• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE II : LES SYSTEMES D’ANALYSE DES OBJETS ARCHITECTURAUX

III. Vocabulaire utilisé pour l’analyse

III.4. Notion d’intégration

Cette notion constitue le troisième et dernier type de rapport entre élément formels que nous évoquerons ici. Le rapport « d’intégration » est celui qui existe entre un élément architectural et la totalité de l’objet architectural dont il

119

fait partie. Plus exactement, c’est la relation entre deux ou plusieurs éléments architecturaux sous l’angle de leur aptitude à former un tout plus ou moins cohérent.

Il semble possible de distinguer un assez grand nombre de modalités d’intégration entre éléments formels, mais nous nous bornerons ici à en définir trois parmi les répandues. Il semblerait possible aussi d’établir une progression entre ces diverses modalités, c'est-à-dire de parler de degré d’intégration croissant ou décroissant ; nous hésitons cependant à adopter cette idée, étant donné son absence de vérification suffisante sur un grand nombre d’exemples. Nous évoquerons donc (sans ordre) les modalités suivantes :

III.4.1. Intégration par répétition :

La totalité architecturale est constituée par un assemblage sériel d’éléments identiques. On retrouve aussi bien ce genre d’intégration dans des architectures contemporaines dire modulaires, que dans certains architectures vernaculaires faites des volumes semblables agglomérés comme les trulli des Pouilles

Fig.20 : groupe scolaire à Bures-Orsay, 1969 (F. Prieur).(Source : Ibid. p.41.)

Fig.21 : groupement de trulli dans les Pouilles, Italie. (Source : Ibid, p.41.)

Nous avons affaire à des assemblages égalitaires, chaque élément jouant le même rôle que son homologue.

120

III.4.2. Intégration par subordination:

Ici la totalité architecturale est constituée par un assemblage d’éléments dissemblables entre eux, et dont les rapports mutuels sont d’ordre hiérarchique. Chaque élément peut être subordonné à un élément d’ordre supérieur à lui, et pouvant lui-même subordonné un élément vassal. Les exemples les plus nets de composition hiérarchique se retrouvent dans l’architecture byzantine ou ottomane.

Fig.22 : mosquée Schézadé à Istanbul, Turquie, 1543 (Simon).(Source : Ibid, p.42.)

Fig.23 : Mas en Provence.(Source : Ibid. p.42.) III.4.3. Intégration par unification:

C’est la forme d’intégration qui est la plus couramment reconnue. C’est celle ou les parties composantes n’ont aucune autonomie par apport au tout et n’en paraissent pas détachables. On en trouve les exemples les plus frappants dans des compositions à volumes unitaires.

121

Fig.24 : unité d’habitation à Marseille, 1946-1952 (Le Corbusier).(Source : Ibid.p.42.)

Fig.25 : chalet en montagne. (Source : Ibid. p.42.)

Notons que la notion d’intégration apparait la plupart du temps entre deux ordres formels : entre l’objet domestique et l’architecture (73)(rangement intégré,

banquettes intégrées) ; entre l’architecture et la forme urbaine ; entre la forme urbaine et le paysage.

Lorsque deux ou plusieurs éléments formels ne forment pas un tout, on peut parler de non intégration. Mais, plus fréquemment, nous parlerons de juxtaposition, s’agissant d’éléments non intégrés d’une quelconque manière, et ceci malgré leur positionnement de proximité, d’accolement ou d’inclusion.

Fig.26 : projet pour la chapelle des bourdons à la basilique Saint-Denis, 1664-1665 (F. Mansart). (Source : Ibid, p.43.)

122

Notons qu’inversement un positionnement éloigné d’éléments n’entraine pas nécessairement un non intégration : une répétition d’arbres isolés, par exemple, peut très bien s’intégrer dans une forme d’alignement.

La notion d’intégration est certainement une notion assez ambiguë et délicate à appréhender. Elle a souffert d’être trop galvaudée dans des acceptions très imprécises et surtout redoutables comme jugement de valeur (architecture bien ou mal intégrée…. Problème d’intégration dans les sites). Souvent assimilée à une idée de vague mimétisme, son ambigüité majeure nous semble pourtant d’un autre ordre : cette notion parait située entre les problèmes purement compositionnels et les problèmes de lecture de forme (perception et signification). On peut se demander, en effet, si la notion du tout apparait seulement à la lecture de la forme (c'est-à-dire en rapport avec un sujet), (74)

Ou si elle fait déjà partie de la structure même de cette forme. Dans l’incertitude, et bien que cette notion d’intégration n’ait pas toute la pureté requise pour devenir un véritable concept morphologique, nous avons cependant choisi de la retenir car nous verrons qu’elle constitue un facteur important de conception.

III.4.4. La mesure d’intégration:

L’intégration est définie en fonction de la profondeur de l’espace. Un espace peu profond, est dit intégré et un espace profond, est dit ségrégué. La relation de profondeur implique la notion d’asymétrie, puisque pour parvenir à un espace profond, il est nécessaire de passer par des espaces intermédiaires. La mesure d’asymétrie relative sous-entend aussi la mesure d’intégration. Elle est calculée comme suit : 2 (MD – 1)

Asymétrie relative ou profondeur relative ou = encore mesure d’intégration RA k-2

Où MD est la profondeur moyenne et k le nombre d’espaces dans le système. Cette formule donne une valeur située entre 0 et 1. Les valeurs basses indiquent un espace à partir duquel le système est peu profond, cet espace tend vers une intégration du système urbain. Par contre avec des valeurs élevées, l’espace tend à être ségrégué. On peut naturellement mesurer la profondeur d’un système à partir de n’importe quel point. Quel que soit le point considéré, plus

123

la profondeur relative est faible, plus l’axe est étroitement lié au reste du système et à l’inverse, plus la profondeur relative est élevée, plus l’axe en est séparé. En général, les voies qui sont étroitement liées au reste du système, ou sont « moins profondes », sont plus accessibles.

Au niveau des espaces les moins profonds et les plus accessibles ou « intégrés », On trouve les bâtiments et les usages les plus importants, les commerces et non les maisons. Dans plusieurs études faites par l’équipe de l’UCL (UniversityCollege of London), il ressort que les principaux commerces se trouvent toujours sur l’axe le plus intégré. S’agissant de la quantité de déplacements sur chaque axe, les gens utilisent davantage les itinéraires plus intégrés et c’est souvent le cas le plus fréquent.

III.4.5. La carte d’intégration:

Quand le système spatial est complexe, il est plus pratique de faire ressortir la carte des lignes d’intégration. Cette dernière peut être réalisée à des degrés différents des espaces intégrés et ce en vue d’une meilleure interprétation de l’espace urbain étudié. On obtient alors différents types de cartes à 10 % des espaces les plus intégrés ou à 25 % ou encore à 50 %. Cette carte est appelée le cœur du système ou du tissu. Ces lignes ont presque toutes la même valeur d’intégration RA. (75)