• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 1 : LA METHODOLOGIE DE LA THESE

1.3. L'ETUDE LONGITUDINALE ET LA TRANSFORMATION

1.3.1. Le concept longitudinal

L'observation et la vérification de cette forme d’auto-ethnographie posent les questions de la collecte de données et du degré de participation de l’observatrice. Yin (1984) soulève le problème de l'écoute, de l'adaptabilité, de la flexibilité, du savoir-faire et de l'impartialité de cette observation ainsi que de la vérification au regard de solides connaissances sur des questions sociales et politiques qui touchent les différents niveaux et les fonctions à l'intérieur et à l'extérieur de l'organisation visée.

La procédure de collecte de données est liée aux aspects suivants : - Processuelle ; l'accent est mis sur l'action et la structure,

- Comparative ; l’idée est une série d'études dans divers secteurs,

19 Pettigrew, A.M. (1990), Longitudinal Field Research on Change : Theory and Practice, Organization Science, 1 : 3, 267-292. x² in Musca G. (2006), Une stratégie de recherche processuelle : l'étude longitudinal des cas enchâssés, Management 2006/3 vol. 9, Cairn info. p. 153-176.

20 Van de Ven, A.H. (1992), Suggestions for Studying Strategy Process : A Research Note, Strategic

Management Journal, 13 : Summer Special Issue, 169-191, in Musca G. (2006), Une stratégie de recherche processuelle : l'étude longitudinal des cas enchâssés, Management 2006/3 vol. 9, Cairn info. p. 153-176.

21 Langley, A. (1999), Strategies for Theorizing from Process Data, Academy of Management Review, 24 : 4, 691-710, in Musca G. (2006), Une stratégie de recherche processuelle : l'étude longitudinal des cas enchâssés, Management 2006/3 vol. 9, Cairn info. p. 153-176.

these Souchinda Sangkhavongs

- Pluraliste ; consistant à décrire et à analyser les versions souvent contradictoires de la réalité vues par les acteurs du changement du processus,

- Historique ; consistant à prendre en compte l'évolution historique des idées et des actions pour en comprendre la transformation, ainsi que les contraintes auxquelles les décideurs sont soumis,

- Contextuelle ; le fait d’examiner les relations réciproques entre les processus et les contextes à différents niveaux d'analyse,

- La collecte de données vise à montrer comment les acteurs se mobilisent dans les contextes économiques, sectoriels pour légitimer et délégitimer les idées de transformation et de continuité au niveau organisationnel.

Sur le terrain, nous utilisons une méthodologie triangulée pour recueillir les différents types de données, ceci par un contrôle croisé. Le but de la triangulation, c'est de tirer parti des atouts particuliers de l’étude de cas. Des entrevues peuvent apporter de la profondeur. Les documents peuvent fournir des faits. L'observation directe permet d'accéder aux processus de groupe et peut aider le chercheur à confronter des points de vue des personnes interviewées au regard de conversations informelles par rapport à leurs actes, ce qu'ils font réellement. La collecte des données concerne l'observation et la vérification.

McKee et Pettigrew (1988) ont présenté ainsi leur cas d’étude dans les services publics par : (a) Des entrevues en profondeur avec des informateurs clé : choisis en raison de leur

position de leader dans l'organisation ou dans le processus de changement en cours d'analyse ; ceux qui sont touchés par les changements ainsi que les initiateurs du changement ; des différentes élites et groupes d'intérêts internes et externe à l'organisation (en moyenne 50 interviews par cas). Les interviews sont enregistrées. Les interviews proformas sont discutées dans chaque équipe de recherche, testées dans le champ, puis modifiées le cas échéant.

(b) Le documentaire et les données d'archives : y compris les procès-verbaux pertinents des réunions, des documents sur la politique ou la stratégie adoptée, des données secondaires se rapportant sur les niveaux d'activité, les abandons et les rejets de projets, des notes de service, et la correspondance.

(c) Le matériel d'observation et ethnographiques : y compris l'assistance formelle, la réunion sur le site des installations, des visites pour rencontrer le personnel ; ainsi qu'informelle basée sur le hasard, les réunions, les conversations, et du temps passé dans l’organisation.

Ils ont travaillé sur un échantillon d'une quinzaine de personnes à des postes clés de l'organisation, dans le passé, dans le présent, ou qui sont liées explicitement aux préoccupations futures de cette organisation.

Au regard de ces archives, des éléments de faits et d'interprétation, les tendances générales de ce type de cas apparaissent avec :

- L'analyse des chronologies,

- L'interprétation par rapport à la théorie, - L'analyse méta.

these Souchinda Sangkhavongs

La clarté sur les objectifs de recherche est cruciale pour tout chercheur en sciences sociales. Ces objectifs comprennent :

- La précision de la mesure,

- La généralité sur les acteurs et les situations, - Le réalisme du contexte,

- Le développement théorique et conceptuel,

- La contribution part du particulier au général sur des questions de politique et de pratique.

Sur cette base de son analyse, Pettigrew ne regarde pas un seul point de vue mais différentes facettes dans une séquence chronologique à partir d'événements qui sont reliés les uns aux autres. La tension du temps comme construction sociale et ces événements dans cette chronologie.

Ces boucles temporelles sont des rites implicites dans une logique de système social et non pas de temporalité du point de vue de la science historique. Les interactions entre les séquences rituelles vont créer un temps social ; c’est la pose de premières pierres dans une structure évènementielle. Autrement dit, ce qui est important, ce n’est pas le rituel mais la construction sociale qui en découle.

Les subtilités de la temporalisation dans les approches de Pettigrew

Pettigrew se demande comment l'événement est construit mais une fois que la pierre, c'est-à-dire l'objet est posé, le sens même de l'événement change au cours du temps. Prenons par exemple la décision de construire le Concorde, Marchais-Roubelat22 (2000, p. 197) a écrit : « l’aventure française du Concorde a commencé dans les années cinquante, elle se poursuit encore aujourd’hui. Officiellement, la décision de construire un avion de transport supersonique (TSS) date de la signature d’un accord, le 29 novembre 1962, entre la France et la Grande-Bretagne. Cet accord s’inscrit dans un processus qui a créé les conditions de son apparition, tandis que ses effets orientent à leur tour le processus ».

Quelques années plus tard, ce Concorde devient un gouffre économique et financier. Vingt années suivantes, les industriels ont commercialisé l'avion et au bout du compte il termine sa course dramatiquement emportant deux cents personnes dans la mort à Gonesse, banlieue de l'est parisien. De la décision de construire le Concorde et au fur et à mesure d'autres événements qui se sont produits plus tard, la signification de départ a changé : en (to), cela signifiait la construction, en t1, t2 ou t3 la signification change. Le sens des événements n'est donc pas figé dans le temps. Les faits modifient non seulement le contexte de la signification mais également la signification elle-même.

22 Marchais-Roubelat A., (2000), De la décision à l’action, essai de stratégie et de tactique, Economica, Bibliothèque Stratégique.

these Souchinda Sangkhavongs

Dans cette logique, l'étude de la structure organisationnelle d'une entreprise se fait de sa création au moment où elle atteint cent salariés. On analyse alors à quel moment elle change sa structure et quelle est la corrélation entre le nombre de salariés et la structure de l'entreprise, mais rien ne dit que l'on voit ce qui se passe réellement : on sous-entend qu'avant la création de l'entreprise, il n’y avait rien, or cette entreprise a pu être informelle pendant un certain nombre d'années avec des acteurs qui n’apparaissaient pas dans le cadre de sa création formelle avec le dépôt de ses statuts. Il existe un t0 avec une certaine structure qui en t-5 a déjà sa structure alors que l'étude s'est faite à partir de sa création formelle.

Lorsqu'on prend l'histoire événementielle, selon le contexte, le point de vue des historiens, le lieu, l'histoire n'est pas prise de la même manière, ce qui constitue la rupture entre les uns et les autres et la base de discussion. Il est donc important de justifier les frontières temporelles en gestion par rapport à la problématique que nous avons.

►Pour notre étude de terrain, nous utilisons une approche longitudinale mais la question est au fond de savoir si l'organisation est une figure, une configuration ou une image. Par définition, la diaspora n’existe que sur une longue période avec cette profondeur temporelle de vingt années pour faire une génération, cette durée est donc suffisamment longue pour voir le changement générationnel. (Pesqueux, Mintzberg et Morgan). Nous justifions une connaissance qui peut remonter assez loin même si l'analyse sur le terrain est plus courte mais que cette analyse est justifiée finalement par les processus organisationnels qui sont les rites et les routines qui vont organiser cette diaspora, notamment au travers du culte de Prabang. Une période longue de dix-sept ans (de 2000 à 2017) :

- Période 1, 2000-2004, - Période 2, 2005-2008, - Période 3, 2009-2012,

- Période 4, 2013-2016=> Rupture