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METHODES D’EVALUATION

2. Effets microéconomiques

Sur le plan microéconomique, les maladies induisent des effets sur la situation économique des ménages, des entreprises et du secteur public.

19 Les maladies affectent les IDE en produisant des effets négatifs sur la capacité cognitive de l’enfant donc sur

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2.1. Effets sur les ménages

Les maladies affectent les ménages, d’une part, en engendrant des modifications sur la consommation de biens médicaux et de biens non médicaux, et d’autre part, en altérant l’état de santé futur des individus. Elles provoquent des effets directs et indirects sur la situation économique des ménages. En effet, elles entraînent :

• une augmentation des dépenses. Pour pouvoir supporter les dépenses en soins en vue d’améliorer leur état de santé, les ménages choisissent comme solution soit de diminuer leur consommation en biens non médicaux, soit de recourir à l’épargne, de procéder à la vente de biens, de recourir à l’emprunt, auprès d’une mutuelle de santé ou auprès d’une institution de microcrédit ou d’hypothéquer leurs propres biens (Prescott, 1999).

Les maladies provoquent ainsi un bouleversement dans la situation économique des ménages qui doivent alors faire face à la baisse de leur épargne, à la diminution de leurs actifs ou à l’endettement. Cette situation influence non seulement la consommation actuelle mais également la consommation future de ces ménages (Prescott, 1999).

• une diminution de la capacité physique et mentale du malade engendrant une baisse de la productivité (Grossman, 1972).

• une perte de temps due à l’arrêt-maladie. Cette perte de temps concerne aussi bien le malade lui-même que son entourage. Une partie du temps destiné à produire, à étudier ou à effectuer des activités non marchandes telles des tâches ménagères ou du loisir est dépensée en soins (Grossman, 1972 ; Attanayake, Fox-Rushby, Mills, 2000).

La baisse de la productivité qui s’ensuit engendre une baisse du volume de production du ménage ainsi qu’une diminution du revenu. Chez un enfant malade, la réduction de la capacité cognitive affecte la scolarité (Thuilliez, 2010), et par conséquent, porte atteinte à la qualification de la main- d’œuvre future et affecte la production et le revenu futur (Schultz, 1961).

2.2. Effets au niveau des entreprises

Les arrêts-maladies entraînent une réduction de la production. Pour les entreprises, la réduction de la performance affecte négativement les profits ainsi que la capacité à investir. Il faut noter qu’il existe une possibilité de compensation en cas d’absence d’un employé malade. Cette compensation peut se faire soit au moment où l’employé reprend son travail soit par le biais de son remplacement par un autre. Ce dernier cas implique des coûts supplémentaires pour l’entreprise. Une évaluation

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des coûts de friction s’avère donc nécessaire. Selon Koopmanschap et al. (1995), les coûts de friction sont les coûts de recrutement et les coûts de formation ajoutés aux pertes de production supportées par la société entre la cessation d’activité d’un salarié et son remplacement par un autre. A titre d’exemple, en 1990 aux Pays-Bas, les coûts de friction représentaient 1,5 à 2,5% du revenu national net. L’approche de Koopmanschap et al. (1995) permet d’estimer les coûts indirects des maladies. Elle permet d’éviter une surestimation des pertes de production dans la mesure où elle prend en compte plusieurs paramètres économiques. Une étude d’Oliva et al. (2005) estime que les pertes de production associées au cancer du sein en Espagne en 2003 sont 22 fois plus faibles avec la méthode du coût de friction qu’avec la méthode du capital humain. Dans la méthode du capital humain, les coûts indirects se calculent en multipliant le nombre d’heures de travail perdues du fait de l’arrêt-maladie par le salaire brut augmenté des cotisations sociales. Toutefois, selon Sultan- Taïeb et al. (2009), dans le choix de la méthode à adopter, méthode du capital humain ou méthode du coût de friction, il faut considérer la nature de l’absence (absence temporaire, définitive, pour cause de décès). Pour une absence de courte durée, la méthode du capital humain reste adéquate.

Si le remplacement d’un employé malade entraîne des coûts supplémentaires, le non remplacement a lui aussi des inconvénients. En effet, le non remplacement d’un agent en arrêt-maladie engendre une baisse de la production et par conséquent, une baisse des bénéfices. Une telle situation provoque une baisse de l’investissement privé en général.

Avec l’assurance maladie, les entreprises appliquent un système garantissant aux salariés et à leurs familles des prestations sociales en cas de maladie, d’invalidité, de maternité, d’accident du travail ou de décès. Les entreprises supportent une partie du coût de la cotisation à la sécurité sociale, faisant ainsi augmenter leurs charges. Comme les bénéfices en sont affectés, le niveau d’investissement peut baisser.

Enfin, la production et la vente varient en fonction de l’état de santé des employés. En effet, les maladies engendrent un climat d’incertitude qui s’évalue à partir du volume de production et du volume des ventes effectuées.

2.3. Effets sur le secteur public

L’Etat produit essentiellement des biens publics. Les défaillances en santé des citoyens affectent les dépenses publiques et les recettes financières. Les dépenses en matière de santé sont celles liées à la mise en œuvre des campagnes de lutte et de prévention contre certaines maladies et celles liées à la sécurité sociale des agents de l’Etat. Les recettes publiques sont essentiellement constituées des impôts, des taxes et des cotisations sociales. La réticence des entreprises et des particuliers à payer

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régulièrement les diverses taxes entraînent une baisse de ces recettes. Le déficit budgétaire qui en résulte provoque soit une hausse de la masse monétaire en circulation dans le cas où L’Etat fait recours à la création monétaire de la Banque Centrale, soit à une hausse de la dette. Si la première situation est source d’inflation, la seconde est souvent accompagnée d’une hausse du taux d’intérêt engendrant une baisse des investissements.

2.4. Interrelation entre les différents agents économiques

Ménages et entreprises contribuent à la production de biens publics du fait que d’un côté, les salariés produisent du travail, du capital et des inputs pour les entreprises et de l’autre, les entreprises rémunèrent les salariés et produisent les biens dont ceux-ci ont besoin. Le fait que les maladies aient des effets négatifs sur les ménages et surtout que cela se répercute au niveau de l’entreprise et par conséquent sur la production de biens publics, indique l’existence d’une interrelation entre ces agents économiques.

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Figure 17 : Schéma récapitulatif des effets économiques des maladies

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Les effets des maladies sur l’économie des ménages constituent l’objet principal de cette thèse. Aussi, outre la détermination des effets macroéconomiques des maladies, les effets sur les ménages seront particulièrement mis en exergue. La relation entre les maladies et la situation économique des différents agents économiques sera expliquée à travers le développement de quelques modèles théoriques.