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Effets des maladies sur la croissance économique

METHODES D’EVALUATION

II. LES DIFFERENTES METHODES D’EVALUATION DES EFFETS ECONOMIQUES DES MALADIES

4. Effets des maladies sur la croissance économique

L’existence d’effets des maladies sur le niveau de revenu de la population malgache n’est pas évidente et les effets des maladies sur la consommation de biens et services non médicaux semblent faibles.

La figure 22 permet de détecter les effets des maladies sur la croissance annuelle du PIB réel. Comme précédemment, faute de données, l’indicateur utilisé est le taux de mortalité infantile.

Figure 22 : Croissance annuelle du PIB réel et variation de la mortalité infantile à Madagascar

-1 5 -1 0 -5 0 5 10 % 1995 2000 2005 2010 2015 Période

Variation du PIB réel Variation de la mortalité infantile

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Les données montreraient qu’à Madagascar, la baisse de la mortalité n’est pas le résultat d’une hausse des dépenses publiques relatives à la santé (voir annexe 2). En effet, une grande partie des financements des programmes mis en œuvre dans le pays provient des partenaires techniques et financiers. La part de financements extérieurs dans les dépenses totales en santé est présentée dans le tableau 4.

Tableau 4 : Part des dépenses totales en santé dans le PIB réel à Madagascar et part des financements extérieurs dans les dépenses totales en santé de 2008 à 2013 à Madagascar

PERIODES 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Part des dépenses totales en santé dans

le PIB réel (%) 8,79 4,70 7,01 8,65 8,06 7,11

Part de financements extérieurs dans

les dépenses en santé (%) 86,19 74,5 76,65 90,64 92,28 92,06

Sources : Direction des Etudes et de la Planification – MINSANP Madagascar, 2015 ; auteur

Comme il ressort de ce tableau, ce sont les apports extérieurs qui financent la majeure partie des programmes de santé à Madagascar. D’où l’absence de relation entre le niveau des dépenses totales en santé et le PIB réel tel que la figure 23 le montre. Par ailleurs, sauf en 2009, la part du budget de l’Etat consacrée à la santé n’atteint pas les 15%, taux recommandé par la Déclaration d’Abuja25 en 2001.

Figure 23 : Variation du PIB réel et variation des dépenses totales en santé en PPA au prix constant de 2005 (%) -2 0 -1 0 0 10 20 30 % 1995 2000 2005 2010 2015 Période

Variation des dépenses en santé totale Variation du PIB réel

Sources : WDI, 2015 ; auteur

25 En 2001, à Abuja, Nigéria, s’est tenu le Sommet sur le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses

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La relation entre santé et situation économique à Madagascar n’est pas évidente. En effet, sauf pendant la période post-crise allant de 2003 à 2007, la relation entre les dépenses en santé et le niveau de revenu par habitant a toujours été faible.

Les dépenses en santé et les dépenses de consommation de biens et services non médicaux peuvent varier aussi bien dans le même sens que dans deux sens opposés.

Il faut noter que l’analyse à partir des figures précédentes ne permet de déterminer ni l’effectivité des relations entre les différentes variables ni le sens des relations. En effet, même si une relation semble exister, il est trop hâtif d’affirmer que c’est la maladie qui provoque des effets sur les variables économiques ou que c’est l’inverse.

Par ailleurs, il faudrait aussi considérer les phénomènes socio-économiques et l’environnement qui influencent les relations entre santé et situation économique.

Enfin, une telle analyse ne fait pas transparaître les effets à long terme des maladies. Les conclusions qui peuvent en être tirées ne sont donc pas assez fiables. Aussi, des analyses beaucoup plus approfondies s’avèrent nécessaires.

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CONCLUSION

Les faits stylisés sur la situation économique et sanitaire de Madagascar nous poussent à conclure que l’existence d’effets des maladies sur la situation économique n’est pas évidente tant sur le plan macroéconomique que sur le plan microéconomique. La variation du niveau de revenu des habitants semble plutôt due aux chocs exogènes tels que l’inflation, les crises socio-économiques, les aléas climatiques. Par rapport à la consommation, la corrélation entre dépenses de santé et dépenses non médicales est moyenne. Cela s’explique par le faible recours de la population aux centres de santé. D’un côté, les consommateurs déplorent souvent la qualité de l’offre de soins, et de l’autre, l’automédication, l’utilisation de plantes médicinales et le recours aux tradipraticiens font encore partie des pratiques courantes dans les zones rurales de l’Ile. Enfin, le problème d’accessibilité géographique et le coût élevé des soins médicaux empêchent une grande partie de la population rurale et les plus pauvres de recourir aux soins.

Cette situation au niveau microéconomique s’observe aussi au niveau macroéconomique, c’est-à- dire que les effets des maladies sur la croissance économique du pays ne sont pas non plus évidents. En effet, il a été constaté à plusieurs reprises que la croissance économique de Madagascar est plus sensible aux chocs, en particulier aux crises socio-politiques26.

Certes, la théorie affirme que les maladies sont néfastes aussi bien pour les ménages que pour l’économie en général. Toutefois, les résultats des travaux diffèrent d’un pays à l’autre et d’une approche à l’autre. Les analyses graphiques ont permis de fournir un aperçu de la situation. Mais les conclusions tirées restent à être confirmées.

Dans cette thèse, nous abordons à la fois une approche macroéconomique basée sur des données de panel et une approche microéconomique en utilisant les données des enquêtes que nous avons effectuées. Les méthodes utilisées sont aussi plus adéquates à l’étude du cas de Madagascar.

26 Les crises sont généralement suivies d’une forte inflation. Il faut toutefois noter qu’à Madagascar, la relation entre

croissance économique et inflation est non significative. En effet, l’inflation n’est pas un phénomène permanent, mais est due à des évènements spécifiques.

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CHAPITRE II

27

ANALYSE MACROECONOMIQUE DES EFFETS DU