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CHAPITRE 1 : LA METHODOLOGIE DE LA THESE

1.2. PREMIERE APPROCHE LONGITUDIALE

1.2.2. La nature de la relation avec le pays d'origine à travers ses actions humanitaires

these Souchinda Sangkhavongs

forme de dons. Marcel Mauss qualifie cela de don/contre-don et Marc Abeles ajoute que cela représente des biens non-économiques (symboliques, psychologiques…). Nous avons relevé des dons en provenance de personnes et d'associations comme le montrent les tableaux suivants pour l'organisation de la célébration de Prabang entre 2002 et 2010. Les excédents sont remis aux pagodes Vélouvanaram et Bouddhametta afin de servir de fonds de roulement pour les années suivantes.

Tableau 4 Tableau comparatif des recettes et dépenses Prabang 2002 à 2010

Ce tableau concerne l’organisation des processions de Prabang Cakayamouni de 2002 à 2010. Les dons en nourriture sont pris en charge par l'ensemble des associations participantes. Chaque association ou grande famille s'occupe d'un plat culinaire, de la logistique, de l'intendance, de la sécurité, de la propreté, de l'accueil, des renseignements, de la présentation, et d'opérations de nettoyage du lieu. Un bénévole peut effectuer plusieurs tâches, entraidant et entraînant sa famille et ses amis dans le partage et la bonne humeur. Il n'y a pas de leader, de chef, de superviseur dans le groupe mais les conseils donnés sont pris généralement dans le cadre de la tolérance, lorsque le niveau d'appartenance est équivalent, cas des amis, et dans un contexte de bienveillance par exemple d'un père ou d'une mère à ses enfants. Les enfants suivent également les conseils donnés par les « grands », même s'ils ne font pas partie de la famille.

Quelque fois les excédents de dons vont contribuer à la restauration des pagodes laotiennes en RDPL via les bonzes ou les familles qui retournent faire des offrandes à leurs morts au pays. La vieille génération meurt et demande de plus en plus que leurs cendres reposent près de leurs ancêtres. Les urnes sont ainsi transportées jusqu'à la pagode, où sont regroupées celles de leurs parents ou grands-parents depuis des lustres. Les pagodes au Laos font office de salle de réunion, de cérémonie cultuelle mais également de crématorium, de cimetière. Ceux qui retournent pour quelques jours, le temps de faire leur devoir envers leur défunt ou qui restent plus longtemps pour visiter la famille ou les amis, parlent rarement des choses qui fâchent

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comme la politique, l'héritage, la perte de leur patrimoine, en gros, du passé. Ce consentement tacite est parfois douloureux pour ceux qui ont fui le pays dans des conditions inhumaines. D'autres personnes blessées par les souvenirs de leur maltraitance ou de leur captivité n'y retournent quasiment jamais.

L’universalité de la diaspora est récente mais l’entité est très ancienne puisqu’elle date de la destruction du deuxième temple en 70 ap. Jésus Christ après la dispersion du peuple Juif aussi bien que celui de la Turquie, du peuple de l’Est vers l’Europe, de l’Egypte. Il s’agit de pointer, par la structure, comme celle de la survie.

Plus tard, la diaspora laotienne et chinoise jusqu’à la fin du vingtième siècle et les années qui ont abouti à la décolonisation ; c’était les seuls 3 diasporas qu’on observe.

Depuis la décolonisation, il y a eu la diaspora pour des raisons économiques et non comme de survie, de pays colonisés vers les pays colonisateurs (i.e. Maghrébins en France, Africains en grand Bretagne). La mondialisation de l’économie et les difficultés des petits pays appelés émergents et autrefois appelés non développés a entrainé des migrations et par voie de conséquence automatique, par un réflexe atavique, la constitution de multiples diasporas. Ces diasporas sont observées par les autorités des pays où elles sont installées, localisées, regroupées, diagnostiquées surtout pour éviter des troubles à l’ordre public. Elles sont constituées fatalement et automatiquement en organisation : des cercles de rencontre, des cafés et des restaurants typiques, des temples pour la pratique religieuse. Parfois si l’organisation est très poussée, des journées de rencontre, voire des journaux périodiques (par exemple, à l’heure actuelle, à New York, il y a toujours un journal en Yiddish alors que cette langue est en voie d’extinction).

Cette organisation de la diaspora entraine également des festivités (des célébrations importantes, le nouvel an, des évènements marquants) ainsi que sa musique propre à laquelle se mêle souvent des sons, des notes du pays d’accueil. Ce qui va faire une musique originale qui rencontre du succès comme par exemple les chanteurs noirs ou gitans qui figurent au top dix des palmarès des stations radios.

La diaspora a comme base la famille et de part son originalité, sa singularité quand bien même il y aurait intégration, elle se perpétue de génération en génération avec cependant des déperditions dues à l’intégration et aux mariages mixtes.

Mais là, il a été possible de constater en cas de mariage mixte que c’est plutôt l’indigène qui attire l’autochtone vers son milieu. La raison en est simple – ce que l’indigène, l’étranger constitué en diaspora n’erre pas – il a sa famille, son cercle, ses rites, ses certitudes, même si dans la vie de tous les jours et au travail, sa confiance en soi peut être ébranlée. Ainsi on glisse vers le caractère nécessaire de la diaspora car il permet au migrant d’éviter l’errance, le chaos et le choc des humiliations venues de l’extérieur.

De ce fait, non seulement la diaspora se constitue en organisation mais sa nécessité se révèle et elle se perpétue de génération en génération. On observe, par exemple, avec les Maghrébins, le maintien de la diaspora au bout de trois générations. L’ouvrier de Renault arrivé en 1960 a fréquenté les mêmes cafés que son petit-fils voire son arrière-petit-fils et des lieux de prières se sont multipliés.

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Pour ce qui concerne plus particulièrement la diaspora laotienne, son périmètre est composé de gens de la même région géographique dont les moyens de communications modernes permettent de renforcer les liens et de convenir des lieux de rencontre pour les festivités.