• Aucun résultat trouvé

b) Le mouvement féministe de post guerre

Après leur expérience avec le « Comité de Acción Feminista » pendant la guerre, Etelvina Villanueva (voir annexe A n°43) et Zoila Viganó (voir annexe A n°42) fondèrent chacune en 1935, deux organisations différentes : la « Legión Femenina de Educación Popular América » (« LFEPA ») et la « Unión de Mujeres Americanas » (« UMA ») respectivement. Ces deux organisations étaient les satellites en Bolivie d’organisations internationales avec le même nom. À part l’obtention des droits civils et politiques, les objectifs de ces deux organisations étaient désormais plus larges et s’inscrivaient dans le contexte de changements politiques et sociaux déclenchés par la guerre. La structure, les objectifs et les stratégies de ces deux organisations étaient donc très différents de ceux présentés pendant la guerre.

La « Legión Femenina de Educación Popular América » : un féminisme « socialiste » ?

La « Legión Femenina de Educación Popular América » (« LFEPA ») fut fondée à La Paz le 20 décembre 1935 par Etelvina Villanueva (voir annexe A n°43), qui avait été nommée Déléguée à la Présidence Internationale, par la présidente de la Direction centrale de l’Institution, Rosa Borja de Icaza, qui se trouvait à Guayaquil- Équateur. Etelvina Villanueva fut ainsi autorisée à fonder les satellites de l’organisation dans d’autres villes de la Bolivie : Santa Cruz, Oruro, Trinidad, Sucre,

Cochabamba, Potosí et Tarija. Il semblerait que la création de cette organisation en Bolivie eut comme origine la décision du « Comité de Acción Feminista » de s’affilier a la « Legión Femenina de Educación Popular América » de Valparaíso au Chili. En effet, en janvier 1935 un message fut envoyé par le « Comité de Acción Feminista » de La Paz à la « Legión » de Valparaíso lui informant de leur volonté de s’affilier à celle-ci afin d’arriver à une action féministe collective à l’échelle continentale. Ce message fut publié dans la revue Nosotras de Santiago du Chili224 :

« COMITÉ ACCIÓN FEMENISTA – LA PAZ, BOLIVIA.

Décembre 1934 Présidente de la « Legión Femenina de Educación Popular ».

- Valparaíso :

Par décision prise dans une assemblée du « Comité de Acción Feminista », fondé en Bolivie, avec siège à La Paz, j’ai l’honneur de m’adresser à vous pour mettre en votre connaissance le désir qu’ont les membres de déployer un effort collectif pour la défense sociale, économique et politique de la femme, jusqu’à culminer dans la rédemption complète de la situation dans laquelle elle a été placée jusqu’à aujourd’hui.

Avec cette fin et en reconnaissant les mérités prestiges dont jouit votre très noble institution, le « Comité de Acción Feminista » a décidé de s’affilier à la « Legión Femenina de Educación Popular » afin de parvenir à une action conjointe pour la défense de nos droits et procurer le rapprochement de toutes les femmes du continent américain.

Je remercie au nom des membres de mon organisation le fraternel accueil qui sera dispensé à notre résolution.

Je vous prie de recevoir mes salutations les plus distinguées.

Zoila Viganó Castañón, Secrétaire de Relations. »225

224 La revue Nosotras était une revue féminine – féministe publiée à Santiago, Chili ayant pour objectif

de présenter les avances des différentes organisations féministes du continent sud-américain. Elle était dirigée par Delia Ducoing de Arrate (« Isabel Morel »), qui était la présidente de la « Legión Femenina de Educación Popular » au Chili. VILLANUEVA Etelvina, Acción Socialista de la mujer en Bolivia, Cooperativa de Artes Gráficas E. Burillo Ltda., La Paz –Bolivie, 1970.

225 « COMITÉ ACCIÓN FEMINISTA. – LA PAZ, BOLIVIA.

Diciembre de 1934.

Presidenta de la Legión Femenina de Educación Popular. – Valparaíso:

Por resolución de una asamblea del Comité de Acción Femenina, fundado en Bolivia, con sede en La Paz, tengo el honor de dirigirme a usted para poner en su conocimiento el deseo que tienen las socias de desplegar un esfuerzo colectivo en pro de la defensa social, económica y política de la mujer, hasta culminar en la completa redención de la situación en que hasta hoy está colocada.

Con este fin, y reconociendo los merecidos prestigios de que goza vuestra nobilísima institución, el Comité de Acción Feminista, ha resuelto afiliarse a la Legión Femenina de Educación Popular a fin de lograr una acción conjunta en defensa de nuestros derechos y procurar el acercamiento de todas las mujeres del continente americano.

Agradezco en nombre de mis consocias la fraternal acogida que se dignará dispensar a nuestra resolución.

Saluda atentamente a usted. – Zoila Viganó Castañón, Secretaria de Relaciones. » Nosotras, n°61, janvier 1935, Santiago, Chili. Collection personnelle d’extraits de journaux de Zoila Viganó Castañón.

Il est probable que suite à ce message, les membres du « Comité de Acción Feminista » aient été mis en relation avec la Présidente de la « Legión Femenina de Educación Popular », Rosa Borja de Icaza qui désigna Etelvina Villanueva comme la Présidente de l’organisation en Bolivie. En effet. En août 1935, Rosa Borja de Icaza envoya une lettre à Etelvina Villanueva pour lui informer qu’elle avait pensé à elle pour fonder cette organisation en Bolivie :

« Guayaquil, 29 août 1935. (…) En ces moments je commence mes relations avec le Venezuela, le Costa Rica et le Panamá, et j’aspire à la réalisation d’un Congrès International Féminin. Ainsi, en considérant la coopération de la Bolivie, j’ai pensé à vous comme la personne appelée à intervenir, par votre intelligence et vos prestiges, dans cette œuvre sociale, d’incalculables bénéfices pour l’orientation solidaire de nos peuples… Maintenant qu’est finie la tragédie angoissante et inquiète de la guerre, commence la véritable, la plus intense, la plus douloureuse des tragédies pour ces pauvres nations qui sont abattues, épuisées, désarmées dans leur bagage matériel et intellectuel. Le moment est venu, ma chère amie Etelvina, de former une nouvelle humanité ; d’unifier la pensée vers des horizons plus vastes, plus chrétiens, plus humains. Faire de ce terrain en friche, qu’ont laissé la poudre, les rancœurs, le désespoir et la mort, un champ fécondé par les modernes orientations sociales.

Inculquer chez les enfants, guider les mères, dans les sentiers tracés par la justice et le droit. Enterrer sous l’énorme poids de la raison, de la logique, de la nécessité de vivre, en un mot, tout un échafaudage d’ambitions, d’impiétés, d’ « inégalités », qui sont venues caractériser et caractérisent encore notre structure politique « criolla ».

C’est une opportunité brillante pour la Bolivie et pour le Paraguay, d’ériger notre nouvel édifice social avec l’expérience dure et amère, obtenue dans les tranchées, dans la jungle, et dans les précipices. Que cette nouvelle Génération soit le Héraut Annonciateur de la Paix et de la Justice Sociale dans notre continent !

S’élever c’est vivre !

Rosa Borja de Icaza (Présidente Internationale de la L.F.E.P.A.) »226

226 « En estos momentos inicio mis relaciones con Venezuela, Costa Rica y Panamá, y aspiro a la

realización de un Congreso Internacional Femenino. Así pues, al considerar la cooperación de Bolivia, he pensado en Ud. como la persona llamada a intervenir, por su inteligencia y sus prestigios, en esta obra social, también de incalculables beneficios para la orientación solidaria de nuestros pueblos… Ahora que ha terminado la tragedia angustiosa e inquieta de la guerra, comienza la verdadera, la más intensa, la más dolorosa, para esas pobres naciones que quedan abatidas, exhaustas, inermes en su bagaje material e intelectual. Ahora es el momento, mi querida amiga Etelvina, de formar una nueva humanidad; de unificar el pensamiento hacia horizontes más amplios, más cristianos, más humanos. Hacer de este erial, que dejaron la pólvora, los rencores, la desesperación y la muerte, un campo fecundado por las modernas orientaciones sociales.

Cette lettre nous laisse entrevoir les objectifs que la nouvelle « LFEPA » fondée par Etelvina Villanueva devait avoir. Rosa Borja parle d’« œuvre sociale », d’« orientations sociales », d’« inégalités », ce qui montre que la nouvelle organisation devait avoir des objectifs d’amélioration « sociale » dans le contexte de changements politiques, sociaux, culturels de post guerre.

En effet, la « LFEPA » de Bolivie avait une orientation sociale très marquée et ses objectifs étaient très vastes. C’est ce que laisse entrevoir son organisation et son règlement :

« Finalité

La « Legión Femenina de Educación Popular América », a pour fins basiques les postulats suivants :

a) – Les Liens Américains Féminins. b) – Assistance Sociale.

c) – Développement de la culture Féminine. d) – Défense Sociale de l’Enfant.

e) – Libération de la Femme.

f) – Postulats de paix nationale et internationale

Art. 1° La « Legión Femenina de Educación Popular América », affirmera la création de réseaux et la création de solidarité avec les femmes du Continent Indo américain.

Art. 2° Elle travaillera pour l’union et la compréhension des aspirations de la femme bolivienne, en faisant écho de ses initiatives et de son travail culturel et social.

Art. 3° Il n’y aura pas de séparation de classes sociales, ni d’état civil, religieux ou doctrinaire.

Art. 4° On essayera par tous les moyens de divulguer l’importance de la professionnalisation de la femme ; dans les diverses activités sociales, artistiques, éducatives, commerciales, etc.

Inculcar en los niños, guiar a las madres, en los senderos trazados por la justicia y el derecho. Soterrar bajo el enorme peso de la razón, de la lógica, de la necesidad de vivir, en una palabra, todo un andamiaje de ambiciones, de impiedades, de “desigualdades”, que han venido y siguen caracterizando nuestra estructura política criolla.

Es una oportunidad brillante para Bolivia y para el Paraguay, erigir nuestro nuevo edificio social con la experiencia dura y amarga, obtenida en las trincheras, en la manigua y en los despeñaderos. Sea esa nueva Generación el Heraldo Anunciador de la Paz y la Justicia Social en nuestro continente! ¡Ascender es vivir! Rosa Borja de Icaza. (Presidenta Internacional de la L.F.E.P.A.) » VILLANUEVA Etelvina, Acción Socialista de la mujer en Bolivia, Cooperativa de Artes Gráficas E. Burillo Ltda., La Paz –Bolivie, 1970.

Art. 5° La « Legión Femenina de Educación Popular América », s’étendra aux centres scolaires avec le nom de « Legión Femenina pour Enfants ». Un programme de coopération et mutualisme social-scolaire se développera, en accord avec les nécessités de l’environnement familial de l’enfant.

Programme Idéologique

Art. 6° Le programme idéologique contient :

- Égalité des Droits Civils et Politiques avec l’homme. - Ratification du Traité de Nationalisation Féminine. - Défense de la Mère célibataire.

- Droits sociaux et juridiques de l’Enfant. - Diffusion de la doctrine pacifiste. - Université Populaire pour femmes.

- Établir et reconnaître la Journée de la femme de ménage. - Rendre digne la mission de Mère et d’Épouse.

- Professionnalisation féminine qui rende digne l’indépendance économique de la femme.

- Abolition du Règlement de la prostitution, à travers de la collaboration médicale - sociale.

- Responsabilité sexuelle dans la défense des enfants. - Combattre le jeu et l’alcoolisme.

- La mixité dans les Écoles et Lycées. - Éducation Sexuelle.

- Enseignement pratique de puériculture et de premiers secours. - Bibliothèque pour femmes.

- Syndicalisation féminine. - Porte-parole féminin.

Membres

Art. 7° Seront membres de la L.F.E.P.A. toutes les femmes qui

souhaitent collaborer dans l’action sociale, dans n’importe quel champ ou activité de leur préférence.

Art. 8° Las membres ont l’obligation de maintenir un journal, qui exprime les postulats du Programme Idéologique.

Art. 9° Pour être membre, l’on doit solliciter son inscription dans le Livre de Registres de la « Legión” et offrir un texte à la Bibliothèque. Il y aura des membres Honoraires et des membres Actives.

Direction

Art. 10° La Direction sera composée d’une Présidente Nationale ; d’une Présidente Départementale ou Provinciale et ses respectives Vice-Présidentes, Secrétaires, Trésorières et onze Directrices

d’organisation de : Art, Culture, Assistance Sociale, Défense Juridique, Ateliers, Sports, Bibliothèques, Réseaux Culturels et Légions pour enfants, Action Littéraire.

Art. 11° Les Directrices sont autonomes dans leurs respectifs

programmes de travail, en envoyant un informe annuel à la Présidence Nationale.

Art. 12° La Direction se réunira en sessions chaque semaine, elle convoquera l’Assemblée Générale pour les résolutions importantes ou la rénovation de la Direction, Congrès, etc. »227

227 « Finalidad.

La “Legión Femenina de Educación Popular América”, tiene por fines básicos los siguientes postulados:

a) -Vinculación Femenina Americana. b) – Asistencia social.

c) – Culturización Femenina. d) – Defensa Social del Niño. e) – Liberación de la Mujer.

f) – Postulados de paz nacional e internacional.

Art. 1º La “Legión Femenina de Educación Popular América”, afirmará la vinculación y solidaridad con las mujeres del Continente Indoamericano.

Art. 2º Trabajará por la unión y comprensión de las aspiraciones de la mujer boliviana, haciendo eco de sus iniciativas y labores sociales y culturales.

Art. 3º No habrá separación de clases sociales ni de estado civil, religioso o doctrinario.

Art. 4º Se procurará por todos los medios, divulgar la importancia de la profesionalización de la mujer. dentro de las diversas actividades sociales, artísticas, educativas, comerciales, etc.

Art. 5º La “Legión Femenina de Educación Popular América”, se hará extensiva a los centros escolares con el nombre de Legión Femenina Infantil, debiendo desarrollarse un programa de cooperación y mutualismo social-escolar, acorde con las necesidades del ambiente familiar del niño.

Programa Ideológico.

Art. 6º El programa ideológico contiene:

- Igualdad de Derechos Civiles y Políticos con el hombre. – Ratificación del Tratado de Nacionalización Femenina. – Defensa de la Madre soltera.

– Derechos sociales y jurídicos del Niño. – Difusión de la doctrina pacifista. – Universidad Popular para mujeres.

– Establecer y reconocer el Día de la Empleada. – Dignificación de la misión de Madre y Esposa.

– Profesionalización femenina que dignifique la independencia económica de la mujer. – Abolición del Reglamento de prostitución por la colaboración médico-social. – Responsabilidad sexual en defensa de los hijos.

– Combatir el juego y el alcoholismo. – La coeducación en Escuelas y Colegios. – Educación Sexual.

– Enseñanza práctica de Puericultura y Primeros Auxilios. – Biblioteca para mujeres.

– Gremialización femenina. – Vocero Femenino. Socias.

Art. 7º Serán socias de la L.F.E.P.A. todas las mujeres que sientan anhelo de colaborar en la acción social, en cualquier campo o actividad de su preferencia.

Art. 8º Las socias tienen la obligación de sostener un periódico, que exprese los postulados del Programa Ideológico.

Comme on peut le voir, le contenu des objectifs et du « Programme Idéologique » de la « LFEPA » était clairement voué à une action d’amélioration sociale des femmes et des enfants. L’un de ses objectifs principaux était la création de liens avec les autres femmes du continent américain ce qui était favorisé par la structure internationale de l’organisation. Il y a une nette orientation vers la défense et l’amélioration de conditions de vie des femmes et des enfants qui passe par la défense du travail de la mère en général et des mères célibataires. Les femmes des classes populaires occupent une place primordiale dans les objectifs d’assistance de l’organisation qui envisage la création d’Universités Populaires, de l’établissement de la journée de la femme de ménage, la syndicalisation féminine, et l’abolition du règlement qui règlementait la prostitution. Ce qui est nouveau est l’objectif de prendre en main l’éducation sexuelle, projet qu’aucune organisation féminine n’avait présenté auparavant. L’obtention des Droits Civils et Politiques pour les femmes apparaît comme un objectif parmi d’autres, même si cet celui-ci avait une importance prépondérante pour l’organisation comme on le verra plus tard.

Le programme de la « LFEPA » était très vaste et avait une orientation sociale très marquée. Cette organisation diffère ainsi de toutes les organisations des années 1920, et notamment de l’« Ateneo Femenino », qui avait également des projets sociaux parfois similaires à ceux de la « LFEPA » (protection du travail de la femme, combat contre les vices et l’alcoolisme, Bibliothèque féminine, etc.) mais envisagés de manière paternaliste comme des œuvres de charité et non pas comme des mesures promouvant des changements sociaux plus profonds. L’« Ateneo Femenino » était une organisation beaucoup plus élitiste dont les projets sociaux et de bienfaisance se réalisaient sous l’impulsion de la valeur chrétienne de la charité que toute femme de la bourgeoisie devait réaliser, alors que la « LFEPA » avait une orientation sociale

Art. 9º Para ser socia, debe solicitarse su inscripción en el Libro de Registro de la Legión, y obsequiar un texto a la Biblioteca. Habrán socias de Honor y Activas.

Directorio.

Art. 10º El Directorio estará compuesto por una Presidenta Nacional; una Presidenta Departamental, Provincial y sus respectivas Vicepresidentas, Secretarias, Tesoreras y once Directoras de organización de: Arte, Cultura, Asistencia Social, Defensa jurídica, Talleres, Deportes, Bibliotecas, Vinculación Cultural y Legiones Infantiles. Acción Literaria.

Art. 11º Las Directoras son autónomas en sus respectivos programas de trabajo, enviando un informe anual a la Presidencia Nacional.

Art. 12º El Directorio sesionará semanalmente, convocará a Asamblea general para resoluciones de importancia o cambio de Directorio, Congresos, etc. » VILLANUEVA Etelvina, Acción Socialista de

beaucoup plus claire qui intégrait les femmes des classes populaires tant dans ses objectifs sociaux que dans sa composition. Comme l’annonce le règlement « il n’y aura pas de séparation de classes sociales ». L’« Ateneo Femenino » en théorie acceptait les femmes de toutes les classes sociales et de tous les crédos religieux, cependant dans la pratique il était composé uniquement par des femmes des classes moyennes et élevées de la société en raison de conditions matérielles et culturelles requises pour devenir membre. La « LFEPA » avait également des conditions matérielles, mais beaucoup plus modestes telles que le maintient d’un journal, et la donation d’un texte pour la Bibliothèque. L’orientation plus sociale de la « LFEPA », qu’Etelvina Villanueva qualifia elle même de « socialiste » lors de la production de son livre Acción Socialista de la mujer en Bolivia (qui contient beaucoup de documents concernant le travail de l’organisation), s’inscrit dans le contexte de l’après guerre d’effervescence politique visant à répondre à la frustration de la société par la défaite et à la recherche de nouvelles orientations idéologiques. L’orientation sociale de la « LFEPA » est en effet un produit du contexte de changements politiques, sociaux et culturels qu’avait déclenché la guerre où le « socialisme » avait pris une place prépondérante dans les actions et les discours, même si de manière très diverse et parfois vide de contenu idéologique. L’amélioration de la société dans son ensemble était désormais un objectif annoncé par les gouvernements du « socialisme militaire », des nouveaux partis politiques, et des partis traditionnels tels que le « Partido Repúblicano Genuino » qui ajouta l’adjectif « socialista » à sa dénomination. L‘« Ateneo Femenino » était une organisation de femmes appartenant à l’élite sinon économique, au moins intellectuelle du pays, qui soutenaient et légitimaient le gouvernement oligarchique. Leurs projets sociaux s’inscrivaient dans la mission de charité de leur position de classe, et non pas dans un projet de changements plus profonds de la société. La « LFEPA », qui était également composée de femmes des classes élevées, mais surtout de femmes des classes moyennes de la société, avait une orientation sociale plus marquée qui n’était pas envisagée comme une œuvre de charité mais était influencée par les courants idéologiques et politiques de l’époque qui recherchaient l’amélioration de la société dans son ensemble et qui remettaient surtout en question le régime oligarchique et les partis traditionnels. Ceux-ci avaient mené à la tragique défaite et n’avaient rien fait pour l’amélioration des conditions de vie de la plus grande partie de la population. Le contenu de l’idéologie et du programme de la « LFEPA » répondait au

mécontentement social des secteurs populaires et des classes moyennes de la société, qui soutenaient des changements profonds dans l’exercice du pouvoir. Comme l’affirme Gloria Ardaya : « …el Ateneo Femenino reflejó, por una parte, la hegemonía política de los sectores dominantes y el nacimiento de los sectores medios algunos de los cuales se constituyeron en fuerzas de apoyo del Estado oligárquico; y por otra, un movimiento en sentido contrario, la rebeldía de sectores medios de mujeres profesionales por ingresar al ámbito público. La LFEPA fue una señal del