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1. Les Bassa de Cameroun

1.5 Musique et danse traditionnelle des Bassa

La musique et danse traditionnelle des Bassa est peu documentée, ce qui reflète l'absence générale d’études sur la musique traditionnelle des Camerounais du Sud. De nombreux instruments de percussion morphologiquement semblables se trouvent parmi les divers groupes ethniques de la région. Le tambour de peau de cylindre, connu par les Bassa comme le mbe, le tambour à fentes - le nkuu - et une forme de lammelophone sont utilisés dans la musique de nombreux groupes ethniques de la région. Le xylophone est également présent à travers les cultures, mais semble avoir été réglé sur l'échelle heptatonique « majeure » occidentale et est principalement associé aux ensembles de xylophones populaires des années 1950 qui ont permis d'implanter la tonalité diatonique dans la pratique musicale africaine (Kubik 2005: 200).

Les instruments propres au Bassa sont difficiles à discerner en raison du manque de documentation. Une des seules références publiée et qui décrit une instrument propres aux Bassa provient de Roger Blench. Celui-ci décrit des « stamping tubes» qui se trouvaient près de Makak, constitués de « tubes creux fermés à la base... frappés sur le sol » qui « produisent un son aérophonique correspondant à la longueur et au diamètre du tube » (2009: 39). Atna décrit une sorte de « guitare traditionnelle » possédant trois cordes avec un réglage pentatonique, appelé le hilun, qui n'est plus largement utilisé.

La documentation sur le répertoire musical des Bassa est rare. À partir d’un nombre de sources limité, il est possible d'établir certaines descriptions générales et fonctions malgré un manque de détails. Compte tenu de l'exode massif vers les centres urbains du XXe siècle et de l'enthousiasme historique de l'Église protestante à éradiquer les coutumes africaines traditionnelles, particulièrement celles réputées comme « suggestives », on

peut supposer une perte importante de la pratique traditionnelle (Hanna 1973). Des références à la proscription des danses traditionnelles au Cameroun apparaissent dans la littérature, mais ne citent pas à de formes spécifiques. La nature secrète de nombreux rituels Bassa et leur marginalisation politique a sans doute aussi joué un rôle.

De ce que nous pouvons recueillir entre les lignes des ressources consacrées à la culture Bassa13, la musique traditionnelle et de danse est divisée par sexe et âge, et entre profanes et sacrées, bien que fonctionnellement et dans le contexte, il y a un mélange entre toutes ces catégories. Wognon (2010) offre un description la plus concrète des types de danses Les danses sacrées sont celles associées ou ordonnées par les membres initiés du mbok. Par exemple, le Bisoo est, une danse religieuse et militaire, effectuée par les soldats de la

kwakwe, soit l'armée mbok, permet de danser pour se purifier après la bataille et d’éviter

le rite de mbak14. La nje nku, la danse de la panthère, est une autre danse liturgique associée à la confrérie ngé. La danse Koo est associée à la « confrérie » femelle du même nom et est associée à un rite de fertilité. D’autres danses ont des associations magiques, comme l'ifon et le djingo qui convoquent les esprits dans le but de la guérison. Les danses plus profanes comprennent le ngola, une danse de célébration féminine qui marque la fin d'une période de travail ou un mariage et le hikwé, une danse de déclaration d’amour, effectuée par les jeunes. Plusieurs danses des Bassa sont décrites comme pouvant avoir des effet de guérison.

La seule source transcrite de musique traditionnelle Bassa vient de Pierre Emmanuel Njock publié dans l’oeuvre de Kubik, Theory of Africain Musique (2010). Dans un article intitulé Conceptualisation Bassa (Cameroun), il cite un essai peu connu intitulé « Introduction au rythme africain avec des exemples de la République fédérale du Cameroun par Pierre Emmanuel Njock, professeur d'allemand et de musique, au Collège Evangelique de Libamba/Makak au Cameroun (Njock 1970) ». Kubik décrit le contenu de l’approche pédagogique du père d’Atna, qui analyse quatre chansons bassa différentes. Kubik reproduit sa transcription d'une chanson, Give me good fish, Water of the Barrage

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[Annexe IV] qui indiquent des modèles de batterie pour la main droite et gauche ainsi que les parties vocales, qui tous ensemble, créent une texture polyrythmique dense.

La famille Njock fournit également une liste de répertoire traditionnel. Atna souligne l'influence de la maum dans sa musique. La maum est une forme traditionnelle de chant qui communique des récits épiques bassas. P. E. Njock consacre une catégorie de son étude linguistique des concepts communs chez les enfants bassas dans les années 1970 à la musique et la danse. Parmi les styles les plus connus, on retrouve l'assiko, le ngola, le

sekele, le bekele et la danse bolbo15. Le bolbo a eu une influence particulière sur la créativité musicale d’Atna, qui le cite comme étant la base rythmique de la moitié des chansons de son enregistrement le plus récent. Dans le livret de son deuxième album, Atna décrit le bolbo en ces termes : « les danses et les rythmes de la culture Bassa’a [qui sont] ouverts à tous. C’est aussi l’univers artistique dont le temps et le mode d’expression caractérisent la vie de tous les jours, [de] l’initiation et la spiritualité ».