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Chapitre 3 : Comparaisons internationales et interprovinciales: Données

3.3. L ES INDICATEURS DE MESURE

3.3.1. LA MESURE DE LA PAUVRETÉ

Il est possible à travers les données du LIS de mesurer la pauvreté selon plusieurs indicateurs. Comme nous l’avons expliqué au chapitre précédent, la conception relative de la pauvreté est celle qui tient le mieux compte de la notion de bien-être. Dans notre analyse, nous cherchons à savoir comment les différentes sociétés se positionnent par rapport à deux niveaux de pauvreté.

Le premier niveau est mesuré par un seuil conventionnel (ou standard) qui représente le pourcentage des ménages vivant avec un revenu inférieur à 50% de la médiane des revenus. Ce seuil est celui retenu dans la majorité des études comparatives. Le

deuxième correspond à un seuil plus conservateur que nous avons défini nous-mêmes et qui caractérise une forme de pauvreté plus aiguë mesurée par le pourcentage des ménages vivant avec un revenu inférieur à 30 % de la médiane (Bernard et Raïq, 2011)27. Il s’agit d’un sous-ensemble des pauvres qui vivent au-dessous du seuil conventionnel.

Les taux de pauvreté seront calculés sur la base du revenu net disponible après taxes et transferts. Nous avons appliqué une échelle d’équivalence habituellement utilisée par les experts du LIS (Smeeding, 2006) et qui consiste à diviser le revenu des ménages par la racine carrée de la taille du ménage. Nous fournirons des explications plus détaillées sur cette méthode en annexes28. Nous calculerons les taux de pauvreté chez les familles monoparentales que nous comparerons aux familles biparentales. Nous verrons si les différences sont significatives au seuil de 0.0529.

Les taux de pauvreté permettent de mesurer l’équité selon deux formes. La première caractérise l’équité verticale qui se manifeste par des politiques qui ont tendance à réduire les inégalités entre les classes sociales. Nous mesurerons cet aspect par le pourcentage de la population qui vit au-dessous du seuil de pauvreté relative. Les faibles taux caractérisent les sociétés qui s’engagent pour l’équité verticale. La deuxième forme représente l’équité horizontale qui renvoie aux politiques qui réduisent les inégalités entre les statuts familiaux. Nous mesurerons cet aspect par les écarts de pauvreté entre les familles monoparentales et les familles biparentales. Des écarts faibles caractérisent les sociétés qui s’engagent pour l’équité horizontale.

3.3.2. LA MESURE DES SOURCES DE REVENU

Les données du LIS permettent d’identifier les trois sources de revenu qui proviennent des trois piliers que sont l’État, le marché et la famille. Ce sont ces

27 Ce seuil a été utilisé, suite à notre proposition, dans le Rapport national de l’état de santé de la population du Québec (2007).

28 Voir annexe I.

sources qui constituent le revenu net disponible des ménages comme le montre le tableau suivant des variables tirées de la base de données du LIS. Nous mesurerons l’importance de chaque pilier par le pourcentage que représente la source de revenu dans le revenu net disponible du ménage. Nous verrons dans quelle mesure les sociétés diffèrent dans la répartition de ces revenus et quel est le lien avec la pauvreté.

Tableau 3.2 : Sources de revenu pour chacun des piliers de bien-être

*Source LIS.

3.3.3. LA MESURE DU STATUT D’EMPLOI CHEZ LES FAMILLES

Nous identifierons des statuts d’emploi pour les différents types de famille. Trois statuts d’emploi seront définis : temps plein, temps partiel et sans emploi. Il existe au LIS des variables qui permettent de rendre compte de l’emploi à temps plein et à temps partiel comme le nombre de semaines travaillées à temps plein par année et le nombre de semaines travaillées à temps partiel par année. Malheureusement ces variables ne sont pas disponibles pour tous les pays.

Nous allons donc nous contenter d’utiliser la variable qui renvoie au nombre d’heures habituellement travaillées par semaine. Cette variable n’est pas parfaite Source de revenu Sources détaillées

Revenu du marché Traitements et salaires Revenu d’emploi autonome Revenu de propriété

Revenu des transferts Maladie Programmes universels et assuranciels Vieillesse Chômage Enfant- maternité Assistance

sociale Programmes ciblés Autres

Soutien familial Pension alimentaire Autres transferts privés

pour définir le travail à temps plein et celui à temps partiel, mais elle constitue le seul moyen permettant d’élaborer des analyses tout en restant le plus proche possible d’une certaine réalité des statuts d’emploi. De plus, cette variable nous permet d’identifier le statut d’emploi du chef de ménage et de son conjoint à travers deux autres sous-variables. Nous définirons plusieurs situations qui combinent les statuts d’emploi et les statuts de famille comme nous le verrons avec plus de détails dans le septième chapitre consacré à cette analyse.

Conclusion

Nous avons présenté dans ce chapitre les éléments méthodologiques communs à tous les chapitres empiriques ainsi que les principales mesures utilisées. Les précisions méthodologiques spécifiques à chaque question seront présentées dans les chapitres résultats concernés. Notre approche s’articule autour de trois méthodes d’analyse. Tout d’abord, nous ferons une analyse détaillée de l’évolution de la pauvreté dans le temps selon les deux seuils que nous avons définis (quatrième chapitre).

Nous examinerons dans le cinquième chapitre l’équité familiale en faisant appel aux mêmes indicateurs de pauvreté. Nous verrons parmi quelles sociétés les écarts sont les plus élevés entre les familles monoparentales et les familles biparentales. Nous situerons le Québec et les principales provinces canadiennes dans l’univers des régimes providentiels. Nous examinerons ensuite l’apport de chaque pilier de bien- être dans le revenu des familles monoparentales et biparentales dans le sixième chapitre. Nous verrons aussi comment les transferts peuvent contribuer à réduire la pauvreté. Enfin, le septième chapitre nous éclairera sur l’équité par rapport à l’emploi chez les familles monoparentales comparées aux familles biparentales à partir d’une analyse de régression logistique.

Chapitre 4 : L’évolution de la pauvreté chez