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Mutations consonantiques initiales ou internes

MUTATIONS PHONÉTIQUES

Degrés des voyelles ... Pour mémoire seulement.

Un phénomène phonétique étudié par des linguistes divers, dont Benveniste et Pedersen, notamment - et plus particulièrement Lejeune et Lambert pour le Gaulois-, pour déterminer les règles et si possible le pourquoi des variations de voyelles autrement dites "alternances vocales" dans les langues dites "à flexions".

Il se produit soit entre divers mots dérivés d'une même racine, soit en déclinaisons imparisyllabiques, soit dans les

conjugaisons de verbes réguliers et, à fortiori, dans celles de verbes irréguliers où le-dit thème verbal, c'est-à-dire le radical peut se trouver lui-même affecté.

C'est donc bon à savoir, mais l'approfondissement de ces notions complexes ayant des résultats constatables par des exemples concrets au long de cet Essai de Grammaire, ne paraît pas nécessaire pour la compréhension de ses mécanismes

morphologiques et syntaxiques proprement dits.

Nasalisation des voyelles

Il s'agit de la mutation des voyelles a, e i , o ,u - le plus souvent dans des syllabes où elles sont suivies par des consonnes m et n, d’où des syllabes nasalisées an, in, on, un (en graphie française), phonétiquement : [ ɑ, ɘ, ɛ, ɩ , ɔ, o, u , ], devenant [ ɑ, ɛ, ɔ, œ ].

Il n'existe pas de preuve écrite de cette nasalisation, pourtant probable régionalement dès l'Antiquité.

Une bonne présomption d'un début de ce phénomène régional peut être supposée compte tenu de son aboutissement tant en Breton parmi les langues celtiques héritières directes qu'en Français et en Portuguais, notamment parmi les diverses langues majoritairement néo-romanes avec un héritage non négligeable quoique minoritaire du Celtique Ancien.

Mutations consonantiques initiales ou internes

A- Comme phénomène purement phonétique.

Il est certain que le reflexe phonétique et non grammatical de mutations consonantiques agissait déjà en Celtique Ancien:

on a pu le constater à la fois sous la forme de variantes régionales des mêmes mots et sous celle de leur processus d'évolution au cours des siècles et dans une certaine mesure, en recherche d'euphonie.

Voici pour mémoire l'essentiel de ce mécanisme phonétique au niveau du Celtique Ancien

1. - Mutations consonantiques soit évolutives, soit réversibles en permanence pour euphonie, autrement dit "flottantes":

celles-ci ne sont pas limitées aux consonnes initiales, car on en relève aussi à l'intérieur des mots.☞ [m] ↔ [b] ↔ [w], exemple : mroica/broica/vroica = bruyère

[t] ↔ [d] ↔ [ð] ↔ [θ], exemple: to do∥ = à, vers; dunios ∥đunios = être humain; đđona tona∥ = grande chélidoine [γ] ↔ [g] ↔ [k] ↔ [χ]... exemple: gelandron calandron∥ = tache blanche; -gnos > cnos = fils de 2. - Mutations à sens unique:

.a - portant sur une seule consonne:

[p] >[ ' ] "chûte du p" initial. exemple: pratis > ratis = fougère ptérix )

[p] >[ ' ] "chûte du p" interne exemple: upostos > vostos = subordonné) ☞à voir en détail au § B ci-après

.b - adoucissement ou réduction de biconsonnes:

[bn] > [mn] exemple: obnos > omnos = crainte [dn] > [nn] exemple: vednalo > venalo = hirondelle

[ds] > [ðð] [θθ], ∥ exemple: adsedomaros > ađđedomaros a∥ đđedomaros = celui qui préside, président [dt] > [tt] [ss]∥ exemple: splidtis > splittis = espacement; medtu > messu = glandée

[dw] > [w], exemple: duo > vō = deux

[kw] > [q] en celtique-q exemple: equos > eqos = cheval )

Les exemples foisonnent dans le Dictionnaire de Celtique Ancien où les diverses variantes phonétiques des mêmes mots sont mises en évidence, y compris quelques moins courantes non énumérées ci-dessus.

Quelques métathèses aussi par permutation de biconsonnes ... ainsi : st > ts exemple : stucca > tsucca = souche B- Mutations diverses proto-historiques puis historiques

-a Chûte du 'p' initial

Amuissement non général du 'p' initial existant dans le fond commun proto-italo-celtique dans les langues celtiques des familles celtogalatique-britonnique et goidélique, mais pas dans le lépontique. Incertitude sur ce phénomène en picte et en celtibérique.

-c Évolution de la bi-consonne qu = [kw], tant initiale qu'interne en simple consonne 'q' allant caractériser un groupe Celtique-'Q'

Exemples: quarios = chaudron > qarios, quenqe = cinq> qenqe, quetuor > qetuor, equos = cheval > eqos, nequos = quelqu'un < neqos;

-d Différenciation ultérieure entre Celtique 'Q' et Celtique 'P : phénomène apparemment non synchrone: le Celtibérique l'ayant pratiquée plus tardivement et moins extensivement que le Celtogalatique.

Exemples de maintien du 'q' en Goidélique et de passage au 'p' en Celtogalatique :

aqa = eau > apa, eqos = cheval > epos, qarios = chaudron > parios, qendos = tête > pennos, qenqe = cinq > pempe, qetuor = quatre > petuor.

☞Noter l'attachement des goidéliques à marquer leur différence, n'empêchant pas initialement

l'intercompréhension. Il y eut même des transformations de 'p' à 'q' lors d'adoption de mots ou noms étrangers par les goidéliques. C'est ainsi que l'apôtre britonnique du christianisme en Irlande, Sucatus Magonios qui avait pris le prénom latin Patricius, y fut nommé Qatricios d'où Cuthraige en gaëlique médiéval. Ce n'est qu'après l'occupation anglaise sous prétexte de mettre fin au particularisme de l'Eglise d'Irlande qu'il y devint désormais Patrick pour les anglophones et Padraig pour les celtophones.

e- Évolution de la biconsonne gu = [gw] vers [b]

Exemples : *guena = femme > bena, guetlos = lèvre > betlos, gulemo = catapulte > blemo

f- Réduction de la diphtongue ai en ē =[ε:]

Exemples : caitina = essart > cētina, caiton = lande inculte > cēton, saitlon = siècle trentenaire > sētlon g- Transformation de diphtongues en triphtongues

Tendance notée chez les Callaïques, et devenue plus tard typique des langues gaëliques issues du goidelique Exemple cailos = présage, oracle > caeilos

B - Comme phénomène grammatical .

Hormis quelques indices, on n'a pas de suffisantes preuves écrites sur l'existence au niveau antique du phénomène grammatical majeur des langues celtiques plus récentes, plutôt complexe et consistant en une mutation temporaire s'opérant sur la consonne initiale d'un même mot en fonction de son rôle dans la phrase comme c'est toujours de règle dans toutes les langues celtiques modernes.

Il en fait d'ailleurs l'originalité par rapport aux langues voisines tant néo-romanes que germaniques.

Ce système devait se développer dès le Haut Moyen Age en suppléant en quelque sorte à la perte de la plus grande partie des désinences de déclinaisons de leurs langues-mères britonnique ou goidèlique.

Somme toute, les flexions de désinences en fin de mots ont été partiellement remplacées par des mutations

consonantiques en tête de ceux débutant par une consonne, et dans certains cas, par l'ajout d'un h aspiré en tête de divers mots débutant par une voyelle.

Le même phénomène de mutation allait s'appliquer aussi bien aux adjectifs qu'aux noms.

Principales mutations consonantiques évolutives voire réversibles ainsi appliquées aux anciens mots ayant perdu la plus grande partie de leurs déclinaisons, exprimées ci-dessous en phonétique API :

[m] ⇔ [b] ⇔[w], [t] ⇔ [d] ⇔[ð] ⇔[θ], [γ] ⇔ ⇔ ⇔

[g] [k]

[χ], ...

La transcription des consonnes initiales ainsi variables peut apparaître fort différente entre les six langues celtiques ☞ modernes, ceci tient surtout aux différences de leurs systèmes orthographiques respectifs, mais les principes de base en restent sensiblement les mêmes.

En outre, on peut remarquer dans les trois langues britonniques la réduction momentanée de la biconsonne initiale [gw] en [w].

Les grammairiens de ces six langues distinguent à partir de la consonne initiale du radical des mutations de diverses sortes : adoucissantes, renforçantes, spirantes, nasales et mixtes.

Leur étude détaillée, pratiquement spécifique à chaque langue est hors sujet de cet Essai de Grammaire dédié au Celtique Ancien.

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