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Chapitre 5 : La lutte contre la pauvreté : une question d’équité envers les

5.2. A NALYSE DE L ’ ÉQUITÉ HORIZONTALE

L’équité horizontale caractérise la redistribution des richesses en tenant compte des différences de statuts et s’observe, dans notre cas, par l’écart entre les taux de pauvreté des familles monoparentales et biparentales42. La figure 5.2 ci-après présente les taux de pauvreté pour ces deux types de familles. La figure 5.3 présente les écarts de pauvreté entre les familles monoparentales et les familles biparentales. Les taux sont ceux de l’année 2004/05 qui représente le point le plus récent pour lequel les données sont disponibles pour la majorité des pays.

42 Voir Smeeding (2006) qui a procédé à une comparaison des taux de pauvreté mono et biparentale. Voir également Christopher (2001) qui a utilisé des ratios de pauvreté (le rapport entre le taux de pauvreté monoparentale et le taux de pauvreté biparentale).

Figure 5.2 : Taux de pauvreté des familles monoparentales et des familles biparentales dans les pays sélectionnés et les quatre principales provinces canadiennes dont le Québec (année 2004)

*Source : Les données proviennent du Luxembourg Income Study. Leur traitement et le calcul des écarts ont été réalisés par l’auteur de la thèse.

*Les données correspondent à l’année 2004 pour la plupart des pays. En France et en Suède, les données ont été collectées en 2005. En Australie, les données ont été collectées en 2003.

Figure 5.3 : Les écarts de pauvreté entre les familles monoparentales et les familles biparentales dans les pays sélectionnés et les quatre principales provinces canadiennes dont le Québec (année 2004)

*Source : Les données proviennent du Luxembourg Income Study. Leur traitement et le calcul des écarts ont été réalisés par l’auteur de la thèse.

*Les données correspondent à l’année 2004 pour la plupart des pays. En France et en Suède, les données ont été collectées en 2005. En Australie, les données ont été collectées en 2003.

5.2.1.L’ÉQUITÉ HORIZONTALE SELON LES RÉGIMES PROVIDENTIELS

Dans les pays anglo-saxons de régime libéral, les familles monoparentales sont largement plus pauvres que les familles biparentales (Figure 5.3). Ces écarts sont particulièrement marqués dans les pays et les provinces canadiennes où les taux de pauvreté monoparentale sont extrêmement élevés comme aux États-Unis, au Canada en général et en Ontario, en Colombie-Britannique et en Alberta. Les familles monoparentales sont largement défavorisées par rapport aux familles biparentales43. Ces résultats laissent supposer que les politiques qui peuvent garantir l’équité horizontale sont insuffisantes, inefficaces ou même quasi absentes.

La figure 5.3 montre que les pays nordiques se classent nettement mieux que la plupart des autres sociétés en enregistrant de faibles écarts entre les deux types de famille en 2004. Même si la pauvreté monoparentale demeure dans tous les cas plus élevée que la pauvreté biparentale44, les écarts entre les deux types de famille atteignent dans le pire des cas 9,2 points de pourcentage en Norvège. Au Danemark, l’écart est à peine de 4,6 points de pourcentage alors qu’en Suède, il est de 6,8 points et 8,4 points en Finlande. Ces résultats permettent de considérer ce groupe comme favorisant l’équité horizontale en faisant en sorte que les différences de statuts des familles ne soient pas très pénalisantes sur le plan de pauvreté.

Au milieu des années 90, Christopher (2001) avait constaté que la Suède et la Finlande présentaient à la fois des taux et des écarts de pauvreté faibles en raison de leurs systèmes de transferts adaptés aux besoins de toutes les mères indépendamment de leur statut familial. Nos données indiquent que cet engagement des pays nordiques en faveur d’une société égalitaire semble se maintenir même en 2004.

43 Les différences des taux entre les deux types de familles sont statistiquement significatives au seuil de 0.05.

Parmi les pays de l’Europe continentale, l’Autriche, la Suisse et les Pays-Bas réalisent des écarts de pauvreté entre les deux types de familles relativement faibles qui sont, respectivement, de 8 points de pourcentage, 7,8 points de pourcentage et 9,9 points de pourcentage. L’écart est beaucoup plus marqué en France (19,3) et encore plus en Allemagne (32,3) qui se situe dans la même fourchette que le Canada (30,9%) et les États-Unis (28%)45.

Dans les pays d’Europe du Sud, l’écart se situe entre 14 points de pourcentage en Grèce et 7,8 en Espagne. Ces écarts sont comparables à ceux des pays de l’Europe continentale, à l’exception de l’Allemagne. Toutefois, en Europe du Sud de régime latin, l’équité horizontale qui caractérise les pays dans une certaine mesure est associée à une forte iniquité verticale puisqu’en général les taux de pauvreté sont parmi les plus élevés des sociétés comparées, quel que soit le type de famille. C’est alors difficile de donner un sens à l’équité horizontale lorsque l’équité verticale n’existe pas46.

5.2.2.LE POSITIONNEMENT DU QUÉBEC

Les données montrent que le Québec se démarque légèrement du reste du Canada et des États-Unis. Les écarts de pauvreté entre les deux types de familles se situent à des niveaux intermédiaires. En 2004, son taux de pauvreté monoparentale était de 24,6% comparativement à 2,4% chez les familles biparentales, soit un écart de 22,2 points de pourcentage (contre 32,1 points de pourcentage en Ontario). La province se situe au même niveau que le Royaume-Uni et l’Australie. Mais ces écarts restent très élevés par rapport à d’autres pays beaucoup plus performants comme les Nordiques.

Les écarts assez élevés au Québec peuvent aussi s’expliquer par le fait que la pauvreté biparentale est extrêmement faible. Pour ces familles, le Québec enregistre

45 Dans tous les pays appartenant à ce groupe, les différences de pauvreté entre les deux types de familles sont statistiquement significatives au seuil de 0.05.

46 Toujours est-il dans les pays de l’Europe du Sud, les taux de pauvreté monoparentale sont statistiquement plus élevés que ceux des familles biparentales au seuil de 0.05.

l’un des plus bas taux dans l’univers des régimes providentiels. Cette situation montre que les familles biparentales profitent d’un environnement très avantageux qui leur offre une grande longueur d’avance sur les familles monoparentales.

5.3.

LA RELATION ENTRE LES RÉGIMES