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CHAPITRE 3 : LA DIASPORA ORGANISEE EVOLUE AU FIL DU TEMPS DANS SA NATURE ET DANS

3.2 LA FINALITE DE LA DIASPORA

Les travaux de Natalia Buga (thèse soutenue en 2011 p. 95) en sciences économiques et financières mettent en exergue le modèle particulier de diasporas comme celui d’Emmanuel Ma Mung98 (1992). Nous soulignons le caractère de « multipolarité des migrations et d’inter-polarité des relations » dans la préservation d’une « identité nationale et d’un développement transnational puissante ». Il existe une « spatialité et une temporalité du processus de constitution d’une diaspora », le résultat étant « une pluralité de réseaux dans lesquels circulent idées, hommes, capitaux, marchandises diverses, les liens familiaux étant le support de ces échanges » (Bruneau99 1995 : p. 9). Pour Natalie Buga, finalement les diasporas sont « comme des ressources d’intégration dans l’économie mondiale ».

3.2.1. L’adaptation dans le pays d'accueil

En constituant des associations depuis le début de leur installation dans les pays qui les accueillent, les laotiens s'adaptent à la situation, à l'environnement, à la politique de ces pays.

98 Ma Mung E. (1992), Dispositif économique et ressources spatiales : éléments d'une économie de diaspora,

Revue Européenne de Migrations Internationales ; La diaspora chinoise en Occident, Vol. 8, N. 3.

these Souchinda Sangkhavongs

La France leur offre une seconde chance d'y vivre librement, d’avoir un droit de parole, de sécurité sociale et d'emploi, d'égalité des chances pour tous dans l'accès à l'éducation pour leurs enfants, à la culture pour s'épanouir et de confort matériel selon leur envie.

Les associations leur permettent de se réunir librement dans les locaux mis à leur disposition à des heures décentes et pendant leurs weekends. La nourriture ne leur pose pas de problème particulier, des magasins foisonnent avec des produits importés d'Asie ou d'autres continents. Ces dernières années des grands enseignes comme Carrefour, Auchan, vendent des produits asiatiques alors qu'au début de leur installation, ces produits étaient plutôt rares et parfois difficiles à obtenir pour préparer un repas du pays. Des produits de substitution sont utilisés comme par exemple des fenouils pour accompagner le « koï », un plat à base de viande de bœuf assaisonné de sauce de poisson et « pader », remplacé à l'époque par les anchois. Pour faire le « tam mak houng », qui est une salade de papaye mélangée avec du piment, les ménagères utilisaient les carottes à la place.

3.2.1.1. La double culture

Les enfants mangent de la nourriture française à la cantine et s'y accommodent beaucoup mieux que leurs parents qui ont la nostalgie du pays. Ce sont eux qui préparaient le plus souvent des plats de remplacement. Avec le temps, les plats français sont beaucoup plus cuisinés dans les foyers que les plats laotiens. Ceci s'explique par le prix élevé des produits importés et par le fait que la préparation prend beaucoup plus de temps que le plat français. Il n'est pas rare que dans les foyers, les enfants s'adressent à leurs parents en français plutôt qu'en laotien. Ces derniers répondent également dans la langue de Molière bien plus rapidement qu'en laotien. La télévision, la radio, la culture, la fréquentation des amis français facilitent ces originaires du Laos à penser dans les termes de l'occidental.

3.2.1.2. La totale intégration au pays de réinstallation

L’intégration dans la culture du pays de réinstallation s’est faite sans heurt et sans effort ce qui a permis à la deuxième génération de faire la transition en respectant la culture de son pays natal quel que soit le lieu. Malgré la difficulté des associations à maintenir leurs activités, au bout d’une trentaine d’année d’existence, ces associations continuent à rassembler leurs membres et amis proches lors des périodes de nouvel an ou d’anniversaire de ces associations. Par l’intermédiaire des représentants de l’ordre monastique, à travers les fêtes ritualisées, les pagodes font office de lieu de rencontre où il est question d’échanger des nouvelles, des bons plats, du savoir vivre en communauté, des annonces sur la naissance, la mort, des difficultés de la vie en général.

Un troisième travail, après celui de la famille et de sa profession, celui du bénévolat, constitue finalement pour les laotiens un labeur partagé, une singularité exemplaire. La proposition d’aide dans la cuisine ou le nettoyage et la rénovation de la pagode vient facilement, sans contrainte et sans rémunération mais celui de partager le temps pour que le travail en commun puisse libérer rapidement les Co-actants et ainsi passer à d’autres préoccupations.

these Souchinda Sangkhavongs 3.2.2. Le don de soi

à

travers l'association

Après le travail, pendant les heures libres, la première génération s’occupe de sa famille, de ses amis et de, parfois ses nombreuses associations. Ainsi, elle transmet à ses descendants le goût du don de soi. L’organisation mensuelle et annuelle des fêtes permet à la génération née en France de s’imprégner de la culture du patriarche.

3.2.3. Un exemple de vie associative

Les archives de l'association AAC révèlent que le Bureau Exécutif sous la présidence de Monsieur Kim Phimphavong de 1998 jusqu'à 2001 et durant les trois dernières années, a organisé quatorze réunions :

1.- le 20/12/1998 : Chez M. Boun Nhou Chaleunxay. 2.- le 24/01/1999 : Chez M. Samrong Soudachanh, 3.- le 20/02/1999 : chez M. le Dr. Bounthanh Sinavong, 4.- le 09/05/1999 : chez M. Southinh Sangkhavongs, 5.- le 20/06/1999 : chez M. Bounsouane Veopraseuth, 6.- le 10/10/1999 : chez M. Samrong Soudachanh, 7.- le 23/01/2000 : chez M. Kim Phimphavong, 8.- le 29/04/2000 : chez M. Bounsouane Veopraseuth, 9.- le 07/10/2000 : chez M. Kim Phimphavong, 10.- le 03/12/2000 : Chez M. Samrong Soudachanh, 11 - le 07/01/2001 : chez Mme Champia Béatrice ;

12.- le 04/03/2001 : à la salle de réunion de la Maison du Maison du Quartier des Tulipes ; 13.- le 08/05/2001 : Chez M. Nouanerasmay Phongprasanesack,

14.- le 07/07/2001 : à la salle du Foyer de Theilley.

Le procès-verbal (PV) de décembre 2004 reflète parfaitement les 3 mandats de Southinh Sangkhavongs à la présidence de cette association. Il mentionne que suite l’Assemblée Générale Ordinaire à Gonesse (95500) en France, sur convocation écrite faite par le Président du Bureau Exécutif du 30 octobre 2004. L’Assemblée est présidée par M. Phimphavong J. Kim, Président du Conseil d’Administration, assisté par M. Chaleunxay Boun Nhou en sa qualité de Secrétaire Général de l’association. Il a établi une feuille de présence qui a été signée par tous les membres présents, et annexée à ce PV : 26 membres présents, 48 représentés, soit un total de 74 sur 129 membres actifs de l’époque. Le quorum atteint, le président ouvre la séance de l’assemblée.

Annexe : Exemple de procès-verbal Tome II p. 166

these Souchinda Sangkhavongs A l’issue de ces réunions, les décisions suivantes ont été adoptées :

- Adhésion des vingt-deux membres actifs ;

- Validation des dons et des subventions aux membres et aux autres associations ; - Validation des crédits nécessaires à la publication des bulletins de l’AAC.

- Vote des fonds pour la préparation de réunion pour la règle de l’écriture en Lao ; - Vote des fonds pour la fête en mémoires des membres décédés ;

- Projet de la modification et de réexamen des Statuts et Règlements Intérieurs ; - Délibération sur des fêtes annuelles et examen des comptes de résultat (de fête). Les activités du président et du bureau exécutif sont enregistrées. Elles concernent :

- Les tournées officielles du Président effectuées l’été 2000, les comptes rendus sont inscrits au Bulletin de l’AAC,

- Les visites par le Président ou les membres du Bureau Exécutif aux membres hospitalisés,

- Les remises des secours prévus dans les Statuts et règlements Intérieurs.

- Les remises des souvenirs aux fils ou filles des membres au moment de leur mariage. - Les participations aux fêtes organisées par d’autres associations.

- L’organisation d’une fête religieuse en mémoire des membres décédés à la Pagode Dhammabhirom le 09/09/2001.

C’est ainsi que figurent les actions de la présidence. Elle est connue de tout membre ce qui montre l’intérêt et le suivi de sa présidence et de ses adjoints.

La mise en forme et l’enregistrement des assemblées générales mobilisent le nombre de participants à l’organisation de l’association. Ils reflètent le sérieux de l’activité associative ce qui a permis à l’AAC d’avoir le plus grand nombre d’adhérents. Nous avons mis en exergue l’année 2004 parce que son procès-verbal est le plus complet. Il explique les actions passées, la transition entre la présidence de Kim P. et de Southinh S. Un extrait du procès-verbal de 2010 souligne les rapports financiers et moraux.

Chaque année, un bulletin de l’AAC est publié et donné gratuitement à chacun des membres. Il détaille les actions de l’association, le décès des membres, le mariage de leurs enfants ainsi que la naissance de leurs petits-enfants. Les photos de ces évènements ainsi les réunions et fêtes annuelles. Nous trouvons également l’annuaire des membres avec la liste des cotisants à jours, des démissions, des décès, des nouveaux avec l’adresse et le numéro de téléphone. Voir l’annexe membre AAC depuis 2001 Tome II p. 170

Pour montrer la configuration de l’AAC, des procès-verbaux de réunion sont établis suite aux réunions des assemblés générales annuelles. Ces comptes rendus sont ensuite publiés dans les

these Souchinda Sangkhavongs

bulletins annuels de l’association et envoyés ou remis en main propre à chaque membre. Voir l’annexe : Extrait de procès-verbal de réunion de l’AAC en 2010 Tome II p. 182

Personne ne demande la parole, l’assemblée clôture sa séance à 18h30. C’est ainsi que se dé-roule toutes les assemblées générales de l’association, depuis le début de la création et jusqu’à nos jours. Ces assemblées et les procès-verbaux qui en découlent, reflètent parfaitement la forme classique de toutes les grandes associations qui existent en France, créées sous la loi de 1901.