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METHODES D’EVALUATION

II. LES DIFFERENTES METHODES D’EVALUATION DES EFFETS ECONOMIQUES DES MALADIES

2. Analyse microéconomique

2.1. Evaluation des coûts

Jusqu’ici, plus de 70 études concernant les coûts des maladies ont été effectuées dans les pays à faible et à moyen revenu dont la plupart consistent à évaluer les coûts financiers et les coûts économiques du paludisme et du VIH-SIDA. En général, l’évaluation des coûts d’une maladie se fait à l’aide d’analyse en coupe transversale, le ménage étant l’unité d’analyse par excellence. C’est la méthode qui a été utilisée par Yoo et al. (2013) et par Isturiz, Luna et Ramirez (2010). Leurs études consistaient à évaluer le fardeau économique de la pneumonie chez les adultes en Corée du Sud.

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Les coûts financiers d’une maladie sont les dépenses en traitement, y compris les frais non médicaux telles les dépenses en nourriture si le malade doit suivre un régime alimentaire spécifique, les frais de transport et autres. La perte de temps et la perte de production aussi bien du malade que de sa famille constituent les coûts économiques. Le fardeau des coûts est la proportion de coûts par rapport au revenu du ménage.

Les coûts diffèrent d’une maladie à l’autre, d’autant plus que chaque offre de santé a ses propres caractéristiques. Etudier les coûts financiers c’est évaluer aussi bien les frais médicaux que les frais non médicaux.

  ( i i) m C U C Avec : Cm : frais médicaux

Ci : coût unitaire de chaque ressource médicale Ui : ressources médicales utilisées

L’ensemble des frais médicaux et des frais non médicaux constitue les coûts financiers représentés par Cf. a m f C C C   Avec Cm : frais médicaux Ca : frais non médicaux

En général, les coûts financiers des maladies constituent 2,5 à 7% du revenu des ménages. Le cas du Cameroun et celui du Ghana font exception. Le prix des produits pharmaceutiques y sont plus élevés qu’ailleurs et la proportion du coût des maladies par rapport au revenu des ménages est supérieure à 10% (Russel, 2004).

Les principes de détermination des coûts économiques ne sont pas toujours les mêmes. Si dans certaines études, seuls les coûts en rapport aux personnes économiquement actives sont considérés, dans d’autres cas, ceux relatifs aux enfants et aux personnes âgées sont également pris en compte (Russel, 2004).

En règle générale, la perte de production due aux maladies est le nombre de jours ou d’heures perdues multiplié par le salaire brut de l’individu. L’absentéisme à tenir en compte dans

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l’évaluation des coûts est de deux types, à savoir l’absentéisme dû aux maladies et aux décès et l’absentéisme des proches qui s’occupent du malade.

Toutefois, il faut tenir compte des coûts de friction ainsi que des différentes compensations, (Koopmanshap et al., 1995) c’est-à-dire vérifier si à la reprise de leur travail, ceux qui ont été malades rattrapent leur retard ou s’ils sont remplacés par d’autres personnes.

2.2. Méthode comparative : étude cas-témoin

Bien que l’étude cas-témoin soit une étude statistique spécifique à l’épidémiologie, elle peut être utilisée dans le domaine de l’économie, dans la mesure où il s’agit de faire une comparaison entre deux situations, en l’occurrence entre sujets malades et sujets sains. En économie, la comparaison peut se faire au niveau des individus, mais également au niveau des régions ou des pays. Par exemple, une région bénéficiant d’une campagne de lutte contre une maladie quelconque sera comparée avec une autre qui n’en a pas bénéficié.

La première méthode pour étudier les effets d’une maladie est de comparer la situation économique d’un pays ou d’une région où la maladie a été éradiquée ou partiellement éradiquée avec celle d’un pays ou d’une région où le taux de prévalence est encore élevé. La deuxième méthode consiste à considérer un pays ou une région où une opération d’éradication d’une maladie a été effectuée et comparer la situation avant l’intervention avec celle après l’intervention.

Ces deux types de comparaison peuvent se faire suivant la méthode de la différence des différences (DD) qui requiert des données sur plusieurs périodes. La comparaison se fait sous la forme suivante : en T1, le groupe 1 reçoit un traitement et le groupe 2 n’en reçoit pas. Puis, les résultats de

chaque groupe en T2 sont étudiés.

La méthode de la DD a été utilisée par Yamano et Jayne en 2004 dans leurs études sur les ménages ruraux du Kenya. Ces auteurs ont comparé la production des ménages dont un des membres actifs est décédé avec celle des ménages où aucun membre n’est mort au cours de l’année. Ils ont constaté que le décès d’un adulte actif fait diminuer la production agricole du ménage de 35 à 40%.

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2.3. Régression

Pour évaluer l’effet des maladies au niveau des ménages, la plupart des auteurs se réfèrent à la fonction de production de ces ménages. Il s’agit de déterminer si l’état de santé a un effet négatif sur le niveau de production de ces derniers et le cas échéant, repérer la variable qui affecte la production de manière significative.

Selon la théorie classique, la production agricole d’un ménage dépend des facteurs de production X (intrants, superficie de la terre, etc.), de l’état de santé M (nombre d’épisodes ou prévalence), du niveau d’éducation E (du chef de ménage, de la mère, etc.) et des variables sociodémographiques Z (taille du ménage, sexe du chef de famille, etc.).

) , , , (X M Z E f Q 

Cette relation peut être déterminée à l’aide de différentes méthodes. La méthode des MCO a été par exemple utilisée par Bartel et Taubman (1979). Les doubles moindres carrés sont appliqués lorsqu’un modèle à équations simultanées est considéré. La variable endogène est remplacée par les valeurs prédites issues de sa propre régression. C’est la méthode utilisée par Audibert et al. (2009).