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Mortalité et espérance de vie à Madagascar

2.3. Situation sanitaire

2.3.6. Mortalité et espérance de vie à Madagascar

Les différents indicateurs servent à évaluer les programmes qui visent à améliorer les conditions de vie de la population. Dans la présente thèse, le taux de mortalité des enfants de moins d’un an et celui des moins de cinq ans ainsi que l’espérance de vie sont pris comme indicateurs. Ces taux de mortalité indiquent la probabilité pour un nouveau-né de décéder avant d’atteindre respectivement son premier et son cinquième anniversaire. Le niveau de mortalité est la résultante d’un certain

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nombre de facteurs qui déterminent la survie de l’enfant tels que l’emploi et le revenu des parents, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable et l’assainissement, l’accès aux soins et à la prévention des maladies. L’espérance de vie est un indicateur universel de l’état de santé en général.

La figure 9 représente l’évolution du taux de mortalité des enfants de moins d’un an, celle des moins de cinq ans et l’évolution de l’espérance de vie à Madagascar de 1960 à 2013.

Figure 9 : Evolution du taux de mortalité des enfants de moins d’un an, celle des moins de cinq ans et évolution de l’espérance de vie à Madagascar de 1960 à 2013

Source : WDI, 2015

La figure 10 quant à elle représente la variation de ces trois indicateurs. Il s’agit de la différence entre le taux de l’année en t1 et celui en t0 exprimée en pourcentage.

Figure 10 : Variation du taux de mortalité des enfants de moins d’un an, celle des moins de cinq ans et variation de l’espérance de vie à Madagascar de 1960 à 2013 (%)

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Dans la présente étude, nous nous basons sur la variation du taux de mortalité des moins de cinq ans car elle est presque la même que celle des moins d’un an.

Ces graphiques mettent en exergue la situation dans trois périodes bien distinctes : de 1966 à 1972 au cours de laquelle le taux de mortalité infantile a connu une baisse, de 1972 à 1984 pendant laquelle ce taux a augmenté et de 1984 à 2013 lorsque ce taux a de nouveau diminué.

➢ Période 1966-1972

A partir de 1966, le taux de mortalité a nettement baissé. Cependant, cette diminution devenait de moins en moins significative vers 1972. Cette situation s’explique par le fait qu’après la période coloniale, les soins de santé n’étaient plus réservés aux enfants en milieu scolaire et aux travailleurs mais devenaient accessibles à tous les citoyens. Pendant cette période-là, la population malgache gagnait trois ans d’espérance de vie.

➢ Période 1972-1984

De 1972 à 1984, le taux de mortalité infantile a augmenté. Cette hausse s’est produite pendant la période durant laquelle la croissance économique a connu une forte baisse suite à un interventionnisme économique dont les méfaits pesaient plus que les avantages (cf. plus haut, page 12, Première République). La situation sanitaire de la population se fragilisait du fait des pénuries8, notamment des pénuries de produits de première nécessité et de médicaments. De nombreux programmes ont été interrompus tels que la campagne d’aspersion intra-domiciliaire, activité relative à la prévention et à la lutte contre le paludisme. Les centres de distribution de chloroquine n’ont plus fonctionné et la surveillance a été supprimée à partir de 1972 du fait de l’arrêt des financements suite à la grève générale (Mouchet, 1997). De même, les actions de lutte contre la peste ont été suspendues et les problèmes d’assainissement qui s’ensuivaient ont provoqué une augmentation du nombre de cas en 1978 (Chanteau, 1998).

Particulièrement dans la province d’Antananarivo, les principales causes de décès ont été les maladies infectieuses et la carence alimentaire. Les maladies infectieuses y ont fait perdre 3,5 ans d’espérance de vie aux hommes et 2,7 ans aux femmes. La carence alimentaire y a provoqué une perte de 2,5 ans chez les hommes et de 1,8 an chez les femmes (Waltisperger et Meslé, 2005).

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➢ Période 1984-2013

De 1984 à 2013, le taux de mortalité infantile a de nouveau diminué et l’espérance de vie a connu une hausse de 18,5 ans, en passant de 46,2 ans en 1973 à 64,7 ans en 2013. La baisse du taux de mortalité résulte de la mise en œuvre des campagnes de prévention et de lutte contre certaines maladies.

- C’est ainsi que le programme de lutte antituberculeuse a été lancé en 1979. Mais du fait des problèmes d’organisation et des ruptures fréquentes des stocks d’antibiotiques (Chanteau et al., 1997), ce programme n’a été effectif qu’en 1991. En 1994, 56% des centres de soins ont été concernés par le programme et 75% des patients ont été pris en charge. Aussi, en trois ans, le taux de guérison est passé de moins de 35% à 65%, soit une hausse de 30%.

- En 1998, le programme national de lutte contre le paludisme a été mis en œuvre.

- En 2004, le FANOME9, un mécanisme de financement interne favorisant l’équité et l’accès aux soins a été mis en place. Il s’agit d’approvisionner en médicaments les formations sanitaires et d’appliquer un système d’exemption en faveur des plus démunis. A cet effet, un fonds d’équité a été créé en accord avec les pharmacies prestataires de soins.

- Depuis 2005, la campagne de Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant au niveau Communautaire (PCIMEC) a été lancée. Elle consiste à coordonner les actions relatives à la prise en charge de certaines maladies comme le paludisme, la diarrhée ou la pneumonie au niveau communautaire. Le but est de favoriser l’accessibilité aux soins.

- De même, en 2005, les programmes de lutte contre les maladies chroniques non transmissibles (maladies cardio-cérébro-vasculaires, cancer, diabète, maladies respiratoires chroniques, infections bucco-dentaires) ont été mis en œuvre10.

De nombreux programmes ont été institués, surtout à partir de 2000, lorsque Madagascar s’est engagé à atteindre les OMD. Il s’agissait de parvenir en 2015, à réduire de 2/3 la mortalité infantile et de 3/4 la mortalité maternelle. Dès lors, Madagascar continue de renforcer les activités en faveur de la survie de la mère et de l’enfant. Une amélioration de l’état de santé de la population a alors été observée, notamment grâce aux mesures relatives à la pré-élimination du paludisme et aux actions en faveur des enfants.

9 Littéralement : don

10 Pour plus d’informations Cf. « Politique Nationale de Lutte et de Prévention contre les maladies chroniques non

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