses niveaux spatiaux pertinents,

c'est-à-dire de son intégration socio-économique, politique et culturelle, dans des

ensembles plus vastes. Chaque territoire a une spatialisation spécifique. Enfin, si s'attache à

l'idée de territoire, celle d'un espace régulé par des acteurs dotés de pouvoirs

d'appropriation, de contrôle ou de maîtrise, il y a une relation dialectique entre les deux

processus de spatialisation et de territorialisation, et par la même entre leurs produits:

l'espace et le territoire. L'espace est le substrat de la territorialisation, la territorialisation

est la forme sociale concrète de la spatialisation. L'une et l'autre ressortent

méthodologiquement de la description de processus. On rappellera que la «description

d'état» correspond au «monde perçu», vécu, et caractérise le système concerné tandis que

la «description de processus» correspond au «monde actionné», voulu, et que la résolution

des problèmes demande «un transfert permanent des descriptions d'état aux descriptions

de processus. Notre tâche consistant à découvrir une séquence de processus qui produise

l'état désiré à partir de l'état initial.» En conséquence l'analyse des niveaux de la

spatialisation et les processus de territorialisation sont des points clés de la méthodologie

prospective territoriale. Celle-ci conduit, pratiquement, à dépasser les oppositions d'écoles

et à envisager dialectiquement les rapports «physiques» et sociaux, l'espace et le territoire.

'

0 L'articulation des espaces abstraits fait resurgir la sempiternelle question de

l'interdisciplinarité. L'analyse des systèmes, la «systémique» est une réponse, sans doute

imparfaite, mais opérationnelle à cette question. En fait ce sont les méthodes et

instruments de la prospective qui sont susceptibles de rendre opérationnels les concepts,

catégories, et notions décrits plus haut.

Des clés conceptuelles, telle l'axiomatique des «unités actives», permettent de relier

l'espace territorial «physique» à l'espace abstrait socio-économique, de rendre compte des

P,ap,vort 1"inaC "La Méthodologie de fa Prospective P\é gionale " 101 réciproquement des influences de celui-ci sur son environnement, mais aussi, du jeu interne des unités constitutives de l'espace territorial.

Sources

"Dictionnaire historique de la langue française", Robert 1992; Claude Lecour "L'arbre et la forêt: la science régionale vue par un économiste" dans "Espaces, Jeux et Enjeux" ouvrage coordonné par Frank Auriac et Roger Brunet, Fayard, Fondation Diderot, 1986; Jacques Lévy "L'espace et le politique: quelles rencontres?" dans "Espaces, Jeux et Enjeux", document cité; Alain Lipietz "L'industrialisation dans la périphérie: déploiement interrégional et international du fordisme" dans "Espaces, Jeux et Enjeux", document cité; Herbert A. Simon "La Science des Systèmes, science de l'artificiel", Epi, 197; François Perroux "Unités actives et mathématiques nouvelles, révision de la théorie de l'équilibre économique général". Dunod, 1975.

2. LE TERRITOIRE

1. Le cadre analytique général

Le territoire est une catégorie très différente, infiniment plus "incarné", et qui ne s'échappe pas, ou pas facilement, de son substrat: la terre.

Ainsi, pour le Littré, «le territoire est l'étendue de terre qui dépend d'un empire, d'une ville, d'une juridiction», État et territoire sont donc, dans cette définition, étroitement liés. Pour le Petit Robert, le territoire est une étendue terrestre sur laquelle vit un groupe humain, et spécialement une collectivité politique nationale.

Au sens juridique du mot, c'est l'élément constitutif de la collectivité ou la limite de compétence (notion de borne, de frontière). Au sens administratif du mot, c'est une étendue de pays sur lequel s'exerce une autorité, une juridiction, la surface d'une subdivision administrative.

Au sens politique du terme, c'est l'étendue de pays qui jouit d'une personnalité propre, mais qui ne constitue pas un État souverain. Au sens d'Aménagement du Territoire, c'est la politique qui tend à distribuer les activités économiques selon un plan régional.

Plus significatif encore, dans territoire il y a terroir, «étendue de terre considérée du point de vue de ses aptitudes agricoles; notamment en matière viticole». Et au sens figuré, «région rurale, provinciale, considérée comme exerçant une influence sur ses habitants»... Le thème des racines, d'une société façonnée par un milieu, une géographie, un climat, une

'l(apport 1"inaC "La 9l?fétFr.odologie de [a Prospective 2?égionale " 102 géologie est sous-jacent.

Ainsi, par opposition à l'espace qui demeure une abstraction, et plutôt une catégorie qui permet d'opérationnaliser la pensée, le territoire peut s'interpréter comme une forme particulière déterminée, «humanisée» d'une étendue terrestre, marquée par l'histoire et la géographie. Une étendue qui est caractérisée par l'existence d'une autorité de fait ou de droit, qui est défendue grâce à des moyens à la fois juridiques, politiques, militaires. Le territoire est cette étendue qui fait l'objet d'une appropriation psychologique, d'une identification dans la conscience individuelle et collective, soit au sens d'une totalité non seulement socio-économique et politique, mais mentale, subjective, voire métaphysique, cosmologique - soit au sens d'une forme dérivée n'ayant qu'une partie des attributs du sens

précédent. ,

Par ailleurs, la notion d'appropriatin doit s'entendre au premier degré, celle de la propriété foncière immobilière qui manifeste la forme de l'organisation sociale, les rapports de classe, les degrés de concentration de la richesse...

Le premier sens débouche sur la catégorie de nation et sa forme subjective, la patrie et ses sens implicites: «mourir pour la patrie», sacrifier sa vie pour la survie d'une forme particulière de collectivité, spécifiée par son histoire, sa culture, sa langue... est l'expression d'une sorte de métaphysique sociale, une méta-socialité.

Au sens réduit et dérivé du terme, le territoire régional est un «bout de territoire», une région, une parcelle de territoire, un sous-ensemble localisé ou fonctionnel, caractérisé par une relation de proximité, localisée entre un ensemble de personnes ou d'intérêts. Dans ce cas, l'expression culturelle particulière peut s'avérer très forte sans avoir pour autant une autorité juridico-politique et militaire significative. Ainsi, le territoire Cathare dans le sud-ouest du territoire national.

En d'autres termes, autant la notion d'espace est fortement marquée par une logique d'abstraction (et spécifiée: espace non euclidien...), autant la notion de territoire est fortement connotée du point de vue des passions humaines, culturelles, idéologiques, ainsi que des relations sociales, des rapports sociaux entre milieux et groupes.

> En fait, il semble bien que les deux notions sont étroitement complémentaires: il faut les articuler plus que les opposer: car les logiques économiques dominantes, globalisation/mondialisation, obéissent bien par un paradigme spatial, alors que les logiques sociales, culturelles, identitaires semblent régulées selon des mécanismes de fonctionnement territorialisés. De même, en ce qui concerne l'organisation des systèmes d'échanges inter-industriels localisés, les réseaux entre entreprises, formation par un lien marchand, ou non formation par un lien marchand, mais non moins importante, c'est-à-dire l'existence de liens entre acteurs, que la théorie des «milieux» du GREMI atteste, de même que les travaux sur les «districts industriels» (Becatini, Pecqueur...) relèvent de cette logique - ou de ce paradigme - territorial. C'est l'aptitude à croiser les logiques du

1(apport 1"inaC "La Méthodologie de la Prospective P\é gionale " 103 spatial et du territorial que manifeste la plus ou moins grande maturité des travaux de recherche.

2. La crise de la territorialité et des sociétés de proximité

L'association des deux termes, prospective et territoires, a quelque chose de paradoxal: comme si le devenir des espaces organisés, structurés sous l'effet du poids de l'histoire et de la dynamique propre de leur société localisée, n'allait plus de soi, n'était plus un fait évident, indiscutable, incontournable.

Il apparaît à cet égard que certains constituants de la société sont davantage menacés que d'autres: «l'enzyme glouton» du processus de déstructuration, mais aussi de recomposition-adaptation, n'agit pas avec la même force sur chacun des éléments de la structure du système social.

Par exemple, les classes sociales perdurent, au sens de la structure des revenus. Elles se «défendent» relativement bien, même si les antagonismes d'antan sont de plus en plus biaisés comme si le développement de la circulation marchande avait contribué à atténuer les formes apparentes de la différence, sans en supprimer le fondement. Dans un pays comme la France, ayant globalement l'un des niveaux de vie les plus élevés au monde, il y a encore environ 5 millions de gens démunis, «pauvres». Les mutations technologiques semblent glisser sur la question des logiques de redistribution des revenus comme de l'eau sur une plume de canard: Si les technologies agissent, c'est sans doute moins sur les structures des revenus que sur l'organisation de la vie quotidienne, les liens de société et de sociabilité sont source de nouvelles pathologies, de nouvelles dysfonctions: l'isolement, la marginalisation dans la solitude, l'exclusion «soft», R.M.I. inclus. De ce point de vue, les systèmes régulateurs semblent de moins en moins se placer au niveau national, et de plus en plus au niveau métropolitain centre/périphérie, quartiers riches/quartiers pauvres... En ce sens, il semble que l'on aille vers une très grande diversité de situations, car selon que les métropoles sont en croissance ou en déclin, et gérées selon un mode progressiste ou conservateur, les effets sur les rapports sociaux sont de nature très différente, alors même que l'État joue de moins en moins son rôle de mécanisme régulateur global.

.- Mais, d'un autre côté, l'organisation des structures sociales sur l'espace de la quotidienneté: l'urbain, la ruralité, et son substrat inscrit dans la conscience collective, les territoires semblent prendre de plein fouet les processus en cours: si les sociétés «nitendisées» sont mortelles, les territoires supports de la société semblent bien entrer dans la voie de la dissolution-désagrégation, comme si l'action d'un agent chimique aurait pour effet de décolorer les fibres qui composent la trame de l'objet social.

Nous avons beau le déplorer, il est difficile de ne pas voir le phénomène à l'oeuvre, sous forme de ce l'on pourrait appeler une dévalorisation des logiques du territoire, au profit de formes abstraites, fondées sur d'autres paradigmes, plus abstraits, et non moins prégnants,

1(apport Final "La 9vfétfioaofogie de [a Prospective Régionafe " lpq, comme celles qui sont liées à la représentation télévisuelle: lorsque des agences de voyage vous proposent de passer 48 heures à Rome, Athènes ou Istanbul, un petit week-end en somme, à la découverte d'une autre culture, d'une autre utilisation, est-ce qu'il s'agit bien de cela, ou ne s'agit-il pas plutôt d'une façon d'entrer dans l'écran de télévision, d'assister en direct à une émission de télévision comme si vous y étiez, l'atterrissage à Orly ou Roissy au retour de ce «direct» révélant bien l'essence des choses, de ce «faut pas rêver» (trop longtemps...). Où est la réalité, où est le fantasme?

C'est de cette disparition, ou tout au moins d'une profonde remise en cause de la société comme expression d'une relation humaine à la fois complexe, multiple et directe, physique, immédiate, dont les territoires n'en seraient que la forme incarnée héritée du fond des âges, qu'il est question, aujourd'hui..

Et dans ce contexte, la prospective régionale ne serait-elle pas une trouvaille pour penser le devenir des territoires, au moment même où ils disparaissent comme cadre structurant de