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Les différents types d’évaluation économique

ET DU TRAITEMENT DE LA PNEUMONIE DANS LA PRISE EN CHARGE COMMUNAUTAIRE DU PALUDISME DANS LA REGION SAVA

1. Les différents types d’évaluation économique

Selon Drummond, Stoddart et Torrance (1987), l’évaluation économique permet de comparer diverses options concernant les coûts et/ou les résultats d’un programme. Ainsi, l’évaluation peut être axée soit sur les coûts, soit sur les résultats ou sur les coûts et les résultats à la fois. Dans les

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deux premiers cas, il s’agit d’une évaluation partielle et dans le dernier cas, d’une évaluation complète (OMS, 2003).

1.1. Evaluation axée sur les coûts

L’évaluation axée sur les coûts consiste à déterminer aussi bien les coûts d’un programme de santé que les coûts que les malades et leurs familles sont contraints de supporter. Les résultats de l’analyse axée sur les coûts indiquent l’ampleur du problème de santé en question et surtout les retombées de celui-ci sur le développement (OMS, 2003). Dans le calcul, aux coûts directs, c’est-à- dire aux coûts de la prévention et du traitement, s’ajoutent les coûts économiques, à savoir la perte de revenu que le malade subit et la perte de revenu pour la personne qui doit s’occuper de lui (OMS, 2003).

1.2. Evaluation axée sur les résultats ou évaluation d’impact

Selon Deccache (1997), l’évaluation axée sur les résultats consiste à considérer non seulement l’efficacité, mais également la qualité d’un programme ou d’une intervention donnée. Pour cet auteur, évaluer l’efficacité c’est vérifier si les objectifs visés sont effectivement atteints et évaluer la qualité revient à estimer la capacité du processus à produire des effets et des résultats. Par processus, il entend les démarches, procédures et moyens mis en œuvre.

Pour pouvoir procéder à l’évaluation de l’impact d’une politique, d’un programme ou d’une intervention, il faut disposer des données sur les résultats de sa mise en œuvre (Contandriopoulos et al., 2000). L’évaluation d’impact sert à déterminer les changements qu’un programme a apportés, c’est-à-dire qu’elle permet de repérer en quoi ce dernier a amélioré le bien-être des individus concernés. Selon Gertler et al. (2011), les décideurs se basent sur les résultats de l’évaluation d’impact pour pouvoir «fixer des objectifs nationaux et internationaux et d’en garantir le suivi ».

Pour pouvoir estimer l’effet causal ou l’impact d’un programme sur les résultats, il faut définir le contrefactuel, c’est-à-dire le résultat qui aurait été constaté si le programme n’était pas mis œuvre (Cook et Campbell, 1979 ; Gertler et al., 2011). A cet effet, il est nécessaire de déterminer deux groupes : d’un côté, ceux qui ont bénéficié du programme et de l’autre, ceux qui n’en ont pas bénéficié.

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➢ Choix du contrefactuel

Le choix du contrefactuel peut s’effectuer suivant différentes méthodes, telles que la méthode d’assignation aléatoire ou essai contrôle randomisé, la méthode de la promotion aléatoire et celle utilisant le modèle de discontinuité de la régression.

La méthode d’assignation aléatoire consiste à désigner les bénéficiaires du programme à partir d’un tirage au sort. Le groupe de traitement et le groupe de comparaison ainsi constitués sont alors similaires en tous points (Gertler et al., 2011).

Dans la méthode de la promotion aléatoire, afin d’encourager les individus à participer aux programmes, des sortes de motivation leur sont accordées. Toutefois, il faudrait faire en sorte que cela n’influence pas le résultat. En effet, dans la méthode d’assignation aléatoire, il se peut que les individus n’acceptent pas leur affectation (Gertler et al., 2011).

Le modèle de discontinuité de la régression consiste à déterminer un seuil. Ce sont alors ceux qui répondent aux critères d’éligibilité déterminés en fonction de ce seuil qui peuvent participer au programme (Gertler et al., 2011).

➢ Méthodes d’évaluation d’impact

Les méthodes les plus couramment utilisées dans l’évaluation d’impact sont la méthode de la double différence qui sera traitée en profondeur ultérieurement, la méthode de l’appariement qui consiste à déterminer la probabilité pour un individu de recevoir un traitement compte tenu de ses caractéristiques (Cook et Campbell, 1979 ; Khandker, Koolwal et Samad, 2010) et la méthode par la variable instrumentale qui permet d’éviter les biais de sélection et les erreurs de mesure (Gertler et al., 2011). La variable instrumentale est celle qui est fortement corrélée à la mise en œuvre du programme mais qui n’est pas corrélée avec les variables de résultats. Ces résultats peuvent être ensuite utilisés dans l’évaluation de l’efficience.

1.3. Evaluation de l’efficience

L’évaluation de l’efficience d’un programme consiste à considérer aussi bien les coûts que les résultats de ce programme. C’est une évaluation complète qui permet de vérifier si les résultats d’une intervention donnée ont été obtenus à un coût raisonnable ou non, étant donné que le but est d’avoir le maximum de résultats à partir des ressources disponibles. Il s’agit aussi de comparer les coûts de deux interventions produisant les mêmes effets (Drummond et al., 2005 ; Gertler et al., 2011).

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L’analyse de l’efficience peut se faire suivant l’une au l’autre des méthodes suivantes : l’analyse de minimisation des coûts, l’analyse coût-efficacité, l’analyse coût-utilité, l’analyse coût-bénéfice et l’analyse coût-conséquence.

L’analyse de minimisation des coûts (AMC) consiste à comparer les coûts de divers programmes dont les résultats sont tous identiques. Le programme qui sera choisi est celui dont le coût est le plus faible.

L’analyse coût-efficacité (ACE) conduit à estimer un ratio coût par résultat. L’indicateur de résultat est choisi est fonction des objectifs de santé ou de la cible de l’étude (pour plus de détails, voir sous- section 2). Elle permet de comparer deux types d’intervention et de juger si l’intervention la moins chère donne les meilleurs résultats.

L’analyse coût-utilité (ACU), cas particulier de l’ACE, conduit à estimer un ratio coût par résultat (utilité), exprimé en termes de préférence ou de satisfaction des patients ou des individus, telles les années de vie ajustée de la qualité (QALY) (OMS, 2003).

L’analyse coût-bénéfice permet de comparer les bénéfices aux coûts d’une intervention. Coûts et bénéfices sont exprimés en termes monétaires. La valeur monétaire de la santé s’obtient en calculant la valeur de la perte de revenu causée par la maladie ou causée par la mort prématurée (OMS, 2003). Elle correspond aussi au montant qu’un individu est disposé à payer pour pouvoir jouir des avantages relatifs à l’intervention (Drummond et al., 2005).

Dans l’analyse coût-conséquence, tous les changements importants aussi bien positifs que négatifs qui apparaissent à la suite de l’intervention sont considérés (Salazar et al., 2007).