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CHAPITRE 1 : LA METHODOLOGIE DE LA THESE

1.4. L’ANTHROPOLOGIE STRUCTURALE ET L’IMMERSION PARTICIPANTE

L’étude de notre terrain, le cas des laotiens nous plonge dans la structure familiale, dans les organisations de cérémonies, des fêtes, des mariages, des naissances et des décès au sein de la communauté aux alentours de la région parisienne mais également dans les Provinces de la France et parfois de la Belgique.

L’approche par l’anthropologie structurale et l’immersion participante nous a permis d’étudier ces mœurs et coutume.

1.4.1. L’anthropologie structurale

La transformation des récits mythiques dans la structure de la parenté constitue un des apports de Lévi-Strauss24 dans les sciences sociales et traite de mythologie et de rituel, ce qui nous intéresse particulièrement. Selon lui, les récits sont des messages à transmettre, des discours métaphoriques.

Pour Lévi-Strauss, la structure est un ordre dont il convient de rendre compte : - L'importance de l'échange et de la réciprocité dans toutes les cultures.

- L’importance des activités sociales et culturelles, telles que les croyances et coutumes, les règles de parenté, les mythes.

Dans le premier chapitre, sa démonstration repose sur le langage et la parenté, sur l’organisation sociale, sur la magie, sur la religion et sur l’art. La base de toute structure est la famille composée du père, de la mère et des enfants (Radcliffe-Brown, 1926). La composition de cette famille crée, de surcroît, des relations sociales de premier degré :

- Parents-Enfants

- Enfants-Mêmes parents

- Mari-Femme parents du même enfant

Le deuxième degré est celui de la relation des parents du côté du père, de la fratrie du côté de la mère, de la sœur du côté de la mère.

Le troisième degré est la fratrie du père, puis le quatrième et cinquième degré sont des cousinages, de la famille éloignée de plusieurs degrés. Pour illustrer nos propos, il est courant que nos parents nous présentent des personnes, qui ont des liens d’amitié très forts et que nous considérons comme de la famille du premier degré. C’est ainsi que nous appelons les meilleurs amis de nos parents, père et mère. Ceci dans le but de structurer et pour ainsi

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maintenir les liens qui bénéficient également aux enfants. Ceux-ci deviennent parfois bien plus que nos propres frères ou sœurs. Par la suite, le patriarche ou le meneur, le coordinateur peut ainsi mobiliser du monde pour une activité de grande envergure. L’organisation de Prabang et la Rencontre Jeunesse a réuni toutes ces structures.

Il est admis et conseillé d’avoir un langage empreint de « bonne parole », neutre et soucieux de rassembler et non de diviser. Le langage structure l’activité sociale. Les réunions préparatoires et les jours de commémorations de Prabang se déroulent à la pagode. On fait plus attention à ce que l’on dit ou fait. Dans chaque rapport, il est précisé qu’avant de commencer la réunion, chaque personne prie pour calmer son ardeur. Les annexes relatent ces prières dans les procès-verbaux de 2002, 2004 et 2010 (Annexe C2002, C2004, C2010).

1.4.2. L’immersion participante

L’observation participante est une méthode foisonnante. Georges Lapassade25 cite Bogdan et Taylor (1975), lesquels définissent l’observation participante comme « une recherche caractérisée par une période d'interactions sociales intenses entre le chercheur et les sujets, dans le milieu de ces derniers. Au cours de cette période, des données sont systématiquement collectées (...) ».

Les données collectées viennent de plusieurs sources du terrain de recherche : l’observation du chercheur, les conversations occasionnelles, les documents officiels et rapports de réunion. Dans l’observation, il y a l’idée d’éloignement, de retenue, de non intervention. Elle est excentrique, active, complète, de l’extérieur et ou de l’intérieur, avec une distanciation au regard de son objet. Cependant, cette observation, dans certains cas, reste un frein à la recherche active. Une variante à l’observation participante est l’immersion.

Le terrain de la diaspora laotienne est propice à l’immersion participante. Une forte implication dans l’approche du terrain pour comprendre les rouages d’une telle machine. Qu’est-ce que l’immersion participante ?

Le chercheur est plongé dans le cœur de son terrain de recherche. Il participe activement aux activités sociales de son objet de recherche. Il est au cœur et « prêt des étoiles ». Par ce biais, il connaît les us et coutumes, la tradition, le langage, la posture à observer vis-à-vis de son terrain. Ceci va lui permettre de comprendre le correspondant lorsque ce dernier dévoile un strict minimum.

25 Georges Lapassade est philosophe et sociologue français (1924-2008), la méthode ethnographique, site http://vadeker.net/corpus/lapassade/ethngr1.htm

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L’immersion dans un terrain sensible, souvent le cas de la diaspora, appelle un regard de bienveillance. C’est dans ces conditions qu’on obtient les « clés » pour ouvrir le champ du possible, le dialogue, le langage commun.

L’immersion participante permet de croiser les données collectées avec le vécu. De ce fait, il apporte un éclairage supplémentaire sous l’angle de l’observateur. Le chercheur utilise 3 prismes : celui de l’observation, celui de l’immersion, et celui de la participation.

Comparable à nos théories mobilisées, l’observation est vue sous l’angle de l’image, l’immersion, celui de la figure et la participation, elle, est associée à la configuration. Serait-ce un abus de langage ? C’est Serait-ce qu’il faut démontrer.

Les documents de travail proviennent de 4 sources distinctes :

- Celle de Southinh Sangkhavongs, Président des associations et coordinateur des rencontres jeunesses et de la journée de Prabang Cakayamouni (C),

- Celle de Tiao Bouavong Kitthignarath, Conseiller du prince et Responsable de l’organisation de Hot Song Prabang Phouthalavanh (P),

- Celles d’Arya Panya, ancien Responsable du Protocole au palais de Luang Prabang, participant actif et immersion totale dans l’organisation de Prabang C,

- Les photos, images, sur le blog de Surya Pravong, presse informelle de la communauté laotienne en France.

Notre immersion pendant ces 12 années nous a permis de faire un état de l’art des données : - Une structure formelle des documents fournis par Southinh S. montre une

sensibilisation à la configuration.

- L’organisation de Prabang P au départ était informelle et en faisant comme l’organisation de Prabang C, avec le programme, la publication du bilan moral et financier, ici apparaît la figure de l’organisation.

- Les images montrées par Surya avant et après la cérémonie de Prabang C et P témoignent de la puissance de ces rites.

Le chapitre suivant montre notre immersion et donc notre implication totale dans ce terrain de diaspora vue comme une organisation.

1.4.3. La participation du chercheur

En 1997, c’était la toute première organisation de Prabang avec la participation d’une vingtaine d’associations françaises de culture laotienne. Auparavant, les célébrations de cette statuette étaient notamment confiées aux moines qui s’occupaient dans chaque pagode de la région parisienne ou à Lille.

Nos parents, depuis l’enfance, nous ont amenés dans la pagode de Choisy le Roi (où cette nouvelle statuette érigée pour la diaspora laotienne, grâce aux dons des fidèles. Nous sommes donc tombés dans la pratique bouddhiste depuis notre naissance sans remettre en cause cette philosophie du bouddhisme.

A notre majorité, nous avions faits une retraite monastique dans ce temple où le vénérable de l’époque « Achanh Maha Thavanh » nous enseignaient les leçons de vie du premier bouddha.

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Avec notre connaissance de la langue française et maternelle, nous avions traduits ces leçons aux jeunes bonzes nés en France qui passaient leurs vacances à apprendre la doctrine du Bouddha, la médiation, les cours culinaires, le savoir vivre en société, l’obéissance aux patriarches.

C’est donc tout naturellement que nous avons commencé à participer à ces célébrations. Au début en tant que simple observateurs-participants puis petit-à-petit, nos garçons ont été demandés pour la parade et nous pour les menus tâches d’organisation, comme le service des repas aux fidèles, l’accueil, le renseignement, la préparation des lieux et la propreté de l’ensemble.

Il nous arrivait, à la fin de ces journées commémoratives, de prendre nos jeunes garçons et leur donner à chacun des sacs de poubelle pour ramasser des détritus, des bouteilles en plastiques qui étaient là depuis la nuit des temps sur un champ qui doit faire deux à trois hectares. En discutant et enseignant à nos jeunes, le temps passait bien vite et le terrain propre. Ce donc nous étions bien fiers d’avoir inculquer cet acte de propreté à ces jeunes.

De huit heures du matin jusqu’à l’heure de dîner, chacun vaquait à ses préoccupations. Il n’y avait pas de chef mais la volonté du travail bien accompli éveillait nos enthousiasmes. Le dîner venait clôturer cette belle journée car même s’il pleuvait, ce qui arrivait sans doute deux voire trois fois pendant toutes ces années, nous étions bienheureux d’être ensemble et d’avoir fait participer des milliers de fidèles. De très belles amitiés et respects se sont créés au fil de ces années.

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CHAPITRE 2 : LA DIASPORA LAOTIENNE, UNE ORGANISATION « CLASSIQUE