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Les moyens consacrés par la Fédération du Bâtiment à la formation

Chapitre III La formation professionnelle : un domaine essentiel pour la FFB

3. Les moyens consacrés par la Fédération du Bâtiment à la formation

La place que la Fédération Française du Bâtiment accorde aux questions de formation peut être appréhendée à travers deux indicateurs principaux : les moyens politiques, qui reflètent la mobilisation des chefs d’entreprise et la place accordée à ces questions dans les débats au sein de l’organisation ; les moyens administratifs et financiers qui accompagnent cette mobilisation. Plusieurs critères permettent de considérer que l’investissement de la Fédération sur les questions de formation professionnelle est significatif et que celle-ci consacre des ressources substantielles pour développer son action.

a) Les moyens politiques

i. L’organisation de la Fédération

La première illustration de l’attention apportée par la Fédération à ce sujet tient dans l’organisation de l’institution. La Fédération Française du Bâtiment s’est dotée d’une Commission nationale de formation composée de chefs d’entreprise élus sur l’ensemble du territoire, représentant les régions françaises et les unions et syndicats de spécialités de la profession. Cette commission est présidée par un chef d’entreprise, désigné par le président de la Fédération Française du Bâtiment, qui siège au comité exécutif 205, au bureau et au conseil d’administration de l’organisation. De ce

fait, les questions de formation professionnelle font l’objet de débats très réguliers, à un rythme au minimum mensuel, au plus haut niveau des instances de la Fédération. Le président de la Commission nationale de formation peut s’appuyer sur les commissions régionales de formation, constituées à l’identique au niveau des fédérations et sur les commissions formation des unions ou syndicats professionnels 206, pour déterminer les priorités d’action de la Fédération au niveau

national et s’assurer de la cohérence avec les actions engagées dans les instances territoriales ou de spécialité. Au total, la Fédération dispose d’une cinquantaine d’instances politiques sur l’ensemble du territoire dans lesquelles des chefs d’entreprise adhérents de la FFB échangent sur les questions de formation professionnelle et définissent les priorités qu’ils souhaitent voir développer aux différents niveaux (national, territorial, métier). Ce premier indicateur montre que le débat autour des questions de formation professionnelle occupe une véritable place dans l’organisation de la Fédération.

207) à la FFB, l’appellation « mandataire patronal » s’applique à l’ensemble des chefs d’entreprise qui acceptent de siéger dans différentes instances, de façon bénévole. Leur désignation fait l’objet, au niveau national, d’une procédure formalisée : lettre de désignation cosignée par le président de la Fédération et le chef d’entreprise qui accepte le mandat ; informations sur l’organisme et les orientations que défend la Fédération ; formation éventuelle du mandataire (cf. annexe 3).

208) On retiendra la définition de la représentation utilisée par A.-J. ArNAUD dans son Dictionnaire encyclopédique

de théorie et de sociologie du droit (1993) : « Action de représenter, c’est-à-dire permettre d’engager la volonté et la

responsabilité d’un sujet absent (le représenté) par l’intermédiaire d’un autre sujet (le représentant) vis-à-vis de tiers en imputant directement au représenté les actes et leurs conséquences effectués par le représentant. ». p. 525.

209) Dans la réalité, l’organisation patronale peine à accompagner simultanément l’ensemble de ses représentants dans l’ensemble des organismes où ils siègent, car ces représentations sont extrêmement nombreuses. De ce fait, le mandat de représentation est souvent exprimé de façon globale, à charge pour le mandataire de revenir vers l’institution qui l’a désigné pour les questions importantes relatives à l’exercice du mandat.

210) Ce chiffre est une estimation de la direction de la formation de la Fédération Française du Bâtiment car elle ne dispose pas d’un recensement de l’ensemble des désignations, une partie importante d’entre elles étant assurée par les fédérations départementales et les fédérations régionales.

211) Dans le cas présent, les chefs d’entreprise sont désignés auprès d’instances interprofessionnelles (Medef, CGPME) pour représenter les intérêts de l’ensemble des entreprises au sein d’organismes ou instances nationales ou régionales en charge de la formation professionnelle.

ii. Les mandataires patronaux

Le deuxième indicateur de cette forte implication est le nombre de chefs d’entreprise qui acceptent de siéger, à titre bénévole, sur proposition de la Fédération, dans des organismes ou institutions en charge de formation professionnelle. Ces chefs d’entreprise désignés par l’organisation professionnelle sont identifiés sous le vocable de mandataires patronaux 207,

dans la mesure où ils exercent un « mandat de représentation », acceptent de porter les intérêts des chefs d’entreprise dans l’environnement professionnel et engagent la Fédération dans leurs prises de position 208. Ils constituent une ressource considérable pour la Fédération dans

la mesure où ils participent, au nom de la Fédération et des entreprises qu’elle regroupe, au fonctionnement de très nombreux organismes disposant de responsabilités dans le champ de la formation. L’animation de tels mandataires est un chantier essentiel et difficile pour la Fédération, car l’exercice efficace de la représentation suppose que les chefs d’entreprise qui l’assurent soient accompagnés en permanence et disposent d’informations précises sur les priorités de la Fédération 209. Pour faciliter cet exercice, la FFB a formalisé ses orientations sur

les principaux dossiers de la formation professionnelle et réunit régulièrement ses mandataires afin d’échanger avec eux sur l’exercice du mandat et les difficultés rencontrées (annexe 4). Dans le seul champ de la formation professionnelle, la Fédération compte parmi ses adhérents, sur l’ensemble du territoire, plus de mille mandataires 210. Parmi ceux-ci, les contingents les

plus importants concernent les conseillers de l’enseignement technologique (550), qui président notamment les jurys d’examen de CAP ; les administrateurs des centres de formation d’apprentis (250) du bâtiment et des travaux publics ; les administrateurs des différents dispositifs de formation continue (150) qui évoluent au niveau national ou régional ; les mandataires qui siègent dans les instances interprofessionnelles nationales ou territoriales 211.

212) Les mandataires sont, en règle générale, des chefs d’entreprise en activité ou de jeunes retraités, plus marginalement les collaborateurs permanents de la Fédération.

213) Pour des raisons fiscales, l’activité de formation, considérée comme une activité marchande, est totalement séparée de l’activité syndicale exercée par les fédérations. La Fédération a cependant créé plusieurs organismes pour répondre à des besoins de formations spécifiques. Elle a par exemple créé l’école supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment (ESJDB), école qui délivre un titre professionnel de niveau III. Cette école propose une formation en alternance sur dix-huit mois qui permet de préparer à l’exercice du métier de chef d’entreprise. Elle accueille environ deux cents stagiaires par an et emploie sept collaborateurs, l’essentiel des prestations étant assuré par des intervenants extérieurs. La Fédération dispose également d’un réseau d’instituts de formation sur l’ensemble du territoire dont la vocation est de proposer aux adhérents de la Fédération des prestations de formations originales sur des thèmes peu ou mal couverts par les acteurs du marché, notamment dans le champ technique (incidences d’un changement de norme sur l’exercice du métier ; utilisation de nouveaux produits ou procédés…).

L’ampleur remarquable de la mobilisation de ces chefs d’entreprise, qui exercent leur mandat en complément de leur activité de dirigeant 212, est, à notre connaissance, sans équivalent

dans le monde professionnel en France. D’un point de vue sociologique, on peut s’interroger sur les motivations individuelles qui poussent un chef d’entreprise à accepter un mandat de représentation des intérêts collectifs de la profession. Elles sont diverses et renvoient aux travaux de J. Lautman évoqués au chapitre I. Cette mobilisation indique, au-delà de toute enquête quantitative, qu’une partie non négligeable des chefs d’entreprise est prête à donner de son temps pour que les différents dispositifs de formation (voie scolaire, apprentissage, formation continue des salariés) répondent au mieux aux attentes des entreprises du bâtiment.

b) Les moyens administratifs et financiers

engagés par la Fédération

i. Les moyens en personnel

Les effectifs nombreux que la FFB affecte à la formation professionnelle constituent le troisième indicateur de l’attention qu’elle porte à ce domaine. Au niveau national, la direction de la Formation compte une vingtaine de collaborateurs qui mettent en œuvre les orientations définies par les chefs d’entreprise siégeant à la Commission nationale de formation et accompagnent les mandataires nationaux dans l’exercice de leurs missions. S’ajoutent une dizaine de collaborateurs des unions et syndicats professionnels en charge de la formation professionnelle. Au niveau territorial, les fédérations régionales et environ un tiers des fédérations départementales disposent d’un collaborateur spécialisé dans les questions de formation. Cela représente environ quatre-vingts salariés employés pour développer la formation professionnelle, accompagner les chefs d’entreprise mandataires, renforcer la qualité de la formation, engager des partenariats avec les acteurs publics, promouvoir le bâtiment auprès des jeunes et de leur environnement afin de les inciter à s’orienter vers le secteur du bâtiment. Ajoutons à cela les organismes de formation rattachés à la Fédération du Bâtiment qui disposent de leurs propres ressources 213 et développent des formations

214) Les actions d’information, de promotion de la profession, de publications représentent en moyenne près de 20 % du budget annuel de la FFB, au niveau national.

destinées aux chefs d’entreprise. Au total, la Fédération emploie directement ou à travers ses différentes composantes plus de cent collaborateurs chargés à tous les niveaux du territoire d’accompagner les chefs d’entreprises sur l’ensemble des questions liées à la formation professionnelle. Cet investissement est d’autant plus lourd qu’il intervient non dans l’acte pédagogique de formation – assuré par des milliers d’enseignants et de formateurs – mais en amont, dans l’organisation des dispositifs, leur financement et leur évolution.

ii. Les moyens financiers

En complément des dépenses engagées directement pour le fonctionnement de la structure administrative (salaires et charges, déplacements, réunions…), la FFB mobilise des moyens pour organiser et financer chaque année, au niveau national et sur le territoire, de nombreuses manifestations avec ses partenaires institutionnels : Afpa, ministères, établissements de formation, organismes professionnels… Par ailleurs, elle assume l’ensemble des frais inhérents à l’exercice des mandats par ses représentants (formation éventuelle, déplacements), lorsque ceux-ci ne sont pas couverts directement par l’institution dans laquelle est exercé le mandat. Enfin, la Fédération investit des sommes considérables dans la communication vis-à-vis de l’extérieur. Les actions de communication dépassent naturellement le seul champ de la formation mais une part substantielle des initiatives (publications, site internet, affiches, journées portes ouvertes …) vise à améliorer l’image du bâtiment auprès des jeunes et de leur environnement, à faire découvrir les chantiers aux jeunes, à leurs parents et aux enseignants, à promouvoir le bâtiment auprès du public féminin. Ces actions de communication peuvent prendre des formes variées et représentent, au total, plusieurs millions d’euros chaque année 214.

Les moyens consacrés par la Fédération du Bâtiment à la définition et à la mise en œuvre d’une politique de formation professionnelle ne constituent au premier abord, qu’une faible partie des dépenses considérables engagées par les chefs d’entreprise et les pouvoirs publics (état, région) pour faire fonctionner les nombreux dispositifs de formation professionnelle : centres de formation d’apprentis, lycées professionnels, organismes de branche pour la gestion de la formation continue, organismes de formation. Pour le seul champ de l’apprentissage, le CCCA-BTP estime à plusieurs milliards d’euros les sommes dépensées annuellement par l’ensemble des acteurs (état, région, entreprises, profession, familles…) pour la rémunération et la formation aux métiers du BTP des apprentis du bâtiment et des

215) Soit le total des collectes des différents organismes collecteurs des fonds de la formation continue pour le BTP : Opca bâtiment (150 M€) ; FAFSAB (98 M€), auquel il faut ajouter les dépenses engagées au-delà des obligations légales et les dépenses supportées par les artisans non salariés qui représentent, ensemble, plus de cinquante millions d’euros par an, sans que ne soient comptabilisées les ressources issues de financements publics.

216) études de la Cegos en 1990, de Pieriv Conseil en 1998, du Cabinet Stravia en 2006 conduites auprès d’un panel de chefs d’entreprise, selon la même méthodologie.

217) études Cegos p. 36.

travaux publics. Dans le champ de la formation continue, les artisans et entreprises du bâtiment dépensent annuellement, dans le cadre de leurs obligations, près de trois cents millions d’euros 215.

Cependant, la Fédération ne finance pas le fonctionnement de ces divers organismes. Elle s’investit en amont, dans la construction des dispositifs, dans l’élaboration et la transformation des certifications, dans l’adaptation des formations aux besoins des entreprises et des salariés, dans l’agencement institutionnel et les partenariats entre la profession et les acteurs publics.